Bonsoir à tous,
13 Janvier 1944
P/O Stanley Maxwell LAMAN
198 SQUADRON
En entrant dans le Nouveau Cimetière britannique de Roye, on peut lire sur la première tombe (Grave n°18) de la première rangée – située dans la moitié gauche du cimetière – le nom de Stanley Maxwell LAMAN, Pilot Officer, 405916, appartenant à la Royal Australian Air Force (R.A.A.F.), décédé le 13 janvier 1944, à l’âge de 24 ans.
Le Pilot Officer Laman, originaire de Roma dans le Queensland, Australie, où il était né le 15 août 1919, était le fils d’Edward Blake et Lilian Elizabeth Laman. (1)
Le 13 janvier 1944, le 198 Squadron, stationné à Manston dans le sud de l’Angleterre, équipé de Typhoon 1b, reçoit pour mission d’effectuer une opération classée « Ranger », au-dessus du Nord de la France, ayant pour but de mener une sortie en territoire ennemi pour « lever » la Lutfwaffe et la forcer au combat.
La patrouille doit s’effectuer au-dessus des aérodromes situés à l’ouest de Paris et plus particulièrement dans notre région. Six pilotes du squadron sont désignés pour cette mission sous le commandement du Squadron Leader Baldwin ; le Flight Lieutenant Niblett, le Flying Officer Freeman, le Flying Officer Eagle et le Pilot Officer Laman. Le Squadron leader Bryan, ancien commandant de cette unité, en disponibilité ce jour du Quartier Général du Groupe, s’est joint aussi à cette action. Par une très mauvaise visibilité, les avions décollent en début d’après-midi.
Mais bientôt, le Flying Officer Eagle constate que son appareil présente des problèmes mécaniques qui l’obligent à revenir se poser à Manston. Ce sont finalement cinq Typhoons qui passent la côte française au niveau de Cayeux. (2)
« Le Squadron Leader Bryan qui visitait sa vieille unité et le Squadron Leader Baldwin ont arrosé deux Caudron Goëland, en descendant chacun un. Deux Me 109 ont été vus alors près de Rosières, et pendant que le Flight Lieutenant Niblett a réclamé un de ceux-ci, Bryan put partager l'autre avec le Flying Officer Freeman… » (3). Quatre appareils allemands sont ainsi descendus au cours de cette chasse. (4)
La mission se poursuit mais “la visibilité est maintenant très mauvaise, les nuages bas. Les 5 avions sont obligés de voler à très basse altitude, et sans s’en rendre compte ils survolent l’aérodrome de Juvincourt protégé par une DCA importante. Max Laman, pilote australien, en service au 198 depuis sa formation en décembre 1942, est touché. Son réservoir supplémentaire prend feu, embrasant l’appareil, le Typhoon JR435, TP-E, qui se désintègre en touchant le sol.” (2)
Norman Franks dans son livre consacré aux pertes du Fighter Command de la Royal Air Force pour l’année 1944 note pour le 13 janvier 1944 page 13 :
“198 Sqn Typhoon 1b JR435 codé « TP-E » piloté par P/O Stanley Maxwell Laman RAAF était en opération dans la région de Poix dans l’après-midi quand l’avion fut descendu par la Flak (5) de Juvincourt. Le pilote fut tué. Il est enterré dans le Nouveau Cimetière britannique de Roye.” (6)
Le lieu de chute de son avion – Juvincourt dans l’Aisne, près de Laon – semble pour le moins singulier et ne pas pouvoir être retenu. Les confusions de lieux pour les chasseurs sont alors fréquentes, surtout quand les conditions de vol sont détestables comme ce 13 janvier 1944.
Il faut plutôt considérer le lieu où l’appareil s’écrase comme étant celui de l’aérodrome de Roye/Amy d’autant que nous savons que les avions du squadron se trouvent au-dessus de Rosières/Méharicourt quelques minutes auparavant, à seulement une dizaine de kilomètres au nord-ouest de Roye.
Deux témoins oculaires, ne se connaissant pas, corroborent cette hypothèse dans leurs relations de faits très proches sur la fin d’un chasseur allié au début de l’année 1944 sur l’aérodrome d’Amy.
Selon Jan Van Laere : « Au tout début de l’année 1944, dans les premiers jours de janvier, je me souviens avoir assisté à la chute d’un chasseur allié, touché de plein fouet par la Flak allemande de 37 mm d’Amy installée sur le chemin de Fresnières, près du château d’eau. L’avion qui venait du sud-est est passé au-dessus du bois de Crapeaumesnil et du bosquet d’Haussu puis il a piqué de façon vertigineuse. Il s’est écrasé violemment à la sablière. Le corps du malheureux pilote était tout recroquevillé. J’appris par la suite qu’il était australien. » (7)
Tandis que Michel Sterlin se souvient que « Nous avons été les témoins impuissants de la chute d’un avion de chasse allié, abattu par un tir de mitrailleuse lourde alors qu’il volait en rase-mottes pour mitrailler les avions au sol [Terrain d’Amy]. Nous avons su, peu après, que le pilote était australien. Il a péri aux commandes de son avion, sous nos yeux, dans une véritable gerbe de feu. » (8)
Il est donc raisonnable d’avancer, sans pourtant en apporter la preuve formelle et irréfutable que le P/O Laman a bien trouvé la mort en survolant l’aérodrome d’Amy et non celui de Juvincourt, entre Fresnières et Amy.
NOTES
(1) Leur fils aîné, James Edward Laman, sergent au 2 Squadron de la R.A.A.F. était mort le 30 juillet 1942 à l’âge de 29 ans à Célèbes, île de l’Indonésie. Son nom est rappelé au Mémorial d’Ambon sur la côte sud-ouest de Céram, l’une des îles des Moluques.
(2) Bernard-Marie Dupont, La nuit d’après, Collection « Souvenance » Editions Vague Verte, Woignarue 1994, p. 140
(3) Christ Thomas & Christopher Shores, The Typhoon & Tempest Story, page 58. « On 13th , 198 Squadron was in action again, six Tiffies on a "Ranger" sweeping over airfields west of Paris Squadron Leader Bryan, who was visiting his old unit and Squadron Leader Baldwin spotted two Caudron Goelands, and shot down one each. Two Bf 109Es were then seen near Rosieres, and while Flight Lieutenant Niblett claimed one of these, Bryan was able to share the other with Flying officer Freeman ; Flying Officer Max Layman, an Australian, was shot down by light Flak. »
(4) Flt Lt W Fraser RAF, The History of RAF Manston, chapitre 14 : « The 13th, during the ranger sortie with Baldwin leading and Squadron Leader Bryan, their former CO, having a "day out" from Group Headquarters, they shot down four enemy aircraft. Other No 198 aircraft meanwhile shot down a further four, making a total of eight for that day ».
(5) FLAK : Flieger Abwehr Kanonen ; nom allemand de la Défense Contre Avion (D.C.A.)
(6) Norman L R Franks, Fighter Command Losses – Royal air Force 1944-1945 – Volume 3, 2000 Midland Publishing
(7) Témoignage de M. Jan Van Laere – novembre 2000
(8) Michel Sterlin, Sur les chemins de l’exode, 1994 ; p.255.
P/O Stanley Maxwell LAMAN 198 SQUADRON
Complément d’informations
13 janvier 1944. Le Pilot Officer Max Laman est abattu par la DCA allemande. Ce jour-là, en début d’après-midi et par une très mauvaise visibilité, le squadron Leader Johnny Baldwin conduit une patrouille de six Typhoons au-dessus de la France, dans la région parisienne. A la suite de problèmes mécaniques le Flying Officer Eagle doit revenir se poser à Manston, et ce sont finalement cinq Typhoons qui passent la côte française au niveau de Cayeux. Une première attaque victorieuse a lieu contre l’aérodrome de Poix de Picardie. Un Caudron Goëland qui se préparait à se poser est abattu par Johnny Baldwin. Un autre est abattu par le Squadron Leader par le Squadron Leader Mike Bryan. Le Flight Lieutenant Niblett et le Flying Officer Freeman détruisent chacun un Me 109. La visibilité est maintenant très mauvaise, les nuages bas. Les 5 avions sont obligés de voler à très basse altitude, et sans s’en rendre compte ils survolent l’aérodrome de Juvincourt protégé par une DCA importante. Max Laman, pilote australien, en service au 198 depuis sa formation en décembre 1942, est touché. Son réservoir supplémentaire prend feu, embrasant l’appareil, le Typhoon JR435, TP-E, qui se désintègre en touchant le sol. Stanley Maxwell avait 24 ans et était le fils de Edward Blake Laman et Lillian Elizabeth Laman, de Roman, Queensland, Australia. Il est enterré au New British Cemetery de Roye, France.
Bernard-Marie Dupont, La nuit d’après, Collection « Souvenance » Editions Vague Verte, Woignarue 1994, p. 140
Cordialement
Eric ABADIE
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