Bonsoir, afin d 'apporter ma pierre à l'édifice je joins un article réalisé pour la commune de St Leu D'esserent. Je remercie M. Claude LETELLIER . Amicalement jph AVANT PROPOS Entre le 10 mai et le 25 juin 1940, 47 jours se sont écoulés. Pour des millions de Français, ce fut l'exode. Ainsi, la quasi-totalité des 1600 habitants de St-Leu a dû quitter son foyer devant l'irrésistible avance des troupes Allemandes. Une première évacuation eut lieu le 21 mai à la suite de bombardements de la Luftwaffe. Une partie de la population revient au bout de 2 à 3 jours. Puis, le 9 juin, à nouveau c'est le grand départ vers le sud. Afin d'évoquer cet épisode, nous joignons une lettre écrite par M. Claude LETELLIER à son père, alors mobilisé. Claude, âgé de 11 ans en juin 1940, est le fils d'Elisabeth et Raymond LETELLIER, institutrice et directeur de l'école des garçons (ancienne Mairie). Ils se sont installés à St-Leu en 1935. A la suite du départ aux armées en septembre 1939 de Raymond LETELLIER, l'administration rappela de sa retraite, Mme Charlotte BACHIMONT (future résistante et maire de St-Leu), afin de le remplacer. La famille LETELLIER possédait une auto, une Traction légère 11 ch, Mme LETELLIER passa son permis de conduire durant la période que l'on appelle "la drôle de guerre". Le 21 mai 1940, première évacuation avec comme destination Lamotte Beuvron (Loir-et-Cher) chez un oncle puis au bout de quelques jours, retour à St-Leu. Le 9 juin, on repart. Après bien des péripéties, Elisabeth et son fils arrivent à Lamotte Beuvron. Ils y séjournèrent quelques jours au cours desquels Claude passa son certificat d'études primaires. Les Allemands se rapprochant toujours, les LETELLIER reprennent la route, cette fois accompagnés d'une tante et de sa cousine Jeanne. D'abord vers le Berry, puis comme destination finale le village de Montpeyroux (Puy de Dôme), berceau familial. Le 1ère classe Raymond LETELLIER fut démobilisé à Aurillac et fit le chemin de retour en famille. Ils passèrent la toute nouvelle ligne de démarcation. Arrivés à St-Leu, ils eurent la désagréable surprise de constater l'occupation de l'école des garçons ainsi que de leur logement par les soldats Allemands. Pendant 3 mois, ils habitèrent dans un petit appartement de l'école des filles (actuelle école Jules Ferry). Ils récupérèrent leur toit à la rentrée 1940, lorsque les Allemands s'installèrent pour 4 ans au château de la Guesdière.
Brouillon de la lettre
Transcription, je n'ai ajouté que la ponctuation.
Mon petit papa
Je n'ai pas encore pris le temps de t'écrire pour t'annoncer ma réussite au certificat d'études primaires. Rien ne m'y encourage puisque les lettres ne partent pas. Je vais commencer par le commencement. Samedi 8 juin : les boches avancent, les réfugiés défilent. Maman pense faire les paquets. Samedi dans la nuit les soldats, alerte. Vers 15 h, les canons résonnent, nous descendons à la cave, l'électricité est coupée, j'avais descendu un verre d'avion et des allumettes nous nous éclairons avec ça. A part le petit Favard qui pleure, tout le monde est calme. Madame Doublet arrive toute essoufflée devancée par son chien. Samedi dans la nuit, les soldats du train s'en vont et conseille à maman de préparer son auto, nous nous relevons et faisons nos paquets. Les draps, des mallettes, des sacs, le gros sac de la chambre indépendante sont embarqués. L'auto a son plein d'essence et le réservoir rempli d'eau. Nous voyons les projecteurs à la recherche d'un avion. Nous nous couchons mais la caravane de réfugiés empêche maman de dormir. Dimanche 9 juin : je prépare mes rails, mes aiguillages, et presque tout mon mécano et mon mécavion. Nous ne savons que faire, enfin nous nous décidons à aller voir l'inspecteur. Des barricades sont montées dans différents endroits de Saint-Leu. Un tank est posté sur le pont. L'inspecteur nous dit que nous devons rester jusqu'à l'ordre mais Madame Froment nous dit qu'il attend l'ordre de partir. Nous mettons une heure pour revenir à cause des convois militaires. Nous continuons nos paquets. Maman ne retrouve plus son grand sac noir où elle avait laissé son argent. Elle est folle de peur, enfin nous le retrouvons près de l'auto. Midi, ordre d'évacuation. Je mets à cuire 6 oeufs et Mathurin Michel vient nous aider à mettre le matelas sur l'auto. Une heure et demi nous partons dans la caravane encore de nombreux chariots sont arrêtés à Villers. Nous rencontrons des gens de Saint-Leu. Après un voyage trop long pour te le décrire nous arrivons à Rambouillet. Les routes sont barrées nous nous perdons dans des petits chemins et restons deux heures sans retrouver notre route. Nous pensions arriver à Lamotte le même jour. Nous nous arrêtons pour prendre de l'essence nous nous lavons les mains, nous repartons faisons douze kilomètres devons revenir qu'on ne nous a pas servis. Mais enfin nous arrivons à (illisible) on trouve à coucher dans la chambre d'un bon vieux. Lundi nous repartons et arrivons à Lamotte. Nous apprenons que le certificat est bientôt. Maman me conduit à l'école. Le mardi midi je doit subir l'épreuve. Le vendredi, l'institutrice et les camarades qui se composent surtout de réfugiés......la fin de la lettre, écrite au crayon de papier, est effacée.
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