La reconstruction des villages dévastés dans la Somme
LE BOSQUEL
Au Bosquel soixante baraquements sont déjà arrivés mais la pénurie de certains matériaux retarde leur implantation
Situé à vingt kilomètres d'Amiens et à trois kilomètres de la route de Paris, Le Bosquel était un tranquille petit village qui comptait et quelques foyers avec 240 habitants et où le travail de la terre faisait vivre à peu près tout le monde. Aux jours tragiques du mois de mai (1940), les habitants entendirent le roulement ininterrompu des convois militaires fuyant vers le sud, ils virent aussi le flot ininterrompu des civils qui les suivaient. Ils espérèrent alors que la guerre ne les atteindrait pas dans leurs biens, la bataille ne paraissait pas devoir s'engager dans la région. Le destin cruel déçut leurs pauvres espérances et le village devint un centre de résistance que l'artillerie dut réduire... * Il reste dix-huit maisons et toutes les fermes ont été anéanties. Quant à la population, elle avait avait été totalement évacuée. Une soixantaine environ des habitants ne sont pas rentrés. Comment la vie a-t-elle pu se réorganiser dans de telles conditions, alors que tous les animaux de basse-cour avaient été enlevés, que la moitié au moins du cheptel manquait. Il ne faut pas oublier que Le Bosquel ne pouvait compter sur la proximité d'une voie ferrée ou tout autre moyen de transport public. Pourtant, chacun se remit au travail avec courage : Les cultivateurs avaient ramené leurs chevaux, les vaches furent retrouvées dans les champs et les pâtures, des abris furent tant bien que mal édifiés... Mais autre chose pressait : des baraquements et du matériel agricole. Des machines purent être réparées et les terres furent remises en culture. Quant aux baraquements, 70 ont été demandés, 60 sont arrivés et 25 sont déjà en cours d'aménagement, dont quelques hangars-écuries et des constructions à usage d'habitation. Leur implantation se fait sur des terrains appropriés et c'est ainsi que nous avons vu trois baraquements à trois logements, édifiés près d'une ferme détruite, dans une pâture que le propriétaire de celle-ci a mise à la disposition du Maire. [...] Le maire du Bosquel, M. Stéphane Cauchy, que nous avons rencontré dans un lieu de réunion provisoire -il n'y a plus de mairie, plus d'école - entouré de ses collègues du Conseil municipal et des principaux sinistrés - nous a dit avec quelle sollicitude particulière, M. le Préfet de la Somme s'était penché sur le sort de ses administrés : huit jours après lui avoir demandé un baraquement pour l'école, M. Cauchy obtenait satisfaction comme il en fut d'ailleurs pour d'autres requêtes. Mais le manque de matériaux, comme le ciment par exemple, entrave la mise en place de ce baraquement et, de ce fait, les gosses ne vont pas à l'école. Ajoutons que la commune a adhéré à l'Union des Sinistrés d'Airaines et de la région et que M. Ferraud, président de ce groupement, nous a accompagné au Bosquel, pour nous faire visiter les travaux en cours.
Le Progrès de la Somme, numéro 22373, 4 juin 1941
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* Ce paragraphe est équivoque et induit que les soldats français furent les premiers à fuir ! On peut se demander qui tenta une résistance dans les premiers jours de juin dans les villages de la Somme. Ici, la presse de collaboration laisse volontairement le doute s'incruster dans l'esprit de la population sur la combativité des troupes françaises. C'est faire affront à tous ces soldats du 50e régiment d'infanterie - pour ne citer que lui - qui luttèrent âprement pour la défense du village du Bosquel
Cordialement Eric Abadie
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