Selon André Laboulet auteur de « Les combats d'Airaines et environs juin 1940». qui relate des combats acharnés qui se sont disputés à Airaines à partir du 20 mai 1940 à l'arrivée des troupes allemandes et se sont de nouveau déchaînés le 5 juin 1940 date à laquelle a été lancée l'attaque allemande dont le but était d'enfoncer la résistance française sur la Somme.C'est le 8 juin, après des combats acharnés qu'Airaines a été définitivement conquise par les Allemands. Le récit de ces combats est fait avec beaucoup de précisions André Laboulet fait ressortir le courage héroïque des combattants qui appartenaient pour la plupart au 53e Régiment R.I.C. mixte sénégalais. Les pertes ont été très élevées. Selon lui, sur 1 800 combattants, 150 ont pu se replier, sous les ordres du Commandant Seymour. 728 ont été faits prisonniers et 922 ont été tués, soit plus de 50 %.
Parmi ces morts il cite le Capitaine N'Tchoréré qui après une résistance acharnée fut fait prisonnier et ensuite abattu à coups de revolver.
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Le 53e R.I.C.M.S. avait ses points d'appui dans la vallée de la rivière d'Airaines : 1er bataillon à Bettencourt, Longpré et Condé-Folie, 2e bataillon au bourg d'Airaines, 3e bataillon au Quesnoy où le colonel
Polidori*, commandant le régiment, avait placé son P.C.
J.O. du 2 septembre 1940 page 4479
TROUPES COLONIALES
Armée active.
Par arrêté en date du 24 août 1940, est rayé des cadres de l'armée active, par limite d'âge, pour compter de la date ci-après, l'officier dont le nom suit:
Infanterie coloniale.
(A compter du 20 août 1940.)
POLIDORI J.-B., Lieutenant-Colonel.
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SEYMOUR (Théodore-Joseph-Maurice), commande le 2e bataillon du 53e régiment d'infanterie coloniale mixte sénégalais en mai-juin 1940. En 1938, le commandant SEYMOUR, était chef de bataillon au 15e régiment de tirailleurs sénégalais (J.O. du 10 février 1938 page 1668)
(J.O. du 7 juillet 1938 page 7962), 29 ans de services, 20 campagnes. A été blessé et cité. Chevalier du 16 juin 1920.
Promu chef de bataillon (J.O. du 25 mars 1937) pour prendre rang du 24 mars 1937.
Maurice-Théodore-Joseph
SEYMOUR est né le 23 juin 1888 à Saint-Denis, département : île de La Réunion.
N° matricule au recrutement : 535
Il commencera sa carrière militaire en étant incorporé au bataillon d'infanterie coloniale de Diego-Suarez, comme engagé volontaire, le 8 mai 1909.
Il terminera sa carrière avec le grade de lieutenant-colonel en 1951.
VOIR : cote : FR ANOM 12 RM 81 Seymour Théodore Maurice Joseph classe : 1914
http://anom.archivesnationales.culture. ... 3%A9union-=============================
Le 2e bataillon du 53 e R.I.C.M.S., après une longue marche de nuit, était arrivé à Airaines, le 4 juin, vers 8 heures, et aussitôt, pendant que les sénégalais se restauraient et prenaient un peu de repos, le commandant Seymour qui avait placé son P.C. au presbytère, convoqua les commandants des compagnies et donna à chacun un secteur à défendre :
- la 5e compagnie (capitaine Damigny) doit assurer la défense de la lisière d'Airaines à l'Est.
- la 6e compagnie (capitaine Hélenne) a pour mission d'interdire à l'ennemi l'accès de la partie haute de la ville (route du Tréport et voie ferrée dans la même direction).
- la 7e compagnie (capitaine N'Tchoréré) sera au centre du dispositif, en arrière du passage à niveau et du dernier bâtiment de la gare, le long de la voie ferrée en direction de l'Est.
Chaque compagnie a à sa disposition une section de mitrailleuses et un ou deux canons de 25 et le bataillon a reçu comme moyens supplémentaires, les canons de 25 du régiment. [...]
5 juin 1940
des salves de quatre ou huit obus tombent partout, particulièrement dans le quartier de la 6e compagnie où les incendies éclatent et se propagent rapidement. le sergent Pillée (sic) (Pillet), le caporal Pradelles sont tués, le soldat Lapeyre grièvement blessé.
Vers 10 heures, le commandant Seymour, reçut du colonel Polidori l'ordre d'envoyer une compagnie à la cote 106, au Nord du Quesnoy, pour refouler les éléments ennemis venant de la Breilloire. la 6e compagnie du capitaine Hélenne, fut désignée, et vers 11 heures ordre fut donné de lancer, avec une autre compagnie, une contre-attaque vers 116 Pilier. la 5e compagnie du capitaine Damigny reçut cette mission.
Le commandant Seymour s'efforça de maintenir la liaison avec le colonel qui était au Quesnoy et, avec le commandant Brusa qui avait sous ses ordres le 1er bataillon.[...]
La première attaque directe sur Airaines fut lancée vers 17 heures (ce 5 juin 1940).
Les chars abordèrent le bourg en venant de l'Ouest. La situation fut sauvée par le capitaine Labrousse, commandant la C.R.E. du 53e, qui dirigea sur le point menacé deux canons de 25 sur camionnettes. L'une de ces camionnettes fut atteinte par un projectile et le canon rendu inutilisable, mais l'attaque fut repoussée. L'ennemi ne fit pas d'autres tentatives le 5 juin.
A 20 heures, la 6e compagnie revint à Airaines. elle avait au à soutenir un combat très dur. Attaquée par de l'infanterie et des chars, elle avait été peu à peu refoulée de la position qu'elle occupait. On crut que le capitaine Helenne avait été tué. On apprit, peu après, qu'il n'était que blessé. La 6e compagnie, très diminuée par des pertes, reprit ses emplacements sous les ordres du lieutenant Hautefeuille.
Ce fut ensuite le retour de la 5e compagnie. elle aussi a livré un dur combat. elle n'avait pu atteindre son objectif (116 Pilier), mais s'était maintenue aux lisières du bois des Communes. le sergent Bertault, qui était à la barricade à la sortie d'Airaines, vers le Quesnoy, a vu son retour : "Soudain, dit-il, dans la pénombre du crépuscule, des silhouettes se détachant et s'avançant lentement. Ce sont des blessés qui se replient. L'un, le bras dans une écharpe, un autre boiteux, et d'autres encore, enveloppés de pansements. On les réconforte et on les envoie au poste de secours. Enfin, vers 23 heures, passent quatre soldats, tête nue, portant un brancard. Qui est-ce ? ils murmurent "Capitaine Damigny, mort au champ d'honneur". Alors d'eux mêmes, tous les hommes du canon de 25, se figent au garde à vous. Blessé mortellement, adossé contre un arbre il a, paraît-il, continué de faire feu avec un mousqueton tant qu'il en a eu la force."
in Pierre Vasselle - Juin 1940 - sur la Basse-Somme pages 96 à 100.
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capitaine Jacques Pierre Maxime
DAMIGNYJ.O. du 22 janvier 1941 page 323
Légion d'Honneur
DAMIGNY (Jacques-Pierre), capitaine au 53e régiment d'infanterie coloniale mixte sénégalais : officier d'un moral élevé et d'un courage exemplaire. Le 5 juin 1940, ayant reçu pour mission de procéder à une contre-attaque, a, avec un réel mépris du danger, entraîné ses hommes en avant. Pris à partie par des engins blindés ennemis — autos-mitrailleuses et chars — a dissocié momentanément leur action et a infligé de sérieuses pertes à l'infanterie qui suivait. Est tombé mortellement blessé à la tète de son unité, donnant à tous le plus bel exemple de bravoure et de Sacrifice. A été cité.
Jacques Pierre Maxime
DAMIGNYMort pour la France le 5 juin 1940 à Airaines, (Somme)
Né le 3 mars 1900 à Toulon (Var)
53e régiment d'infanterie coloniale mixte sénégalais (53e RICMS)
Mort pour la France
tué à l'ennemi
Sépultures de guerreJacques Pierre
DAMIGNYMort pour la France le 5 juin 1940 à Airaines (Somme)
capitaine au 53e régiment d'infanterie (53e RI)
Mort pour la France
Lieu de sépulture : Condé-Folie (Somme)
nécropole nationale de "Condé-Folie"
Type de sépulture : tombe individuelle
Numéro de la sépulture : 1011
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Voir :
https://croixdeguerre-valeurmilitaire.f ... raines.pdfCordialement
Eric Abadie