Extrait de l'historique du 78e régiment d'infanterie pendant la guerre 1939-1940, Charles-Lavauzellle & Cie, imprimeurs, Paris-Limoges-Nancy, 1er trimestre 1956, pages 64 à 66 : V. - JOURNÉE DU 9 JUIN [...] 1er bataillon " A 1 heure, le 1er bataillon tient toujours Ailly et Berny. Devant la menace d'encerclement qui se précise et en raison du repli du 2e R.I.C. à droite (renseignement rapporté par le sous-lieutenant Morin, officier de liaison) et, en exécution des ordres reçus, le bataillon se replie sur Hainneville (1) et Louvrechy. L'absence d'animaux (tués au cours des bombardements, en particulier par avions le 6 juin à Ailly et le 8 juin par obus au bois d'Ailly) rend impossible la traction des canons de 25 qui sont déclavetés et abandonnés. Le bataillon atteint Louvrechy à 3 h 30 ; la défense du village est aussitôt organisée mais un intense bombardement ennemi s'applique sur le village causant de nombreuses pertes. La défense du village fut assurée par les 2e et 3e compagnies. L'ennemi très supérieur en nombre fut plaqué au sol à quelques centaines de mètres du village et subit des pertes très importantes. A signaler la belle conduite du sous-lieutenant Guilhem et de sa section qui restèrent dans le village pour couvrir la retraite des autres éléments du bataillon. Cette section combattit jusqu'à épuisement de ses munitions et fut capturée non loin de Louvrechy, à proximité de Sourdon. Le sous-lieutenant Morin, que le chef de bataillon ne reverra qu'un mois après est désigné pour se rendre auprès du colonel et le mettre au courant de la situation, il est porteur d'une demande de munitions, vivres etc... et d'une demande de conduite à tenir, toutes choses qui, vu les circonstances ne recevront pas satisfaction. Le combat d'infanterie s'engage à nouveau et, devant l'impossibilité d'une résistance sur place que complique l'absence de munitions, ordre est donné de combattre en retraite par échelon. La 1ère compagnie qui se trouvait dans la région d'Hainneville (1) se replie vers 7 heures sur Sourdon, puis vers 11 heures sur Ainval. Un groupe commandé par le lieutenant Michaud de la C.A.B. 1 se dirige sur Coulemelle, puis après neuf nuits consécutives de déplacements par Saint Just-Etouy, Bresles, Ully-Saint-Georges, Précy-sur-Oise, Luzarches, Ecouen arrive à Saint-Denis où, sur les conseils de la police française, échappèrent à la captivité en se mettant en civil. Le reste de la compagnie, morcelé, fut capturé par petites fractions. La 2e compagnie occupait la partie ouest de Louvrechy ; elle brisa par des feux précis la progression de l'ennemi dans cette région, puis, au cours du nouveau repli ordonné par le chef de bataillon fut disloquée et ses divers éléments successivement capturés. La 3e compagnie, à Louvrechy, après la défense de ce village, se replie vers le sud et organise une ligne de résistance au sud et sud-est de Sourdon. Attaquée par les éléments blindés, elle contre-attaque à deux reprises différentes avec l'appui de six chars. La lutte se poursuit héroïquement jusqu'à midi. Le capitaine de Champs, blessé, profite d'une accalmie pour ordonner un repli sur Ainval. Ce fut ensuite la dislocation de l'unité par les blindés ennemis et la capture successive des éléments. A Esclainvillers, vers 5 h. 30, des éléments du 1er et du 3e bataillon prennent contact au cours du repli. Une partie de la C.A.B. 1 atteint vers 7 heures la ferme de la Borde où se regroupait le régiment. Au cours du repli, apprenant que le pont de Sainte-Maxence était détruit, les quelques hommes du bataillon qui ont pu s'échapper se dirigent sur la Croix-Saint-Ouen sur l'Oise est franchie ; dans cette localité, il se joignent à un groupe du 221e R.A.L. Le 10 juin, ils sont à Nanteuil, le 11 juin à Meaux, le 12 à Villeneuve-le-Comte, à 15 kilomètres de la Houssaye, le 13 à la Houssaye, Vincennes et à Dugny où se trouve le 78e R.I. [...]" (1) commune de Chaussoy-Epagny, noté Hanneville dans l'historique
|