Bonjour, Pour compléter, un témoignage sur le 57e RICMS
Tiré du livre "Mémorial de l'Empire" à la gloire des troupes coloniales, La scène se passe à Saint-Fuscien où une partie du 57e est stationnée fin mai 1940.
Belle conduite au caporal Sakan, 3è bataillon du 57è RICMS
Au milieu de quelques hommes qui, debout, bavardaient entre eux – ce sont mes tirailleurs, je le devine, car ils parlent en bambara – j’en vois un autre en bras de chemise qui s’agite et se penche sur un tas de couvertures semble-t-il. En cet homme je reconnais bien vite, à sa carrure athlétique, mon caporal Sakan, dont je sais l’ascendant sur sa troupe, due à sa vigueur physique et à son franc sourire.
Mon sergent indigène, que j’interroge alors, me renseigne. Sous ce tas de couvertures, ou plutôt de vêtements, il y a un homme, un officier blessé.( ) Il a reçu ce matin en cours d’attaque un éclat d’obus dans la cuisse gauche et son bras droit, qu’un autre a labouré, n’est qu’un amas de chairs broyées. Il est tombé à quelques 800 mètres de là, en plein champ découvert et, à la faveur de la nuit, a pu se traîner sur le côté, progresser vers nos lignes de quelques dizaines de mètres.
L’officier a eu froid. Sakan a enlevé alors sa capote, quitté même sa vareuse malgré l’aigre bise qui souffle, et les a étendues sur le blessé ; ses tirailleurs ont suivi l’exemple. Maintenant il a soif : aussitôt un tirailleur tend son bidon et fraternellement Sakan soulève la tête du blessé pour l’aider à boire.
( ) on emmène l’officier. Mais avant de me quitter, celui-ci me serrant la main du seul bras qui lui reste, trouve encore la force de me dire : « tu sais, ce qu’ils ont été chics pour moi tes tirailleurs ! et ton caporal, il m’a soigné comme une mère ! je te demande de le récompenser ! »
A bientôt, Nicolas
_________________ Nicolas BERNARD
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