citadelle de Doullens
Un premier dictionnaire sur les détenus de la prison de Doullens Fabrice Dehaene, le vice-président de l’association "La Citadelle" vient de sortir, au bout de cinq ans de travail, le « Premier dictionnaire illustré des détenu(e)s, déporté(e)s, prisonnier(e)s » de la forteresse de Doullens. Trois cent trente d’entre eux, de toutes époques, y figurent par ordre alphabétique. Premier dictionnaire illustré des détenu(e)s, déporté(e)s, prisonnier(e)s » de la forteresse de Doullens. Un livre de quelque cinq-cents pages mais très facile à lire par tous qui reprend, à travers quatre siècles, les destins de 330 personnes, illustres ou quasi-anonymes qui furent internés dans la citadelle doullennaise pour différentes raisons.
Le Courrier Picard le 10/10/2021 par Thierry Griois
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Le Progrès de la Somme du 11 septembre 1940
L'un des articles de la "Une" de l'édition du 11 septembre 1940 du Progrès de la Somme est consacré, sur deux colonnes, à la citadelle de Doullens et à sa nouvelle vocation :
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la citadelle est, dès septembre 1940, transformée en Frontstalag, camp de transit des prisonniers de guerre français sous autorité allemande, avant leur transfert vers d'autres camps en Allemagne. Puis, de 1941 à 1943, les lieux deviennent un camp d'internement français. Le reportage ci-dessous s'attache, tout d'abord, à présenter tant la géographie des lieux que l'histoire de la vieille citadelle, avant seulement, dans son ultime partie, d'entrer dans le vif du sujet ! Le flou et l'opacité de son contenu minimise la part de l'internement de prisonniers politiques, notamment communistes pour qui les lieux ont été en priorité aménagés afin de les y enfermer. Il faut resituer cette rétention administrative dans un contexte historique particulier. L'Allemagne du IIIe Reich a lancé ses armées et commencé l'invasion de l'Union soviétique moins de trois mois plus tôt, lors de l'opération Barbarossa. En voici le contenu.
Doullens - A la Citadelle - en attendant des prisonniers
La prison
C'est dans la partie que l'on nomme la deuxième citadelle que se trouvent les bâtiments affectés aux prisonniers de demain. Il s'agit de vastes casernes, fort bien conçues, édifiées sur deux étages, avec eau et électricité. C'est en 1934, lorsque la détention politique devint plus sévère que l'on transforma ces bâtiments en véritables prisons. Pour cela, ils furent entourés de murs, avec chemin de ronde. Les espaces libres qui existent entre ces murs et les bâtiments et qui varient, suivant les endroits, de six à quinze mètres de large, servent de cour aux détenus. L'ensemble que délimitent les murs constitue un quartier. Ce sont trois de ces quartiers, qu'on dénomme maintenant des "blocs", et qui peuvent héberger des milliers de prisonniers, qui sont en cours d'aménagement pour le nouvel usage auquel on le destine.
Prison ou camp de concentration ?
Or, cet usage, qu'est-il ? On a parlé de prison d'état pour détenus politiques ; on a parlé aussi de camp de concentration pour trafiquants de marché noir. Notre rôle d'informateur commandait que nous nous renseignions ; nous sommes allés sur place et nous avons vu. Nous avons vu une véritable ruche, bourdonnante et plein de travail. Partout des ouvriers affairés, s'empressaient à la tâche. [...]
Mais nulle part nous vu de disposition particulière à telle ou telle catégorie de détenus. Un premier contingent d'une centaine de prisonniers, qui en précède beaucoup d'autres, est attendu dans quelques jours, nous a confié une personnalité renseignée ; il y aura là une soixantaine de détenus politiques, les autres seront des juifs et des trafiquants du marché noir ; pour tous, se sera le même régime de détention Ainsi donc, que l'on parle de centre de séjour surveillé", de camp de concentration ou de prison politique, ce ne sont là que simples nuances de dénomination, qui, jusqu'à présent du moins, ne semblent nullement devoir influer sur le régime auquel seront soumis les prisonniers.
Les préparatifs
Quoi qu'il en soit, rien n'a été négligé pour que ceux-ci trouvent à leur arrivée à la citadelle des locaux sains et propres. Le docteur Mans, directeur du service départemental d'hygiène, a fait procéder au nettoyage complet et à une méticuleuse désinfection des locaux.[...] M le préfet de la Somme a effectué à la citadelle une nouvelle inspection afin de constater que tout était prêt, l'arrivée d'un contingent de détenus étant, comme nous le disons, d'autre part, imminente. Enfin les forces importantes de police chargées du service, ont précédé les prisonniers, et, dès dimanche, se sont installés dans les logements du personnel.
Cordialement Eric Abadie
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