Deux garde-voies tués par un train à Lamotte-Brebières
Un pénible accident - les premiers résultats de l'enquête laissent prévoir qu'il s'agit d'un accident - qui a coûté la vie à deux hommes s'est produit jeudi matin sur le territoire de Lamotte-Brebières, non loin du pont du chemin de fer, au-dessus de la Somme. Il était 10 heures 1/4 et M. Ladent, agent de secteur de la cabine n° 10, se trouvait en tournée de surveillance lorsqu'il aperçut entre les voies de la ligne Amiens-Arras deux cadavres horriblement déchiquetés. Il revint en toute hâte à la cabine et avisa la gare de Longueau. Peu après le Commissariat Spécial et le parquet d'Amiens étaient prévenus et bientôt arrivaient sur les lieux : MM. Muller, juge d'instruction, Trensz, substitut du procureur de la République ; Jeannot, commissaire spécial ; Goulard, chef de la Sûreté ; Brocq, chef de gare principal de Longueau ; Biendiné, greffier du magistrat instructeur ; Demailly, représentant le chef de District ; Jutelet, chef de poste des garde-voies à Longueau ; le docteur Saint-Aubin de Camon. Questionné par le juge d'instruction Muller, Ladent, après avoir conduit les enquêteurs sur les lieux, lui relata dans quelles circonstances il avait découvert les cadavres qui furent rapidement identifiés grâce à leurs papiers. Il s'agit de deux garde-voies, Héricourt Edouard, 23 ans et Lefevre Gibert, 20 ans, domiciliés, le premier, rue René-Boileau, le deuxième, rue Edmond-Rostand, tous les deux célibataires. De l'enquête et des constatations, il semble résulter que les deux garde-voies, au cours de leurs allées et venues le long et sur les voies ont été surpris par l'express n° 351 qui quitte Amiens vers 10 heures ; l'épais brouillard, qui régnait à ce moment ne leur permit pas d'en percevoir l'approche et les deux infortunés, happés par la locomotive, furent "roulés" et déchiquetés. Les corps ont été ramenés à Amiens par les soins de la S.N.C.F. et transportés au Nouvel Hôpital où l'autopsie sera faite par le docteur Poulain.
Edition du Progrès de la Somme du 27 février 1943 page 2
La mort des deux garde-voies à Lamotte-Brebières Les conclusions du médecin-légiste ont confirmé la thèse envisagée par les enquêteurs et selon laquelle les deux garde-voies en faction près du pont du chemin de Lamotte-Brebières ont été tués par l'express Amiens-Arras dont ils ne purent, à cause du brouillard très épais, percevoir l'approche. Aucune trace de blessure pouvant provenir de violences n'a été retenue sur les corps.
Avis mortuaires
Obsèques de M. HERICOURT Edouard, 23 ans, lundi 1er mars, à 9 h, église Cœur immaculé de Marie. Réunion, 173, rue René-Boileau. De la part de ses parents et de toute la famille.
Obsèques de M. LEFEVRE Gilbert, 20 ans, décédé accidentellement, auront lieu le lundi 1er mars, à 9 h., église Cœur immaculé de Marie. Réunion rue Edmond-Rostand. De la part de ses parents et la famille.
Edition du Progrès de la Somme du dimanche 28 février et du lundi 1er mars 1943
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On peut s'interroger sur cette psychose de la part des autorités (tant allemandes que françaises) à rechercher une autre cause à leurs blessures. Ont-elles, dès le début du service de garde de la voie ferrée, craint des sabotages de la part de la Résistance ?
Cordialement Eric Abadie
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