11 mai 1944
AMIENS A ETE BOMBARDE...
16 morts - 31 blessés
Dans l'après-midi de jeudi (11 mai 1944), l'aviation anglaise a bombardé deux quartiers d'Amiens, accumulant les deuils et les ruines.
Il était environ 14 h. 30 et depuis quelques instants plusieurs avions lourds passaient vers lesquels était attirée l'attention des gens qui les considérèrent sans danger - tant qu'ils ne sont pas délestés de leur cargaison - en se disant : ce n'est pas pour nous. A ce moment surgirent à quelques centaines de mètres de hauteur plusieurs petits avions, de ceux qu'on commence à bien connaître, et qui, après une rapide évolution dans le ciel, piquèrent en trombe vers l'objectif choisi au milieu du tonnerre de la D.C.A. De suite, la curiosité passa à l'arrière plan et tout le monde gagna les maisons et les abris : déjà les bombes éclataient dans un infernal fracas, en même temps que s'élevaient des points de chute des nuages de poussière. Telle est la description de ces quelques minutes que fait un de nos collaborateurs qui se trouvait dans le quartier Saint-Roch et qui vit se redresser, à moins de cent mètres de haut, les avions "libérateurs". [...] Le centre des points de chute est apparemment le pont de l'avenue du Général-Foy. Les maisons portant les numéros 91, 93, 95, 97, 99 du boulevard Guyencourt sont "soufflées" et désormais inhabitables. Il en est de même du café "A la Ville de Conty" et au "Chant des Oiseaux", à l'entrée de l'avenue et de plusieurs maisons de la rue de Lannoy d'où on a retiré plusieurs blessés. En face, des bâtiments de l'usine à gaz ont été également fortement endommagés. Signalons encore que le Monument aux Morts a reçu de nombreux éclats de bombe. Indépendamment des immeubles portant les numéros 52, 54 et 56 du boulevard Thiers, qui sont détruits, les maisons voisines ont fortement souffert de la chute des projectiles. Il en est de même de plusieurs habitations de la rue de la Demi-Lune, notamment les numéros 73, 75 et 77. L'usine à gaz a également été touchée. On note une dizaine de points de chute et l'une des cuves a été endommagée, ce qui a provoqué la perte d'environ 8.000 mètres cubes de gaz. Avenue Foy, rue Lescouvé, rue d'Elbeuf, de nombreux immeubles ont également été endommagés.
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Dans l'autre quartier, celui de Noyon, les dégâts ont été moindres : une bombe est tombée rue de Castille dans le jardin de la Sainte Famille. Toutes les portes et fenêtres ont été abimées dans les environs, notamment rue Vascosan, rue Jules-Barni, rue Vulfran-Warmé. L'usine Delaroière et Leclercq et le Centre médical de la S.N.C.F. rue Riolan ont également souffert du bombardement. Il en est de même des immeubles de la place Alphonse-Fiquet. Vers minuit, un avion a laissé tomber deux tombes rue Saint-Geoffroy. La famille Cambier, qui habite cette artère et qu exploitait une importante pâtisserie rue des Trois-Cailloux, a été particulièrement éprouvée. M. Jacques Cambier, l'un des fils, âgé de 22 ans a été tué. M. Cambier Edmond, 62 ans, M. Michel [b]Cambier[/b], 22 ans, Mlle Marie-Thérèse Cambier et M. Victor Wable, 68 ans, ont été blessés. Plusieurs immeubles de la rue ont été endommagés.
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LES MORTS
Alfred Lefebvre, 31 ans, 13, rue Millevoye à Abbeville ; Gaston Noël ; Fernand Héricotte, 148, rue quai de la Somme, à Amiens ; Jules Florin, 46 ans, employé S.N.C.F., 16, rue Jules-Guesde à Roubaix ; Jean Moquet, négociant, avenue Foy, à Amiens ; Christiane Dantin, chemin des Carmiers, à Amiens ; Tierce, 43, rue de Vignacourt, à Amiens (homme) ; Léonie Wauthier, employée au Lycée de garçons ; Marie Choquart, 384, route de Paris, à Amiens ; René Paris, 19 ans, à Condé-Folie ; René Bloquet, à Condé-Folie ; Maurice Vincheneux, 24 ans, à Condé-Folie ; Thérèse Wasse, 46, boulevard Thiers ; Maurice Vermuse, demeurant à Abbeville, employé S.N.C.F. ; Emile Pigeon, 97, boulevard de Guyencourt ; Colette Remiotte, 16 ans, 37, rue Garnier.
LES BLESSES
Suzanne Becquerelle, 63, rue Croix-Saint-Firmin ; Renée Choquart, 16 ans, 384, route de Paris ; Adrienne Allart, 42, Boulevard Thiers ; Raymonde Mallet, 13, avenue du Général-Foy, (sortie) ; Mireille Huet, 47, rue Lucien-Fournier ; Blanche Coustenoble, avenue Foy ; Berthe Cordellier, 54, boulevard Thiers ; Irène Richer, 26 ans, 62, boulevard du Jardin-des-Plantes ; Marcel Coulombier, 36 ans, 40, rue Lucien-Fournier ; André Montigny, 41, rue Liénard-le-Secq ; François Vidal, 160, rue Jean-Jaurès ; Bieckens, de Sains-en-Amiénois. M. Postel, 106, rue d'Elbeuf ; Etienne Machy, employé à la S.N.C.F., 58, route de Saveuse ; Andréa Verbrouck, 29 ans, 33, rue Jules-Ferry à Tourcoing et son fils André, âgé de 7 ans ; Michel Malpart, 31 ans, employé à la S.N.C.F., 47, rue Le Mongnier ; Albert Cordellier, 54, boulevard Thiers ; Hélène Bognier, 52, boulevard Thiers ; Mme Leroy, légèrement blessée ; Gisèle Christophe, épouse Bieckens, 28 ans, de Sains-en-Amiénois ; veuve Julia Lefebvre, 75, rue de la Demi-Lune ; Mme Héricotte, 50 ans, 148, quai de la Somme ; Marcelle Vasseur, 28 ans, 303, rue du faubourg-de-Hem ; Leroy ; Marest, 7, rue Jules-Barni ; Annie Allart, Charles Pruvost ; Fernand Lefebvre, 35 ans, 41, rue Allou ; Richard Leclercq, de Prouzel.
Le Progrès de la Somme, numéro 23275, 13 mai 1944
Pour une approche globale et détaillée de l'attaque de l'aviation américaine sur Amiens, ce 11 mai 1944, se référer à l'ouvrage qu'a consacré Jean-Pierre Ducellier dans la série "La guerre aérienne dans le Nord de la France" pour la période du 21 avril au 18 mai 1944, page 415 et suivantes (éditeur Paillart - Abbeville, 2011. Répartis en 3 squadrons de 8 avions chacun, les 16 P-47 "Thunderbolt" du 405e Fighter Group de la 9e Air Force vont attaquer les gares d'Amiens - la gare du Nord (1 squadron) - et la gare Saint-Roch (1 squadron) larguant 30 bombes de 500 livres et 2 bombes de 250 livres.
Cordialement Eric Abadie
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