Bonsoir à tous, Voici deux articles parus dans le Courrier Picard en 2008 sur les découvertes faites sur le lieu du crash pour retrouver des traces des deux disparus : T/Sgt Robert ALLEN, radio, et S/Sgt Felix J. SHOSTAK, mitrailleur de sabord.
La trace retrouvée du mitrailleur Shostak
Michel Decelle, Stéphane Courtois et Philippe Delaruelle ont « parcouru tous les sites avant de se fixer sur celui de Boussicourt en 2007, là où s’était écrasé, le 18 août 1944 un B24 Liberator de l’US Air Force. Dès mai 2007, à raison d’une fois par semaine ou une fois par mois en fonction des disponibilités de chacun, avec la minutie et la patience des archéologues, ils ont délimité le sol en carrés de 30 cm sur 30 cm et gratté délicatement sur une profondeur de 20 à 30 cm. Peu à peu, ils retrouvent des éclats de fer et de verre qu’ils attribuent au cockpit de l’appareil et récupèrent ainsi une trentaine de kilos de débris. Ce n’est qu’en septembre, après cinq mois de fouilles que Michel Decelle retrouve enfouie dans la terre, une plaque d’identification militaire révélant le nom de Félix Shostak. Il découvre également une chevalière qui, nettoyée révèle les insignes d’un lycée : celui de Proctor dans le Vermont. A l’aide de ces indices, commence alors la longue recherche de Stéphane Courtois sur la toile. Finalement en juin 2007, il retrouve la trace de la famille de l’aviateur, il était mitrailleur, disparu dans le Vermont. Il faut désormais parvenir à contacter sa famille. Intervient alors Philippe Delaruelle de Boussicourt, membre du Cercle Maurice Blanchard de Montdidier qui, par connaissance interposée leur donne le nom de John Penna, citoyen français résident aux Etats-Unis. Ce dernier accepte d’être leur correspondant sur place et poursuit pour eux les recherches. Il contacte le sénateur du Vermont et un haut gradé responsable de la 8e Air Force. En juillet de la même année, Michel Decelle reçoit enfin du courrier de ces responsables lui indiquant qu’ils mettent tout en œuvre pour retrouver les membres de la famille du disparu. L’attente durera 10 mois, jusqu’au lundi 5 mai de cette année (2008), où Michel Decelle reçoit un coup de téléphone du ministère de la Défense lui signalant que le lendemain, à 15 heures précises, il recevrait la visite officielle d’une délégation américaine chargée de récupérer la plaque d’immatriculation. C’est le branle-bas de combat pour la réception. Le maire de la commune, William Douchet, prévenu lui aussi en catastrophe, prend un après-midi de congés et met à disposition la salle des fêtes pour cette cérémonie. C’est donc le mardi 6 mai (2008), qu’en présence d’André Rakoto, chef de la section relations internationales du ministère de la Défense française, du lieutenant-colonel Robert «Scott » Barker, attaché militaire adjoint à l’ambassade de Etats-Unis à Paris, de Kyle Cherrington, chargé de mission et responsable de tout ce qui concerne les restes des soldats américains découverts en Europe et des protagonistes de la découverte que s’est déroulée cette cérémonie à la mémoire du mitrailleur Shostak, mettant ainsi fin à cette longue recherche. Ils ont procédé à la remise de la plaque d’identification militaire. Mais la boucle n’est pas pour autant encore bouclée : « Nous n’attendons plus aujourd’hui qu’une réponse de la famille Shostak », dit en guise de conclusion Michel Decelle. To be continued?
JEAN-LOUIS VAN BRABANT Correspondant du Courrier Picard
Le soldat Shostak repose enfin en paix
Une cinquantaine de personnes s’est réunie dimanche à l’orée du bois de Boussicourt pour une cérémonie exceptionnelle. Militaires, anciens combattants et riverains sont venus saluer la mémoire de Felix Shostak, soldat américain mort le 18 août 1944 dans le crash du bombardier à bord duquel il combattait. Dans le recueillement le plus total, les participants ont observé une minute de silence à la mémoire des soldats tombés en ce jour d’août 1944. Une gerbe a été déposée devant la stèle dressée en l’honneur des neuf équipiers du bombardier B24 Liberator de l’US Air Force. A côté du monument, le portrait du soldat Shostak, souriant et alors âgé de 19 ans, avait été installé. Il aura fallu attendre 63 ans et toute la détermination de trois passionnés d’histoire et d’aviation pour apporter la preuve que ce jeune soldat a bien trouvé la mort à quelques mètres du bois aujourd’hui si paisible. Cinq mois de recherche. C’est ce qu’il aura fallu aux trois membres du cercle Maurice Blanchard de Montdidier – Michel Decelle, Stéphane Courtois et Philippe Delaruelle pour retrouver une plaque d’identification militaire ainsi qu’une bague universitaire du Lycée de Proctor, dans le Vermont. Avec ces seuls indices et à force de ténacité, les trois archéologues amateurs retrouvent la trace de Charles Shostak, frère du jeune mitrailleur, ancien combattant aujourd’hui âgé de 82 ans et résidant aux Etats-Unis. « Nous aurions beaucoup aimé qu’il partage ce moment avec nous. Mais c’est un homme âgé qui a connu l’horreur en Europe. Y revenir était trop douloureux pour lui », confie Michel Decelle. Et même s’il n’a pu faire le déplacement, le frère aîné du soldat Shostak n’a pas manqué de leur montrer toute sa gratitude : « Nous avons reçu un courrier de remerciement de sa part, expliquent-ils. Aux Etats-Unis, les corps des soldats tombés au combat sont rapatriés sur le sol américain. Ils y attachent une grande importance. Notre découverte, si tragique soit-elle, a permis à sa famille de terminer un deuil qui n’avait que trop duré». De leur côté, les autorités américaines se sont elles aussi montrées très reconnaissantes. Contacté par John Penna – un Français installé en Amérique ayant participé activement à rechercher la famille Shostak – le sénateur Patrick J. Leahy de Washington a adressé un courrier aux bénévoles pour leur témoigner sa gratitude. Enfin, le service de l’US Army Memorial Affairs a remis à MM. Decelle, Courtois et Delaruelle une médaille ainsi qu’un certificat de gratitude. Venue récupérer les objets retrouvés en terre picarde, l’armée américaine s’est chargée de remettre la bague et la plaque a la famille. « C’est très important qu’ils soient retournés dans le Vermont. Nous ne sommes pas des chercheurs de trésor. Nous ne voulons rien garder », explique Stéphane Courtois. Dans une clairière, de l’autre côté du village, un repas a fait suite à la cérémonie officielle. Là était installé un panneau élaboré par les membres de l’association sur lequel figurait une photo de l’équipage du bombardier B24 : « Ici, on voit le soldat Shostak, montre du doigt Michel Decelle. Et là, c’est Robert Allen, l’opérateur radio et dernier équipier porté disparu ». Manquant, Robert Allen pourrait ne plus l’être très longtemps. Epaulés par l’armée américaine qui enverra une équipe de recherche pour l’occasion, les trois amis reprendront les recherches prochainement pour effacer le dernier point d’interrogation planant sur cette histoire.
THOMAS DIWART Correspondant du Courrier Picard Edition du 20 août 2008
Cordialement Éric ABADIE
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