ROYE 1940
A ROYE
Mme R. GOYEZ qui tenait 25, rue d'Amiens, le magasin "A la Tentation" et dont le mari était organiste et professeur de musique, s'est rendue à Roye récemment. Elle a eu l'amabilité de nous écrire ce qu'elle a pu voir là-bas et c'est de sa lettre que nous tirons les renseignements ci-dessous : Le grand clocher de l'église Saint-Pierre se voit toujours d'assez loin, mais l'édifice a beaucoup souffert. L'aspect de la rue est lamentable. Les immeubles, depuis la charcuterie LEGOUPIL jusqu'à la boulangerie exclusivement sont complétement incendiés. Une bascule médicale indique, seule, l'emplacement de la pharmacie disparue. Les maisons voisines sont également touchées. Quelques maisons paraissent intactes, vues de l'extérieur : celle du garagiste, de la famille RIEZ, le magasin de chaussures DELVAL, puis ensuite l'épicerie, journaux, café, boucherie, nouveautés, jusqu'aux établissements GOULET ! La réalité confirmera t-elle l'apparence ? Plus loin, dévastation complète : boutiques de l'armurier, des chaussures et nouveautés, et les immeubles de la quincaillerie BAYART à la quincaillerie JAILLANT, fort endommagés, sinon détruits. Le côté gauche du commencement de la rue d'Amiens est moins atteint, mais le coin droit de la rue et des Annonciades (tailleur, modiste, épicerie et deux ou trois magasins) est en ruines. Le reste du côté droit, jusqu'à la place du Bastion, semble épargné, vu de l'extérieur toujours. Sur le côté gauche, les immeubles du boucher, de l'électricien et du marchand de primeurs sont debout. Qu'y a-t-il derrière la façade ? Ensuite l'incendie a exercé ses ravages, la partie comprise entre la quincaillerie et la place du Bastion étant toutefois indemne. L'Hôtel-de-Ville est debout mais porte les traces du combat. La rue de Paris a été épargnée. Le quartier Saint-Gilles n'est que décombres jusqu'au calvaire, à l'exception de la maison Demory (sic - LIRE DEMOUY), restée debout, sinon intacte. La tannerie paraît avoir subi les effets de l'incendie. Les maisons intactes (aux yeux du passant) sont ouvertes à tout vents, et nos concitoyens doivent se garder d'illusions trop grandes. M. le maire * vit dans sa cave ; sa maison, qui a paru à d'autres presque qu'intacte, étant au contraire fort endommagée. Il espère qu'un baraquement sera mis à sa disposition bientôt. En résumé, notre belle petite ville, à peine reconstruite, est à nouveau en ruines sur la plus grande partie de son étendue.
Le Progrès de la Somme, numéro 22160, 30 juin - 17 juillet 1940 259PER292 Archives de la Somme
* M. MERCUSOT Paul
============================================================
Exode de mai - juin 1940
M. CHEVALIER, directeur d'école à Roye est à Luant (Indre).
M. DUTRIAUX, conseiller municipal, entrepreneur de transports, chez M. VAREZ, 22 rue Berthelot, Lorient.
Sont évacués à Benais, canton de Bourgueil (Indre-et-Loire) chez M. Chantreau Roland : M. PARMENTIER, hôtelier et sa famille, de Roye ; Mme HENNARD, libraire à Roye, ses fils et sa belle-mère, Mme PARMENTIER ; M. DUFLOT Fernand, receveur-buraliste à Boves, sa femme, sa fille, et Mme veuve Butin.
Le Progrès de la Somme, numéro 22157, 1er - 8 juin 1940 259PER292 Archives de la Somme
Cordialement Eric ABADIE
|