Bonjour à tous,
S/Sgt Robert J. RUJAWITZ [Extrait de
Les aviateurs alliés de la R.A.F. et de l'U.S.A.A.F tombés dans la région de Roye - Cercle Maurice Blanchard, Montdidier 2002]
Le 2 mars 1944, le B-24 « Liberator » # 42-100345, du 93e Bomber Group est en mission avec à son bord 10 hommes d’équipage :
2nd Lt Charles W. Jr. Mankin pilote
2nd Lt Melvin L. Heinke copilote
2nd Lt Roy W. Jr. Carpenter bombardier
F/O Robert Lewis Burke navigateur
S/Sgt Robert J. Rujawitz radio-opérateur
S/Sgt Henry G. Karpf mitrailleur latéral
S/Sgt Arthur C. Crocker mitrailleur latéral
T/Sgt Anthony R. Paladino mitrailleur supérieur/ mécanicien
Sgt Oscar M. Wagelie mitrailleur inférieur (ball-turret)
Sgt Mickael Schiwarski mitrailleur arrière
Le quadrimoteur est touché par la Flak allemande au nord de Oisemont. Pourtant, l’avion continue à voler vers l’est, le pilote, le 2nd Lt Charles W. Mankin, maintenant la trajectoire de l’appareil pendant l’évacuation de l’équipage.
Robert J. Rujawitz – le huitième homme à sauter – atterrit près de Warloy-Baillon. (1) Il échappe à la capture malgré un grand nombre d’Allemands dans le voisinage. Il arrive vraisemblablement à se procurer des vêtements civils auprès d’habitants des villages voisins.
Le 4 mars, il arrive à Curchy. Il est recueilli par M. et Mme d’Hautefeuille. Il y reste une nuit.
Citer :
Le samedi 4 mars 1944 un aviateur américain Robert Rujawick de Belleville dans l’Illinois, habillé en civil, vint s’abriter au soir dans un hangar où avait été un autre pilote allié. Il était tombé en parachute quelques jours auparavant et errait depuis ce temps dans la campagne. Découvert par un ouvrier agricole de la famille d’Hautefeuille, celui-ci prévient ses patrons. Aux questions posées par le couple, l'aviateur américain répondait « yaa ». Cela fit hésiter M. et Mme d’Hautefeuille à s’occuper de lui craignant que ce ne fût un mouton à la solde des Allemands.
Cependant ils résolurent de l’aider. Le 5 mars, la seconde fille du couple, Elisabeth, qui parlait assez bien l’anglais, l’emmena à Nesle prendre le train et l’accompagna jusqu’à Paris, puis il fut pris en charge par la Résistance. Témoignage de M. Pierre d’Hautefeuille- Entretien du 14 décembre 2000 à Curchy
Le lendemain, 5 mars, il est dirigé vers Paris où il est pris en charge par un réseau d’évasion pour aviateurs alliés, le réseau BOURGOGNE. Par la suite, il est confié par ce réseau au réseau d’évasion « SHELBURN », ce dernier ayant certainement de meilleures opportunités, à ce moment précis, pour faire sortir de France les aviateurs alliés.
De là, Robert J. Rujawitz est convoyé vers la Bretagne.
En partant de Paris, les aviateurs sont munis de faux papiers. Ils partent de la capitale avec des convoyeurs. Ces derniers leur font changer de train à Saint-Brieuc pour les emmener ensuite jusqu’à Plouha. L’entrée en zone interdite se fait la gare de Saint-Brieuc. Le contrôle est effectué la plupart du temps par les gendarmes français accompagnés quelquefois d’un Feldgendarm allemand.
Cela se passe assez facilement à la condition de prendre la précaution de munir chacun d’une carte d’identité ainsi que d’un Ausweis. A la gare de Plouha, les aviateurs qui n’arrivent qu’à la nuit, sont pris en charge par d’autres personnes. Ceux-ci les dirigent ensuite vers leurs lieux d’hébergement. Les convoyeurs n’ont pas connaissance des gens qui vont accueillir les aviateurs pour d’évidentes mesures de sécurité.
La nuit du 23 au 24 mars 1944Le soir de chaque opération d’embarquement, la B.B.C envoyait la phrase « Bonjour à tous dans la maison d’Alphonse ». Ce message signifiait que l’embarquement devait se faire entre minuit et 2 heures du matin à l’Anse Cochat appelée « Plage Bonaparte ».
Dans la soirée du 23 au 24 mars, «
Léon (Dumais)
a rejoint la maison d’Alphonse en compagnie d’un commandant français qui regagnait Londres après avoir accompli une mission, moi-même leur servant de guide. Une fois sur la plage, nous avons eu une alerte. Léon et Clément Huet se sont postés revolver au poing au bas du sentier que nous empruntions pour descendre la falaise. J’ai dit aux aviateurs de se cacher dans les rochers, et je suis parti en reconnaissance jusqu’au goulet de l’Anse Cochat. N’ayant rien vu de suspect, j’ai fait mon rapport, l’opération a eu lieu, et deux officiers de la Royal Navy qui étaient déjà venus jusqu’à la plage lors de l’opération précédente sont arrivés à bord d’un canot, ont discuté avec Léon, et sont repartis avec les aviateurs. » (2)
A environ deux milles de la côte, Robert J. Rujawitz embarque en compagnie des autres aviateurs sur une corvette de la marine anglaise pour regagner l’Angleterre, moins d’un mois après qu’il ne soit contraint de sauter en parachute.
(1) La Guerre aérienne dans le Nord de la France – 2 mars 1944 – Jean-Pierre Ducellier, Ed. Paillart Abbeville 1996, p.157 et suivantes)
(2) Témoignage de François Le Cornec in La Maison d’Alphonse – Colonel Rémy, Ed. Librairie Académique Perrin, Paris 1968, p. 125
Cordialement
Éric ABADIE
Voir aussi : Jean LE DREN & 2/Lt Roy W. CARPENTER 93BG [
30/08/2018]
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