65e BCA

Au soir, le Capitaine Leppert, décide de porter le bataillon à Vignemont. On ignore toujours où se trouve exactement la Division. Rencontré le matin à Lagny, le chef d’État-Major de la 29e DI n’a pu indiquer aux chasseurs les nouveaux PC du Colonel Galy ou du Général Gérodias.


8 juin 1940

Dans la nuit, après avoir quitté la forêt de Thiescourt, le 65e BCA traverse donc Élincourt et atteint le petit village de Vignemont le 8 juin 1940, vers 3H du matin, après une marche de 15 kms. Épuisé de fatigue, il s’endort immédiatement sur place, dans le fossé du chemin, malgré le froid du petit jour.

Après quelques heures de repos, une soupe est improvisée par le Capitaine Ançian pendant que l’officier adjoint établit le contrôle de ce qui reste du bataillon si durement éprouvé. Voici à cette date, la situation du 65e BCA telle qu’elle sera remise au Colonel Galy et au Général Gérodias à Ressons-sur Matz :

État-Major
Commandant le bataillon Capitaine LEPPERT
Officier adjoint Lt AMAUDRIC du CHAFFAUT
Section de commandement 3 chasseurs
Section de transmissions 2 sous-officiers  et 38 chasseurs

 

1ère Compagnie
Sous-Lieutenant FOUQUE 5  sous-officiers et 74 chasseurs

 

2e Compagnie
Lieutenant BENEZIT
Sous-Lieutenant RAYNAUT
Sous-Lieutenant GUIRAN
9 sous-officiers
69 chasseurs

 

3e Compagnie
Sous-Lieutenant BARREAU 6 sous-officiers et 62 chasseurs

 

Compagnie d’Accompagnement
Sous-Lieutenant RENUCCI 7 sous-officiers et 67 chasseurs

 

Compagnie Hors-Rang
Capitaine ANCIAN 3 sous-officiers et 45 chasseurs

 

Service de Santé
Médecin-Lt FREREJEAN
Médecin-Sous-Lt PETIT
2 sous-officiers
23 infirmiers ou brancardiers

Soit au total : 11 officiers, 34 sous-officiers, 381 chasseurs, y compris 140 muletiers environ.

L’armement comprend : 13 FM, 4 mitraillettes, 268 fusils ou mousquetons, une trentaine de pistolets et quelques grenades (un certain nombre de fusils ont été enterrés dans les abris de Nesle, ou ont brûlé dans les camionnettes à Avricourt).
Le train muletier est au complet, il compte 133 mulets ou chevaux.
Le train de combat a été complètement détruit à Avricourt.

Le train régimentaire (Lieutenant Jean, Sous-Lieutenant Jouffré et quelques hommes) n’est pas compris dans ces chiffres. Il a conservé 3 camionnettes et se trouve dans la forêt d’Halate (Nord de Senlis).

Ces effectifs seront toutefois renforcés, dès le lendemain, par les rescapés d’Avricourt (Capitaine Desaphy, Sous-Lieutenant Chevallier, qui recevra le commandement de la 1ère Cie, Adjudant Tahut, et deux chasseurs) et par la section du Lieutenant Hilpert (23 hommes), retour de Hombleux, avec sa camionnette et 4 mitrailleuses.

En les comptant, le bataillon a cependant perdu 56% de son effectif en deux jours.

Le Capitaine Caput, presque seul rescapé de la demi-brigade encerclée et écrasée dans Liancourt, s’est joint à son ancien bataillon. Mais, dès le lendemain, il rejoindra le Commandant Valo, du 24e BCA, qui a pris le commandement de la 6e Demi-Brigade, constituée maintenant par le peloton moto, le 24e BCA encore intact, la CHR et quelques rescapés du 25e BCA (140 hommes en tout) et par les 450 officiers et chasseurs du 65e BCA.

 

9 juin 1940

A la nuit tombante, le bataillon reçoit l’ordre de rependre la route, et par Antheuil et Monchy, parvient à minuit à Rémy, ou il doit passer la nuit.
Mais, dès 3H du matin, le 9, le Lieutenant Demerval, officier de liaison de la 6e Demi-Brigade à l’ID, apporte l’ordre de traverser l’Oise immédiatement à Pont-Sainte-Maxence et le bataillon se remet immédiatement en marche. Il traverse Arsy, Sacy-le-Petit, reçoit une rafale de mitrailleuse d’un avion qui pique soudain sur la colonne, passe à Bazicourt et atteint la route nationale d’Estrées-Saint-Denis.
Là, un immense convoi de camions, de chars, de voitures à chevaux, de pièces d’artillerie est immobilisé sur deux rangs, à perte de vue. Colonne par un, les chasseurs commencent à le doubler sur le bas-côté, mais l’interminable file se remet lentement en route par saccades.
L’Oise est enfin traversée à Pont-Sainte-Maxence, barré par d’énormes chicanes qui ralentissent la colonne et gardé par deux chars lourds, puis le bataillon s’établit dans la forêt d’Halatte, en lisière de la route.
Depuis Vignemont, l’étape atteint 35 kms. Dans l’après-midi, le bois est bombardé par l’aviation.

Cependant, vers 16H, le Capitaine Desaphy, le Sous-lieutenant Chevallier, l’Adjudant Talut et les deux chasseurs qui ont échappé à l’embuscade d’Avricourt, atteignent à leur tour le pont de Pont-Sainte-Maxence, qui sautera aussitôt après leur passage, sous le bombardement de quelques avions qui atteignent malheureusement le dispositif de mise à feu du pont.