2e DRAGONSin :
https://www.cairn.info/revue-guerres-mo ... ge-151.htmLe 22
(mai) il n’y a plus qu’à repartir et on parle de la Somme ; il est déjà tard et on va recommencer l’alternance : étape de nuit, étape de jour. Pierrefonds, Compiègne (qui brûle), Noailles, le Bray, puis plein nord vers la Somme pour venir la border de Picquigny à Longpré. Depuis le Bray, la marche est retardée par les flots de réfugiés allant dans tous les sens, selon les bombardements et les « bobards ». Liaison est finalement prise avec les Anglais de la First Armoured Division au matin du 24 mai et le 2e RDP s’installe entre Longpré et Ailly pour border la Somme (en principe).
La chose n’est pas évidente ; le 1er bataillon à l’ouest se fait sonner en tentant d’approcher des ponts. Le 2e bataillon à l’est ne réussit guère mieux. Plus grave, les Anglais qui devaient forcer les ponts de la Somme et marcher sur Saint-Pol vont y renoncer assez vite, et la division coloniale chargée, elle, de pénétrer dans Amiens, est clouée au sol par une très vigoureuse défense allemande. Du coup le 2e bataillon se retrouva isolé et étiré sur près de 10 km, situation inconfortable et dangereuse, d’où son repli un peu au sud sur la route Amiens-Molliens-Vidame ; le 1er bataillon pour sa part fut relevé par le 4e Hussard qui a mis vingt jours à marches forcées pour nous rejoindre ! Pour le 1er bataillon, s’il n’a pu remplir pleinement sa mission, du moins a-t-il bloqué toute tentative ennemie entre Longpré et Condé Folie (dont le pont de chemin de fer est malheureusement intact). Mais pour le 2e bataillon, il n’en va pas de même tout de suite ; une nouvelle DI venant prendre position, le général demanda qu’on le renseigne une fois de plus, ce qui fut fait par deux reconnaissances sur Picquigny et sur Ailly. La réponse allemande fut immédiate et brutale (artillerie, avions) mais les renseignements rapportés furent précieux. Dans l’ensemble cette première bataille de la Somme fut moins ardente que prévu à cause d’un léger passage de mauvais temps et surtout à cause de l’affaire de Dunkerque, ce que nous ignorions à cette date. Relevé à son tour par le 6e Dragons sur les nouvelles positions de Crouy à Hangest, le bataillon fut mis au repos à Belloy-Saint-Léonard dont le maire M. de Hautecloque offrait avec élégance et bienveillance l’hospitalité de son château, nous parlant de son fils dont il était sans nouvelles et nous montrant les photos de sa famille. Pour sa part, le 1er bataillon fut casé à Selincourt distant de 3 km. Du 1er au 4 juin ce fut une vraie détente pour les hommes et surtout pour le matériel qui en avait bien besoin.