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MessagePublié : mer. janv. 13, 2021 14:48 pm 
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Inscription : sam. oct. 24, 2009 10:38 am
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TRAVECY (Aisne)

BLOCH 152

Je portais, je l'avoue une tendresse particulière à ce pilote de chasse disparu, non pas que je l'aie connu, mais sa femme le recherchait avec une douleur si pathétique et si digne à la fois , que je résolus de m'attacher passionnément à résoudre le tragique mystère.
[...]
J'avais appris que le lieutenant Rémi PERONNE était un "pilote de 14", un de ceux qui, venu à vingt ans dans l'aviation, lui furent à jamais fidèles. Il passait ses dimanches sur les "terrains", goûtant cette merveilleuse libération que donne seul le vol. Il disait souvent, à sa famille, qu'il ne voulait pas devenir un "vieux monsieur rhumatisant, et que ce serait en plein ciel qu'il mourrait".
En mars 1940 il refusait de reprendre sa situation d'ingénieur à Paris et de quitter son escadrille.
[...]
L'avis de disparation, donné par le commandant du groupe 2/10, précisait :
"Lieutenant Rémi PERSONNE abattu en combat aérien le 17 mai 1940 vers midi, alors qu'il pilotait un Bloch 152 n° 117 (le 2 dans l'escadrille)."
un autre Block, du même groupe, avait été également abattu au cours de ce combat, ce qui s'était produit "dans un secteur de 50 kilomètres autour de Chauny (Aisne)" et qui opposait 17 avions français à une soixantaine d'avions allemands.
Bien des appareils, tant bombardiers que chasseurs, étant tombés dans l'Aisne, je vérifiais une par une toutes les indications reçues à leur sujet. En particulier, je réussis, après mille patientes démarches, à identifier les cinq pilotes de chasse inhumés comme "aviateurs inconnus" dans le secteur de Chauny.

*
**

A TRAVECY, un avion gisait dans la plaine, près du chemin de Tergnier, au lieu dit "La Fontaine", à côté d'une rangée de peupliers...
Une croix était plantée à côté des ferrailles déchiquetées et noircies par l'incendie. Croix symbolique seulement, car le corps du pilote n'avait pas été retrouvé.
Le combat s'était passé le 17 mai , vers midi, à très haute altitude (7 à 8000 mètres). Du sol on pouvait seulement voir une nuée d'avions tournoyant dans le ciel ; mais soudain, un appareil français s'abattit en flammes. Nul ne sauta en parachute...
[...]
Quand le feu fut éteint, on trouva parmi les ferrailles tordues quelques débris d'uniforme d'où se dégagea, un peu plus tard, une odeur cadavérique...
Puis ce furent l'exode et la bataille de l'Aisne.
En octobre 1940,, lors de mon premier voyage, l'avion brisé gisait toujours, gardant encore son tragique mystère que je devais mettre si longtemps à percer. L'eau remplissait la cavité de percussion, en vain je retournais les débris ; le moteur, complètement enfoui au sol, n'était pas accessible, la dérive était en accordéon, et la peinture écaillée par le feu. Je pus seulement déchiffrer "Blo..52". J'emportais cette pièce capitale, craignant que l'hiver la rende encore moins déchiffrable, ou que les "amateurs de souvenirs" ne s'en emparent.
A mon retour à Paris, je demandais à des mécaniciens de l'étirer, mais nul ne voulut se charger de ce travail trop délicat...
Souvent je revenais tourner autour de ce Bloch 152 inconnu, comme si j'espérais qu'il allait enfin miraculeusement, me révéler son mystère.
A l'été, avec le concours de M. Dubois, président de l'aéro-club de l'Aisne, nous fîmes d'ultimes travaux pour essayer d'extraire le moteur de sa gangue de boue, et récupérer la plaque de contrôle. Hélas, une nappe d'eau souterraine rendit nos investigations fort laborieuses car, à mesure que nous pompions l'eau en surface, elle revenait par le sous-sol.
En vain nous avions travaillé, nombreux, tout un jour. Nous n'avions trouvé que quelques ossements carbonisés, quelques boutons d'uniforme, mais aucune pièce technique, aucun objet personnel, susceptibles de nous préciser l'identité du pilote mort.



Germaine L'Herbier-Montagnon - Disparus dans le ciel - pages 150 et 151


Cordialement
Eric Abadie


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MessagePublié : mer. janv. 13, 2021 15:09 pm 
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HINACOURT

Germaine L'Herbier-Montagnon - Disparus dans le ciel - pages 154 et 155

Un combat aérien avait eu lieu le 17 mai, vers midi, à si haute altitude, que les appareils engagés semblaient à peine des "oiseaux jouant sous le ciel". Jeu tragique.
Un Bloch 152 tomba en feu, et percuta si violemment au sol qu'il s'y enfouit. On le crut vide, mais des travaux, faits par la suite, permirent de dégager les restes carbonisés du pilote. des pièces d'identité furent trouvées, entre autres une note du 29 février affectant le pilote dans une industrie de guerre, affectation qu'il avait refusée pour demeurer en escadrille. Ce chasseur héroïque était le :
Sous-lieutenant Léon CHABUIS, du groupe 2/10
pilote abattu au même combat que le lieutenant Rémi PERONNE.
Le récit du drame d'HINACOURT, rappelait étrangement le combat observé de Travecy : ces deux pays distants seulement l'un de l'autre de 8 kilomètres à vol d'oiseau.



à suivre...



Cordialement
Eric Abadie


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MessagePublié : mer. janv. 13, 2021 15:40 pm 
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Localisation : Somme
Ayant épuisé dans le "secteur de 50 kilomètres autour de Chauny" la funèbre liste des aviateurs de chasse "morts inconnus", je n'avais plus qu'à revenir à TRAVECY ; mais les débris de l'avion écrasé dans le Champ ne pouvaient plus me révéler leur secret.
Il restait dans mon garage, à Paris, la dérive du Bloch 152 que j'avais conservée précieusement depuis des mois. Nul ne voulant se charger du travail délicat de "révélation" de l'immatriculation, je le fis moi-même. J'eus bien du mal et surtout très peur de perdre l'unique chance qui me restait d'identifier cet avion. J'en avais le cœur battant, et les mains tremblantes d'émotion...
Mais à la fin, je pus lire :
Blo.. 152 n° 117

C'était bien le lieutenant Rémi PERONNE, du groupe 2/10, qui était tombé à TRAVECY, ayant eu héroïquement, en plein ciel, la mort qu'il avait prévue et choisie.
La citation accordée à sa mémoire précisait ; "Vieux pilote de la guerre 14*18, a su par son exemple entraîner ses camarades plus jeunes dans la bataille, et leur communiquer ses belles qualités de courage, de devoir et de confiance en nos armes. Le 17 mai, face à un ennemi plusieurs fois supérieur en nombre, s'est porté franchement à l'attaque. A été abattu en combat aérien."
Dans les cimetières marins les croix portent un nom, suivi de "perdu en mer" ; ainsi la croix de l'aviateur mort à Travecy surmonte un tertre vide.
La flamme a dévoré son corps agonisant,
la terre a bu son sang...

Et le lieutenant PERONNE n'est plus
"qu'une âme dans un nom".



G. L'Herbier-Montagnon - Disparus dans le ciel - pages 154 et 155


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MessagePublié : mer. janv. 13, 2021 15:43 pm 
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Localisation : Somme
Léon Joseph THABUIS
Mort pour la France le 17 mai 1940 à Hinacourt, (Aisne)
Né le 12 octobre 1909 à Bourg-en-Bresse (Ain)
sous-lieutenant
Groupe aérien 2/10
Mort pour la France
tué au combat

Rémi Marie Louis PERONNE
Mort pour la France le 17 mai 1940 à Travecy, (Aisne)
Né le 17 juin 1897 à Pecq (Le) (Yvelines)
lieutenant
Groupe aérien 2/10
Mort pour la France
tué au combat



Cordialement
Eric Abadie


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MessagePublié : mer. janv. 13, 2021 16:36 pm 
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Inscription : sam. oct. 24, 2009 10:38 am
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Groupe de chasse 2/10

J.O. du 7 septembre 1940 page 4925
Groupe de chasse 2/10.
SECRÉTARIAT D'ÉTAT A L'AVIATION
Citations à l'ordre de l'armée aérienne comportant attribution de la Croix de guerre avec palme.
Sont cités à l'ordre de l'armée aérienne les officiers, sous-officiers et hommes de troupe dont les noms suivent :


PERONNE (Rémy), lieutenant: vieux pilote de la guerre 1914-1918, & su, par son exemple, entraîner ses camarades plus jeunes dans la bataille et leur communiquer ses belles qualités de courage, de devoir et de confiance absolue dans nos armes. Toujours volontaire, a effectué de nombreuses missions et livré de très durs combats. Le 17 mai 1940, face à un ennemi plusieurs fois supérieur en nombre, s'est porté franchement à l'attaque. A trouvé une mort glorieuse au cours de ce combat.

THABUIS (Léon), sous-lieutenant : excellent officier pilote de chasse, d'une très haute valeur morale. A refusé une affectation où l'appelaient ses connaissances techniques pour rester à son poste auprès de ses camarades dans la bataille. Esprit inventif toujours en éveil, a cherché à perfectionner, pour mieux les utiliser, les moyens dont il disposait. A effectué des nombreuses missions et livré plusieurs combats au cours desquels il a fait preuve des plus belles qualités de courage et de sang-froid. Le 17 mai 1940, n'a pas hésité à attaquer un ennemi très supérieur en nombre. A été abattu au cours du combat.



Cordialement
Eric Abadie


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