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Inscription : sam. oct. 24, 2009 10:38 am Messages : 7045
Localisation : Somme
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Bonsoir, Récit trouvé dans le FLASH COMMUNAL de la commune de Gournay-sur-Aronde en date des mois de Février à Avril 2012 : http://www.gournaysuraronde.com/flash/2 ... 202012.pdfLe 3 juin 1940, en pleine campagne de France, un avion à la cocarde tricolore avec trois aviateurs à son bord s’est écrasé en flammes dans un champ en lisière du bois de Monchy, situé à 2,5 kilomètres à l’Est de Gournay-sur-Aronde. Pris en chasse au-dessus de Ressons-sur-Matz par six appareils ennemis tandis qu’il effectuait une mission de guet aérien, il a succombé au nombre, non sans s’être vaillamment défendu. Le lendemain du drame, des obsèques solennelles furent célébrées par le curé de l’époque, le révérend père Bailly, dans la belle église romane du village. De très nombreux habitants s’étaient déplacés ainsi que des militaires de l’arme du Train qui, la veille, avaient relevé les corps. L’hommage religieux fut suivi d’une longue procession en direction du cimetière où les trois aviateurs furent inhumés non loin de ceux morts pour la France durant la Grande Guerre. Le 4 juin, la population effrayée par l’avancée des troupes de la Wehrmacht prit le chemin de l’exode. Or, il se trouve que parmi les trois membres d’équipage figurait mon grand-oncle, le sergent de réserve Pierre Duffour, âgé de 25 ans au moment des faits. Radio-mitrailleur sur avion Potez 631, il s’était porté volontaire pour cette mission très dangereuse avec un équipage d’une autre escadrille. Comble de malchance, ce jour-là, la Luftwaffe lançait l’opération « Paula » destinée à détruire les dernières unités de l’Armée de l’Air française afin de s’assurer d’une totale supériorité aérienne. Pas moins de 640 bombardiers et 460 chasseurs allemands avaient donc pris la direction des aérodromes autour de Paris. Si l’opération fut un échec stratégique pour la Luftwaffe, elle permit cependant de saigner profondément l’Armée de l’Air française, les pertes s’élevant à 906 blessés et 254 tués. Après la capitulation et une fois démobilisé, mon grand-père, frère du défunt, se rendit plusieurs fois à Gournay-sur-Aronde, en vélo, depuis Paris afin de rencontrer les témoins de ces faits. Il profita de ses visites pour rapporter dans sa famille une pale d’hélice du Potez ainsi qu’un morceau de gouverne arrière supportant le numéro de l’avion. Et, durant de nombreuses années, le propriétaire du champ retira une foultitude de morceaux de ferrailles, l’avion ayant éclaté en touchant le sol. Bercé par ce récit héroïque de cet oncle inconnu mort en plein ciel de Gloire, c’est à moi que revint le privilège de conserver ces précieuses reliques, une fois ma vocation d’officier confirmée. Et, en mon for intérieur, je m’étais promis qu’un jour j’irai sur les lieux à la recherche de témoins oculaires ou de traces quelconques. J’avais besoin il est vrai, au fil du temps et l’âge aidant, de replacer ces objets rituels dans leur contexte, dans un nécessaire travail de mémoire. C’est ainsi qu’en ce matin brumeux du 12 janvier 2011, je rencontrais monsieur Daniel Forget, votre maire, pour lui raconter mon histoire et lui faire part de mes recherches. N’ayant pas eu vent de cet épisode de guerre, il me conduisit vers l’un de ses administrés qui demeurait à Gournay-sur-Aronde à cette époque précise de la guerre. Mais, malheureusement, celui-ci ne se souvenait pas de mon avion. Il me conseilla seulement d’aller interroger monsieur et madame Emile Mercier, qui habitent en contrebas du village. Très vite, ceux-ci se souvinrent parfaitement de cet événement, leur frère et beau-frère Marcel qui avait 13 ans à l’époque leur ayant raconté cet appareil en flammes pourchassé par des avions allemands et finissant son vol non loin du village. Leur témoignage fut déterminant puisqu’il me permit, en quelques heures, de retrouver la trace d’une dizaine de personnes qui ont gardé en mémoire ce combat aérien, me racontant chacune à leur manière le déroulement des faits. Simultanément, je pus localiser le lieu de la chute, correspondant précisément au relevé transmis par les archives de l’armée de l’Air...Cordialement Eric Abadie
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