Les tués de Beaufort en Santerre
Décembre 1942
TRIBUNAL CORRECTIONNEL Des morts, en 1940, avaient été détroussés
Devant le tribunal de Montdidier ont eu lieu des débats se rapportant à une bien triste affaire qui s'est déroulée en juin-juillet 1940, à Beaufort-en-Santerre. Le fonctionnaire-Maire avait été invité à faire inhumer 28 corps de combattants français, dont un adjudant-chef, tombés en un même endroit sur le territoire de la commune. un cantonnier, Caron Joseph, 57 ans, et un ouvrier agricole, Fournier Louis, 68 ans, furent chargés de la triste besogne ; les corps des malheureux se trouvaient dans un état de décomposition avancée et le travail n'était pas sans danger pour les fossoyeurs occasionnels, aussi l'inhumation provisoire eut lieu à vingt ou trente centimètres du sol ! Lors de l'exhumation des corps, ceux-ci furent trouvés pêle-mêle et le travail d'identification permit de constater que les poches des malheureux avaient été coupées vraisemblablement à l'aide d'un rasoir. D'autre part, fait troublant, un chercheur de morilles aurait découvert, par la suite, des porte-monnaie perdues vides dans un coin perdu, à la sortie du village. Une lettre anonyme ayant dénoncé les deux fossoyeurs comme étant les détrousseurs, une enquête fut ouverte qui les amena sur les bancs de la correctionnelle. A l'audience, ils ont nié énergiquement. Au cours des débats, il a été question d'une poche qui aurait été coupée, de papiers jetés dans la boue et d'un billet de 100 francs dégageant une mauvaise odeur, donné par la suite en paiement d'une boîte d'allumettes. Au reproche de dépenses hors de proportion avec leurs moyens, Caron a objecté qu'il avait perçu un rappel de traitement de plus de 3.000 francs et acheté une bicyclette pour sa fille. L'affaire avait été mise en délibéré. Le tribunal vient de rendre son jugement. Il a condamné Caron à 18 mois de prison, Fournier à la même peine, avec un sursis et chacun à une amende de 500 francs, ancien tarif.
Le Progrès de la Somme, numéro 22842, dimanche 13 et lundi 14 décembre 1942 259PER303 Archives de la Somme
Cordialement Eric Abadie
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