la drôle d'histoire du drapeau caché du 126e Régiment d'infanterie de Brive (Corrèze)Dans son cadre en bois, sous verre, il était la véritable vedette de la prise d’armes organisée le 7 février 2020, à Brive, par le 126e RI. Ce drapeau aux couleurs de la République cache toute une histoire.
Abîmé par les ans, affichant des couleurs délavées de la République, ce drapeau du 126e Régiment d'infanterie de Brive n'est pas qu'un simple morceau de tissu.
Il incarne « l’esprit de résistance des militaires du 126e RI, la résilience des unités françaises, un lien entre le régiment et Brive », selon le colonel Stéphane Gouvernet, le commandant des Bisons, le surnom des soldats brivistes.
Vendredi 7 février 2020, l'officier supérieur a présidé, dans le centre de Brive, une cérémonie militaire classique dans sa forme, mais dont la véritable vedette n'était autre qu'un étendard à l'histoire originale.
Cette prise d'armes était comme un écho de celle qui s’est tenue, à peu près au même endroit, le 3 janvier 1945. Il y a 75 ans, le colonel Duché, chef de corps du régiment briviste, avant sa dissolution le 5 août 1940, avait remis ce drapeau au commandant Passemard.
Cet officier venait de prendre la tête d’un régiment reconstitué à partir des maquis de la Résistance de la Corrèze et de la Dordogne. Juste après, il prendra part aux combats en Alsace, puis en Allemagne, jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Ce drapeau n’est jamais tombé aux mains de l’occupant nazi, et n’a pas non plus été détruit. Il avait accompagné le régiment en 1940, juste avant la débâcle de juin, sur la Sarre et la Somme, où plus de la moitié des soldats du 126e avaient trouvé la mort.
Ramené à Brive, le pavillon, sur lequel figurent les grands faits d'arme du régiment (La Bérézina en 1812 ; l’Artois en 1915 ; Auberive en 1917 ; l’Italie en 1918) est caché, dans un jardin.
Pour le colonel Gouvernet, cet épisode fait partie « des grands rendez-vous de l’histoire du régiment avec la ville », au même titre que le 11 août 1907 et le 2 juillet 1919.
La première date correspond à l'installation à Brive du 126e RI, en provenance de Toulouse, avec, dans ses valises, un ballon de rugby ; la seconde marque le retour du régiment de la Première Guerre mondiale.
Dans l’ombre de cet emblème, se profilent aussi des officiers qui ont joué un rôle fondamental dans le refus de la défaite de 1940.
Capitaines au 126e RI, Martial Brigouleix et Raymond Farro ont accompagné le Briviste Edmond Michelet dans la clandestinité pour mettre sur pied des groupes de résistants. Traqués, les deux officiers ont été exécutés par l’occupant nazi.
Véritable relique, l’étendard orne la salle d’honneur de la caserne du 126e RI. " Notre drapeau arbore vos couleurs ", a estimé le colonel Gouvernet, au cours de la prise d'armes, avant de décorer un sous-officier et un soldat de la Croix de la valeur militaire, pour leurs comportements exemplaires lors d’une opération de reconnaissance en Afrique subsaharienne (opération Barkhane) ; un autre chapitre dans la longue histoire du régiment briviste.
La Montagne - article signé Eric Porte - 8 février 2020
https://www.lamontagne.fr/brive-la-gail ... _13740197/