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 Sujet du message : GURY ... 1939-1945 ...
MessagePublié : dim. mars 30, 2014 19:02 pm 
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Inscription : mar. déc. 04, 2007 10:15 am
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Bonjour à tous,

Je vais "tenter" de vous raconter l'histoire de Gury pendant cette seconde guerre mondiale, je dis bien "tenter", car je raconte au jour le jour ce qui s'est passé pendant cette période ... ce n'est pas de la grande littérature, et je compte sur vous tous pour tous compléments.

Tout d'abord, nous allons commencer avant la guerre en octobre 1938 ...

Après le lundi 3 octobre, il est noté dans le registre des Délibération du Conseil Municipal :
« Mobilisation de Septembre 1938
L’année mil neuf cent trente huit fut marquée en Septembre par une situation internationale particulièrement critique ; laquelle était née des exigences du Gouvernement Allemand sur la Tchecoslovaquie.
Dès le début de ce mois de septembre, le Ministre de la Défense Nationale procède à des rappels de réservistes pour renforcer la sécurité des frontières de l’Est.
Mr Lhellez René, cultivateur, père de 2 enfants, est touché le 11 Septembre par une de ces convocations individuelles lui prescrivant de se rendre à St Dié.
Monsieur le Préfet de l’Oise rappelle aux municipalités les consignes de défense passive et de protection éventuelle contre les effets des bombardements aêriens.
Les évènements se précipitent et le 24 septembre sur l’ordre du Ministre de la Défense Nationale, la Gendarmerie fait opposer les fiches nos 2001 et 3001, lesquelles provoquent le rappel immédiat des réservistes appartenant aux chiffres 2 et 3.
Sont touchés par cette mesure :
Mr Pillot Pierre, maire, cultivateur, père de 4 enfants, lequel doit rejoindre comme Maréchal des Logisle 29e Ct du 21e Régiment de travailleurs à constituer à Rethondes. Il part laissant à Mr Lhellez Maurice, son adjoint, le soin d’administrer la commune de Gury en ces moments critiques, en collaboration avec Mr Blondel secrétaire de Mairie.
Mr Devillers Abel, cultivateur, père de deux jeunes enfants lequel doit se rendre au camp de Téting
Le même jour, Mr Boucaux Léon, cultivateur, père de trois enfants, est nanti par la Gendarmerie d’un ordre de route lui prescrivant de se rendre sans délai à la 2e Compagnie de Guet (Défense Aérienne) – poste central de Beauvais.
Les affiches de rappel sont apposées à la mairie et à la ferme Brunel, route de Mareuil.
Par note secrète en date du 5 Septembre 1938, la Commune de Gury avait été avisée qu’elle était placée sous le régime de l’extinction permanente des lumières – Par note remise en mairie le 24 Septembre à 7h25, l’adjoint est invité par la gendarmerie de faire éteindre toutes les lumières de la Commune dès réception de l’ordre d’extinction le mot « fin d’extinction » devant signifier pour elle la fin d’un danger d’attaque aérienne.
Par note du 26 septembre, Mr le Préfet, invite l’adjoint à faire exercer une surveillance concernant les suspects, et de prévenir immédiatement la Gendarmerie en cas d’attérissage d’un avion quelconque sur le territoire de la commune.
Dans la nuit du 26 au 27 Septembre 1938, les Gendarmes sont chargés de porter dans les communes de nouveaux ordres de rappel pour certains réservistes. Ils parviennent à Gury le 27 Septembre à deux heures du matin. Ils y réveillent :
Mr Delnef Albert, conseiller municipal qui est muni d’un ordre de route pour rejoindre Betz.
Mr Blondel Fernand, secrétaire de la mairie qui est également muni d’un ordre de route lui en joignant de se rendre immédiatement au 26e Régiment de travailleurs en constitution à Pont Ste Maxence (cadre mobilist).
Cette même nuit, les gendarmes déposent à l’adjoint, l’ordre d’aviser, (par publication à faire de bon matin) – la population de Gury, d’assurer aussitôt le ferrage des chevaux susceptibles d’être requis – Cet avis est publié le matin même.
Mr Blondel quitte Gury pour rejoindre son corps le 27 septembre à sept heures.
Le 29 Septembre parvient l’ordre n° 8001 rappelant les réservistes au chiffre 8, lequel ordre n’affecte plus personnes de Gury.
L’entrevue qui a lieu à Munich le 30 Septembre entre les representants des Gouvernements Britanniques, Français, Allemand et Italien met fin fort heureusement à ces jours pénibles.
L’accord conclu permet l’échelonnement des rentrées des réservistes, lesquelles s’effectuent graduellement dès le 1er Octobre.
Le Conseil Municipal de Gury – adopte à l’unanimité une proposition de Mr Vignolle laquelle tend à rendre hommage aux « Six Mobilisés de Septembre 1938 » et relatant en même temps, succintement à la postérité ; (comme il vint d’être fait ) les moments particulièrement angoissants traversés par les habitants en ce mois de Septembre 1938. »

Lundi 28, affichage :

Affiche émanant du Gouvernement français pour la réquisition des agents des services publics.
Comporte un texte en français surmonté de deux drapeaux français entrecroisés : "Décret portant réquisition des agents et ouvriers des services publics et concédés de l'Etat, des départements et des communes [...]".
Fait à Paris le 28 novembre 1938.
Texte signé par le président de la République Albert Lebrun, le président du Conseil, ministre de la Défense nationale et de la Guerre, Edouard Daladier, suivi d'une notification signée par Edouard Daladier.
Typo noire sur papier blanc.

Sans lieu ni date.

Camille


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 Sujet du message : Re: GURY ... 1939-1945 ...
MessagePublié : dim. mars 30, 2014 21:03 pm 
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Inscription : ven. sept. 28, 2007 12:41 pm
Messages : 1419
Localisation : St Leu d'Esserent
Bonjour, très intéressant ce texte, merci , amicalement jph


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 Sujet du message : Re: GURY ... 1939-1945 ...
MessagePublié : mar. avr. 01, 2014 9:11 am 
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Inscription : mar. déc. 04, 2007 10:15 am
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Nous poursuivons ... avec l'année 1939 de Janvier à Avril :

Janvier
Dimanche 01, recensement des chevaux à Gury :
BOUCAUX Léon, 3 chevaux – BRUNEL René, 2 chevaux – CUGNIERE Nestor, 2 chevaux – DEJOUY Paul, 3 chevaux – DELNEF Albert, 2 chevaux – DEVILLERS Abel, 3 chevaux – FREIN Gabriel, 2 chevaux – GOVAERT Cyrille, 3 chevaux – GUIZIOU Pierre, 3 chevaux – LEBŒUF Marcel, 2 chevaux & 1 mule – HULOT Hippolyte, 5 chevaux – LHELLEZ Léon, 2 chevaux – LHELLEZ Maurice, 3 chevaux – LHELLEZ René, 2 chevaux – LOIRE Georges, 2 chevaux – PILLOT Pierre, 4 chevaux – ROBERT Gaétan, 1 cheval – ROBERT Paul, 2 chevaux. (Soit 5 chevaux entiers, 33 chevaux hongres, 7 juments & 1 mule = 46 chevaux)
Dimanche 15, rectifications opérées sur la liste des électeurs arrêtée le 31 mars 1938 :
Radiation  Louis GREGOIRE et Donat MAUPIN, tous deux décédé, Charles HULOT, réside à Thourotte.
Addition  Paul GAY et Pierre VALETTE.
Liste des propriétaires de chiens (20 chiens de chasse, et 18 chiens de garde).
Samedi 21, la France ouvre à Rieucros en Ariège son premier camp d'internement pour les « étrangers indésirables » désignés par le décret-loi du 12 novembre 1938.
Mercredi 25, à 17 heures 30, Réjane BELLARD-DEBEAUPUIS, ouvrière chez Pierre VALETTE, au château de Gury, a glissé, et est tombée la face contre un sceau en arrangeant les vaches (Plaie contuse du dos du nez – ecchymose sous conjoncturale œil gauche), elle est soignée à son domicile.
Jeudi 26, Chute de Barcelone, la Catalogne tombe aux mains des troupes franquistes, 450 000 réfugiés espagnols parviennent en France où ils seront internés dans des camps (Argelès).
Samedi 28, allocation familiale en agriculture, les bénéficiaires de droit :
BRUNEL René : 2 enfants de moins de 14 ans
LHELLEZ René : 2 enfants de moins de 14 ans
DEVILLERS Abel : 2 enfants de moins de 14 ans
GOVAERT Cyrille : 2 enfants de moins de 14 ans
FREIN Gabriel : 3 enfants de moins de 14 ans
BOUCAUX Léon : 3 enfants de moins de 14 ans
DEJOUY Paul : 3 enfants de moins de 14 ans
PILLOT Pierre : 4 enfants de moins de 14 ans
LOIRE Georges : plus de 5 enfants de moins de 14 ans
Du matin jusqu’au soir, les sapeurs-pompiers de Gury ont fêté Sainte-Barbe.
Ce mois de janvier, il gèle et fait très froid.

Février
Mercredi 01, Pierre PILLOT, achète une voiture berline de marque RENAULT.
Dimanche 05, Pélagia HALKO, d’origine polonaise, venant d’Amy, s’installe à Gury.
Mardi 07, à 15 heures, Jean POINTIN, charretier chez Pierre PILLOT, a été renversé par un cheval qui a pris peur, est tombé et a eu la main et la tête atteintes par les pieds du cheval (Plaies contuses de la paupière supérieure œil droit, plaies contuses du médius main droite, et plaies contuses du cuir chevelu région temporale), soigné à son domicile.
Vendredi 10, décès du pape Pie XI.
Samedi 11, Rista SCKULICH, d’origine yougoslave, s’installe à Gury.
Mercredi 15, à 14 heures, la dépouille de Noémie ODEMPS-LEFEVRE, est arrivée à Gury, suite à la demande de circulation : «...Nous soussigné Maire de la commune d’Avricourt (Oise) certifions que le sieur Obry Roger d’Avricourt est chargé de transporter à Gury (Oise) le corps de Madame Lefèvre Marie Louise Noémie, Veuve de Odemps Victor, décédé en notre commune le 13 février 1939, lequel corps est renfermé dans un cerceil de chêne scellé.
Invitons les autorités civiles et militaires à laisser circuler ledit sieur Obry avec le corps dont le transport a été autorisé le 14 février 1939 par Monsieur le Sous-Préfet de Compiègne.
Fait à Avricourt le 15 février 1939. »
Vendredi 17, à 19 heures 45, réunion du Conseil Municipal (absents : Albert DELNEF et Marcel ROBERT).
- Liste de l’Assistance Médicale Gratuite révisée : Anaïs PECHON-DUBOIS et Augustine MAUPIN-DESSAINT.
- Décide de prélever une somme de 435 francs au budget pour la réparation et fournitures au moteur de la moto-pompe, réparation exécutée par monsieur BLANCHET, mécanicien à Lassigny.
- Autorisation à monsieur RICCA, d’encaisser le traitement de Receveur Municipal.
- Elévation au nouveau taux de l’allocation du dixième au Percepteur Receveur Municipal.
Lundi 27, Kista DJORDJEVITCH, Stoyan DIMITRIVITCH et Hya TRAITCHEVITCH, d’origine yougoslave (venant de La Neuville-en-Hez, étaient arrivée à Gury le 23 octobre 1938), et Rista SCKULICH quittent Gury pour Ribécourt
Ce mois de février, il gèle et fait très froid.

Mars
Jeudi 02, le Cardinal Eugenio PACELLI devient Pape sous le nom de Pie XII.
Mercredi 15, L'Allemagne occupe la Tchécoslovaquie.
Mercredi 22, Adolf HITLER contraint la Lituanie à lui céder Memel.
Vendredi 31, liste électorale, on recense 37 électeurs (37 hommes).

Avril
Samedi 01, Sosthène MATHIEU, réclame une attestation pour Vasil BOGINOVIE, ouvrier yougoslave, qui a séjourné à Gury du 07 octobre 1937 à février 1938. Cette attestation lui a été réclamée par la Préfecture pour régulariser la situation de cet étranger.
Arrêté préfectoral : « ... l’autorisation de destruction d’animaux nuisibles et en particulier des lapins de garenne sera accordée dans le Département de l’Oise pendant une période de 3 mois, à compter du 1 er avril 1939, aux détenteurs du droit de chasse ... »
Mercredi 05, Albert LEBRUN, est réélu Président de la République.
Dimanche 09, course cycliste du « Paris-Roubaix », les gagnants sont : 1er Emile MASSON Jr (Belgique) – 2ème Marcel KINT (Belgique) – 3ème Roger LAPEBIE (France) …
La Mairie de Gury, demande à la Préfecture si la carte de Pélagia HALKO, d’origine polonaise, ouvrière agricole chez LHELLEZ, peut être renouvelée sur production d’un certificat d’emploi – si oui pour quelle durée.
Dans la nuit du samedi 15 au dimanche 16, les aiguilles des horloges sont avancées d’une heure pour « l’horaire d’été ».
Lundi 17, circulaire préfectorale, signalant le danger que présente le ramassage des bonbons suspects, et met en garde les parents et les maître, afin que les enfant soient avertis de ne consommer, en aucun cas, des bonbons trouvés.
Vendredi 28, Adolf HITLER dénonce l'accord naval anglo-allemand et l'accord germano-polonais.



A suivre ...


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 Sujet du message : Re: GURY ... 1939-1945 ...
MessagePublié : mer. avr. 02, 2014 8:14 am 
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Inscription : mar. déc. 04, 2007 10:15 am
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Nous poursuivons pour l'année 1939 ...

Mai
Jeudi 04, les Entreprises Pompes GUINARD au Maire de Gury : « ...Nous accusons réception de votre lettre du 1 er courant et comme suite, nous vous remettons sous ce pli copie de la réponse que nous adressons à M. le Percepteur de LASSIGNY... »
Les Entreprises Pompes GUINARD au Percepteur de Lassigny : « ...Suite à la lettre que nous adressé M. le Maire de GURY en date du 1 er courant relativement à l’impôt sur les intérêts, nous vous informons que nous n’avons pas à les supporter.
En effet, l’Administration de l’Enregistrement que nous avons consulté à ce sujet, nous a signalé que les intérêts envisagés qui résultent d’une créance commerciale ne doivent pas supporter la taxe sur le revenu des valeurs mobilières.
L’article 71 du Code Fiscal exclus du champ de l’application de l’impôt sur le revenu des capitaux mobiliers les intérêts résultant d’une opération commerciale n’ayant pas le caractère juridique d’un prêt.
En conséquence, vous voudrez bien nous faire parvenir le montant du mandat tel qu’il a été établi ... »
Le Service de Comptabilité au Percepteur de Lassigny (même courrier que ci-dessus).
Dimanche 07, le Préfet aux Maires de l’Oise signale depuis le 06 mai, aucun billet de chemin de fer n’est délivré dans les gares, seul les titulaires de cartes d’identité régulières peuvent être pourvus de billets de chemin de fer pour leur arrondissement et les cantons limitrophes appartenant à la zone des Armées. – Assouplissement qui avait interdit dès le début des hostilités, toutes les réunions des associations et groupements divers, avec des demandes qui devront être adressées 15 jours à l’avance au Général commandant la 2ème Région – ETAT-MAJOR – à Amiens. – Propagande allemande, précaution à prendre (voir la circulaire du 17 avril 1940).
Lundi 08, la Préfecture répond au courrier du 09 avril courant de Gury, indique que Pélagia HALKO est titulaire d’une carte d’identité à validité normale, qu’elle n’a pas à produire de contrat de travail pour le renouvellement de ce titre de séjour.
On dénombre à Gury 7 véhicules motorisés.
Samedi 13, déclaration de Georges LOIRE au Juge de Paix du Canton de Lassigny, qu’il prend en apprentissage à compter de ce jour, son fils Gaston, pour apprendre la profession agricole.
Lundi 22, Pacte d'Acier italo-allemand.
Mardi 23, l’I.G.N. font des photographies aériennes, et entre autre sur la commune de Gury.
HITLER a indiqué à son état-major la date de mise en application du Fall Weiss (le « Cas blanc »), l’invasion de la Pologne.
Lundi 29, la Mairie de Gury, écrit au Préfet, lui demandant de lui transmettre un récépissé en échange de la carte d’identité remise à Pélagia HALKO, celle-ci a proposé de contracter mariage avec un français, et de revendiquer la nationalité française, elle signale avoir résidé plusieurs mois dans une commune qu’elle n’a pu citer. La Mairie veut connaître les visas sur la carte de cette personne, ainsi qu’elle aura a produire le consentement authentique de ses parents en Pologne, pour revendiquer la nationalité française, car elle est encore mineure, indépendamment du consentement authentique, qu’elle aura à produire pour son mariage. La Mairie demande l’imprimé de formule de déclaration pour faire souscrire Pélagia HALKO, ainsi que la nomenclature des pièces exigées tant à l’appui de cette déclaration, que pour la célébration du mariage.

Juin
Dimanche 04, de 10 heures à 12 heures 10, réunion du Conseil Municipal (absent : Léandre BAUDHUIN).
- Vote des délégués pour les élections sénatoriales qui est prévues le 09 juillet de cette année – Pierre PILLOT, délégué titulaire, Maurice LHELLEZ, délégué suppléant.
Vendredi 09, à 7 heures, déclaration de naissance de N... PILLOT, né hier le 08, à 15 heures, rue du Bailly (aujourd’hui : rue de Bailly), fils de Pierre PILLOT, cultivateur, 39 ans, et de Raymonde LOIRE, sans profession, 31 ans. Le déclarant est le père de l’enfant. Déclaration faite à Maurice LHELLEZ, Adjoint au Maire, à cause d’empêchement du Maire, qui est le père de l’enfant déclaré.
Dimanche 11, vente des herbes des marais communaux, à Jules ALAVOINE, Paul GAY, Pierre GUIZIOU, Henri PILLOT, Honoré DUCAMP, René LHELLEZ, Maurice LHELLEZ et Pierre PILLOT, aux lieux dits : « Marais du Rotoir », « Le Jeu d’Arc » et « le Marais ».
Vendredi 16, à 8 heures, Marceau LHELLEZ a été atteint par un bout de fer projeté par un ressort, en démontant une pièce à réparer à la faucheuse, dans la cour de la ferme de ses parents LHELLEZ-ESCLADE. (Plaie contuse du menton avec un gros hématome douleur au niveau de l’articulation temporale, maxillaire droite. Il ne semble pas y avoir de fracture) Soigné chez ses parents.
Vendredi 23, Josèpha KRAWICE, d’origine polonaise, venant d’Arsyches, s’installe à Gury.
Samedi 24, demande de renouvellement de carte de séjour, à Pélagia HALKO, ouvrière agricole à Gury, d’origine polonaise.

Juillet
Jeudi 06, l’Entreprise des Pompes GUINARD au Maire de Gury, quelque se tient à sa disposition si la commune a besoin de renseignements, de renforcer son matériel contre les incendies.
Lundi 10, le « Tour de France » cycliste débute, il se fera en 18 étapes pour 4224 kilomètres. Les Allemands et les Italiens ne sont pas représentés dans ce tour pour raisons politiques …
François GRAZICK, d’origine polonaise, bûcheron et ouvrier agricole, venant d’Elincourt-Sainte-Marguerite, s’installe à Gury, chez Hippolyte HULOT.
Lundi 17, Alexandre KRASSOL, manœuvre spécialisé, venant de Boulogne (Seine), Georges VELEDNITZKY, manœuvre, et son frère Vladimir, laveur de voiture, venant d’Issy-les-Moulineaux, tous réfugiés Russes, et madame ZIDKOFF, venant de Paris, tous les quatre, s’installent à Gury.
Lundi 24, François GRAZICK, quitte Gury pour aller s’installer à Thiescourt.
Samedi 29, la Préfecture répond au courrier du 29 mai 1939 de Gury, concernant l’affaire de Pélagia HALKO : « ...Nous accusons réception de votre lettre du 1 er courant et comme suite, nous vous remettons sous ce pli copie de la réponses que nous adressons à M. le Percepteur de LASSIGNY... »
Les Entreprises Pompes GUINARD au Percepteur de Lassigny : « ...J’ai l’honneur de vous faire connaître que d’après les renseignements que viennent de m’être fournis par M. le Procureur de la République de COMPIEGNE, cette étrangère doit produire le consentement authentique de ses parents résident en Pologne à l’effet de souscrire cette déclaration de nationalité ... »
Les programmes de propagande nazis sont déjà connus en France par l'action de Paul FERDONNET, et la France n'a pas encore pensé à l'utilisation de la radio comme moyen de contre propagande. Marcel BLEUSTEIN BLANCHET réagit et demande au Président Edouard DALADIER de mettre sur pied une grille de programmes dans laquelle serait incorporée une contre propagande menée par Jean Giraudoux à partir d’aujourd’hui. Ce nouveau haut-commissaire à l'information n'est pas du style le plus efficace pour contrer la virulence de Berlin.
Dimanche 30, fin du « Tour de France » cycliste se termine, et le résultat est : 1er Sylvère MAES (Belgique) – 2ème René VIETTO (France) – 3ème Lucien VLAEMYNCK (Belgique) …
Stanislawa KOZACZYK, d’origine polonaise, venant de Raray, s’installe à Gury, chez Maurice LHELLEZ.
Lundi 31, Alexandre KRASSOL, quitte Gury, pour retourner à Boulogne (Seine).

Août
Jeudi 03, à 8 heures, déclaration de décès de Marie ANCELLIN, native de Laberlière (24/06/1885), sans profession, décédée ce jour à 1 heure 30, en son domicile rue du Marais, fille des défunts Louis ANCELLIN, et de Marie LARTIZIEN, épouse de Jules ALAVOINE. Le déclarant est Jules ALAVOINE, ouvrier agricole, 59 ans, époux de la défunte.
Samedi 05, Pélagia HALKO, quitte Gury, pour s’installer à Venette.
Lundi 07, à 16 heures, Gaston LOIRE, apprenti agricole, chez ses parents LOIRE-GOVAERT, en voulant faire rentrer à la ferme un mouton échappé, glisse devant la grand porte d’entrée de la ferme, et tentant d’éviter la chute dans un réflexe naturel, fait un mouvement à faux entraînant douleur intense dans la cuisse gauche (Tuméfaction 1/3 supérieur de la cuisse gauche face interne, douleur à la pression, impotence fonctionnelle rupture musculaire probable). Soigné au domicile de ses parents.
Mardi 08, suppression d’aide aux personnes dépourvus de ressources (session juillet-août) à la famille PRUD’HOMME (3 personnes).
Dimanche 13, Georges et Vladimir VELEDNITZKY, quittent Gury, pour retourner à Issy-les-Moulineaux.
Lundi 21, l'aviation de chasse française est placée en état d'alerte générale. Tous les pilotes sont consignés dans les limites de leur base, les permissionnaires sont rappelés, seuls quelques vols d'essais et d'entraînement sont maintenus.
Mardi 22, 18 heures, réunion du Conseil Municipal.
- Vote du compte administratif 1938.
- Budgets vicinaux de l’exercice 1940.
- Vote des impositions ordinaires et extraordinaires à comprendre dans les rôles généraux de 1940.
Mercredi 23, signature du pacte de non-agression germano-soviétique.
Jeudi 24, à 4 heures 39, la gendarmerie de Lassigny transmet au Maire de Gury : « ….. Le Maire de la commune de GURY est invité à faire éteindre toutes les lumières de sa commune des réception de l’ordre d’extinction. »
« Les réservistes rappelés, sont avisés qu’ils peuvent voyager gratuitement, dans les autocars remplaçants les lignes de chemins de fer, sur présentation de leur fascicule de mobilisation. »
Arrêté préfectorale : « ... Interdiction de vendre du vin et des boissons alcoolisées « à emporter » aux hommes appelés sous les drapeaux …»
En plein été, les réservistes sont à nouveau rappelés du fait de la situation en Pologne. Mais cette fois aucune négociation n'aboutit (Une semaine plus tard, les affiches décrétant la mobilisation générale pour le samedi 2 septembre 1939 sont placardées).
Vendredi 25, courrier du Préfet : « ... En réponses à votre lettre du 22 août j’ai l’honneur de vous faire connaître que j’ai signalé, sans délai, la situation de l’exploitation de M. BOUCAUX à la Direction des Services Agricoles ….. »
Samedi 26, la seconde guerre mondiale aurait dû débuter ce jour-là si la veille, le gouvernement britannique n'avait pas accordé une garantie inconditionnelle à la Pologne. Surpris, HITLER annule tous les ordres et réfléchit. Il conclut finalement à un bluff et décide cette fois l'assaut pour le vendredi 1er septembre.
Réquisition de deux chevaux : (Pierrot, cheval alezan doré, ladre), de Léon Boucaux, et (Gentil, cheval gris), de René BRUNEL.
Dimanche 27, Marceau LHELLEZ rejoint le 2ème régiment du C.O.A. de G.R.I. 1ère section à Amiens, comme 2ème classe, sous le matricule 1671 (Intendance).
Dans la nuit du dimanche 27 au lundi 28, l'aviation a l'ordre de faire mouvement sur les terrains d'opération est donné.
L'aviation de chasse française dispose alors, d'environ 450 avions.
Lundi 28, début de « LA DRÔLE DE GUERRE ».
Arrêté préfectorale : « ... Jusqu’à nouvel ordre, toutes les réunions ou manifestations publiques ou privés, sont interdites sur l’ensemble du territoire du Département de l’Oise ….. »
Courrier du Préfet pour l’affaire de Léon BOUCAUX : « ... Vous m’avez signalé la situation de l’exploitation de M. BOUCAUX résultant de l’appel de ce chef de famille sous les drapeaux.
J’ai l’honneur de vous faire connaître qu’après consultation de la Direction des Services Agricoles j’ai demandé à l’Office départemental de placement d’examiner la possibilité de procurer un ouvrier qualifié non mobilisable.
Je vous serais obligé de vouloir bien, de votre côté, prendre toutes les mesures en votre pouvoir pour qu’une aide immédiate soit apportée à Mme BOUCAUX en vue d’assurer la rentrée de la récolte.
En vue du paiement de la main d’œuvre qui serait utilisée à cet effet, l’intéressée pourrait semble-t-il s’il était nécessaire, solliciter une avance de la Caisse de crédit agricole, 7 rue du Palais de Justice à Beauvais ….. »
Mercredi 30, 7 heures, L'émission radiophonique de ce matin fait connaître qu'un échange de notes germano-anglais se poursuit. Tant qu'on se borne à croiser les stylographes le mal n'est pas grand. En fait malgré une dizaine de millions d'hommes sous les armes en Europe on continue à ne pas se battre. On a l'impression que personne n'ose déclencher la bagarre.
20 heures, d'après les nouvelles radiophoniques, rien de nouveau. Le pacte germano-soviétique n'aurait pas encore été ratifié par la Russie. On se demande pourquoi.
Jeudi 31, 7 heures 30, les nouvelles radiophoniques de ce matin ne donnent aucune indication importante autre que le création en Allemagne d'une sorte de directoire qui concentrera tous les pouvoirs politiques, militaires, économiques. Des notes continuent à être échangées entre la Grande Bretagne et l'Allemagne. Rien n'est dit sur la France. La guerre des nerfs se poursuit.
22 heures, la radio vient de donner quelques vagues indications : discours de Chamberlain à la Chambre des Communes une attaque allemande a bien été déclenchée contre la Pologne sir Neville Henderson a demandé au Reich de retirer immédiatement ses troupes de Pologne, sinon la Grande Bretagne apportera son aide à son alliée même démarche de Coulondre au nom de la France. L'Italie resterait neutre. Pour combien de temps ? Contre qui les Italiens se battront-ils ?


A suivre ...


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 Sujet du message : Re: GURY ... 1939-1945 ...
MessagePublié : jeu. avr. 03, 2014 8:16 am 
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Inscription : mar. déc. 04, 2007 10:15 am
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Nous poursuivons ...

Septembre

Vendredi 01, 4 heures 45, les avant-gardes allemandes envahissent la Pologne pour le couloir de Dantzig, la France et l'Angleterre liées par des accords diplomatiques sont contraintes à la déclaration de guerre à l'Allemagne. Le cyclone dévastateur est libéré et va souffler pendant cinq tristes années malheureuses.


René LHELLEZ, est rappelé en activité (armée).

Samedi 02, 0 heure 01, après un an de calme relatif, nos rapports avec l’Allemagne se tendent à nouveau et fin août c’est l’inévitable !… La déclaration de la guerre suivie de la mobilisation générale des hommes de 21 à 45 ans.
Nos compatriotes rejoignent leur unité : BOUCAUX Léon, son unité de guet, DELNEF Albert, un escadron de train, CUGNIERE Nestor, LHELLEZ Marceau et René des unités de pionniers de C.O.A., DEJOUY Paul un groupe de réquisitions de chevaux fonctionnant à Clermont. ROBERT Alfred, un régiment d’artillerie. LEBŒUF Marcel, une unité d’infanterie appartenant aux cadres mobilisateurs. Chacun rejoint son poste et des éléments différents nos compatriotes se subdivisent … PILLOT Pierre, Maire, fascicule bleu, a pour cette fois rester en ordre d’appel différé et conserve la gestion de la Mairie.

Ce matin la radio française a fait connaître que des hostilités avaient eu lieu hier en Pologne. Un premier communiqué du front polonais a été publié. Trains blindés, chars, avions sont entrés dans la danse. Affiche émanant du Gouvernement français ordonnant la mobilisation générale. Comporte un texte en français surmonté de deux drapeaux français entrecroisés.

Dimanche 03, 11 heures, l’Angleterre déclare la guerre à l’Allemagne. 17 heures, la France déclare la guerre à l’Allemagne. Mais aussi l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Les pilotes de chasse française en alerte avant l'aube, passent à tour de rôle, des heures à attendre dans leurs avions sanglés, casque sur tête avec les écouteurs radio et le laryngophone. Toutes les 30 minutes, ils font tourner leur moteur, pour les maintenir chauds.


Lundi 04, la radio de ce matin aurait annoncé que les Polonais auraient reculé en Haute-Silésie. 22 heures, la radio française n'a pas annoncé de nouvelles biens importantes. Le torpillage du navire anglais Athéna a été confirmé. La radio belge a fait connaître que le DNB a nié avec fureur toute responsabilité dans ce torpillage à 200 milles à l'Ouest des côtes anglaises. Et aucune nouvelle de Pologne d'après le DNB cité par la radio belge il semble que Gdynia serait enlevé par les Allemands les troupes d'invasion seraient à 35 km de Varsovie.

Mardi 05, courrier de Henri SALIGOT à Pierre PILLOT, Maire (reçu le vendredi 08) : « ...Vous n’ignorez pas que j’ai acheté la propriété des héritiers Leclerc à Gury .J’étais presentement occupé à l’aménagement de cette propriété la mobilisation m’a dérangé dans cette aménagement et risque de retarder mon occupation.
Néanmoins ayant loué ma propriété de Pierrefitte avec l’entrée en jouissance du premier Octobre et les preneurs manisfestant le desir de prendre possessions à cette date ou tout au moins à la date limite qui est le huit octobre, je me trouve dans l’alternative d’aller habiter ma maison de Gury vers cette date au plus tard.
Pour ces raisons je vous demande au cas ou des circonstances actuelles vous obligeraient à recevoir des évacués ou des militaires de bien vouloir considérer ma propriété comme devant être habitée et par consequent indisponible.
Si les circonstances m’obligent j’irai peut-être habiter a Gury d’ici très peu de temps ...
»

Mercredi 06, 19 heures 30, émission radiophonique. Plusieurs alertes aériennes au cours de la journée en France et en Angleterre, à Paris, au Havre, à Bourges, Poitiers. Pas de bombardements

Jeudi 07, René LHELLEZ, arrive au 402ème Régiment P. 1er Bataillon 1ère Compagnie.

Vendredi 08, le GC II/4 du commandant BORNE (aviation), remporte les deux premières victoires françaises.


Samedi 09, BLONDEL Fernand, secrétaire de Mairie, rejoint seul comme maréchal des logis fourrier. La mission de ces cadres mobilisateurs est de mettre sur pied le 26ème Régiment de travailleurs.

Dimanche 10, le Canada déclare la guerre à l'Allemagne.


Lundi 11, courrier du Maire au Sous-Préfet : « ... J’ai l’honneur de vous demander de vouloir bien me faire connaître : si les femmes d’étrangers contractant un engagement dans l’armée Française pour la guerre peuvent présenter une demande d’allocation militaire et si-oui, est-ce dans les mêmes formes que les autres demandes.
Le cas se présente aujourd’hui pour un belge résidant en France depuis 19 ans, marié a une Française, père de 2 enfants Français. Y-a-t-il une règle générale ou chaque cas particulier est-il envisagé séparement ?
»

Le Maréchal des logis-chef COUTURIER, commandant la brigade signale que la libre circulation est prolongée jusqu’au 10 courant, pour les Français et étrangers. Après cette date, les Français désirant voyager à l’extérieur de la commune limitrophe de son canton, devront se munir de 3 photographies (déplacements à pied, en bicyclette ou par transports en commun). S’ils désirent se déplacer en auto ou en moto, ils devront se munir de 6 photographies. Les mêmes formalités pour les étrangers. Pour les 2 cas, ils se présenteront à la brigade de gendarmerie de leur circonscription, munis de pièces d’identité officielles, qui établira les pièces nécessaires.

La Préfecture signale à la commune de Gury : « ...Les couverture réquisitionnées, portant étiqueté le nom et l’adresse de leur propriétaire, seront déposées au siège de la brigade de gendarmerie qui se chargera du tri et de l’établissement de ma liste à adresser directement à l’Intendance. Le contingent que votre commune est appelé à fournir est de 4 ... »

Mercredi 13, note du Préfet pour la réquisition des véhicules automobiles (Réclamations – Restitutions) : «... l’examen des réclamations sera effectué sur documents ou témoignages produits par le requérants, par des Commissions militaires régionales spéciales qui soumettront leurs propositions au Général Commandant de la Région ….. »
Il prévient les Maires que certains démarcheurs (qui entraveront les réquisitions avec de faux arguments) se présentent auprès des cultivateurs et essaient d’obtenir d’eux la cession des denrées… qu’ils sont sûrs d’être réquisitionnés et risquent de n’être payés que très tard et à des prix nettement inférieurs. Les Maires, s’ils sont témoins de semblables errements, doivent les signaler à la Gendarmerie la plus proche.

Jeudi 14, La Préfecture répond au courrier du Maire de Gury (du 11 courant) : «...Fait retour à Monsieur le Maire de GURY en lui faisant connaître que la famille des Étrangers qui contractent un engagement dans l’Armée française pendant la Guerre peut bénéficier de l’allocation militaire au même titre que celle des Français sous réserve qu’ils soient effectivement présents sous les drapeaux. Toutefois en ce qui concerne ceux qui auront contracté un engagement dans la Légion Etrangère aucune instruction à moi communiquée ne permet à leur famille de bénéficier de la dite allocation ….. »

Dimanche 17, le 2ème Corps d’Armée de Compiègne, transmet à la Mairie de Gury : 2 états de paiement et 1 bulletin de réquisition Mle 9 concernant les véhicules automobiles réquisitionnés dans la commune. Après vérification, signer et certifier l’état et en faire retour d’urgence à Monsieur le Chef d’Escadrons Commandant le Dépôt de Cavalerie n° 2 à Senlis.

Arrêté préfectoral : «...Sur toute l’Étendue du territoire du Département de l’Oise, il est interdit de placer sur les voitures automobiles, hippomobiles ou sur les motocyclettes des postes radioélectriques Émetteurs ou récepteurs. Tous les postes et accessoires actuellement en place sur les véhicules seront enlevés dans un délai de 48 heures….. »

Jeudi 21, le sous-lieutenant BAIZE du GC I/3 est le premier pilote de chasse abattu.


Samedi 23, à 6 heures, le cheval dans l’écurie en faisant un écart, a posé sa patte sur le pied de Georges LOIRE, cultivateur, causant une plaie contuse, un gros épanchement uro sanguin et tuméfaction du dos du pied droit.
19 heures, déclaration de naissance de Ne... ROBERT, née hier le 22 à 9 heures, rue du Marais (aujourd’hui : rue du 4ème R.I.C.), fille d’Alfred ROBERT, cantonnier, 31 ans, et de Sylviane FRERE, sans profession, 25 ans. Le déclarant est : Héloïse « Julienne » BRUNEL, épouse de Georges FRERE, sans profession, 61 ans, ayant assistée à l’accouchement, grand-mère de l’enfant, le père absent à cause de la guerre. L’acte est dressé par Madeleine BLONDEL-CLAINCQUART, institutrice, car le secrétaire de Mairie, qui est l’époux de cette dernière (Fernand BLONDEL) est lui aussi absent pour cause de mobilisation

Mercredi 27, capitulation de la Pologne.

Vendredi 29, le RAPPEL IMMEDIAT de certaines catégories de réservistes» est « replacardé » ce jour.
Arrêté préfectoral : «... MM Lhellez Maurice, Lhellez Léon, Loire Raymond, Robert Paul Robert Gaétan sont désignés pour faire partie du Comité de la production agricole en temps de guerre, de la commune de Gury ….. »


Octobre

Dans les premiers jours du mois, Pierre PILLOT (revient de Compiègne de la caserne du cours Guynemer) regagne Gury, et rejoint ses occupations et une vie plus normale reprend son cours.

Lundi 02, courrier pour le Maire de Gury : «... Le bureau de l’enregistrement de Lassigny étant transféré à Ressons s/Matz jusqu à nouvel ordre. Je vous prie d’en avertir vos administrés ….. »

Le Préfet demande au Maire de Gury de bien vouloir lui faire connaître s’il est en possession des imprimés concernant les déclarations provisoires de récoltes de blé.

Mardi 03, à 14 heures, conformément aux prescriptions d’une circulaire de Monsieur le Ministre de la Santé Publique en date du 31 août dernier, il a été formé un Comité Inter cantonal « Guiscard Lassigny Noyon » dans le but de coordonner les efforts de protection, d’aide et de service social particulièrement urgents dans les circonstances actuelles. Ce Comité Inter cantonal s’est réuni le lundi 25 courant à l’Hôtel de Ville de Noyon. Pour constituer le Bureau du canton de Lassigny, le Maire est prié d’assister, accompagné si possible de deux dames de la commune, à la réunion qui a lieu à la Mairie de Lassigny

Vendredi 06, la Mairie dresse un état récapitulatif des besoins en produits pétroliers pour le mois de novembre, à savoir : 255 litres d’essence, 20kg d’huiles de graissage, 40kg de graisses minérales pour l’agriculture, et, 160 litres d’essence, 40 litres de pétrole lampant, 4 kg d’huiles de graissage pour la population civile.

Mardi 10, Berthe BOUCAUX-GOVAERT, s’est fait une déchirure de l’ongle des 2èmes et 3ème doigt de la main gauche.

Vendredi 13, la 2ème Région Militaire, à Beauvais, transmet à la commune de Gury les états de paiement pour les 2 chevaux réquisitionnés le 26 août 1939 (les sommes : 3500 et 6000 francs).

Samedi 14, Henriette DEBEAUPUIS-CHOUART est transportée à l’Hôpital de Compiègne.

Mardi 17, le bureau de l’enregistrement transmet son courrier pour le Maire de Gury : « …J’ai l’honneur de vous faire connaître que Monsieur le Directeur de l’Oise a décidé la réouverture du bureau de Lassigny, et m’a affecté à ce poste en qualité d’intérimaire… »

Jeudi 19, le Capitaine PLAU, Commandant le commandement d’Etapes N°2 à Compiègne, signal à la commune de Gury : « ….. A dater de ce jour, veuillez prendre note qu’aucune troupe ne sera autorisée à cantonner sur le territoire de votre Commune, sans être munie d’un ordre de cantonnement émanent de mon service et revêtu du cachet ci-dessus….. »

Samedi 21, Liste des contribuables assujettis à l’impôt général sur le revenu pour l’année 1939 : VALETTE Etienne, secrétaire, et VIGNOLLE Gaston, retraité.

Dimanche 22, la commune de Gury demande les clés de la maison d’Henri SALIGOT, pour être réquisitionnée
.
Mardi 24, la Préfecture accorde 415 litres d’essence pour Gury.

Samedi 28, les SS demandent au gouvernement allemand de faire porter l'étoile jaune aux juifs.

Démobilisation de Fernand BLONDEL, mais reportée pour cause de remise de la comptabilité de la compagnie.

Lundi 30, Henri SALIGOT, à Pierrefitte-sur-Seine, reçoit le courrier de la demande de la commune de Gury, concernant la réquisition.

Courrier de Lord ASHBOURNE au Maire de Gury : « …. …en effet je me demandais si ma maison serait réquisitionnée. Je l’ai bien promise au cas ou la situation serait grave à Paris aux personnes qui y étaient durant l’été, mais je penses qu’une réquisition passe avant un accord aussi indéfini ? en tous cas il vaut mieux que je la mette en état. Je comptes donc la faire nettoyer Vendredi prochain sauf imprévu, et vous apporter la clef à la fin de l’après midi.
Il y a du bois à Mr Dumanstre et à moi.
La salle se trouve ouverte, je ne sais qui a la clef, je l’ai demandé en vein il y a deux ou trois qui doivent se trouver chez des personnes de Gury ou égarées…..
»

Mardi 31, Paul DEJOUY est démobilisé, étant père de famille nombreuse (5 enfants).


Novembre

Mercredi 01, Henri SALIGOT, répond à la Mairie : « En mains votre honorée daté du 22 octo mais qui ne m’est parvenue qu’hier ou vous me demandez les clefs de la maison que je possède à Gury.
J’envoi la clef de devant a Mme Vve Hoët ainsi du reste que la présente en la priant de vous remettre le tout.
Si je ne suis pas parti a Gury au 1 er 8bre s’est que mon locataire mobilisé m’a demandé de suspendre l’engagement ce qui reporte sa prise de possession a une date indéterminée sans toutefois qu’il y ait resiliation. Ce qui laisse possible a tout terme mon installation a Gury.
Je devais aussi repartir terminer quelques travaux indispensables d’entretien ce n’est que la difficulté ou je me suis trouvé d’obtenir un sauf conduit qui a ajourné mon voyage les difficultés etant modifiées j’ai l’intention dès que cela me sera possible de terminer ces travaux.
A cet effet et en exécution des nouvelles dispositions concernant les possibilités de déplacements dans la zone des armes e prends la liberté de vous prier de bien vouloir m’envoyer une attestation constatant que la mobilisation m’a obligé de suspendre certains travaux de première urgence pour l’entretien de la propriete que je possede a Gury. (etc)
Quant a l’occupation des locaux je m’en rapporte entièrement a vous quant a son opportunité…
P.S. Le canal de la mairie etant très long veuillez je vous prie m’écrire directement. 17, rue Audenel Pierrefitte Seine.
»

Fernand BLONDEL, est enfin démobilisé (après avoir attendu pour la remise des comptes de la compagnie) pour les même raisons que Paul DEJOUY (famille nombreuse).

Jeudi 02, la commune de Gury reçoit un ordre de cantonnement du Groupe de Reconnaissance de Division d’Infanterie n°7 pour le 03 novembre.

L’Assistance Publique fait connaître à la Mairie de Gury que par Arrêté préfectoral du 27 octobre 1939, que Gury doit verser la somme de 171,70 francs, montant fixé par les contingents définitifs que doit payer la commune, pour le Service des Enfants assistés, sur l’exercice 1938.

Vendredi 03, le Groupe de Reconnaissance de Division d’Infanterie n°7, arrive à Gury, est composé de 6 officiers, 8 sous-officiers et 400 hommes. La commune ne put faire le plein de ces 400 hommes de troupes

Ce qu'on a appelé la « Drôle de Guerre » ai commencée. La ligne Maginot du nom du Député (Ministre de la Guerre) qu'il a conçue formidable ouvrage défensif de notre frontière avec l'Allemagne est occupée par une de nos armées.
Jugée imprenable et infranchissable pour l'ennemi, elle verse un baume tranquillisant dans l'esprit de tous les Français.
L'hiver s'écoule avec peu de réactions chez les forces armées qui sont face à face.
Des petites escarmouches de patrouilleurs, alimentent les communiqués de guerre.
Une station de radio allemande de Stuttgart, reprend à longueur de journée des appels à la France qui lui conseillent de chercher des arrangements afin d'éviter les affrontements meurtriers.


Samedi 04, le Congrès américain vote la loi Cash and Carry autorisant la vente de matériel de guerre aux belligérants.


La Mairie dresse un état récapitulatif des besoins en produits pétroliers pour le mois de décembre, à savoir : 255 litres d’essence, 20kg d’huiles de graissage, 10kg de graisses minérales, pour l’agriculture, et, 180 litres d’essence, 40 litres de pétrole lampant, 4kg d’huiles de graissage pour la population civile.

Lundi 06, le Préfet aux Maires de l’Oise : « Le Gouvernement a estimé, qu’en raison des circonstances actuelles, les fêtes du 11 Novembre ne sauraient être célébrées cette année selon le programme habituel, et que les cérémonies qui seront envisagés à cette date n’auront qu’un caractère symbolique de fervente commémoration de nos Morts, de patriotique et administratif hommage au courage des Armées.
En conséquence, les cortèges, défilés et revues du 11 Novembre n’auront donc pas lieu et aucun discours ne sera prononcé.
Cependant, la haute signification de l’anniversaire de la victoire ne saurait être en rien diminuée.
Elle s’accroît, au contraire, du fait de la guerre que la France et l’Angleterre sont contraintes de mener, pour leur défense, contre leur ancien adversaire.
C’est pourquoi le 11 Novembre 1939 doit prendre, à la fois, le caractère d’une journée franco-britannique, attestant la solidarité des deux Peuples, et d’une manifestation de reconnaissante affection pour les Combattants de la guerre actuelle.
Il a donc été décidé que les 11 et 12 Novembre aurait lieu, simultanément en France et en Angleterre, une vente de fleurs et d’insignes dont le produit est destiné à « Ceux qui combattent et à leurs familles
».
Cette vente sur la voie publique aura lieu par les soins des Groupements de Mutilés, d’anciens Combattants et Victimes de la Guerre. J’ai l’honneur de vous prier d’apporter votre concours le plus complet aux organisateurs. En outre, et pour le cas ਠdes crédits seraient inscrits au budget communal pour la célébration du 11 Novembre, vous voudrez bien demander à votre Conseil Municipal de décider le versement de ces crédits à la collecte organisée par les anciens Combattants.
Enfin, ceux d’entre’ vous qui recevront les affiches éditées spécialement à l’occasion de la Journée franco-britannique, auront à les faire apposer d’urgence.
»

Mardi 07, le 15ème Régiment d’Artillerie – 10ème B.A.C., occupe la maison de Henri SALIGOT à usage de bureau, la maison de Pierre VALETTE, à usage de mess « popote » officiers. La maison de Irène ODEMPS-PILLOT, à usage de mess « popote » sous-officiers. Le Lieutenant COCHARD commandant le 3ème escadron du 7ème Groupe de Reconnaissance, établit un état des locaux et mobiliers réquisitionnés pour la « popote » des officiers : 2 pièces (1 cuisine et 1 salle à manger), 1 cuisinière, 1 table, 1 piano, 1 bar, 8 chaises et 1 buffet pour le propriétaire Pierre VALETTE. On dénombre 6 officiers, 17 sous-officiers et 138 troupiers.

La Préfecture à la Mairie de Gury (courrier urgent) : « faire parvenir d’urgence, à la Préfecture, le double du Bulletin d’hospitalisation qui a dû être délivré à la nommée Debeaupuis-Chouart, tombée malade à Gury, et dirigée sur l’Hôpital de Compiègne… »

La Préfecture informe la Mairie que l’état d’émargement des Allocations Militaires concernant le mois d’Octobre est adressé ce jour au Percepteur, que la Mairie est priée de vouloir bien informer les bénéficiaires de l’allocation militaire.

Mercredi 08, Adolf HITLER échappe de justesse à un attentat à Munich.

Lundi 13, La Préfecture à toutes les Mairies de l’Oise : « J’ai l’honneur de vous informer que toutes les horloges publiques devront être retardées de soixante minutes dans la nuit du 18 au 19 Novembre 1939 ; à l’heure du matin, leurs aiguilles seront mises à zéro heure (minuit).
Je vous prie de vouloir bien veiller à ce que le retard de l’heure soit appliqué aux horloges publiques de votre commune
Conformément aux dispositions de l’arrêté préfectoral du 14 Septembre 1939, pendant la période d’application de l’heure d’hiver, l’heure d’ouverture des cafés, cabarets, débits de boissons et établissements similaires, est fixé à Six heures.
»

Mercredi 15, le Service des Révisions Foncières, annonce au Maire de Gury qu’un agent passera le 22 courant entre 8 heures et 12 heures.

Jeudi 16, l’Intendant militaire GABRIELLI, chef de l’Intendance Militaire de Beauvais, retourne le courrier « état des locaux et du mobilier réquisitionné par le 7ème G.R.D. » : « J’ai l’honneur de vous retourner ci-joint l’état des locaux et du mobilier réquisitionnés par le 7ème G.R.D. en votre commune pour installation d’une popotte, que vous m’avez transmis.
Le mandatement des indemnités dues à votre commune doit être régularisés par l’Intendance militaire de Compiègne de laquelle rélevé votre arrondissement, après établissement par les Autorités requérantes des états Modèle 52 ou des conventions dont la production est prescrite par les nouvelles instructions en vigueur qui viennent d’être modifiées par le Commandant aux Formations mobilisées.
»

Dans la nuit du samedi 18 au dimanche 19, 1 heure, les aiguilles des horloges sont reculées d’une heure pour « l’horaire d’hiver ».

Mardi 21, la Préfecture de Beauvais délivre à Paul ROBERT une carte d’identité.

Arrêté préfectoral : « … Il est interdit de procéder, dans les cafés, restaurants, hôtels et tous autres établissements publics du Département de l’Oise, à la diffusion d’émissions radioélectriques étrangères autres que celles émanant des postes émetteurs des Nations alliées … »

Mercredi 22, entre 8 heures et 12 heures, un agent du Service des Révisions Foncières passe à Gury pour prendre les documents cadastraux, en vue de l’application des mutations de 1939 pour 1940.

Mercredi 29, la Préfecture accorde 255 litres d’essence pour l’agriculture, et 160 litres d’essence pour la population civile.


Décembre

Dimanche 03, la Mairie dresse un état récapitulatif des besoins en produits pétroliers pour le mois de janvier 1940, à savoir : 320 litres d’essence, 20kg d’huiles de graissage, 10kg de graisses minérales pour l’agriculture, et, 180 litres d’essence, 40 litres de pétrole lampant, 4kg d’huiles de graissage pour la population civile.

Mardi 05, la Sous-Préfecture au Maire : « J’ai l’honneur de prier Monsieur le Maire de Gury de bien vouloir me faire parvenir d’urgence, accompagnées du bordereau nominatif, les notices individuelles des jeunes gens figurant sur les tableaux de recensement de la classe 1940
Le bordereau, tenant lieu d’expédition du tableau de recensement, devrait m’être renvoyé, le cas échéant, avec la mention « néant
».

Samedi 09, le Président de la Commission de Ravitaillement N°21 à Roye-sur-Matz demande à la Mairie de Gury, de lui faire connaître d’URGENCE, les quantités de pommes de terre qui pourraient être réalisées dans la commune au mois de décembre.

Dimanche 10, vente de pommes sur les terres communales, à Henri PILLOT.

Mercredi 13, le 15ème R.A.B.A.C. s’installe à Gury, 6 personnes chez LOIRE-GOVAERT, 6 personnes chez ODEMPS-PILLOT (mess sous-officiers), 18 personnes chez GUIZIOU-FOURNIER, 2 personnes chez DUTRIAUX, 12 personnes chez ASHBOURNE.
La Mairie répond au courrier du 9 courant au Président de la Commission de Ravitaillement N° 21 à Roye-sur-Matz : « ….. …pour 1100 kg… Robert G. 900 kg de pommes de terre Jaimes… Vve Cugniere 250 kg de pommes de terre Jaimes… soit 1100 kg de pommes de terre Jaimes….. »

Jeudi 14, l' URSS est exclue de la Société des Nations suite à son attaque de la Finlande (Guerre d'Hiver).

Vendredi 15, la Préfecture signale la réquisition de couvertures qui seront payées par l’Intendance départementale. Elle réclame la liste des personnes concernées et de la catégorie de ces couvertures.

Mercredi 20, le Sous-Préfet Arrête : « … M. Brunel René, est nommé membre de la commission administrative du Bureau d’assistance de la commune de Gury.
Ses pouvoirs expireront le I er Janvier 1944… Noms des délégués de l’Administration faisant déjà partie de la Commission et ne devant pas être désignés par le Conseil municipal : MM. Lhellez Léon, 1941 – Loire Raymond, 1942 – Dejouy Paul, 1943.
»

Jeudi 21, Arrêté préfectoral : « ... Les cafés, cabarets, brasseries, débits de boissons, restaurants et tous établissements similaires situés sur le territoire du Département de l’Oise pourront demeurer ouverts au public dans la nuit du 24 au 25 Décembre 1939 jusqu’à une heure du matin sous réserve de la stricte observation des mesures relatives à l’occultation des lumières….. »

Dimanche 24, le Président de la Commission de Réception à Roye-sur-Matz, au Maire de Gury : « J’ai l’honneur de vous accuser reception de votre lettre du 13 X e m’avisant que votre commune est en mesure de pouvoir livrer environ 1100 k de pommes de terre
J’en ai avisé l’Intendance vous serez prévenu en temps utile du jour de la livraison à effectuer car il faudra auparavant vous faire parvenir les sacs nécessaires qui seront probablement fournis par l’Intendance …..
»

Lundi 25, La Mairie de Gury : « Transmis à Monsieur le Commandant de la Brigade de Gendarmerie de Lassigny, en le priant de vouloir bien me faire connaître le nom de chacun des prestataires ainsi que la valeur des couvertures reçues par chacun d’eux. » (voir vendredi 15 courant)

La Mairie transmet à la Préfecture la liste des personnes ayant été réquisitionnées pour les couverture et en fonction de la catégorie, après c’être renseigné auprès de la brigade de Gendarmerie de Lassigny – Irène ODEMPS-PILLOT, Vve GREGOIRE, Gaston VIGNOLLE et LOIRE-CUGNIERE.

Dimanche 31, Arrêté préfectoral : « … La chasse a tir du gibier d’eau, y compris les pluviers et les vanneaux, avec ou sans chien d’arrêt, même en temps de neige, est permise jusqu’au 31 Mars 1940, dans les conditions déterminées par l’article 3 de l’Arrêté réglementaire permanent sur la Police de la Chasse dans l’Oise en date du 4 Août 1913… Toutefois la chasse aux canards sauvages communs (cols verts) sera close le 1 er Mars 1940 au soir….. »

Habitants et militaires fraternisent, la salle de fête sert de lieux de représentation pour Noël et Nouvel An.
On plaisante et l'image des combats et ses horreurs s'estompe et semble s'éloigner sauf pour ceux qui sont partis loin de leur foyer et qui s'ennuient sous l'uniforme. Abel DEVILLERS et Marcel LEBŒUF sont sous la ligne Maginot. Les autres mobilisés donnent de leurs nouvelles, des endroits de leur séjour.
Des réquisitions de chevaux et bovins ont diminué nos cheptels. Nous assurons tant bien que mal les travaux agricoles. Quelques militaires sont désignés pour aider les épouses et familles des mobilisés qui doivent assurer la conduite de leur exploitation.

L'hiver 1939-1940 est très rigoureux, paralyse l'activité aérienne. Les missions à haute altitude (entre 7 et 8000 mètres), éprouvent les pilotes et gèlent les armes.

Voici l'année 1939 de passée ... maintenant la triste et douloureuse année 1940 ...

A suivre ...
Camille


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 Sujet du message : Re: GURY ... 1939-1945 ...
MessagePublié : ven. avr. 04, 2014 21:19 pm 
Hors-ligne

Inscription : mar. déc. 04, 2007 10:15 am
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Bonsoir à tous,

Aujourd'hui, nous poursuivons ... 1940.

1940
Janvier
Lundi 01, la Mairie dresse un état récapitulatif des besoins en produits pétroliers pour le mois de février, à savoir : 300 litres d’essence, 20kg d’huiles de graissage, 10kg de graisses minérales pour l’agriculture, et, 230 litres d’essence, 40 litres de pétrole lampant, 4 kg d’huiles de graissage pour la population civile.
Lundi 15, création en France des cartes d'alimentation.
Note du Préfet aux Maires pour la réquisition de couvertures, doivent être payées par l’Intendance départementale, sur les bases suivantes :
Catégorie A
Laine, demi-laine, très bon état …………………….70 francs
Catégorie B
Demi-laine, assez bon état, coton, très bon état …….55 francs
Catégorie C
Demi-laine, état passable, coton assez bon état ……..40 francs
Mercredi 17, Vague de froid sur l'Europe occidentale.
16 heures, Maurice LHELLEZ, cultivateur, en montant à l’échelle, le pied glisse et la jambe heurte les échelons voisins qui l’éraflent, accident dans son exploitation (Plaie contuse étalée sur la face antérieure de la jambe gauche).
Jeudi 18, le Danemark, la Norvège et la Suède affirment leur neutralité.
Mercredi 24, 8 heures, déclaration en Mairie du décès de Théodore DELNEF, natif Plessier-de-Roye (16/03/1854), cultivateur, décédé hier le 23, à 19 heures, rue du Bailly (aujourd’hui : rue de Bailly), fils des défunts Auguste DELNEF et de Marie-Antoinette MOINET. Veuf de Julie PILLOT, et époux de Louise BELLANCOURT. Le déclarant est Pierre PILLOT, cultivateur, 40 ans, voisin du défunt. Déclaration faite à Maurice LHELLEZ, Adjoint au Maire, le Maire étant empêché, étant donné qu’il est le témoin du décès.
Certificat de décès de Théodore DELNEF, fait par le docteur PUISSANT.
Jeudi 25, la Gendarmerie transmet au Maire la liste des personnes ayant été réquisitionné pour les couvertures, et la valeur qui leur revient :
Veuve ODEMPS, catégorie B – 2 couvertures – 110 francs
Veuve GREGOIRE, catégorie B – 1 couverture – 55 francs
VIGNOLLE Gaston, catégorie B – 1 couverture – 55 francs
LOIRE-CUGNIERE, catégorie C – 1 couverture – 40 francs
Mardi 30, la Préfecture accorde 500 litres d’essence à Gury.
Mercredi 31, arrêté préfectoral : « …LA CHASSE A TIR DU GIBIER D’EAU, y compris les pluviers et les vanneaux, avec ou sans chien d’arrêt, même en temps de neige, est permise jusqu’au 31 Mars 1940, dans les conditions déterminées par l’article 3 de l’Arrêté réglementaire permanent sur la Police de la Chasse dans l’Oise en date du 4 Août 1913 ……. Toutefois la chasse aux canards sauvages communs (cols verts) sera close le 1 er Mars 1940 au soir….. »

Février
Lundi 05, recensement des hippomobiles et des bâts :
24 harnais, 20 voitures à 2 roues à 2 chevaux, 13 tombereaux à 2 roues à 2 chevaux, 4 bâches, 10 voitures à 2 roues à 1 cheval, 2 tonneaux à 2 roues à 1 cheval, et, 2 tonneaux à 2 roues à 2 chevaux.
Recensement des chevaux :
BOUCAUX Léon : 1 – BRUNEL René : 1 – CUGNIERE Nestor : 2 – DEJOUY Paul : 3 – DELNEF Albert : 2 – DEVILLERS Abel : 3 – FREIN Gabriel : 2 – GOVAERT Cyrille : 2 – GUIZIOU Pierre : 3 – LEBŒUF Marcel : 3 – HULOT Hippolyte : 4 – LHELLEZ Léon : 2 – LHELLEZ Maurice : 3 – LHELLEZ René : 2 – LOIRE Georges : 2 – PILLOT Pierre : 4 – ROBERT Gaétan : 1 – ROBERT Paul : 2.
Mercredi 07, la Mairie de Gury délivre un certificat à Marguerite GILIBERT-SIMON, de Courbevoie, demeurant actuellement depuis le début des hostilités, réfugiée chez Maurice BONNIN.
Lundi 12, l'URSS et l'Allemagne signent un accord commercial pour contrer le blocus maritime franco-anglais.
Vendredi 16, la Préfecture de la Seine répond au courrier de Marguerite GILIBERT : « En réponse à votre courrier, j’ai l’honneur de vous informer qu’il n’existe pas de prime d’évacuation mais une allocation aux refugiés qui doit être demandé à la Commission Cantonale d’Assistance du lieu de refuge….. »
Dimanche 18, à 9 heures, Gabriel FREIN, cultivateur, en montant sur une caisse, a fait une chute dans la cour de sa ferme (Contusions thoraciques au niveau des 10ème et 11ème cotes droites. Il ne semble pas y avoir de fracture). Soigné à son domicile.
Lundi 19, arrêté préfectoral : « ….. La circulation sera restreinte à partir du 19 FEV 40 à 14 heures, sur les voies énumérées ci-après : TOUTES LES ROUTES NATIONALES ET CHEMINS DEPARTEMENTAUX de l’ARRONDISSEMENT. »
Mardi 20, certificat de décès d’Anaïs PECHON, fait par le docteur PUISSANT.
8 heures, déclaration de décès à la Mairie de Anaïs DUBOIS, native de Roye-sur-Matz (26/04/1857), décédée hier le 19, à 18 heures, en son domicile rue du Bailly (aujourd’hui : rue de Bailly), sans profession, fille des défunts Jules DUBOIS, et d’Augustine BARBIER, veuve de Jean PECHON. Le déclarant est : Berthe PECHON, manouvrière, 60 ans, épouse de Charles PILLOT, fille de la défunte.
La Préfecture reçoit le récapitulatif des besoins en produits pétroliers, suite à sa demande à la Mairie de Gury, qui a fait un double, car l’original avait été envoyé le 03 décembre 1939. La Préfecture répond : « L’exemplaire réclamé pour approbation est celui qui avait été retourné avec la circulaire n° 9 du 26 Décembre 1939 en vue de sa rectification, le cas échéant, conformément aux instructions contenues dans cette circulaire »
Jeudi 22, le Préfet aux Maires de l’Oise, il est question de récupération des ferrailles à la demande du Ministre de l’Armements, qu’il a organisé en janvier et février 1940.
Le Maire de Gury demande : « Communiqué à m. le Com t de la BAC en lui demandant ce qu’il envisage pour le transport en gare des ferrailles récupérées dans la commune. Dois-je m’en occuper ! »
La réponse à la question par le lieutenant R. HILL. : « L’autorité militaire s’occupe de l’évacuation des ferrailles »
Dans la nuit du samedi 24 au dimanche 25, les aiguilles des horloges sont avancées d’une heure pour « l’horaire d’été ».
Mardi 27, René LHELLEZ a une permission jusqu’au 12 mars.
Jeudi 29, institution de la carte d’alimentation.
Permission agricole jusqu’au 30 mars pour Nestor CUGNIERE.

Mars
Samedi 02, ordination de Jean CHARDIN, comme prêtre des communes de Roye-sur-Matz, Canny-sur-Matz, Laberlière et Gury.
Mercredi 06, la Mairie dresse un état récapitulatif des besoins en produits pétroliers pour le mois d’avril, à savoir : 240 litres d’essence, 20kg d’huiles de graissage, 10kg de graisses minérales pour l’agriculture, et, 225 litres d’essence, 40 litres de pétrole lampant, 10kg d’huiles de graissage pour la population civile. (La Préfecture accorde 465 litres d’essence).
Jeudi 07, le Maire de Gury : « Transmis à Mr le Préfet les certificats cis-joints l’intéressé est actuellement en sursis de 45 jours et ces certificats sont réclamés par les chef de corps. »
Samedi 09, courrier de Beauvais : « Demande sans objet par suite de la décision prise récemment par M. le Général Commandant en Chef les forces Terrestres, précisant que tous les agriculteurs – patrons et ouvriers – sans exception, appartenant à une formation du territoire (zône des armées et intérieur) vont être détachés à la terre en deux fractions, d’une durée chacune de 30 jours. »
Dimanche 10, un décret et un arrêté interministériel paraissent au journal Officiel, fixant la date du recensement et les conditions d'établissement des cartes de rationnement, impliquant que chaque personne doit remplir une déclaration le 3 avril au plus tard afin d'être classé dans une des catégories prévues pour l'alimentation et le charbon. Le 5 mars, un nouveau décret fixe les restrictions sur la viande. Le bœuf, veau et mouton sont interdits à la vente en boucherie trois jours consécutifs par semaine; la viande de charcuterie pendant deux jours et la viande de cheval, mulet et âne pendant une journée. Toujours en mars, des décrets imposent la fermeture des pâtisseries et l'interdiction de la vente d'alcool. Les premières cartes de rationnements sont distribuées dès octobre 1940 pour les produits de base: pain, viande, pâtes, sucre. Comme vous pourrez le constater avec les documents d'illustration, le rationnement s'est mis en place par le biais de cartes d'alimentation et de tickets. La population Française (à l'exception des militaires) était partagée à l'origine en sept catégories.
Lundi 11, la Direction des Services Agricoles de l’Oise au Maire de Gury : « Je vous retourne sous ce pli deux certificats de détachements temporaire Il vous suffit de remettre à l’intéressé, à l’expiration de sa permission, un certificat visé par la gendarmerie, attestant qu’il a travaillé à l’agriculture pendant sa permission… »
La Préfecture demande le recensement des chevaux de 4 et 5 ans existant dans la commune, et de l’adresser d’urgence au Chef de Service Régional des Remontes. E.M. de la 2ème Région, à Amiens.
Mardi 12, la Préfecture demande les stocks de riz, manioc et les céréales secondaires, existants chez les particuliers, ainsi que les besoins mensuels de la commune pour ces mêmes denrées.
Fin de la permission du 27 février de René LHELLEZ.
Samedi 16, 7 heures, déclaration de naissance de Bernadette FREIN, née hier le 15, à 15 heures, rue du Bailly (aujourd’hui : rue de l’Eglise), fille de Gabriel FREIN, cultivateur, 46 ans, et de Marthe VANDEVYVERE, sans profession, 40 ans. Le déclarant est le père de l’enfant.
Jeudi 21, le Maire téléphone à Henri SALIGOT pour le problème de réquisition de sa maison par l’armée.
Classé au centre sur l'échiquier politique et opposant résolu à HITLER, Paul REYNAUD (62 ans) était devenu président du Conseil ce jour en remplacement d'Édouard DALADIER. Celui-ci, tribun respecté et ministre radical du Front populaire, s'était déconsidéré en signant les accords de Munich avec le Führer.
Vendredi 22, Henri SALIGOT fait un courrier à Pierre PILLOT Maire de Gury : « Comme suite a notre entretien d’hier je suis allé a la mairie de Pierrefitte ou l’employé m’a dit qu’il n’y avait aucun papier venant de vous me concernant et devant mon insistance a déclaré si M r le maire de Gury a envoyé ce papier il doit avoir un accusé de reception ?
Ainsi que nous en avions convenu je suis allé au rendez-vous a 13 H j’y ai rencontré le Lieutenant remplaçant le capitaine en congé. En votre absence les quelques mots que nous avons échangés peuvent être considérés comme nuls. Cette question ne pouvant être traité que par écrit.
Donc après ces deux entrevues et ma démarche a la mairie de Pierrefitte la question pour moi reste entière et tant que je n’aurai pas un ordre de réquisition écrit emanant du chef de corps je considérerai l’occupation de ma maison comme illégale et je proteste énergiquement contre l’abus d’autorité qui est la cause initiale de toutes les déprédations que j’ai malheureusement constatées.
J’ai également pu voir et faire constater par des témoins qualifiés que tout ce qui était dans le grenier avait disparu : bois de chauffage, de travail, tables outils (etc) ceci ne constitue plus une depradation mais un pillage severement réprimé par le code de justice militaire qui Craignant que des innocents ne soient inculpés j’hésitais a soulever cette dernière question cette hypothèse n’étant plus a redouter je viens vous prier de faire le nécessaire pour que le préjudice qui m’a été causé soit réparé par une intervention administrative amiable faute de quoi je me verrais dans un délai très court et a mon grand regret obligé de saisir la justice militaire qui : vous le savez n’est pas très douce dans ces sortes d’affaires.
Espérant que je n’aurai pas a aller jusqu'à cette dernière éventualité croyez monsieur le maire…..
N.B. A l’avenir je vous demande de m’adresser toute correspondance a l’adresse ci dessus indiquée. »
Samedi 23, à 16 heures, Edmond DAMIENS, ouvrier agricole chez Hippolyte HULOT, cultivateur et témoin de l’accident, s’est blessé une section de l’ongle du 2ème doigt de la main droite par une scie à bûches. Soigné à son domicile.
Jean GIRAUDOUX est remplacé par FROSSARD qui nomme Jean GUIGNEBERT à l'anti propagande.
Mercredi 27, HIMMLER décide la construction du camp d'Auschwitz.
Jeudi 28, courrier de Fernand BLONDEL, secrétaire de Mairie : « J’ai été chez Mr Lhellez où vous étiez descendu, pour vous remettre les certificats d’occupation temporaire, mais vous étiez déjà parti.
Je vous transmets ci-inclus les certificats d’occupation temporaire des locaux affectés à l’usage de bureau.
Duplicata de réquisition pour usage temporaire du 15 e RA 10 e B.A.C.
1° du 15 Janvier 1940 ayant trait à la période du 7 Novembre 1939 au 15 Janvier 1940.
2° du 1 er février 1940 ayant trait à la période du 19 Janvier au 31 Janvier 1940.
3° du 1 er Mars 1940 ayant trait à la période du 1 er au 29 février.
Manants tous de 15 e Régt d’Artillerie 10ème B.A.C.
J’ajoute que le bon du 15 e R. Art. n’a pas été établi à la date de l’entrée en cantonnement, mais conservé par l’unité, qui va le remplacer par un bail de location.
Veuillez trouver en outre émanant du 7 e G.R.D.I. 3 e escadron
1° ordre de réquisition
2° Reçu des fournitures requises s’appliquant aux bureaux… »
Samedi 30, début du recensement des besoins en charbon chez Marie ALEPEE-BRUNEL, René BRUNEL, Charles CUGNIERE, Cyrille GOVAERT, Hippolyte HULOT, Gaétan ROBERT, Pierre VALETTE et Gaston VIGNOLLE.
Dimanche 31, recensement des besoins en charbon chez Fernand BLONDEL, Maurice BONNIN, Honoré DUCAMP et Paul ROBERT.

Avril
Lundi 01, recensement des besoins en charbon chez Georges LOIRE, Charles PILLOT et Alfred ROBERT.
Recensement de la population est de 127 habitants.
Mardi 02, recensement des besoins en charbon chez Paul DEJOUY, Marie DEJOUY-CAUSSIN, Gabriel FREIN, Paul GAY et Léon LHELLEZ.
Mercredi 03, recensement des besoins en charbon chez Jules ALAVOINE, Georgette BAUDHUIN-FROISSART, Gilbert BELLARD, Louis BOUCAUX, Léon BOUCAUX, Abel DEVILLERS, DELNEF-BELLANCOURT, Cécile GREGOIRE, Amélie LEBOEUF-HAUET, Maurice LHELLEZ, Alfredine LHELLEZ-CUGNIERE, Irène ODEMPS-PILLOT et Pierre PILLOT.
Jeudi 04, fin du recensement des besoins en charbon, et résultat : Les fournisseurs : (1) DUCOURTRAY, à Roye-sur-Matz – (2) COMPTOIR FRANCO-BELGE, à Roye Somme – (3) PIGNIER-QUILLE, négociant à Noyon – (4) MICHEL Lucienne, à Roye Somme – (5) FOURNIOUX, à Lassigny – (6) Négociant non cité.
Jules ALAVOINE, Marie ALEPEE-BRUNEL, Georgette BAUDHUIN-FROISSART, Gilbert BELLARD, Maurice BONNIN, Léon BOUCAUX, René BRUNEL, Paul DEJOUY, Marie DEJOUY-CAUSSIN, DELNEF-BELLANCOURT, Honoré DUCAMP, Gabriel FREIN, Paul GAY, Pierre GUIZIOU, Hippolyte HULOT, Amélie LEBŒUF-HAUET, Léon LHELLEZ, Georges LOIRE, Pierre PILLOT, Alfred ROBERT, Gaétan ROBERT, Paul ROBERT et Gaston VIGNOLLE, se fournissent chez (1) DUCOURTRAY, à Roye-sur-Matz.
Fernand BLONDEL, se fourni chez (1) DUCOURTRAY, à Roye-sur-Matz – (2) COMPTOIR FRANCO-BELGE, à Roye Somme – (3) PIGNIER-QUILLE, négociant à Noyon
Maurice LHELLEZ, se fourni chez (1) DUCOURTRAY, à Roye-sur-Matz – (2) COMPTOIR FRANCO-BELGE, à Roye Somme
Louis BOUCAUX, se fourni chez (4) MICHEL Lucienne, à Roye Somme
Charles CUGNIERE, Cyrille GOVAERT, Cécile GREGOIRE, Pierre VALETTE, se fournissent chez (5) FOURNIOUX, à Lassigny
Irène ODEMPS-PILLOT et Charles PILLOT, se fournissent chez (2) COMPTOIR FRANCO-BELGE, à Roye Somme
Abel DEVILLERS et Alfredine LHELLEZ-CUGNIERE, se fournissent chez (6) Négociant non cité
On répertorie 128 habitants avec 33 foyers, au vu du recensement des besoins en charbon.
Samedi 06, permission pour René LHELLEZ jusqu’au 20 de ce mois.
Mardi 09, le Danemark et la Norvège sont envahis par l'Allemagne ; reddition du Danemark.
L’Intendance militaire de Beauvais, du Service de ravitaillement Général, envoi un ordre de réquisition à Gury qui devra fourni les quantités suivantes :
Avril : fourrages 13 quintaux – pailles 40 quintaux.
Mai : fourrages 13 quintaux – pailles 40 quintaux.
Juin : fourrages 12 quintaux – pailles 40 quintaux.
Juillet : fourrages 12 quintaux – pailles 40 quintaux.
Août : pailles 40 quintaux.
La commune devra délivrer à ses cultivateurs des avis de répartition.
Dimanche 14, dernier jour d’occupation comme mess officiers chez Pierre VALETTE, le chauffage a été assuré par les soins de l’unité, ce qui est certifié par le Capitaine Commandant la 10ème B.A.C. Il est à noter des réclamations de la part de Raymond LOIRE, concernant des dommages dans un immeuble occupé par la troupe du 07 novembre 1939 au 14 avril 1940 : Carrelage détérioré en grande partie, 3 carreaux cassés aux fenêtres au grenier. 1 carreau à l’imposte d’arrière cuisine, 2 carreaux à la porte de l’arrière cuisine, 1 serrure manquant à cette porte, 1 encadrement de cheminée, cassé. Pour Irène ODEMPS-PILLOT : une cuisinière endommagée, 1 tapis de buffet et devant de cheminée complètement détérioré. 1 couverture usagée et 1 matelas complètement détériorés, 1 chaise de cassée, 1m² de carrelage de cuisine détérioré, 1/4m² de carrelage détruit devant le foyer de la salle à manger, une partie de la tapisserie d’arrachée dans une chambre, 1 coté de porte cochère de cassée, 1 lampe déplacée et 1 dessus de bouton cassé dans la buanderie, 1 bouton électrique cassé, 1 lampe déplacée et 1 cordon va et vient avec gland disparu dans la chambre, 1 prise de courant déplacée, 1 cordon d’allumage va et vient avec gland disparu dans la salle à manger. La troupe repart vers le Pas-de-Calais.
L'unité militaire qui est cantonnée dans Gury, part d'urgence en direction de la Belgique. (Nous apprendrons par la suite, le triste calvaire que ces soldats que nous avions amicalement accueilli ont supporté sur les routes qu'ils ont dû suivre, balayées par la mitraille et les bombes de l'aviation avant même d'entrer en contact directe avec l'ennemi, laissant derrière eux des blessés et des morts.
Le calme relatif des mois de mars et avril avait permis d'ensemencer un peu d'avoine et de betteraves fourragères, travail très réduit sans entrain dans l'inquiétude dont les esprits commencent à s'imprégner de vagues craintes laissant pressentir l'orage qui allait déferler, bouleversant la paix et le calme qui avait anesthésié quelque peu nos esprits.
Mercredi 17, la Préfecture aux Maires de l’Oise : « ….. Des bonbons suspects ont été trouvés récemment après des raids aériens ennemis.
Je vous prie de vouloir bien mettre en garde la population de votre commune contre le ramassage ou la consommation des objets suspects, et d’inviter vos administrés à faire connaître à l’Autorité Militaire ou à la brigade de gendarmerie la plus proche, l’existence de ces objets et de les remettre, le cas échéant, à ces Autorités.
L’attention des parents et des maîtres de l’Enseignement sera plus particulièrement attirée sur ces faits, afin que les enfants soient avertis de ne consommer, en aucun cas, des bonbons trouvés…
…L’attention des Autorités Militaires a été appelées sur le développement inquiétant du commerce clandestin des boissons acooliques dans la zone des Armées.
Il est rappelé au public que les personnes se livrant à un trafic de cette nature s’exposent à des sanctions pénales et fiscales très sévères.
La gendarmerie et les services de police ont été invités à exercer une surveillance sérieuse à ce sujet, et de veiller à la stricte observation des dispositions légales ci-après, réglementant le commerce des boissons….. »
Jeudi 18, demande de renouvellement de carte de séjour à Stanislawa KOZACZYK, domestique chez Maurice LHELLEZ, et pour Josèpha KRAWICE, ouvrière agricole à Gury, toutes deux d’origine polonaise.
Samedi 20, fin de la permission du 06 courant de René LHELLEZ.
Dimanche 21, affiche du « SECOURS NATIONAL ».
Vendredi 26, l’Intendant Militaire de 2e classe GABRIELLI, accuse réception les états Mle 52 que la commune de Gury lui a envoyé le 20 avril : « J’ai l’honneur de vous faire connaître que je transmets ce jour à l’intendance de Compiègne les etats Mle 52 que vous m’avez adressés le 20 avril.
Les états précédents lui ont été également adressés pour mandatement. C’est donc a elle que vous devez adresser votre réclamation….. »
Mardi 30, Georges LOIRE (10 litres), Nestor CUGNIERE (20 litres), Maurice LHELLEZ (20 litres), Abel DEVILLERS (20 litres) et Hippolyte HULOT (15 litres), n’ont pas utilisé leur « bon provisoire de consommation » de carburant, qui était valable du 1er au 30 avril 1940

... A suivre ...

Camille


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 Sujet du message : Re: GURY ... 1939-1945 ...
MessagePublié : mar. avr. 15, 2014 21:53 pm 
Hors-ligne

Inscription : mar. déc. 04, 2007 10:15 am
Messages : 111
Bonsoir à tous,

Excusez-moi d'avoir tardé à poursuivre la petite chronique sur Gury, suite à des problèmes informatiques ...

Ce soir, nous passons à mai 1940 ... l'ennemi se rapproche ...

Mai
Mercredi 01, date d’effet du rationnement individuel en charbon.
Samedi 04, les entreprises GUINARD au Maire : « Nous vous accusons réception de votre lettre du 1 er courant et comme suite, nous vous remettons sous ce pli copie de la réponse que nous adressons à M. le Percepteur de LASSIGNY….. »
Mardi 07, à 20 heures 30, réunion du Conseil Municipal (absent : Marcel Robert, Nestor CUGNIERE (absent mais non mobilisé), Léandre/Albert BAUDHUIN et Albert DELNEF, Conseillers Municipaux sont absents car étant mobilisé).
- Vote pour l’adhésion au Fonds National de Compensation des Allocations Familiales : 30 francs pour le 3ème enfant (50 francs pour le 4ème enfant et chacun des suivants).
- Primes à la natalité (participation communale).
- Le Maire rend compte de l’admission qu’il a effectué d’urgence au bénéfice de l’Assistance Médicale Gratuite de Marie-Louise BELLANCOURT, veuve de Théodore DELNEF, laquelle en raison de son état, a du être admise, sur avis du docteur PUISSANT, à l’hôpital hospice de Compiègne. Prenant note de l’offre faite par Albert DELNEF, fils de l’assistée de contribuer pour une somme mensuelle de 100 francs aux frais d’hospitalisation. Le Conseil Municipal ratifie cette admission.
Le Préfet confirme son information du 17 avril 1940 : « ….. A ce sujet, je crois devoir attirer votre attention sur le fait que, parfois, des bonbons, gâteaux ou objets divers sont lancés avec les tracts… Je crois devoir vous souligner à nouveau l’importance de cette question, et si la collecte des tracts est opérée dans votre commune par les enfants des écoles, il conviendra de prendre toutes les précautions pour que ceux-ci ne ramassent pas en même temps des bonbons ou autres objets….. »
Vendredi 10, fin de « LA DRÔLE DE GUERRE », et début de « LA BATAILLE DE FRANCE ».
4 heures 50, bombardement sur Compiègne.
5 heures 35, l'offensive de l'Ouest est lancée - Pour lever l'hypothèque d'un second front en cas de conflit avec l'U.R.S.S., Adolf HITLER, après la conquête de la Pologne, se tourne vers l'Ouest, et son maillon faible, la France.
Invasion du Grand-Duché de Luxembourg.
- Offensive allemande à l’Ouest contre les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et la France. Brutalement, les Allemands attaquent la Belgique et les Pays-Bas. La 9ème Armée avance en Belgique, la 15ème D.I.M. rejoint la 1ère Armée vers Cambrai et contre-attaque victorieusement vers Gembloux en Belgique. L’Italie se joint à l’Allemagne.
Dimanche 12, les Allemands entrent en France par les Ardennes.
Après le dimanche 12, des rumeurs de la violation du Luxembourg et de la Belgique parviennent jusqu’ici malgré le manque total d’information.
Lundi 13, les pilotes français traquent les bombardiers allemands et des combats acharnés se déroulent.
Mardi 14, trois divisions blindées du général Heinz GUDERIAN percent le front français, ont traversé les Ardennes jugés infranchissables et percé le front de la 2ème Armée française à Sedan. Dès le début de l'offensive allemande, le nouveau chef du gouvernement prend des mesures désespérées pour éviter le désastre.
Les pilotes français traquent encore les bombardiers allemands et une fois encore des combats acharnés se déroulent.

... à suivre


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 Sujet du message : Re: GURY ... 1939-1945 ...
MessagePublié : mar. avr. 15, 2014 21:56 pm 
Hors-ligne

Inscription : mar. déc. 04, 2007 10:15 am
Messages : 111
... suite de mai 1940.

Mercredi 15, les forces allemandes combinent les attaques aériennes et celles des blindés enfoncent le front à Sedan ...
Jeudi 16, résultat des déclarations des superficies ensemencées en blé à Gury : 38 ha 62 de blés d’automne, 27 ha 07 de blés de printemps.
246 ha de terres labourables pour 17 cultivateurs :
BOUCAUX Léon, BRUNEL René, CUGNIERE-CENSIER, DEJOUY Paul, DELNEF Albert, DEVILLERS Abel, FREIN Gabriel, GOVAERT Cyrille, GUIZIOU Pierre, HULOT Hippolyte, LEBŒUF Marcel, LHELLEZ Léon , LHELLEZ Maurice, LOIRE Georges, PILLOT Pierre, ROBERT Gaétan et ROBERT Paul.
Les combats semblent tout proches. La rumeur grandit : les Allemands sont à Laon ! Il n'en faut pas plus. Les destructions de la Grande Guerre et l'occupation allemande sont dans tous les esprits. Des bruits éloignés de roulement de canon se répercutent soudainement dans le lointain nord-est. Le groupe de reconnaissance stationné à Gury a d’urgence été envoyé dans le Nord où dit-on les Allemands ont tenté une percée !… (Les Allemands sont dans le nord-est de l'Aisne atteignant Montcornet, Vervins et Hirson face à la 9ème Armée qui recule. La 6ème Armée, en réserve vers Dijon, arrive dans la région de Laon, puis va s'établir plus à l'est lorsque la 7ème Armée (Gal Frère) redescendue des Pays-Bas arrive en renfort sur l'Oise.)
Les esprits se tendent et s’inquiètent, les bruits les plus divers prennent rumeur ! On commence à traiter de paniquards ceux qui rapportent des bruits un peu osés.
Quoi qu’il en soit certain matin, il a été constaté à Lassigny, quelques militaires harassés et poussiéreux jettent dans le chef-lieu de canton une moto peu rassurante, inquiétant ainsi la population de Lassigny déjà en méfiance. Fernand BLONDEL questionne quelques-uns d’entre eux, et arrive à savoir qu’ils viennent de Belgique à pied disent-ils, ayant perdu leur unité, et les Allemands les ont pas mal bousculé là-bas !…
A son bureau à Lassigny, Fernand BLONDEL, apprend par son ingénieur que les évènements vont très mal et qu’il juge prudent d’aller mettre sa famille en sécurité, que les Allemands paraît-il seraient près de Laon !… ce fait semble se confirmer par l’arrivée rapide de DEDIEU, notaire de Lassigny, et mobilisé à La Fère, qui est venu évacuer sa famille… Notre secrétaire de Maire sollicite la permission au cas où les évènements s’aggraveraient de pouvoir mettre ses enfants en sécurité, tout en se refusant encore à croire autre chose qu’à une prudence exagérée de ses ultras prévoyants – Il lui est accordé ½ jour seulement pour ce faire, car l’ingénieur lui ordonne de rester à son poste ne sachant quand il rentrera !…
Dès 10 heures, se sont déjà des automobiles à plaque d’immatriculation belge couvertes de branchages qui stationnent à Lassigny, et disent avoir été mitraillé en route… Dans la journée les véhicules automobiles se succèdent rapidement sur la route de Noyon, et se dirigeant vers le Sud.
Vers midi, à Lassigny, c’est la panique, la vraie !… Des camions militaires passent, et chose bizarre, ils vont vers le Sud !…
Fernand BLONDEL remonte à Gury pour y prendre son repas, et maintenir le moral d’une équipe cantonnier qui bloque les rives du chemin de Gury à Roye-sur-Matz. Il trouve ceux-ci fort intrigués par les bruits de roulement de canon grondant au loin, et par les voitures de réfugiés qu’ils ont remarqués le midi en prenant leur repas à Roye-sur-Matz...
Le secrétaire de Mairie décide (par excès de prudence lui semble-t-il, mais par mesure de sécurité) de l’évacuation de ses 4 plus jeunes enfants en partance pour Auneuil.
Louis BOUCAUX, emmène dans l’après-midi, les 4 plus jeunes enfants à Auneuil accompagné de leur mère (institutrice à Gury), qui reviendra le jour même.
Le soir, à Lassigny les voitures automobiles et hippomobiles roulent vers le Sud a une cadence toujours plus accentuée… Il faut désormais convenir que là-haut cela ne va pas !…
De retour après son travail Fernand BLONDEL constate la débâcle, les réfugiés, une trentaine d’homme qui dit-on, logeraient dans les hangars des fermes LOIRE, et voisins, et se ravitaillent au débit LHELLEZ. Des camions militaires passent à Gury dont les occupants déclarent aller au repos !… l’un de ceux-ci excédé en guise de réponse fait mine de tirer son revolver de sa gaine pour faire reculer Fernand BLONDEL, et couper à cour la conversation (Rien n’explique de ce détachement à Gury, où officiellement, il n’a établi aucun cantonnement officiel de leur présence ).
Des évacués du duché de Luxembourg donnent des informations alarmantes. Ils fuient devant les troupes allemandes et les bombes de l'aviation qui progressent et les suivent de peu.
Pour Pierre PILLOT, cela signifie la défaite des nôtres, mais il ne pas y croire, et, assimile ces évacués à cette 2ème colonne qui par la suite sème le désordre dans l’armée en retraite et profite des colonnes interminables de civils pour encombrer les routes et paralyser les mouvements de replis de nos troupes. Cela fait partie du plan de l’Etat-Major hitlérien.
A 19 heures 15, le débit LHELLEZ est rempli d’hommes et de gradés attablés, ces derniers accaparent le téléphone. Maurice LHELLEZ paraît nettement anxieux de leur présence, et est visiblement débordé … Il souffle à l’oreille de Fernand BLONDEL que ces éléments lui paraissent quelque peu étranges. Les gradés ne semblant pas avoir une autorité suffisante sur les hommes. Fernand BLONDEL apprend par le plus élevé en grade, que venant du nord ces hommes ont été décimés de leur unité, et fatigué par une marche de retraite, qu’ils se restaurent avant d’aller se reposer dans les hangars du village. Mais Fernand BLONDEL fait remarquer que ces hommes sont surtout attablés devant des litres de boissons et que ceux qui se restaurent au sens propre du mot avec des victuailles sont peu nombreux. Ces hommes scrutent Fernand BLONDEL d’un coin de l’œil et semblent mal juger, et qu’ils jugent comme un importun. Mais ce dernier, tant pour la sécurité du débitant que pour le repos de la troupe décide d’y aller au culot et s’adressant au gradé lui déclare :
« Il est 7 heures 30, je m’intitule ici commandant de place, vous êtes ici sans aucun cantonnement officiel et entend qu’à 20 heures vos hommes (qui seront dès lors suffisamment ravitaillés) quittent les lieux sur votre ordre », visiblement gêné, il permet et Fernand BLONDEL, quitte le débit…
On apprend par l’institutrice Madeleine BLONDEL-CLAINQUART, (celle-ci est revenue après avoir mis en sécurité 4 de ses enfants) que du côté d’Auneuil les faits d’exodes sont nettement confirmés et que dans les environs de Creil et de Beauvais les voitures se dirigent vers le sud et les routes encombrées au point de s’embouteiller. Aucun doute n’est plus permis, et la mesure de sauvegarde qu’a prise Fernand BLONDEL vis à vis de ses 4 plus jeunes enfants était donc opportune.
20 heures, Fernand BLONDEL retourne au débit LHELLEZ, et y trouve son gradé attablé avec ses hommes !… Il se lève et lui offre un verre pour trinquer. Fernand BLONDEL refuse. Le débitant lui fait signe de l’approcher, c’est pour lui faire part qu’à la suite d’une conversation qu’il a eu avec le gradé, celui-ci a émis l’idée qu’il (Fernand BLONDEL) était suspect à ses yeux … Fernand BLONDEL en sait assez !… et rejoint dans la salle le gradé, et lui dit : « Je remarque que vous n’avez pas exécuté ma consigne, et que mes ordres restent inexécutés. J’entends que satisfaction me soit donné … » et fais observer que ce n’est pas en agissant comme il le fait qu’il pourra avoir le lendemain, au réveil des hommes dispos sur lesquels il pourra compter.
Il cède, la salle se vide. Ensemble Fernand BLONDEL et le miliaire quitte la salle les derniers, avec un sergent. Dehors, il en dit :
« Je vois que vous connaissez le métier, vous êtes en civil et je voudrais bien connaître votre grade. Cependant je tiens à vous faire remarquer vos erreurs. Vous m’appelez toujours mon adjudant, regardez d’un peu plus près ma manche… » Ceci dit en mettant à hauteur du visage du secrétaire de Mairie…
« Oui je vois, effectivement vous êtes sous-lieutenant. Je m’excuse du titre d’adjudant, mais c’est tout, l’affaire devait être réglée comme elle vient de l’être, et il vous reste désormais vous-même à aller vous reposer, après avoir jeté par sécurité un coup d’œil aux endroits où sont logés vos hommes.
Le gradé explique qu’il venait d’être nommé sous-lieutenant lors de la dernière promotion, commenta cette nomination, serrant la main de Fernand BLONDEL, sans rancune, prit congé, et le quitta, curieux de connaître le grade de notre secrétaire de Mairie. En s’éloignant, ce dernier l’assura qu’il n’avait, en l’occurrence, aucune espèce d’importance.
Heureux de voir l’affaire ainsi solutionnée pour tous gradé trop mou, sans directives militaire, telle est la conclusion de notre secrétaire de Mairie.
Vendredi 17, PETAIN est nommé vice-président du Conseil dans le gouvernement Paul REYNAUD.
Discours du Maréchal Philippe PETAIN : « FRANÇAIS !
A L'APPEL de Monsieur le Président de la République, j'assume à partir d'aujourd'hui la direction du Gouvernement de la France. Sûr de l'affection de notre admirable armée qui lutte, avec un héroïsme digne de ses longues traditions militaires, contre un ennemi supérieur en nombre et en armes. Sûr que, par sa magnifique résistance, elle a rempli nos devoirs vis-à-vis de nos alliés. Sûr de l'appui des Anciens Combattants que j'ai eu la fierté de commander, sûr de la confiance du peuple tout entier, je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur.
En ces heures douloureuses, je pense aux malheureux réfugiés qui, dans un dénuement extrême, sillonnent nos routes. Je leur exprime ma compassion et ma sollicitude. C'est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut tenter de cesser le combat.
Je me suis adressé cette nuit à l'adversaire pour lui demander s'il est prêt à rechercher avec nous, entre soldats, après la lutte et dans l'Honneur les moyens de mettre un terme aux hostilités.
Que tous les Français se groupent autour du Gouvernement que je préside pendant ces dures épreuves et fassent taire leur angoisse pour n'écouter que leur foi dans le destin de la Patrie. »
C’est un afflux véritable qui descend sur quatre rangs, les voitures hippomobiles chevauchent même sur les trottoirs dans Lassigny en direction de Noyon. Ce flot humain qui défile est impossible à décrire.
Fernand BLONDEL est recruté pour renforcer la Gendarmerie du Chef-lieu de canton, dans leur service d’ordre. La mission est de diriger les convois civils sur Ressons-sur-Matz, et de bifurquer sur Compiègne.
14 heures, l’aviation allemande mitraille sur Compiègne.
Le soir, Pierre PILLOT, Maire de Gury semble inquiet sur le devenir des archives de la commune en cas d’évacuation ; et qu’il faudrait les mettre en sécurité, et que la ville de Nesle a vécu officiellement l’ordre d’évacuer. Fernand BLONDEL suggère de mettre les archives dans un quelconque caveau du cimetière (Registres d’Etat-Civil, matrice et documents cadastraux, et papiers importants). Pierre PILLOT est peu enthousiasmé de cette proposition, et préfère provoquer une décision administrative.
Réquisition de viande abattue d’un taureau de 500kg chez Pierre PILLOT (13 francs le kg), par le 355ème Régiment d’Artillerie Auto (13ème Région).
18 heures 45, Pierre PILLOT, et son secrétaire de Mairie (Fernand BLONDEL) obtiennent la communication avec la Préfecture. Le Préfet est absent et doivent converser avec le Secrétaire Général, qui leur dit qu’ils doivent garder leurs archives… Rassurer la population … qu’elle ne quitte pas la commune … et maintenez leur surtout un bon moral !…, réponse qui révèle l’insouciance et choque le secrétaire de Mairie, qui répond aussitôt : « Monsieur le Secrétaire Général, c’est très aisé de nous inciter ainsi à maintenir le bon moral de notre population, mais cette population reste former actuellement l’élément de tête de votre Département avec laquelle vous pouvez encore avoir contact … Et puis c’est bien difficile de tenir un tel langage quand cette même population voit déferler comme aujourd’hui des officiers mêlés à la foule des réfugiés qui déclarent avoir perdu leurs hommes et sont peu passionnés sur la sécurité des régions qu’ils représentent. Quand toutes les communes environnantes elles-mêmes ont évacuée. Quant Nesle elle-même a reçu l’ordre d’évacuer ?… Je crains fort n’obtenir qu’un bien piètre résultat car mes paroles ne trouvent aucun exemple susceptible de rassurer la population inquiète à juste titre devant de tels évènements emprunts de mauvais augure… »
Le secrétaire Général maintient cependant ses dires en allongeant qui si Nesle est évacuée c’est pour des raisons militaires qui sont propre à cette ville, et que rien ne justifie les appréhensions de nos populations et qu’en ce qui concerne les archives nous n’avons qu’à les conserver …
Immédiatement des conversations se greffent dans le fil, croyant avoir été coupé par des standardistes, Fernand BLONDEL proteste, mais on le reprend ainsi.
« Monsieur BLONDEL, vous avez dit à monsieur le Préfet tout ce qu’il convenait de dire – Le Receveur des Postes nous avez branché volontairement à l’écoute, sur votre importante communication, car ce que vous demandez pour Gury nous intéressait tous !… il s’agissait des collègues de Lassigny (aussi les archives de Lassigny étaient donc toujours là, contrairement à ce qu’il avait été dit le matin à Fernand BLONDEL dans le Chef-lieu de canton) »
Le Receveur des Postes lui-même à cet instant, nous l’entendons, attaqué le Préfet pour la sécurité de ses fonds et ceux du Percepteur de Lassigny – La réponse est identique :
« Rassurez-vous et … gardez vos fonds aucun danger n’existe actuellement pour vous … »
Cette réponse crée un nouveau malaise tant la situation nous paraît confuse, et chacun de raccrocher …..
Samedi 18, pour la journée, c’est la canicule. Il fait chaud, très chaud et une ambiance de lourdeur.
Début des bombardements sur Roye (Somme).
Vers 3 heures du matin, la population de Plessier-de-Roye évacue en passant par Gury, … voitures hippomobiles, automobiles, et bon nombre d’attelages … voitures chargées de linges, quelques meubles sommaires, paquets etc.…
« Qu’il y a-t-il encore de nouveau » demande Fernand BLONDEL au Maire de Plessier-de-Roye.
« Rien, mais nous partons. » C’est toujours cette réponse laconique et troublante !… Que font toujours ceux qui s’en vont à ceux qui restent, comme pour cacher un événement qu’il ne faut pas ébruiter.
L’heure d’ouverture des Ponts et Chaussées, Fernand BLONDEL fait un tour au chantier de la route départementale n°27, route de Roye-sur-Matz, peut-être que ses cantonniers lui apprendront ils du nouveau.
Sur le chantier, il n’y a personne !… Seul un auxiliaire qui arrive peu après de Boulogne-la-Grasse, qui lui apprend qu’un artilleur est passé ce coucher chez lui cette nuit, et qu’il avait laissé son canon devant la porte… (Chose inouïe qui ne s’est jamais vue !…)
A Lassigny, quel contraste !… Hier un flot de réfugiés si dense et compact, aujourd’hui on trouve une ville morte, sans âme qui vie… sauf la Gendarmerie et le bureau de Poste. C’est à ce dernier que Fernand BLONDEL arrive à obtenir l’enveloppe des paies des cantonniers, qui tient a tout pris à leur remettre (52 cantonniers de Lassigny et de Maignelay) en l’absence de monsieur DAVID, agent voyer.
La débâcle, une trentaine de réfugié qui dit-on, logerait dans les hangars des fermes LOIRE, et voisines, et se ravitaillent au débit LHELLEZ. Des camions militaires venant du nord passent, de ce détachement à Gury où officiellement elle n’a établi aucun cantonnement officiel, décide de se reposer dans les hangars du village. Le débit LHELLEZ est rempli d’hommes et de gradés accaparent le téléphone.
16 heures 30, Fernand BLONDEL, à Plessier-de-Roye (il reste 4 habitants dans ce village) voit arriver Pierre PILLOT, qui vient s’enquérir des nouvelles de la situation, Son secrétaire de Mairie, Fernand BLONDEL lui signale que nous n’avons toujours pas d’avis officiel d’évacuation, mais que selon les gendarmes, ce semblerait éminent, et que des réserves sont à faire. En effet Gury reste actuellement la seule commune qui n’a pas évacué. Si nous remontons ce renseignement à Gury, ce sera la fuite éperdue de la population anxieuse.
Pierre PILLOT, fait monter Fernand BLONDEL et le ramène à Gury, qui est vite atteint. Ce dernier griffonne rapidement une enveloppe au nom de monsieur AUBRY, chef cantonnier à Maignelay, ainsi qu’une lettre énumérant le contenu de l’envoi, et une bicyclette en route pour Lassigny, poster le pli.
17 heures 30, en passant par Plessier-de-Roye, Fernand BLONDEL (entre le bois de Gury et le carrefour de Plessier-de-Roye) voit dans le ciel sillonnent plusieurs avions allemands et semblent chercher quelque chose. Plusieurs fois il pense se mettre au fossé, mais…, ne perdant pas de temps, il file vers Gury…Dans la commune, monsieur et madame LE BRETON, accueillent notre cycliste, ils sont en état de choc, et veulent garder Fernand BLONDEL dans leur cave, car ils ont aussi que ce dernier se fasse tué lors de sa descente vers Lassigny… Peine perdue, Fernand BLONDEL reprend son vélo, et poursuit son chemin…
17 heures 45, des détonations massives se font entendre … de gros bouillons noirs de fumée s’élèvent de la direction de Fresnières ; les avions en l’air tournoient toujours; c’est le premier bombardement. Il sera bref. Fernand BLONDEL dépose à la Poste son courrier.
17 heures 50, Fernand BLONDEL prends le courrier de Gury à la Poste de Lassigny qui allait fermer, car il n’y a plus de facteur, les lettres sont rares, et les journaux agricoles du samedi font partis de ce courrier. Le Receveur ne lui garantit pas la livraison. Des avions survolent, tournent et se déploient en éventail autour de Lassigny, Fernand BLONDEL l’instituteur et l’institutrice de Lassigny se mettent à l’abri des regards ennemis sous les préaux des écoles.
18 heures 15, Maurice BONNIN, vient demander un laisser passer pour voyager à Paris avec son fils, auprès du secrétaire de Mairie qu’il incite à ne plus compter sur l’obtention d’une telle pièce puisque la poste n’assure plus son concours et qu’un visa de Compiègne est nécessaire.
A la Mairie, notre secrétaire ouvre le courrier… Toujours aucun ordre précis s’adaptant aux circonstances bien particulières du moment, rarement connues par un chef cantonnier – Ainsi tout est bien, il ne sera pas en dessous de sa tâche !… Il remarque toutefois (et il n’est pas dupe du fait, que les plis ne sont plus signés ni pas l’ingénieur d’Arrondissement, ni par son chef de bureau) mais par un agent de bureau dont la signature jusqu’alors ne lui était pas connue !…
Le bombardement de Fresnières-Amy l’incite cependant à prudence. Il ne veut pas dormir à la cave, on n’entend rien, mais il lui paraît que ce soir, mieux vaudra ce coucher au rez-de-chaussée que de rester au premier étage. Un matelas étendu dans la salle à manger sera donc leur lit de cette nuit. Une collation sommaire de bonne heure.
Appelé à la vice-présidence du Conseil le prestigieux vainqueur de Verdun, le maréchal Philippe PETAIN (84 ans), qui exerçait à Madrid les fonctions d'ambassadeur.
20 heures, à la radio (B.B.C.), la voix du Général De GAULLE qui a rallié Londres la veille : « ... Rien n'est perdu pour la France .... La France n'est pas seule ... Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale.»
Bombardement sur Compiègne.
La nuit du samedi 18 au dimanche 19 dès le lever du jour on entend des bombardements aériens du coté de Ressons-sur-Matz. Ce matin, a été d’un calme relatif, on entend des passages de troupes en camions, ces troupes semblent venir de « la Montagne » et vont sur Mareuil ; la voix des soldats tranche dans le bruit des moteurs : « ... Ca canardait dru, au bord du canal, on nous les avait dit à 8 km, et ils étaient là tout à côté. Tu parles les coups de mitrailleuses !… ça crachait dru !… »
Le canal, les coups de mitrailleuse c’était suffisant, aucun doute n’était plus permis sur l’approche ennemie. Et nous ne devrons nous replier que sur ordre…
Dimanche 19, l'aéronavale envoie 20 avions à l'assaut des troupes allemandes. La Flak abat un avion sur deux, mais les Allemands sont arrêtés ...
Bombardements sur Roye (Somme).
Tandis que la guerre bat son plein, Paul REYNAUD nomme à la tête des armées Maxime WEYGAND (73 ans). L'ancien adjoint du maréchal FOCH est rappelé en catastrophe de Damas où il commandait les forces françaises d'Orient en remplacement de l'incapable GAMELIN.
5 heures 20, bombardement sur Compiègne (Clairoix).
7 heures 30, bombardement vers Compiègne et vers Gournay-sur-Aronde (Estrées-Saint-Denis, Jaux, Longueil-Sainte-Marie)
Au matin (vers 8 heures) à l’ouverture de la cabine téléphonique de Gury, Fernand BLONDEL tente de contacter ses collègues de Maignelay, on lui répond que toutes les communications civiles sont interdites désormais. Il n’espère plus avoir d’ordres, ni de conseils, ni de secours des autorités supérieurs. Il doit donc en bonne science établir ses liaisons.
Ainsi, il serait renseigné tant sur la situation du personnel de Maignelay que sur le sort de la camionnette que cette subdivision détenait.
Un autre appel, et toujours la même réponse … Serions-nous zone d’opérations pense-t-il ?… Mais sans perdre son sang-froid, il déclare être le chef de détachement commandant à Gury, une section des Ponts et Chaussées, et c’est à ce titre militaire qu’il entend obtenir le 14 à Maignelay (Ponts et Chaussées) pour une mission urgente, et insiste sur son titre de chef de détachement, a dû porter, car on lui permet la communication. Puis il demande au même titre la Direction des Commissions Directes de Beauvais (où il pense faire une liaison pour avoir des nouvelles et en donner à ses enfants)
La combinaison marche à merveille, les postiers (civils ou militaires, on ne sait ?) y obtempèrent, et il attend les communications en table d’écoute. Pierre PILLOT le rejoint, son visage est fermé, et ensemble, pessimistes et discrets sur la situation qu’ils concluent fort mauvaise. Le Maire signale à Fernand BLONDEL, qu’une personne l’attend chez lui (sans dire qui). C’est bien ennuyeux, car notre secrétaire de Mairie attend une communication inespérée qu’il ne pourra peut-être plus avoir ensuite. On insiste fortement ! De qui peut-il s’agir ? Enfin, il charge Pierre PILLOT d’attendre et de prendre les communications qu’il désire, et de provoquer les renseignements qu’il lui a consignés, et retourne à toutes jambes à son domicile sous le sourire du Maire à l’égard de son esprit de ruse.… Au logement de l’institutrice notre secrétaire y trouve son chef l’Ingénieur des Ponts et Chaussée, monsieur DAVID, de Lassigny qui est revenu pour aider à l’évacuation des cantonniers restant en cas de nécessité. Fernand BLONDEL, ne l’attendait plus… Oh ! Celle-là il n’en revenait pas ! Monsieur DAVID explique que sur ordre de l’ingénieur en chef, il revient à son poste…Fernand BLONDEL ne se prend pas en détail et lui explique que justement il ne s’attarde pas car étant jugé sans chef, il avait pris toutes ses responsabilités, et étaient justement en liaison téléphonique avec Maignelay pour faire monter lundi matin la camionnette de Maignelay à Gury sur le chantier de la route départementale n°27, tant pour le travail en cours que pour aider l’évacuation des cantonniers restant en cas de nécessité.
Notre secrétaire de Mairie ne s’attendait pas sur les échanges de vues qui eurent lieu sur cette question sur laquelle ils étaient très partagés. Son but était d’organiser l’évacuation par camionnette du personnel celui de l’ingénieur était d’utiliser la camionnette pour l’évacuation du matériel (sans personnel) en laissant à ce dernier le soin de s’en arranger chacun pour soi. Bref, il reprenait son activité, et rentrant passé par Maignelay y avait donné lui dit-il ses consignes en conséquence. Le rôle de Fernand BLONDEL, était éphémèrement achevé. Il lui remit tout le courrier le chargeant de l’étudier et d’y donner les réponses qu’il comptait expliquant les décisions qu’en son absence, sa conscience lui avait dictée dans certaines réalisations. L’ingénieur lui demanda de vouloir bien descendre l’après-midi pour classer les archives, que notre secrétaire déclina, que ayant fait largement son service dans la semaine précédente où il était absent, et qu’il restait uniquement le dimanche pour cacher ses fatigues, et qu’il entendait le mettre à profit pour se reposer. L’ingénieur n’entendait pas se coucher chez lui, ne trouvant pas Lassigny suffisamment sur. Fernand BLONDEL lui donc un lit à Gury, qu’il lui promit d’occuper le soir.
9 heures 55 à 10 heures 12, bombardement sur Compiègne.
10 heures 30, une patrouille de chasseurs français intercepte une formation d'avions allemands de HEINKEL 111 qui allaient bombarder la voie ferrée Creil-Compiègne. La patrouille française abat un HEINKEL qui tombe à Thiescourt au lieu-dit "Le chemin vert" .
11 heures, bombardement sur Compiègne.
13 heures 45, bombardement sur Compiègne.
17 heures 10, bombardement sur Compiègne (Choisy-au-Bac).
17 heures 27, bombardement sur Compiègne.
18 heures 15, bombardement sur Compiègne.
Dans la nuit, on entend dans le lointain des bombardements aériens.

... à suivre


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 Sujet du message : Re: GURY ... 1939-1945 ...
MessagePublié : mar. avr. 15, 2014 21:59 pm 
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Inscription : mar. déc. 04, 2007 10:15 am
Messages : 111
... suite mai 1940.

Lundi 20, jour d’été chaud et clair.
Bombardements sur Roye (Somme).
5 heures 30, bombardement sur Compiègne.
Au matin, non loin de Gury, un capitaine de génie, attend ses soldats qui doivent lui parvenir de Compiègne, en provenance de toutes armées et avec lesquels il doit reformer un groupe hétérogène.
Entre 8 heures et 9 heures, passage d’avions français, qui viennent de bombarder Péronne et Ham …
9 heures 15, bombardement sur Compiègne.
10 heures 02, bombardement sur Compiègne.
14 heures 45, bombardement sur Compiègne.
16 heures 22, bombardement sur Compiègne.
L’après-midi, une file d’autocars parisiens stationnent sur la route départementale n° 78, près de Lassigny (de l’autre coté de l’accotement des brouettes gisaient vides et bouleversées) jusqu’à la place du monument de Lassigny. Ils se trouve qu’ils ont été envoyé par le Gouvernement militaire de Paris pour charger les réfugiés qui évacuent à pied … une rumeur fantaisie dit qu’il a été vu un tank allemand qui aurait emprunté le chemin vicinal du Plessier (l’avenir nous dira qu’elle était cependant fondée).
Fernand BLONDEL décide de rejoindre Gury puisqu’il n’a rien vu et appris de sensationnel… Sur le chemin du retour, sur le pont de la Divette, il voit un groupe de soldats occupés à piocher dans la chaussée. Il apprendra que c’est l’installation d’une barrière anti-char… Tout cela joint aux visions de tank allemand, devient réellement troublant…
Au carrefour de Gury un groupe de génie pose sur la route nationale n° 38 (aujourd’hui R.D.938) aux environs de Canny-sur-Matz des pièges pour faire sauter les tanks. Le rôle de Fernand BLONDEL désormais, est de retourner à Gury. En chemin, au carrefour de la route de Roye-sur-Matz (R.D.27), un Lieutenant-Colonel, carte d’état-major en main qui a monté sur le terre-plein de la propriété veuve ODEMPS-PILLOT discute très ardemment avec trois ou quatre officiers. Fernand BLONDEL descend de bicyclette leur conversation peut lui apprendre quelques chose de saillant. Mais désirant conserver à ses directives toute la discrétion qui s’impose, le Lieutenant-Colonel entraîne dans la cour de la propriété ODEMPS visiblement dans le but de faire son exposé en tout secret à moins que les avions allemands qui naviguent ne leurs donnent quelques inquiétudes de repérage. Plus loin une activité inaccoutumée existe près de la place de la Mairie. Des camions semblent pénétrer délibérément dans la cour de l’école, deux camions citernes pleins d’essence sont déjà sous les tilleuls feuillus. Un jeune Lieutenant donne ses ordres aux chauffeurs, fait part aux chauffeurs qu’y en déduis que bon nombre de camions vont venir là y faire leur plein d’essence. Fernand BLONDEL, considère, si ce manège est repéré par les avions, à ne pas douter les citernes vont être bombardées et l’école sera lors un beau feu d’artifice.
S’adressant au Lieutenant, Fernand BLONDEL lui dit : « Vous n’y pensez pas … Faire cette distribution en plein village alors que les avions survolent … Vous voulez donc mettre le feu au pays … »
Le Lieutenant lui demande : « Où voulez que j’aille, je ne connais pas le coin et ici les arbres masquent les citernes. »
Fernand BLONDEL rétorque : « Oui, mais ils ne masqueront pas le va et vient des camions qui vont entrer et sortir. Vous ne connaissez pas le pays dites-vous, mais mieux pour diriger les citernes vers la cavées encaissées et camouflées où vous pourrez opérer avec autant de sécurité sans menacer celle du village »
Le Lieutenant a très bien compris le raisonnement, plein de bon sens, tout aussitôt il donne ses ordres et les citernes partent vers la direction proposée.
Quelques instant après, en effet défila un groupe d’une trentaine de camions tous plus ou moins chargés de soldats. Chacun stoppe sur la place et un officier donne aux hommes quelques cartouches. Ces hommes sont tous des plus mal chaussé. On entend l’un d’eux qui proteste : « Mon lieutenant, vous nous envoyez là avec cinq cartouches que voulez-vous que l’on fasse avec si peu !… »
Le Lieutenant : « Allez, partez, vous ferez ce que vous pourrez !… ». Ces hommes sont probablement dirigés vers un point de contact pas très éloigné et qu’une escarmouche semble assez proche si toutefois il doit y avoir.
En entrant chez lui, Fernand BLONDEL met sa femme au courant des observations qu’il a faits des renseignements qu’il a pu recueillir.
Depuis plusieurs jours, les habitants avaient pu organiser hypothétiquement leur évacuation préparer leurs affaires indispensables à emporter. Pour Fernand BLONDEL, il n’a encore rien fait. Optimiste, jusqu’à la dernière heure, il ne pense pas arriver à cette perceptive. Mais il faut désormais prendre les pires dispositions. Seul du village Pierre PILLOT a proposé de le prendre en charge sur une de ses voitures le linge qui est indispensable tant pour notre secrétaire de Maire que pour la famille de ce dernier. Fernand BLONDEL garni une malle, une simple malle de ce qui juge le plus précieux – argenterie, draps. Une cantine qui devait remplacer le siège arrière de sa voiture, était déjà garnie de linge.
Déjà certains ont quitté Gury, VIGNOLLE, BOUCAUX et BAUDHUIN sont partis. Bien des gens questionnent le secrétaire de Mairie, jusqu’alors, il leur faisait fait que quel que soit la situation, il gardait confiance dans les évènements. Aujourd’hui il ne pouvait plus rien cacher de la gravité du moment – et leur indiquait que sans rien précipiter, ils devaient néanmoins se tenir prêts au départ. Rentré chez lui, attendant les évènements.
On sait de par la troupe qui se trouve à Gury que les tanks allemands ne sont pas loin.
Un officier entre sans frapper dans le logement de la famille BLONDEL, il est fort probable qu’il s’attendait à trouver la maison inhabitée. En voyant Fernand BLONDEL, il a le mouvement de surprise bien significatif, et lui demande (est-ce pour se donner une contenance ?…) si il ne dispose pas d’une carte de la région. Notre secrétaire de Mairie en avait justement accroché dans la salle à manger, une grande carte murale de l’Oise. Il le suit dans le mouvement de son étude, son regard scrute et son index tombe sur Chauny. Il ne dit plus un mot. Il semble repartir et dès lors Fernand BLONDEL essaie de lui poser quelques questions, sans résultat aucun. Il lui laisse cependant entrevoir que les chars allemands ont été signalés mais que les nôtres vont les repousser, il s’attend même dit-il à un combat de chars incessant et pour vous mettre à l’abri je vous conseille de vous mettre à la cave dès les premiers tirs si vous en avez une … Et il repart.
Les instants ont succédé aux instants et la journée s’allonge. Fernand BLONDEL collationne, car il n’a plus goût à préparer les repas. Dans cette tension des nerfs ont toujours avide de renseignements nouveaux. Sa femme se couche de bonne heure, pour permettre à leur fils aîné Pierre (le seul enfant qu’ils ont gardé) de se reposer. De son côté notre secrétaire de Mairie décide d’aller encore dans le village en quête de tout élément nouveau. Bien des faux bruits sont à éliminer, mais en comparant les uns et les autres, on arrive souvent à tirer des déductions à peu près saines. En tous cas nous sommes bien seuls avec la troupe car on ne voit plus aucun civil sur les routes. Avant de se coucher, il se décide d’attaquer le bureau de Poste de Lassigny s’il y a quelque chose de nouveau à cette heure, il aimera peut-être quelques renseignements si le Receveur est toujours là.
Au téléphone, Fernand BLONDEL apprend qu’à Lassigny au bureau de Poste, le Receveur n’est plus, c’est un de ses employés, qui signifie que les communications actuelles sont d’un rayon très limité et en tout cas elles ne dépassent plus Noyon. La Poste n’a encore aucun ordre officiel d’évacuer. L’employé à la complaisance de dire à Fernand BLONDEL :
« Ne quittez pas je vais vous brancher, vous pourrez donc entendre ce que vous pouvez. Des bribes de conversations assez mitées d’abord, mais, soudain il surprend beaucoup plus nette cette conversation forte édifiante :
« … Et vos hommes ou les avez-vous dirigés ?… »
« … Je les ai dirigés sur Ham comme vous me l’avez prescrit mon général … »
« … Sur Ham dites-vous, mais êtes-vous bien sûr que Ham ne soit pas Allemand ?… »
« … Je l’ignore, mon général, mais j’ai exécuté les ordres que vous m’aviez donnés !… »
« … C’est possible, mais je l’ignorais lorsque je les ai donnés et on m’annonçait il y a quelques instants qu’Ham est aux mains des Allemands. Renseignez-vous de suite sur ces éléments … »
Puis la cacophonie reprend, mais c’est suffisant. A ce même instant la porte du débit LHELLEZ s’ouvre et aussitôt une voix demande en criant :
« Monsieur BLONDEL n’est-il pas là ?… »
Maurice LHELLEZ répond :
« Si,… tenez il est justement au téléphone… »
Sans plus attendre, Fernand BLONDEL entend son ingénieur, monsieur DAVID (car c’est lui) qui lui cri :
« …Monsieur BLONDEL, nous partons, ne restez plus, l’Etat-major français qui s’était installé cet après-midi à Ressons-sur-Matz, vient de signifier pour se replier de toute urgence. Je vous donne l’ordre de partir et je pars également… »
« … Attendez… Nous allons savoir quoi. Je vais attaquer Ressons » dit Fernand BLONDEL.
A titre militaire ( !) Fernand BLONDEL demande mince de toupet l’Etat-major de Ressons-sur-Matz – car il a pour principe de tout suspecter, et de tout contrôler chaque fois que la chose est possible. Mais déjà son interlocuteur (Monsieur DAVID) qui n’était pas entré a refermé la Porte ne voulant pas sans doute en savoir davantage.
Notre secrétaire ne quitte pas le fil car il désire savoir – la réponse qui lui est donnée par la postière de Ressons-sur-Matz est laconique :
« Monsieur, … un Etat-major s’était bien installé cet après-midi à Ressons, mais a eu tout à l’heure l’ordre de se replier – il n’y a plus personne actuellement… non plus qu’aucun élément militaire… »
« … Où donc sont-ils ?… »
« … Ils ont quittés précipitamment sans rien dire à personne… »
Le fait est donc contrôlé et exact, notre secrétaire de Mairie entend dans le téléphone les postiers de Lassigny qui déclarent entre eux ne plus attendre davantage et qu’ils s’en vont… Fernand BLONDEL raccroche !
Fernand BLONDEL en fait part à PILLOT Pierre, Maire, et LHELLEZ Maurice son Adjoint, du résultat de ses conversations – et aussitôt pensant que son ingénieur l’attend dehors, car s’il lui a donné l’ordre de partir, il a oublié de lui dire à quel point ou dans quel endroit il doit le rejoindre. Mais dehors plus personne, sa voiture déjà est partie.
Rentré au débit, il fait part au Maire et à l’Adjoint qu’affecté spécial il lui faut exécuter l’ordre reçu, et qu’il doit partir, et rejoindre Beauvais (pour en l’absence d’instructions détaillés sur le lieu de repli) provoqué près de l’ingénieur en chef.
Pierre PILLOT, et Maurice LHELLEZ décident comme conséquence de prendre sur eux de provoquer le départ des habitants de Gury qui pendant plusieurs jours est restée la commune habitée tête de département.
Fernand BLONDEL réveille son épouse, et leur fils, et peu de temps après, en auto tous phares éteints, c’est en pleine nuit la route de Beauvais qu’ils empruntent en cette soirée de Mai.
La population de Gury, elle aussi va connaître les affres de l’évacuation, la vie errante de nomades pourchassés.
Première évacuation, les habitants entassent dans leurs charrettes de moisson l'indispensable pour les besoins et, un voyage, exode totalement imprévu dont ils ignorent totalement le déroulement.
La famille BRUNEL-DUQUESNOY a pour tout attelage, un cheval et une voiture, ils ont avec eux, une dame qu'un soldat avait amené avec lui et laissé à la garde de René BRUNEL, la petite Ne... BRUNEL, ne voulant pas se séparer de sa petite chèvre, fait alors le voyage à pied.
Dans cette nuit se situe dans cette perspective du complet inconnu.
Pierre PILLOT et sa famille entasse dans leurs charrettes de moisson l’indispensable pour les besoins et, un voyage exode totalement imprévu dont ils ignorent complètement le déroulement. Ses beaux-parents et sa belle-sœur Mariette DEVILLERS-LOIRE préparent aussi leur départ.
Le Maire a auparavant, utilisant la petite auto pour laquelle il a prévu quelques bidons d’essence, ramenés de Lassigny le frère de sa belle-mère et son épouse Hector CUGNIERE. Ses beaux-parents les prirent en charge en utilisant une voiture à ressort couverte à laquelle, Pierre PILLOT attèle un de ses chevaux ce qui leur a permis à tous de suivre sans trop de fatigue, le jour suivant le convoi.
Pour ménager sa petite réserve d’essence et rester toujours en contact avec ses attelages, Pierre PILLOT amarre derrière la charrette sa voiture hippomobile, le petit coupé RENAULT qui sert ainsi de berceau à son dernier né, et sa sœur Irène ODEMPS-PILLOT qui veillait sur lui comme une nourrice.
Son épouse Raymond PILLOT-LOIRE ayant pris la conduite d’un attelage en plus de celui que conduit leur jeune charretier Jean POINTIN, qui a voulu partir avec eux.
Le Maire pilote l’auto qui dépend de l’allure des chevaux nécessitant une attention constante de freinage.
Une partie du village s’est jointe à ce convoi, la famille LOIRE-GOVAERT, les familles LHELLEZ, BRUNEL, GOVAERT-CUGNIERE et plusieurs autres familles.
Ce petit convoi arrive à Bulles (près de Saint-Just-en-Chaussée). Il campe dans la ferme de Victor GOVAERT (qui avait quitté Gury 2 ans auparavant).
Les avions allemands ont déjà fait leur apparition et lancé des bombes, le groupe d'habitant avance avec prudence.
Quelques membres du convoi quittent pour d'autres directions.
Discours du maréchal PETAIN, Voici le texte du discours radiodiffusé, prononcé par le maréchal PETAIN ce jour, pour annoncer la défaite aux Français et les informer de la signature prochaine d'un armistice. Au-delà de son caractère purement informatif et des explications techniques des raisons de la défaite, il porte en germe quelques-uns des fondements de la Révolution Nationale : rejet de "l'esprit de jouissance", redressement de la Patrie, etc. : « Français, J’ai demandé à nos adversaires de mettre fin aux hostilités. Le gouvernement a désigné mercredi les plénipotentiaires chargés de recueillir leurs conditions.
J’ai pris cette décision, dure au cœur d'un soldat, parce que la situation militaire l'imposait. Nous espérions résister sur la ligne de de la Somme et de l'Aisne. Le général Weygand avait regroupé nos forces. Son nom seul présageait la victoire. Pourtant la ligne a cédé et la pression ennemie a contraint nos troupes à la retraite.
Dès le 13 juin, la demande d'armistice était inévitable. Cet échec surprit. Vous souvenant de 1914 et de 1918, vous en cherchez les raisons. Je vais vous les dire.
Le 1er mai 1917, nous avions encore 3.280.000 hommes aux armées malgré trois ans de combats meurtriers. A la veille de la bataille actuelle, nous en avions 500.000 de moins. En mai 1918, nous avions 85 divisions britanniques ; en mai 1940, il n'y en avait que 10. En 1918, nous avions avec nous les 58 divisions italiennes et les 42 divisions américaines.
L’infériorité de notre matériel a été plus grande encore que celle de nos effectifs. L'aviation française a livré à un contre six ses combats.
Moins forts qu'il y a vingt-deux ans, nous avions aussi moins d'amis.
Trop peu d'enfants, trop peu d'armes, trop peu d'alliés, voilà les causes de notre défaite.
Le peuple français ne conteste pas ses échecs. Tous les peuples ont. connu tour à tour des succès et des revers. C'est par la manière dont i1s réagissent qu'ils se montrent faibles ou grands.
Nous tirerons la leçon des batailles perdues. Depuis la victoire, l'esprit de jouissance l'a emporté sur l'esprit de sacrifice. On a revendiqué plus qu'on a servi. On a voulu épargner l'effort ; on rencontre aujourd'hui le malheur.
J'ai été avec vous dans les jours glorieux. Chef du gouvernement, je suis et resterai avec vous dans les jours sombres. Soyez à mes côtés. Le combat reste le même. Il s'agit de la France, de son sol, de ses fils. »
En soirée, les Allemands entrent dans Abbeville et prennent en tenaille les armées franco-anglaises qui s'étaient imprudemment engouffrées dans la nasse belge.
Avant 17 heures , l’avance allemande semble se poursuivre à l’intérieur de nos frontières, aussi la mission est donné à l’escadrille de l’AB 1, de détruire le pont d’Origny à Saint-Quentin pour ralentir l’avance des chars ennemis.
Toute l’escadrille AB 1 est engagée dans cette affaire avec le renfort d’une autre escadrille de bombardiers en piqué LOIRE 50, commandée par le L.V. LORENZI, basée à Berck.
L’escadrille AB 1 décolle au complet de Boulogne et faisons route vers Berck où elle est rejointe à une certaine distance par l’escadrille LORENZI. Nous prenons la route de Saint-Quentin en suivant à peu près le cours de la Somme.
A mesure que les escadrilles françaises avancent la guerre se révèle peu à peu.
La visibilité est excellente, le plafond est continu mais élevé. Nos deux escadrilles passent au Nord d’Abbeville. Il leurs semblent que l’activité des combats se déroule en avant vers la gauche, où par place des fumées d’incendies montent jusqu’au plafond.
Nos escadrilles françaises croisent en oblique une escadrille de HEINKEL 111, volant à une altitude voisine de celle des français et un peu en dessous de ses derniers. Quelle envie de les attaquer, mais chacun va à sa mission. On aperçoit peu après l’escadrille allemande peu après bombarder Amiens.
Sur la gauche des escadrilles françaises et assez loin, elles aperçoivent une formation de chasse en patrouille, mais Gaston LEVEILLÉ n’identifie pas leur nationalité.
Puis vers Péronne une fumée importante monte du sol jusqu’au plafond, Gaston LEVEILLÉ perds de vue le reste de l’escadrille, mais il continue au même cap. A la sortie des nuages il ne retrouve pas l’escadrille mais aperçoit au bout d’un certain temps l’objectif, le Pont d’Origny, qu’il attaque en semi-piqué, mais il ne voit pas d’impact de bombe.
Il est vrai qu’un bombardement est bien plus visible d’en bas que d’en haut; il ne reste pas à contempler la scène, bien qu’il estime que la D.C.A. est assez peu dense, la circulation semble importante sur la route dans le prolongement du pont.
17 heures 38, bombardement sur Compiègne.
Vers 18 heures, Gaston LEVEILLÉ et son équipier Roger LAFON, font route pour regagner Boulogne, en montant pour voler au ras des nuages; il oblique vers le Sud pour survoler les lignes amies. Bien mal lui en a pris.
Il est attaqué par surprise par des chasseurs (MESSERSCHMITT 109) qu’il n’a pas vu venir, son aileron droit vole en éclats, il tient pourtant sa ligne de vol mais reste très handicapé pour éviter les attaques « des anges ».
A chaque passe il voit le tableau de bord se trouer par les balles. Il pique à grande vitesse, les chasseurs ne le lâchent pas. Son équipier Roger LAFON le prévient qu’un réservoir est troué et qu’il est en feu; sans hésitation il se présente pour se poser sur le ventre dans une prairie bordée d’arbres mais assez dégagée (en plaine à Canny-sur-Matz aux lieudits "La Cognée" et "Le Champ Gamin", vers la route de Plessier-de-Roye). Roger LAFON semble être indemne, il sourit; en fin de palier Gaston LEVEILLÉ largue sa ceinture et saute à terre, au même moment il est abattu par une ultime passe de la chasse.
Gaston LEVEILLÉ est touché aux bras et aux jambes mais il se relève. Roger LAFON est en mauvaise posture, les pieds en l’air, inanimé. Gaston LEVEILLÉ fait un signe à un paysan qui le prend pour un agent de la Vème colonne; une camionnette militaire amie vient ramasser Gaston LEVEILLÉ, et l’envoie au secours de Roger LAFON, qu’il ne reverra pas. Cet événement c’est passé au-dessus des territoires de Canny-sur-Matz, Plessier-de-Roye et Gury. L’avion a atterri sur le territoire de Plessier-de-Roye à 1200 mètres du carrefour des routes de Plessier-de-Roye à Canny-sur-Matz avec celle de Lassigny à Gury .
Gaston LEVEILLÉ est évacué à Compiègne, à Royallieu, transformé en hôpital et où l’on opère jour et nuit ; il doit attendre la seconde partie de la nuit pour passer sur le billard et être recousu. Il a des blessures multiples mais pas grave .
18 heures 10, bombardement sur Compiègne.
Mardi 21, bombardements sur Roye (Somme).
3 heures, le convoi part de Bulles vers Remerangles, Bresles et Hermes où il arrive vers midi dans la ferme de monsieur JOARY, qui est Maire de Hermes, où l'accueil y est chaleureux. Le petit convoi y campe sous les hangars.
Le village de Hermes est en partie évacué, il reste une épicerie et un boulanger au village voisin (Berthecourt) ou après attente le petit convoi arrive à ce ravitailler en pain, la ferme fournit le lait pour tous les enfants.
14 heures, le Maire de Tilloloy signale par téléphone à la Sous-préfecture de Compiègne que les Allemands sont à environ cinq kilomètres de sa commune …
Un peu avant 19 heures, un avion français MORANE-SAULNIER 406, est victime d'une rude attaque d'avions allemand (MESSERSCHMITT 109E), l'officier français parvient à sortir en parachute - l'avion tombe sur le territoire de Marest-sur-Matz .
23 heures, on entend le passage d’avions allemands (ils passent au-dessus de Compiègne)
À Savigny-sur-Ardres, le général DE GAULLE lance son premier appel radiodiffusé : « C'est la guerre mécanique qui a commencé le 10 mai. En l'air et sur la terre, l'engin mécanique - avion ou char - est l'élément principal de la force.
L'ennemi a remporté sur nous un avantage initial. Pourquoi ? Uniquement parce qu'il a plus tôt et plus complètement que nous mis à profit cette vérité. Ses succès lui viennent de ses divisions blindées et de son aviation de bombardement, pas d'autre chose ! Eh bien ? Nos succès de demain et notre victoire - oui ! Notre victoire - nous viendrons un jour de nos divisions cuirassées et de notre aviation d'attaque. Il y a des signes précurseurs de cette victoire mécanique de la France. Le chef qui vous parle a l'honneur de commander une division cuirassée française. Cette division vient de durement combattre ; eh bien ! On peut dire très simplement, très gravement - sans nulle vantardise - que cette division a dominé le champ de bataille de la première à la dernière heure du combat.
Tous ceux qui y servent, général aussi bien que le plus simple de ses troupiers, ont retiré de cette expérience une confiance absolue dans la puissance d'un tel instrument. C'est cela qu'il nous faut pour vaincre. Grâce à cela, nous avons déjà vaincu sur un point de la ligne. Grâce à cela, un jour, nous vaincrons sur toute la ligne. »
Mercredi 22, la chasse française anéantit un groupe de Ju-87.
Bombardements sur Roye (Somme).
Réquisition de viande abattue d’un veau de 80kg chez Georges LOIRE (15 francs le kg), par le 355ème Régiment d’Artillerie Auto (13ème Région).
Le levier de la boite de vitesse de l’auto du Maire de Gury a cassé à la fourchette, monsieur JOARY qui connaît bien monsieur LEROY directeur de la scierie de Hermes ou il existe un atelier d’entretien mécanique le met en relation, et monsieur LEROY lui fait ressouder le levier par son mécanicien. Cela va permettre à Pierre PILLOT pendant les quelques jours qu’il reste de revenir quelques nuits à Gury.
En qualité de Maire, la prévôté lui a délivré un laisser passer dans la zone des Armées pour le ravitaillement éventuel des populations, cela lui permet de tenter l’aventure du voyage de nuit jusqu’à Gury.
Jeudi 23, il fait une chaude journée.
Discours du Maréchal PETAIN : « FRANÇAIS !
Pour l'avenir, ils savent que leur destin est dans leur courage et leur persévérance. »
illusoires.
Pour le présent, ils sont certains de montrer plus de grandeur avouant leur défaite qu'en lui opposant des propos vains et les projets
Ils regardent bien en face leur présent et leur avenir.
champs ?
même foi le même sillon pour le grain futur.
M. Churchill croit-il que les Français refusent à la France entière l'amour et la foi qu'ils accordent à la plus petite parcelle de leurs
Il arrive qu'un paysan de chez nous voie son champ dévasté par la grêle. Il ne désespère pas de la moisson prochaine. Il creuse avec la
La terre de France n'est pas moins riche de promesse que de gloire.
de ferveur.
avons surmonté d'autres. Nous savons que la patrie demeure intacte faut que subsiste l'amour de ses enfants pour elle Cet jamais eu plus
attend le salut, Il faut que '.,NI. Churchill le sache. Notre foi en nous-mêmes n'a pas fléchi. Nous Subissons une épreuve dure. Nous en
La France n'a ménagé ni son sang ni ses efforts. Elle a Conscience d'avoir mérité le respect du monde Et c'est d'elle, d'abord, qu'elle
Nul ne parviendra à diviser les Français au moment OÙ leur pays souffre.
que cesse le combat. Elle l'a fait je l'affirme, dans l'indépendance et dans la dignité.
Notre drapeau reste sans tache. Notre armée s'est bravement et loyalement battue. Inférieure en armes et en nombre, elle -a' dû demander
juge des intérêts de son pays : il ne l'est pas des intérêts du nôtre. Il l'est encore moins da l'honneur français.
Il n'est pourtant pas de circonstances où les Français puissent souffrir, sans protester, les, leçons d'un ministre étranger. M. Churchill est
Nous comprenons l'angoisse qui les dicte. M. Churchill redoute pour son pays les maux qui accablent le nôtre depuis un mois.
Le Gouvernement et le peuple français ont entendu hier, avec la stupeur attristée les paroles de M. Churchill.
La Luftwaffe décime un groupe de BLOCH 174 de reconnaissance, dirigé par Antoine de SAINT-EXUPÉRY et anéantit son escorte.
Bombardements sur Roye (Somme).
La lutte, fait rage au sud d'Amiens, au plateau de Dury où résistent les Coloniaux. L'unité commandée par De GAULLE contre-attaque au Mont-de-Caubert sur la Somme.
Le Maire de Guiscard à Compiègne, signale que les Allemands sont à cinq kilomètres de Guiscard, que ces derniers avaient tirés sur Guiscard au matin …
De retour à Hermes au petit jour - Les jours suivants quelques personnes profitent de ces voyages que fait le Maire de Gury chaque nuit.
Procès-verbal : « L’an mil neuf cent quarante, le 23 Mai a Gury (Oise) nous soussigné André Prieur, Lieutenant des detail, officier de l’Etat Civil avons sur le champ de bataille situé route de Plessis le roye a Cany sur Matz a 1200m du croisement de la route de Lassigny a Gury, en presence de Medecin Lieutt Marsille, Lieutt Touchais du 355e R.A.A. avons constaté le décés d’un mitrailleur carbonisé à son poste sur un avion amphibie n° du moteur F16748F/1394.F. en étoile 14 cylindres a hélice bipale a pas variable n° M.F.H. ----- n° 37.7996. portant un poste de T.S.F emetteur O.M-A.V.7.H.M. modèle n° 2199. Série 91. Etabts Ponsot. Cet avion portait les cocardes Française et avait sous le fuselage un crochet frein. Sur le corps du mitrailleur il n’a été trouvé qu’un carnet contenant une liste de quartier maitres et matelots ainssi que les billets de mille frs portant les nos suivants 447-563-214, un insigne d’observateur de l’avion maritime et un bouton a encre marine, ainsi qu’un morceau de vêtement portant la marque : Guerneur Brest.
Le corps a été inhumé au cimetière de Gury a l’extrémité de l’allée principale près de la tombe de Gilbert Maupin, décédé le 27 septembre 1916, en présence de l’abbé Pétry, Jean Curé de Marthille (Moselle) Chasseur au 4e Bon de C… 3e Cie et d’un détachement qui a rendu les honneurs militaires. De tout nous avons dressé le présent procès verbal qui a été signé par nous et les témoins après lecture faite. »
14 heures, départ du 40ème B.C.C. , se déplace en entier sauf le T.R.A. à destination de Gury.
16 heures, on entend la D.C.A. allemande.
18 heures, arrivée du 40ème B.C.C. à Gury.
21 heures, les échelons de combat et les T.C. du 40ème B.C.C., partent dans la direction de Roye (Somme) qu'ils atteignent le vendredi 24, entre 3 et 4 heures 30.
23 heures, en Belgique, toute résistance est devenue inutile de l'avis même des chefs alliés. Le roi Léopold III, qui n'a pas voulu suivre son gouvernement à Londres, signe donc la capitulation de son armée ce jour. La capitulation devient effective le lendemain.
Vendredi 24, il fait une chaude journée.
Bombardements sur Roye (Somme), et les environs de Compiègne (La Croix-Saint-Ouen, Cuise-la-Motte, Pierrefonds, Vieux Moulin …) et sur Noyon.
Les Allemands prennent Boulogne, encerclent Calais et ne sont plus qu'à 35 kilomètres de Dunkerque.
Gury est toujours occupé par une partie du 40ème B.C.C.
Le Maire à la surprise de trouver son beau-frère Abel DEVILLERS errant dans le village vide et se demandant ce qui était arrivée, et heureux de retrouver sa famille. Il avait réussi à revenir de Stetting ou il a été réformé pour « diabète ».
Réquisition de viande abattue d’un veau de 40kg chez Maurice LHELLEZ (15 francs le kg), par le 355ème Régiment d’Artillerie Auto (13ème Région).
Samedi 25, il fait une chaude journée.
Bombardements sur Roye (Somme).
L’ennemi prend Boulogne-sur-Mer et Calais.
4 heures 30, la D.C.A. allemande commence à tirer …
Discours du Maréchal PETAIN : « FRANÇAIS !
Je m'adresse aujourd'hui à vous, Français de la Métropole et Français d'outre-mer, pour vous expliquer les motifs des deux armistices conclus, le premier avec l'Allemagne il trois jours, le second avec l'Italie.
Ce qu'il faut d'abord souligner, c'est l'illusion profonde que la France et ses alliés se sont faite sur la véritable force militaire et sur l'efficacité de l'arme économique : liberté des mers, blocus, ressources dont ils pouvaient disposer. Pas plus aujourd'hui qu'hier on ne gagne une guerre uniquement avec de l'or et des matières premières. La victoire dépend des effectifs, du matériel et des conditions de leur emploi. Les événements ont prouvé que l'Allemagne possédait, en mai 1940, dans ce, domaine, une écrasante supériorité à laquelle nous ne pouvions plus opposer, quand la bataille s'est engagée, que des mots d'encouragement et d'espoir.
La bataille des Flandres s'est terminée par la capitulation de l'armée belge en, rase campagne et l'encerclement des divisions 'anglaises et françaises. .'Ces dernières se sont battues bravement. Elles formaient l'élite de notre armée ; malgré leur valeur, elles n'ont pu sauver une partie de leurs effectifs qu'en abandonnant leur matériel.
Une deuxième bataille s'est livrée sur l'Aisne et sur la Somme Pour tenir cette lignée soixante divisions françaises, sans fortifications, presque sans chars, ont lutté contre 150 divisions d'infanterie et Il divisions cuirassées allemandes. L'ennemi, en quelques jours, a rompu notre dispositif, divisé nos troupes en quatre tronçons et envahi la majeure partie du sol français.
La guerre était déjà gagnée virtuellement par l'Allemagne lorsque l'Italie est entrée en campagne, créant contre la France un nouveau front en face duquel notre armée des Alpes a résisté.
L'exode des réfugiés a pris, dès lors, des proportions inouïes. Dix millions (le Français, rejoignant un million et demi de Belges, se sont précipités vers l'arrière de notre front, dans des conditions de désordre et de misères indescriptibles.
A partir du 15 juin, l'ennemi, franchissant la Loire, se répandait a son tour sur le reste de la France.
Devant une telle épreuve, la résistance armée devait cesser. Le Gouvernement était acculé à l'une de ces deux décisions : soit demeurer sur place, soit prendre la mer. Il en a délibéré et s'est résolu à rester en France, pour maintenir l'unité de notre peuple et le représenter en face de l'adversaire. Il a estimé qu'en de telles circonstances, soit devoir était d'obtenir un armistice acceptable, en faisant appel chez l'adversaire au sens de l'honneur et de la raison.
L'armistice est conclu, le combat a pris fin. En ce jour de deuil national, ma pensée va à tous les morts, à tous ceux que la guerre a meurtris dans leurs chairs et dans leurs affections. Leur sacrifice a maintenu haut et pur le drapeau de la France. Qu'ils demeurent dans nos mémoires et dans nos cœurs 1
Les conditions auxquelles nous avons dû souscrire sont sévères.
Une grande partie de notre territoire va être temporairement occupée. Dans tout le nord et dans l'ouest de notre pays, depuis le lac de Genève jusqu'à Tours, puis le long de la côte, de Tours -aux Pyrénées, l'Allemagne tiendra garnison. Nos armées devront être démobilisées. Notre, matériel remis à l'adversaire, nos fortifications rasées, notre flotte désarmée dans nos ports. En Méditerranée, des bases navales seront démilitarisées. Du moins l'honneur est-il sauf. Nul ne fera usage de nos avions et de notre flotte. Nous gardons les unités terrestres et navales nécessaires au maintien de l'ordre dans la métropole et dans nos colonies. Le gouvernement reste libre,' la. France ne sera administrée que par des Français.,
Vous étiez prêts à continuer la lutte, je le savais. La guerre était perdue dans la métropole ; fallait-il la prolonger dans nos colonies ?
Je ne serais pas digne (le rester à votre tête si j'avais accepté de répandre le sang français pour prolonger le rêve de quelques Français mal instruits des conditions de la lutte. Je n'ai pas voulu placer hors du sol de France ni ma Personne, ni mon espoir. Je n'ai pas été moins soucieux de nos colonies que (le la métropole. L'armistice sauvegarde les liens qui l'unissent à elle. La Franc a le droit de compter sur leur loyauté.
C'est vers l'avenir que, désormais, nous devons tourner nos efforts. Un ordre nouveau commence. Vous serez bientôt rendus à vos foyers. Certains auront à le reconstruire.
Vous avez souffert.
Vous souffrirez encore. Beaucoup d'entre vous ne retrouveront pas leur métier ou leur maison. Votre vie sera dure. Ce n'est pas moi qui vous bernerai par des paroles trompeuses. Je hais les mensonges qui vous ont fait tant de mal. La terre, elle, ne ment pas. Elle demeure votre recours. Elle est la patrie elle-même. Un champ qui tombe en friche, c'est Une portion de France qui meurt. Une jachère de nouveau emblavée, c'est une portion de France qui renaît. N'espérez pas trop de l'Etat qui ne peut donner que ce qu'il reçoit. Comptez pour le présent sur vous-mêmes et, pour l'avenir, -sur les enfants que vous aurez élevés dans le sentiment du devoir.
Nous avons à restaurer la France. Montrez-la au monde qui l'observe, à l'adversaire qui l'occupe, dans tout son calme, tout son labeur et toute sa dignité. Notre défaite est venue de nos relâchements. L'esprit de jouissance détruit ce que l'esprit de sacrifice a édifié. C'est à un redressement intellectuel et moral que, d'abord, je vous convie. Français, vous l'accomplirez et vous verrez, je le jure, une France neuve surgir de votre ferveur. »
Dans la nuit le Maire Pierre PILLOT part à Gury, et y constate que le cheptel est encore en liberté dans les pâturages, son taureau libéré jette un peu de perturbation. Il contacte l’Etat-major d’une unité de tank (40ème B.C.C., qui est là depuis le jeudi 23) qui à son train régimentaire dans Gury, et dont les engins combattent pour barrer les ponts sur la Somme. Les officiers considèrent le Maire avec intérêt. Ils le rassurent un peu sur le ralentissement de colonnes ennemies et ils acceptent de faire abattre son taureau pour lequel ils lui délivrent un bon de réquisition.
Dans la soirée et au cours de la nuit, bombardement lointain (Bombardement de Manicamp).
Dimanche 26, il fait une chaude journée.
Paul REYNAUD rencontre à Londres le nouveau Premier ministre, Winston CHURCHILL, un conservateur au caractère trempé qui a remplacé le 10 mai sir Arthur NEVILLE CHAMBERLAIN au 10, Downing Street. Paul REYNAUD adhère à la volonté de CHURCHILL de lutter coûte que coûte contre HITLER. Il n'oublie pas qu'il a signé un engagement mutuel de la France et de l'Angleterre à ne pas conclure d'armistice ou de traité de paix séparé.
De retour au petit jour et les jours suivants quelques personnes de Gury profitent des voyages que le Maire fait, parmi lesquelles on trouve: Georges LOIRE, Cyrille GOVAERT, Alfredine LHELLEZ-CUGNIERE, Lucie et Stanislawa KOZACZYK dite « Stacha », cette dernière jeune fille employée comme domestique chez Maurice LHELLEZ.
L’état-major, les 1ère et 2ème compagnies de combat (40ème B.C.C.) sont mises à disposition de la 19ème D.I. La 3ème compagnie de combat (40ème B.C.C.) est rattachée à la 4ème D.I.C. En conséquence, les éléments avancés du bataillon font mouvement dans la soirée du 26 au 27. - L'état-major établit son PC à Chaulnes. La 2ème compagnie (40ème B.C.C.) dans les bois au sud de Marchelepot. Au cours de l'exécution de ce mouvement de jour, la 2ème compagnie essuie un violent bombardement aérien (une centaine de bombes au nord-est de Chaulnes) mais sans pertes. Les éléments sur chenilles des deux compagnies sont stationnés à Fonches. La 3ème compagnie (40ème B.C.C.) gagne sans incident Moreuil au cours d'un déplacement de nuit et est rejointe par tous les éléments. Une équipe légère de l'atelier (sergent Binet) est mise à la disposition de la 3ème compagnie. Le gros de la compagnie d'échelon demeure à Gury.
Lundi 27, bombardements sur Roye (Somme).
La Belgique capitule face à l'Allemagne.
Une accalmie momentanée se produit dans la ruée allemande et incite le convoi à regagner Gury.
Au matin, le convoi décide de retourner à Gury avec une halte à Nourard-le-Franc pour le casse-croûte et le repos des chevaux campagne la nuit dans un hangar à Tricot
En mission d'observation entre la Somme et l'Oise, l'avion français (POTEZ 631) est attaqué par les avions allemands (MESSERSCHMITT 110), et est abattu et l'équipage est tué, l'avion s'écrase sur le territoire de Thiescourt .
Mardi 28, bombardements sur Roye (Somme).
Le convoi réintègre son village. Un peu de pillage et les habitants regroupe ses animaux. La famille BRUNEL parmi d'autres familles découvre leurs maisons pillées. En recherchant de récupérer le peu, René BRUNEL découvre une de ses armoires dans la maison voisine face à leur ferme. Cette armoire a échappé de peu à être brûlée, sur un dès cotés est enfoncé une hache.
Quelques unités de troupe passent sans s'arrêter. Des combats aériens, rapides et meurtriers traversent le ciel. Tout le jour, l’aviation ennemie survole vers Avricourt, Beaulieu-les-Fontaines …
Mercredi 29, bombardements sur Roye (Somme). L’aviation allemande survole la région d’Avricourt.
Jeudi 30, bombardements sur Roye (Somme).
Vendredi 31, 4 Le0 45 sans escorte et 6 DOUGLAS DB-7 du GB I/19, sont détruits par la Luftwaffe.
Bombardements sur Roye (Somme).
Vers 18 heures 30, en allant attaquer des colonnes allemandes progressant vers la Somme, le bombardier français (LIORE et OLIVIER - LeO 451) se heurte à une forte opposition d'avions allemands (MESSERSCHMITT 109). Descendu en flammes, l'avion s'écrase au sol sur le territoire de Ressons-sur-Matz au lieu-dit "La Sole à Bleuets". Evacuant trop bas, l'équipage ne peut échapper à la mort .
Un avion allemand (MESSERSCHMITT 109E) est abattu après un âpre combat par les chasseurs français, et tombe à Marquéglise .

Les derniers jours du mois de mai, font augmenter le pessimisme. Les services publics et la gendarmerie semblent désorientés, aucune instruction n'est parvenue auprès de Pierre PILLOT, Maire de Gury, pour l'évacuation de la population, personne ne sait où on ne peut savoir. La panique gagne les esprits.


Prochainement, juin 1940, merci à l'avance pour toutes les personnes qui pourront me compléter et me donner des renseignements complémentaires.
Cordialement à tous ... et bonne lecture.

Camille


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 Sujet du message : Re: GURY ... 1939-1945 ...
MessagePublié : ven. avr. 18, 2014 8:15 am 
Hors-ligne

Inscription : mar. déc. 04, 2007 10:15 am
Messages : 111
Bonjour à tous,

Aujourd'hui juin 1940 ...

Juin
Samedi 01, 4 HEINKEL 111 (Allemand) sont abattus par les DEWOITINE 520 du GC II/7 dont c'est la première sortie.
Bombardements sur Roye (Somme).
Dimanche 02, bombardements sur Roye (Somme).
En circulant dans le village, le Maire aperçoit un groupe d'officiers supérieurs qui s'arrêtent au carrefour de la route de Roye-sur-Matz, il observe leur allure secrète et soucieuse, que font-ils là ?... Mystère.
Gabriel FREIN, demande à Pierre PILLOT de l'aider à enterrer un cheval que le chef d'un convoi militaire a dû abattre sur le bord de la route de Roye-sur-Matz au lieudit « le Clos Talon » question d'hygiène en cette chaleur de juin. Il l'accompagne et accomplissent le travail rapidement. Ce sera le dernier contact, de son vivant, avec le malheureux Gabriel FREIN.
Lundi 03, l'Allemagne déclenche l'opération « Paula », destinée à perturber le réseau de communications et le déploiement aérien de la région parisienne. Des vagues de bombardiers protégées par des chasseurs se succèdent toute la journée. Une centaine d'avions appartenant aux 6 groupes de chasse de défense de la capitale interviennent et les autres groupes attaquent les bombardiers sur le chemin du retour (26 avions allemands sont abattus, pour 12 pilotes français tués, 8 blessés et 5 parachutés). Mais force est de constater que l'attaque de très grosses formations de bombardiers, fortement protégées et bénéficiant d'une supériorité d'altitude est une mission difficile.
Bombardements allemands sur Roye (Somme) et sur Paris. La gare d'Appilly est bombardée
Bombardement sur Ourscamp et Ribécourt…
Fin de l’évacuation de dunkerque: l'armée française, qui couvre l'évacuation abandonnera plus de 150,000 prisonniers. Cependant ce fut un grand succès 224.585 Anglais et 112.546 Français et Belges seront évacués en 9 jours, malgré les bombardements de l'armée et de l'aviation allemande. La Royal Air Force a même abattu quatre fois plus d'appareils qu'elle n'en a perdus.
Vers 10 heures 45, en mission d'observation sur le Nord de l'Aisne et de l'Oise, le chasseur lourd français (POTEZ 631) est agressé et abattu en flammes par six avions allemands (MESSERSCHMITT 109); le bimoteur s'écrase à l'Ouest de la ferme du "Bois de Monchy" et aux abords (Nord) de la route départementale 73 .
Lundi 03 et mardi 04, des convois de fourgons et camions se camouflent dans les chemins creux et boisés autour du village et le long du mur clôturant le parc du château coté "Clos Bernard". Une section d'ambulance occupe ce parc l'habitation et les dépendances. Un poste de premier secours s'installe dans la ferme DELNEF.
Le Maire a des contacts avec les militaires. Ils donnent des conseils sur les mesures à prendre pour protéger des bombes la population, ils ont déjà l'expérience, sceptiques sur la résistance des caves et abris du village, ils préconisent les trous individuels éloignés des habitations ou de petites tranchées étroites. Nous n'avons pas le temps de suivre ces conseils, le danger du bombardement et ses conséquences meurtrières ont devancé nos possibilités.
Mardi 04, on entend la D.C.A. … Le canon gronde de plus en plus fort …
Activité aérienne allemande est intense … Le 4ème R.I.C. est pris à partie, son mouvement sur Lassigny.
Avant 19 heures, bombardements sur Campagne/Catigny, Lassigny et Roye (Somme). Lassigny est en feu, et Roye, dont on voit de loin la lueur de l’incendie qui monte au ciel.
Mercredi 05, 340 avions français font face aux 3500 bombardiers et 1500 chasseurs de la Luftwaffe, remportant 66 victoires et perdant 10 pilotes tués plus 9 blessés.
HITLER lance 150 divisions contre les 60 divisions françaises de la ligne WEYGAND, traverse la Somme, l'aile droite fonce sur Rouen et l'aile gauche sur Paris via Reims.
Les bombardements dans la région de Compiègne sont moins fréquents …
Repli des forces françaises sur la Seine et la Marne.
Remaniement ministériel ; DE GAULLE devient sous-secrétaire d’état à la guerre.
La 7e Panzer attaque dans le secteur de la Somme, entre Longpré et Hangest, défendu par 5e division d'infanterie coloniale.
Dès 3 heures, bombardement vers Roye (Somme).
A partir de 4 heures 30, de violents bombardements sur tout l’arrière se déchaînent … l’ennemi passe l’Oise à Abbecourt, traverse le canal de l’Ailette et essaie de s’infiltrer.
Le G.R.D. reçoit une mission de protection contre les parachutistes et les attaques éventuelles sur le terrain de la Potière. Il doit aussi barrer la route Fresnières - Lassigny. Le 4ème R.I.C. qui devra relever le 33ème est maintenue en réserve de Division (Lassigny, Thiescourt, Orval) .
5 heures, jour terrible, de nos maisons nous percevons le bombardement en piqué du village de Plessier-de-Roye.
5 heures 15, le Maire part en automobile voir ce qui s'y passe. il y découvre sur la place un civil mort, il le reconnaît, c'est Jean JEGOU, tué par l’aviation ennemis, époux de Cécile BOUCAUX (une fille de Gury), il sera enterré par monsieur HAMONIC dans le cimetière de Plessier-de-Roye.
Pierre PILLOT reprend sa route vers Gury à la suite du convoi militaire qui poursuit sur la route de Canny-sur-Matz et qu'il quitte au carrefour de la direction Lassigny-Gury. A ce moment un avion allemand surgit en rase motte et mitraille copieusement le convoi militaire, que le Maire quitte l'automobile et se couche sur le talus, geste instinctif. Cela se passe très vite, puis il rentre à Gury sans dommage et y trouve le moral plutôt bas.
7 heures, bombardement vers Roye ...
7 heures 30, bombardement aérien ennemi vers Beuvraignes ...
9 heures, tirs de barrage antichars vers Fresnières, violent bombardement aérien ennemi sur Roye, jusqu'à Crapeaumesnil et vers Amy ...
11 heures. Des formations aériennes ennemies attaquent en piqué les chars, des 1ère et 3ème compagnies du 28ème Bataillon de Chars de Combat (28ème B.C.C.). Les appareils se dispersent en zigzaguant à 40 kilomètres à l'heure sur un plateau entièrement dénudé (au-delà de Roye). En rase-motte les avions les prennent en chasse. De nombreux chars sont atteints. En quelques instants le champ de bataille disparaît dans la poussière et la fumée, chaque char est escorté par des explosions de bombes. Plusieurs chars sortent leur mitrailleuse de tourelle et ripostent sur les avions qui les assaillent. - Lorsqu'au moment où les compagnies séparent sur le 3ème bond, les chars sont soumis aux feux d'armes antichars. Et, sans arrêt, l'aviation continue sa ronde infernale.
A Gury, le repas de midi se termine, des avions allemands lâchent des parachutistes au dessus de la région. Une angoisse étreint tout le monde.
12 heures, fort bombardement …
Entre 12 heures et 13 heures, soudain, ces avions reparaissent, venant de Thiescourt, un bruit de sirène accompagne leur descente en piqué sur le village, Pierre PILLOT et sa famille se précipite dans les caves sous la maison, quelques militaires en font autant et ce sont les éclatements des bombes dont le souffle semble soulever de terre et ébranler les murs. Le bourg attaqué sont visé principalement les carrefours de route (Routes départementales n° 27 avec la n° 78, la n° 27 avec le chemin communal dit « la rue du Pignon Rouge », la route n° 78 avec le chemin communal dit « la rue du Pignon Rouge »), pour retarder le retrait de nos troupes.
Avant cette terrible attaque Gabriel FREIN, proposa à ses voisins Fernand, Paul ROBERT et la famille LOIRE-GOVAERT de venir se réfugier dans leur cave la famille ROBERT n’en possédait pas, mais seulement un métro (Tôle en demi-cercle recouverte de terre). La famille LOIRE-GOVAERT, possède une cave sous la maison et un abri dans le jardin, et s’est sous ce dernier qu’elle a été se mettre à l’abris.
En effet la famille FREIN possédait deux caves dont une en bordure de route, et l’autre à l’opposé de celle-ci.
Paul ROBERT leur conseilla de se mettre à l’abri dans celle qui est à l’opposé de la route.
Malheureusement les bombes commencent à pleuvoir, et dans la précipitation, la famille FREIN, se réfugia dans celle qui allait devenir leur caveau (près de la route). Quant aux familles ROBERT et LOIRE-GOVAERT, elles se mirent à l’abri dans leurs abris respectifs.
Lors de cette attaque une douzaine de bombes tombèrent sur les deux fermes, détruisant celle des ROBERT, endommageant celle des GORON (habité par la famille LOIRE-GOVAERT), mais anéantissant celle des FREIN.
Tout cela en quelques minutes qui semblent bien longues. Resté sur le seuil de l'entrée de cave, le Maire est dehors aussitôt le passage de la vague dévastatrice.
Un soldat JUILLARD tend à l'adresse du Maire et sa famille en Savoie, au cas où ils auraient besoin de fuir loin d'ici. Geste appréciable dans ces moments cruciaux.
Les toitures sont soulevées et une partie est restée sur les charpentes qui ont été fortement bousculées, la ferme de Pierre PILLOT n'a pas trop souffert, elle se trouve dans le secteur le moins visé. Le coté nord et ouest, parc du château et carrefour de la route de Roye-sur-Matz ont été touchés de plein fouet. La ferme de Gabriel FREIN est rasée et ce qui reste des étables et hangars abritant paille et fourrage flambent en un foyer inabordable. Dans la ferme voisine, Paul ROBERT et son fils Fernand sont blessés près de leur cave, aidé de Jean POINTIN qui a rejoint Pierre PILLOT, ils les transportent au poste de secours chez DELNEF.
L'autre voisin, Georges LOIRE, dont l'habitation, la cave est écroulée est indemne ainsi que sa petite famille. Ils ont pu s'abriter dans une petite tranchée qu'il avait eu le temps de creuser dans la matinée dans son jardin.
Georges LOIRE est allé chercher la motopompe pour combattre l'incendie qu’achève déjà son intensité. Elle n'a pas pu être amenée à proximité à travers les amas de décombre barrant la route d'accès.
12 heures 45, l’incendie est éteint … Georges LOIRE confirme que la famille FREIN devait s'être réfugié dans la cave sous l'habitation que l'on aperçoit éventrée sous l'amas de matériaux encore fumants, par les restes apparents d'un soupirail débouchant en bordure de route, ils écoutent des réponses à leurs appels. Un silence de mort s'établit devant ce sinistre décor qui sera pendant quelques temps la tombe de ce papa et cette maman et de leurs quatre petits.
C’est le désespoir plein le cœur que la population abandonne ce lieu de misère.
Les fermes des familles FREIN et ROBERT se trouvant proche de la route de Roye-sur-Matz furent complètement anéanties lors du bombardement. Les deux chevaux de Gabriel FREIN furent tués : « Mouton » (cheval gris, pommelé, ladre), et « Bijou » (cheval baie, hongre).
Réfugié dans leur cave Gabriel FREIN, son épouse et ses quatre enfants périrent étouffés par la fumée de l’incendie puis ensevelis dans ce refuge transformé en tombeau.
Le bombardement ayant totalement détruit la ferme en ensevelissant sous ses décombres les chevaux et bêtes de ferme, mais aussi tous les engins d’exploitation.
Lors du bombardement, la famille ROBERT a perdu (exploitation de 5,55 hectares) :
1 moulin à vanner – 1 brouette de grenier – 1 brouette de cour – 1 planche à grain – 1 table – 2 tréteaux – 1 coupe racine – 6 volants de moissonneuse – 3 toiles de moissonneuse-lieuse – 1 table de scie à bûche – 5 tonneaux à cidre – 3 cuves en bois – 1 mesure à grain 25 litres – 1 baratte – 2 limons de râteau – 1 pied de lessiveuse – 1 fourneau et ses tuyaux – 1 paire de cordeau de 9 mètres – 1 paire de cordeau de 6 mètres – 2 longes en cuir – 1 collier de cheval – 1 paire de guide en cuir – 2 chaînes à vaches – 3 longes en corde – 2 paniers à betterave – 5 paniers à fruit – 2 paniers à pomme de terre – 1 câble de 12 mètres neuf – 1 cuve à lavé de 150 litres – 1 grande manne à menu paille – 2 sceaux à eau – 1 sape – 1 crochet pour sape – 2 faux – 1 lampe recto mécanique – 4 scies de menuisier – 1 scie à bois – 2 serpes – 1 scie égoïne – 1 chignole – 12 mèches – 4 haches – 1 hachette – 1 bêche – 2 pelles de terrasse – 1 râteau de jardin – 2 binettes – 1 fourche à betterave – 2 fourches à fumier – 1 croc à fumier – 2 tenailles – 2 armoires à linge – 1 buffet – 2 tables – 6 chaises – 2 lits en bois avec sommier – 1 matelas de laine – 1 matelas en plume – 1 lit en fer avec sommier – 1 table de nuit – 1 petite table de chambre – 1 glace – 2 balais de crin – 1 sceau hygiénique – 2 vases de nuit – 1 garniture de couronne avec globe – 4 vases de garniture – 3 casseroles en aluminium – 2 plats creux – 25 assiettes – 6 bols – 20 verres – 12 verres à liqueur – 1 saladier – 2 bocaux – 30 pots à confiture – 1 louche – 1 écumoire – 1 panier à salade – 1 poêle à frire – 1 faitout émaillé – 1 cocotte émaillée – 24 cuillères – 24 fourchettes – 2 bassines de cuisine – 6 chemises de femme – 12 chemises d’homme – 6 paires de drap – 10 serviettes de table – 1 nappe – 10 torchons – 2 complets de treillis – 3 culottes de velours – 15 mouchoirs – 3 tabliers de femme – 2 corsages de femme – 2 jupes de femme – 1 manteau – 1 fourrure – 2 paires de chaussure de femme – 4 culottes de femme – 1 paire de sabot – 1 paire de guette – 3 paires de bas – 2 chandails d’homme – 1 camisole de laine – 16 lapins (1 mâle, 7 femelles noire et 8 jeunes lapins) – 23 poules – 1 coq – 150 bottes d’avoine – 600 kg de foin – 2 stères de bois.

Légende du plan : ⎕= Bâtiments détruits lors du bombardement.

D’autres fermes sont aussi très endommagées par ce bombardement, notamment les fermes LOIRE, LEBŒUF et LHELLEZ Maurice.
En plus de la mort de la famille FREIN, ce bombardement blessa Fernand ROBERT, et son père Paul, ce dernier fut blessé à la jambe par les éclats de bombes, leur cheval indemne, ne bougeait plus et avait des morceaux de briques de son écurie anéantie sur son dos, il était terrorisé, mais il servi quand même pour évacuer une nouvelle fois le lendemain.
Alfred ROBERT, et sa petite famille demeuraient à cette époque dans l’ancien presbytère de Gury (qui se trouve dans une partie haute du village), sorti de la cave après les bombardements, il constata au loin l’incendie du côté de la ferme paternelle, et se dépêcher de rejoindre la population restante, et tenter en vain d’éteindre l’incendie, dans l’espoir de sauver la famille FREIN, mais le drame était déjà joué.
De ce jour funèbre, on répertorie :
2 fermes, 2 granges, 2 hangars et 2 écuries totalement détruits. 9 maisons d’habitations mitoyennes, 7 maisons bourgeoise, 1 maison isolée, 13 maisons d’ouvrier, 1 magasin d’habitation, 6 remises, 4 granges, 14 hangars, 4 écuries, 9 étables, 3 porcheries, 1 bâtiment du jeu d’arc, le tout partiellement détruits.
12 heures 30, des bruits de combat en direction d'Avricourt ...
14 heures, il y a encore des bruits de combat vers Avricourt ...
Vers 15 heures, après un combat acharné avec la chasse française, l'officier allemand est abattu; il est grièvement blessé, brûlé au visage et aux bras. L'avion (MESSERSCHMITT BF109E1) tombe dans un petit bois de Thiescourt .
De 19 heures à 19 heures 50, déclaration des décès de la famille FREIN est inscrit sur les registres de l’Etat Civil en date du 05 juin à 14 heures, fin du bombardement, (en vérité les actes de décès ont été faits après le 02 octobre 1940, ce qui est prouvé par un courrier de la Mairie à cette date), ainsi disparut :
FREIN Gabriel, 46 ans – FREIN-VANDEVYVERE Marthe, 40 ans – FREIN Rose, 13 ans – FREIN Charles, 12 ans – FREIN Marie-Thérèse, 10 ans – FREIN Bernadette, 2 mois.
Le Maire fais le tour du village, chacun des rescapés refait le plein des voitures, dont beaucoup n'ont pas été déchargées du premier voyage et tous s'apprêtent à partir de nouveau sans grand espoir d'éviter d'échapper à l'occupation si redoutée.
Vers 19 heures, dans des conditions plus accablantes que la première fois, mais assez semblables, la colonne est reformée et s'ébranle dans la nuit qui s'annonce.
Parmi les familles évacuant Gury, on trouve :
PILLOT-LOIRE, ODEMPS-PILLOT, LOIRE-GOVAERT, GOVAERT-CUGNIERE, LHELLEZ-ESCLADE, LHELLEZ-CUGNIERE, LHELLEZ-CRAMPON, ROBERT-RINGALLE, ROBERT-FRERE, ROBERT-PELLIEU, BRUNEL-DUQUESNOY, etc.…
Dans la soirée, les Allemands atteignent Pontoise-lès-Noyon …
Vers 23 heures, la colonne arrive au village de Montiers, elle s'abritera à l'extrémité du village sous une haie touffue le long d'un talus. « La hantise d'être vu par les avions ».
La nuit du mercredi 05 au jeudi 06 est douce et claire, et est relativement plus calme, mais l’offensive allemande reprend avec le jour …
La colonne des habitants de Gury y prend un peu de repos, et y passe la journée. L'aviation est très active et le convoi observe des combats aériens à haute altitude. La journée se termine sans autre incident.
Départ la nuit vers Rémerangles et Hermes ou le convoi fait une halte de nouveau chez monsieur JOARY.
Certaines routes barrées les obligent à suivre des itinéraires non prévus.
Jeudi 06, il fait beau, avec un ciel sans nuage ...
10 heures, Jules ALAVOINE se cache dans le Bois de Capone par prudence à l'approche des bombardements qui se rapproche de Gury (Bombardements aériens sur Carrépuis et Roye) ...
10 heures jusqu'à 12 heures, la lutte est sévère au-delà de Roye - L'aviation ennemie, très nombreuse attaque en piqué dans tout l'horizon, sous un ciel d'une pureté absolu ...
13 heures, l'aviation ennemie bombarde vers Champien.
15 heures, Roye est en flamme, et les avions ennemis s'y acharnent toujours avec bombardements aériens et artilleries – Un avion français est abattu lors de la bataille, l’un d’eux tombe à Beuvraignes .
16 heures, combat de chars vers Morlincourt …
16 heures 30, bombardement ennemi vers Champien.
17 heures à 24 heures, violent bombardement dans les environs de Tilloloy …
18 heures, l’aviation ennemie se rapproche et bombarde Beuvraignes …
19 heures 30, l'avion français (Glenn MARTIN 167F) en mission est touché de plein fouet par la « Flak » explose, les débris jonchent le sol entre la ferme du Haut Matz et le parc du château de Ricquebourg - L'équipage est tué.
Assailli par des chasseurs français du GC I/3, le pilote allemand doit se poser d'extrême urgence, train rentré sur le territoire de Conchy-les-Pots .
Les Allemands entrent dans Roiglise.
Dans cette nuit lugubre éclairée par les incendies qui embrasent les villages d'entre la Somme et l'Avre, Verpillères et Amy, subitement bombardés dans la soirée.
23 heures, Bombardement vers Cuvilly …
Vendredi 07, bien avant 7 heures, les Panzer allemands atteignent Champien.
Le char français « DUGUESCLIN » tombe en panne à Gury, entre la ferme de Paul ROBERT et l’église. Malgré les efforts des équipes de la section de dépannage, il ne peut être dépanné et est abandonné sur place. Son équipage du 28ème B.B.C. reconstitué, 1ère compagnie : Henri MALLET, Sous-lieutenant et Chef de char - NOEL, Sergent et pilote - CASTEL, Chasseur et aide-pilote - SUTRA, Caporal et radio.
Vers 7 heures, un obus allemand, suivit d’autres tombent sur les cinq chars français sur Crapeaumesnil.
7 heures, les Allemands sont à Sermaize.
9 heures, bombardement sur Vauchelles - Les Allemands s’infiltrent sur Noyon.
Avant 11 heures, incendies de Roye, Roiglise et Verpillères dans la Somme.
Vers 11 heures, violent bombardement allemand vers Crapeaumesnil et Canny.
Pendant toute la matinée, bombardement avec engins blindés, par artillerie et avions ennemis - L’air est sillonné par des vols incessants d’avions de reconnaissance ennemie.
Vers 12 heures, dynamitage du pont d’Attichy.
13 heures 30, il y a toujours des tirs vers Beuvraignes et Crapeaumesnil … L’ennemi s’approche d’Amy et Fresnières.
Vers 15 heures, violent bombardement vers Crapeaumesnil.
16 heures, bombardement de la ferme Sébastopol (vers Fresnières - Avricourt).
16 heures 30, bombardement sur Crapeaumesnil par canons et avions ennemi. - l’aviation française est là, et deux sur les trois avions s’abattent en flammes …
17 heures, bombardement sur Beaurains.
19 heures, l’ennemi continue à bombarder le secteur de Beuvraignes - Crapeaumesnil.
A la tombée de la nuit, le bombardement redouble de violence vers Beuvraignes et Crapeaumesnil.
22 heures, les Allemands s’approchent de Crapeaumesnil qui brûle …
Avant minuit, incendie de Roye qui monte haut dans le ciel, Lassigny est en flammes, suite à une attaque aérienne.
Samedi 08, il fait dans la journée une chaleur torride et accablante.
Combat sur Noyon.
Le convoi de la population de Gury passe à Valdampierre et Beaugrenier et Chaumont-en-Vexin, d’où il voit les incendies à Beauvais.
4 heures, le pont de Ribécourt est dynamité.
Dès l’aube, le bombardement vers Crapeaumesnil atteint une intensité impressionnante.
7 heures, les Allemands s’approchent de Catigny.
9 heures 30, violent bombardement vers Beuvraignes - Crapeaumesnil - Amy
10 heures, bombardement intense sur Beuvraignes.
Le pont de Catigny est dynamité - Tires violents sur Ecuvilly - Combats à Suzoy et au Mont-Renaud.
Toute la matinée, le canon ne cesse de tonner au Nord-Ouest de Roye-sur-Matz …
Vers 12 heures, Bombardement vers Amy.
Vers 13 heures 30, la pression de l’Infanterie allemande s’accentue, sous l’appui d’un redoublement des feux d’artillerie et des tirs de chars installés vers Amy.
16 heures 30, dans la direction de Saint-Just-en-Chaussée, la lutte est sérieuse.
17 heures, la chaleur est toujours aussi accablante et sans le moindre souffle.
Le bombardement fait rage sur Beuvraignes.
18 heures, bombardement de la ferme d’Haussu (environs de Fresnières).
Vers 19 heures, l’attaque française est reprise vers Crapeaumesnil.
19 heures 30, les ponts de Thourotte sont dynamités.
Vers 20 heures, les Allemands entrent dans le bois de Crapeaumesnil.
En soirée, bombardement aérien vers Compiègne.
Dans la nuit du samedi 08 au dimanche 09, la 4ème Division d‘Infanterie , arrive à 1500 m au Sud de l'église de Crapeaumesnil
Dimanche 09, journée splendide, clair soleil, chaleur divine … mais qui devient écrasante.
L'ennemi attaque la 4ème Armée à Rethel. L'Aisne est franchie.
Le convoi de Gury se trouve à Magny-en-Vexin, il va un peu au hasard, il pense prendre la direction vers la Normandie, maintenant le passage de la Seine semble indiqué si il fuit le plus loin possible, il évite les gros bouchons de convois civils et militaires qui obligent à supporter un soleil de plomb et les risques de mitraillage d’avions qui couchent déjà des cadavres sur les bords des routes.
Vers 3 heures, le 7ème R.I.C. qui se trouve à Lagny, commandé par le Sous-lieutenant RAYMOND et de l’Adjudant CLEMENT, doit se replier par un itinéraire qui passe par Mareuil-la-Motte.
En raison de l’encombrement des routes et des fréquents bombardements aériens, la marche est très lente (Ville – Cannectancourt – Orval – L’Ecouvillon – Elincourt-Sainte-Marguerite – Vandelicourt – Vignemont – Antheuil-Portes – Remy – Canly – La Croix-Saint-Ouen).
4 heures 25 (3 heures 25 - heure française), la brigade Schtz envoit le 103ème Régiment d’Infanterie, et la 4ème Panzerjäger-Abteilung, dans la région Nord de Beuvraignes.
Dès 5 heures 25, le 10ème Régiment d’Infanterie annonce l'éparpillement de l'adversaire devant le front. Des détachements avancés constatent immédiatement et confirment le fait de la dispersion de l'ennemi.
7 heures 30, stätrupps (le 4ème Aufklärung-Abteilung) sort du bois d'Avricourt vers Balny, sans rencontrer d'ennemi.
7 heures 45, les régiments avant de commencer à poursuivre leur développement. Puisque cependant il y a eu des annonces d'arrivées ennemi qui sont en pleine retraite, le 52ème Régiment d’Infanterie et 10ème Régiment d’Infanterie ont l'ordre de se mettre sur les routes (le 52ème Régiment d’Infanterie : Fresnières à l'Ouest - Canny - Ressons. - Le 10ème Régiment d’Infanterie : doit aller à Fresnières Est - Lassigny à l'Ouest - Gury - Margny) et de poursuivre sans arrêter. Les pièces du Bataillon sont prisent pour enlever les mines sur la route de Crapeaumesnil - Fresnières - Canny - Laberlière
8 heures 05 (7 heures 05 - heure française), strätrupps (le 4ème Aufklärung-Abteilung) reçoit l'ordre de poursuivre dans la partie orientale.
9 heures 15 (8 heures 15 - heure française), le 103ème Régiment d’Infanterie avec le 4ème Régiment d’Artillerie se trouvent dans les parties plus avant à la hauteur 102 à l'Ouest du Bois des Loges (1er objectif d'attaque).
9 heures 30 (8 heures 30 - heure française), strätrupps (le 4ème Aufklärung-Abteilung) annonce que la division est dans Ecuvilly, et n'a aucune intention d'aller plus loin en avant.
9 heures 40 (8 heures 40 - heure française), le 52ème Régiment d‘Infanterie, après avoir supprimé rapidement la faible résistance ennemi, atteint le bord Sud de Laberlière.
Le 10ème Régiment d‘Infanterie, de son coté, est occupé avec l'ennemi à Gury.
A Gury des éléments de la 3ème Compagnie 4ème Régiment d’Infanterie Coloniale font de leur mieux pour défendre le village laissant sur son sol le cadavre de quatre soldats :
* - Adjudant LOUARN Yves
* - Sergent-chef PELLEGRINI Michel
* - Soldat DUBUISSON Michel
* - Soldat LALANDE Lucien
Le sergent-chef avait été inhumé derrière la ferme BRUNEL, au lieudit « le Marais », les trois autres dans le jardin de LHELLEZ Léon, situé en bordure du chemin départemental n° 78, près de la Mairie et École, ces inhumations furent faites par les Allemands.
9 heures 45 (8 heures 45 - heure française), le détachement avance du 52ème Régiment d'Infanterie, se trouve à la limite du Matz et de Ricquebourg, reçoit le feu de l'infanterie ennemi.
L'adversaire est plus résistant. Ainsi le 52ème Régiment d’Infanterie doit passer à l'attaque.
9 heures, la 33ème Division d'Infanterie allemande qui se trouve au Sud de Roye (Somme), se porte sur Tilloloy et La Poste.
Le 4ème Régiment d’Artillerie reçoit l'ordre d'aidé et replacé l'art.Abt.611 (10cm de canons), comme cela elle peut immédiatement combattre et avoir une meilleure assise sur l'ennemi sur une grande étendue.
Après 9 heures, le 7ème R.I.C. remarque sur leur droite à une distance éloignée, une colonne qui se déplace rapidement et constituée principalement par des voitures auto légères. Il pense qu’elles appartiennent à une division voisine. Mais peu de temps après des véhicules s’engagent sur des transversales et se dirigent sur le 7ème R.I.C. : ce sont des Allemands. Ils mettent rapidement une batterie des armes automatiques qui tirent sur la colonne française. Protégés par quelques éléments, le 7ème R.I.C. continue son repli et arrive près de Mareuil-la-Motte. Mais à la lisière Sud du village des maisons sont occupées par les Allemands et le IIème Bataillon du R.I.C. qui a stationné est bloqué – Une vive fusillade éclate, les Allemands arrivent de toutes parts.
Quelques instants plus tard Mareuil est encerclé et le bombardement par projectiles de mortiers commence …
10 heures 40 (9 heures 40 - heure française), après l'enlèvement de Gury par le 10ème Régiment d'Infanterie, ce dernier doit combattre ardemment et pendant assez longtemps entre Gury et la hauteur Sud de Mareuil, les combats se prolongent jusque dans l'après-midi. Il s'agit comme adversaire de la 94ème Division, qui est favorisée par les hauteurs et le bois, mais se retirent devant la résistance du 10ème Régiment d'Infanterie, en direction du Sud-Ouest
Une vive fusillade éclate, les Allemands arrivent de toutes parts, remarque le 7ème R.I.C.
Le Capitaine NOUTARY, Capitaine Adjudant-Major au 1er Bataillon donne l’ordre au Sous-lieutenant RAYMOND d’installer la section de Mitrailleuses à la lisière Nord-Est de Mareuil pour arrêter les Allemands dont la menace se fait particulièrement sentir dans cette direction.
Quelques instants plus tard Mareuil est encerclé et le bombardement par projectiles de mortiers commence. Seuls réussissent à s’échapper le Capitaine NOUTARY, le Capitaine FORGERON et une trentaine d’hommes.
Heureusement que les unités du 7ème R.I.C. qui suivent ont abandonné la direction de marche dès qu’elles ont entendu la fusillade dans la région de Mareuil, obliquant vers l’Ouest elles évitent le sort qui est réservé au IIème Bataillon.
Alors que fatigués, le 7ème R.I.C. se repose quelques instants dans un bois à trois ou quatre kilomètres au Sud-Ouest de Mareuil …
11 heures 45 (10 heures 45 - heure française), le 52ème commence le combat rapidement et c'est le succès.
Vers 12 heures 30, l’ennemi s’approche de Monchy-Humières …
Après 13 heures, on entend des tirs au-delà de Ressons-sur-Matz, c'est la 33ème Division d'Infanterie allemande qui peu de temps après entre dans Gournay-sur-Aronde.
15 heures 30, fin du combat d’une partie de la 3ème Compagnie du 4ème R.I.C., et le détachement dans Mareuil est prisonnier des Allemands après un furieux combats et l’épuisement de ses moyens.
17 heures, fin des tirs de mitrailleuses françaises qui empêchaient l’ennemi de déboucher de Mareuil.
Entre 17 heures et 18 heures (entre 16 heures et 17 heures - heure française), le 10èmeème Régiment d'Infanterie remporte avec succès.
Vers 17 heures 45, le 52ème Régiment d'Infanterie tombe au Sud de Ressons-sur-Matz un léger Feindwiederstand, qui est vite écrasé.
17 heures 15 à 17 heures 45, combat du coté de Ressons-sur-Matz.
17 heures 30, combat du côté de Margny-sur-Matz (le 10ème Régiment d'Infanterie - allemand)
Vers 19 heures, 33ème Division d'Infanterie allemande est proche de Pont-Sainte-Maxence.
19 heures 30, on entend au loin le combat du 10ème Régiment d'Infanterie allemand combattre à Antheuil-Portes... puis progressivement les combats s'éloignent en direction de Compiègne.
21 heures 45, dynamitage du pont de Port-Salut (vers Verberie).
Lundi 10, capitulation de la Norvège.
Albert LEBRUN refuse de démissionner, obligeant ainsi PETAIN à le contourner par le vote des pleins pouvoirs, qui l'écarte du pouvoir. Il se retire alors à Vizille (Isère) chez son gendre, Jean FREYSSELINARD - L'Italie déclare la guerre à la France et à l'Angleterre.
Gury est occupé par les Allemands qui pillèrent et saccagèrent la Mairie et Ecole. Le logement d’instituteur bien endommagé par le bombardement connaît comme tout le village également un pillage complet.
2 heures, une partie de la 4ème Division d'Infanterie allemande se trouve à Arsy.
4 heures 30, une autre partie de la 4ème Division d'Infanterie allemande se trouve proche de Remy.
9 heures, le pont de La Croix-Saint-Ouen est dynamité…
Une partie de la 4ème Division d'Infanterie allemande avance progressivement avec des combats et arrive à Armancourt.
10 heures, le pont de Baron - Versigny est dynamité …
Vers 12 heures, les Allemands continuent leurs avances, ils entrent dans Méru, Roberval …
15 heures, les Allemands tentent de passer sur les ruines du pont des Ageux …
19 heures, les ennemis s’approchent de Verberie.
Une partie de la 4ème Division d'Infanterie allemande entre dans Compiègne.
Partout gisaient des effets militaires, des motos abandonnées, des munitions éparses, témoins de l'âpreté de la lutte.
Après un cheminement pénible, de jour et de nuit vers Mantes le convoi de Gury, se voit annoncé que le pont a été sauté sur la Seine, il essaie la direction de Meulan. Gaillonnet après le village d’Oinville où il passe la nuit sans dételer leurs attelages. Il perçoit la canonnade qui se rapproche, en avant ou sur le côté. Des cadavres de civil récemment tués s’étale çà et là sur le côté de la route. Un véhicule militaire accroche un de nos attelages avec plus peur que de mal, heureusement.
Mardi 11, orage avec de fortes pluies …
Mise en place de l'État français dirigé par le maréchal PETAIN. Le groupe d'armées n° 3 recule en direction d'Orléans. Paris est déclaré ville ouverte. Le Grand Quartier Général s'installe à Briare, dans le Loiret.
Au matin le convoi de Gury est bloqué sur la route à proximité de Meulan. Une information circule que le pont de Meulan est sauté et que l’on peut franchir la Seine à pied sur les décombres émergeant de l’eau.
C’est alors la ruée des civils, abandonnant auto et charrette pour essayer de franchir la Seine. Devant cette bousculade le Maire de Gury prend la décision de faire sortir toutes nos voitures de la file qui nous emprisonne et les garer dans une prairie en bordure d’un marécage boisé qui borde la route.
Pierre PILLOT veut s’informer plus exactement, et part seul à pied vers Meulan a peu de distance et est le témoin écœuré du spectacle inimaginable du pillage de cette ville déserte… Il pousse rapidement jusqu’à proximité du pont. Il n’y a plus de pont. Il regagne vite sa petite troupe et aperçois à une distance quelques cavaliers Allemands qui passaient au galop probablement des patrouilleurs d’éclaireurs.
Subitement, une colonne motorisée apparaît et stop sur la route voisine. Des ordres bref d’un officier et tout ce qui encombre cette route est poussé pèle mêle dans le ravin qui la borde. Celui-ci l’officier un peu curieux s’aperçoit de la présence du petit convoi insolite.
Le convoi est paralysé par la peur lorsque l’officier jette un bref coup d’œil sur nos véhicules. Il fait ouvrir le coffre de l’auto du Maire. Il y a le réchaud à l’alcool, la bouteille de lait et le biberon du bébé endormi sur la banquette dans les bras de sa tante. Il n’insiste pas sur son inspection car ses soldats lui présentent un prisonnier, moitié civil, moitié en uniforme, type arabe c’est un fugitif de l’armée en déroute qui espérait se dissimuler dans les convois. Un ordre bref de l’officier, il est entraîné vers les proches boqueteaux. Deux détonations et ce malheureux sera sans doute compté avec les disparus de l’armée en retraite.
La peur avait fait pâlir quelques-uns d’entre nous. La colonne motorisée s’est éloignée et le petit convoi campe dans ce décor désolé et un peu sinistre. Le danger passé chacun réalise le risque qu’il a encouru.
Dans la voiture du Maire se trouvait quelques documents de la Mairie, le drapeau des pompiers, et en fouillant dans ses poches de sa veste, il retrouve l’ordre de la Préfecture envoyé aux Maires avant l’offensive Allemande et leur enjoignant d’organiser des groupes de défense contre les parachutiste armés de fusils de chasse si possible. On peut supposer quel risque qu’aurait couru Pierre PILLOT, si l’officier qui lui avait fait ouvrir son coffre avait poussé plus loin son examen, c’est, si on peut en croire, le petit Guy qui a sauvé les apparences…
D’autre part, parmi les familles qui s’étaient joint aux familles PILLOT et LOIRE, ainsi LHELLEZ avaient emporté leurs fusils de chasse, ils s'empresseront de les abandonner dans le bois avoisinant... et font le voyage inverse pour arriver à Wy dit Jolie village, au sud et à l’écart de la route reliant Magny-en-Vexin à Pontoise. Toutes les familles qui forment la colonne s'éparpillent dans le village au gré de leur besoins, parmi eux la famille LHELLEZ-CRAMPON, ROBERT-PELLIEU, et quelques autres...
4 heures à 7 heures, les Allemands tentent de prendre Verberie …

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 Sujet du message : Re: GURY ... 1939-1945 ...
MessagePublié : ven. avr. 18, 2014 8:23 am 
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Suite de juin 1940 ...


Mercredi 12, au soir, il pleut …
Jeudi 13, PETAIN en conseil avertit : «Je déclare, en ce qui me concerne, que, hors du gouvernement, s'il le faut, je me refuserai à quitter le sol métropolitain, je resterai parmi le peuple français pour partager ses peines et ses misères. L'armistice est, à mes yeux, la condition nécessaire à la pérennité.»
Le président du Conseil envoie DE GAULLE à Londres pour demander à CHURCHILL à quelles conditions il voudrait le dégager de sa promesse de ne pas traiter avec l'ennemi.
Vers 21 heures 30, l’atmosphère devient étouffante des éclairs zèbrent le ciel, d’abord par intermittence puis de plus en plus nombreux, accompagnés de coups de tonnerre pour devenir quasiment incessants – On se croit en plein jour ou bien assister à un feu d’artifice. Puis la pluie tombe en trombe – La pluie, le vent, le tonnerre sont déchaînés, un vrai déluge !
Vendredi 14, au matin, les Allemands entrent dans Paris. Ils ont atteint aussi la Normandie.
Samedi 15, l'Italie attaque avec ses biplans qui sont anéantis par la chasse française. L'armée de l'Air française attaque avec ses DEWOITINE 520 le terrain d'Auxerre occupé par la Luftwaffe et s'en prend aux troupes au sol.
Dans la nuit du samedi 15 au dimanche 16, les aiguilles des horloges sont avancées d’une heure pour « l’horaire allemande ».
Dimanche 16, au matin, le cabinet britannique transmet un télégramme à Paul REYNAUD pour l'autoriser sous certaines conditions à demander à HITLER les conditions d'un armistice. Dans un second télégramme, CHURCHILL précise que la flotte française devra être mise à l'abri dans des ports britanniques pendant la durée des négociations.
Le même jour, à 17 heures, dans une dernière tentative de forcer le destin, Winston CHURCHILL propose à Paul REYNAUD, par l'intermédiaire du Général DE GAULLE, une union totale entre le Royaume-Uni et la France (un seul Parlement, un seul gouvernement, un seul pays).
Les deux chefs de gouvernement prennent rendez-vous pour le lendemain à Concarneau, en vue de signer le traité d'union. Mais le soir même, cette ultime proposition est rejetée par les partisans de l'armistice, devenus majoritaires dans le gouvernement.
Le soir, à Bordeaux, Paul REYNAUD démissionne et laisse au Maréchal PETAIN le soin de former un nouveau gouvernement et de décider de l'attitude à prendre devant l'invasion allemande.
Au même moment, la Wehrmacht traverse la Loire après avoir victorieusement envahi la Belgique et la Hollande et percé le front français à Sedan, dans les Ardennes. Elle pousse devant elle huit millions de civils français ou belges ainsi que les débris de l'armée française.
La guerre des ondes commence mais il est trop tard. Le 6 juin 1940, le gouvernement avait décidé le repli vers Briare et c'est la débâcle avec l'armistice annoncée au micro de « RADIO BORDEAUX » ce jour par le Maréchal PETAIN.
A cette époque, les TSF sont branchées en permanence et les auditeurs sont nombreux, même ceux sur les routes, qui peuvent prendre connaissance de l'appel du Général DE GAULLE. Nombreux sont les hommes et les femmes qui dans l'angoisse des nouvelles tournent les boutons de leur récepteur à l'écoute de toute source: Radio Paris, Londres, Luxembourg. Les 7 millions de réfugiés sur les routes s'arrêtent pour écouter la radio aux haltes de midi et du soir. Et ce ne sont que nouvelles de l'agonie nationale.
DE GAULLE arrive en Grande-Bretagne en tant que sous-secrétaire à la Défense nationale.
Lundi 17, Le Général DE GAULLE, accompagné de son aide de camp, le lieutenant Geoffroy de COURCEL, parvient à Londres dans la matinée, et demande à CHURCHILL l'autorisation de s'adresser aux Français sur les ondes. Installé provisoirement au 7-8, Seymour Grove, il y rédige le texte de l'Appel qu'il prononce le lendemain.
Suivant le conseil énoncé le 12 juin par le Général Maxime WEYGAND, chef d'état-major des Armées, PETAIN annonce son intention de demander l'armistice.
12 heures, Le Maréchal PETAIN qui a été appelé au gouvernement par REYNAUD, forme alors un nouveau gouvernement qui demande l'armistice. PETAIN, qui manie les mots avec dextérité, prononce une allocution mémorable à la radio. Écouté avec ferveur par des millions de Français désemparés, sur les routes ou dans leurs foyers, ce discours chevrotant vaut à l'illustre vieillard d'être plébiscité par l'opinion publique : Malgré le soin que prend PETAIN à peser chaque mot, il lui échappe une formule malheureuse laissant entendre que les combats devraient cesser à l'instant... De sorte que des soldats se sont rendus dans une certaine pagaille tandis que d'autres continuaient de se battre avec panache.
Discours du Maréchal PÉTAIN prononcé à la radio française : « Français, à l'appel de Monsieur le président de la République, j'assume à partir d'aujourd'hui la direction du gouvernement de la France. Sûr de l'affection de notre admirable armée qui lutte avec un héroïsme digne de ses longues traditions militaires contre un ennemi supérieur en nombre et en armes, sûr que par sa magnifique résistance elle a rempli ses devoirs vis-à-vis de nos alliés, sûr de l'appui des anciens combattants que j'ai eu la fierté de commander, je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur.
«En ces heures douloureuses, je pense aux malheureux réfugiés qui, dans un dénuement extrême, sillonnent nos routes. Je leur exprime ma compassion et ma sollicitude. C'est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat.
«Je me suis adressé cette nuit à l'adversaire pour lui demander s'il est prêt à rechercher avec nous, entre soldats, après la lutte et dans l'honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités. Que tous les Français se groupent autour du gouvernement que je préside pendant ces dures épreuves et fassent taire leur angoisse pour n'écouter que leur foi dans le destin de la patrie. »
Mardi 18, les premiers groupes quittent de l'armée de l'Air quittent Perpignan pour Oran (22 groupes de CURTISS HAWK-75 et DEWOITINE 520 quittent la France, les 14 groupes de MORANE-SAULNIER 406 et BLOCH 152 à l'autonomie insuffisante, continuent le combat).
C'est peu avant 20 heures, le 18 que le cabinet britannique l'autorise à lire ce texte pour le bulletin d'informations de 20 heures 15. Ce texte resté très célèbre n'en a pas moins été très peu entendu le 18 juin même. Il sera relu dans différentes langues à plusieurs reprises. DE GAULLE s'adressera encore aux français les 19, 22 et 24 juin.
20 heures 15, Charles DE GAULLE lance son appel "à tous les officiers ou soldats français", appel enregistré et repassé plusieurs fois par la suite. Un homme de radio averti comme André GILLOIS annonce une grande audience de cette première intervention car des millions de gens suivaient assidûment les bulletins en langue française venant de la BBC et de la Radiodiffusion française. Dès le lendemain, les journaux publièrent les termes de l'appel. : « Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement.
Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s’est mis en rapport avec l’ennemi pour cesser le combat.
Certes nous avons été, nous sommes submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l’ennemi.
Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils sont aujourd’hui.
Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ?
Non !
Croyez-moi, qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
Car la France n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l’Empire Britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l’Angleterre, utiliser sans limites l’immense industrie des Etats-Unis.
Cette guerre n’est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n’empêchent pas qu’il n’y a dans l’univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd’hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.
Moi, Général De Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d’armement qui se trouve en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas.
Demain, comme aujourd’hui, je parlerai à la Radio de Londres. »
Vendredi 19, débute L'émission originelle "Ici la France".
Vers 16 heures, rediffusion sur les ondes des radios de l’appel du Général DE GAULLE.
Jeudi 20, le petit convoi de Gury a la surprise de voir rentrer chez eux les habitants, suite au retour des habitants qui sont satisfait de l’entretien apporté aux animaux des fermes, la petite colonne de Gury a le désir de retrouver notre Gury est un grand stimulant pour affronter encore la fatigue du retour .... Chaumont  Valdampierre  Saint-Just-en Chaussée  Tricot.
La radio nous apprend que Clermont est dépassé et que la France demande un armistice à l'Allemagne. Les Allemands n'ont pas laissé de troupes à Vendat.
Vendredi 21, 14 heures 30, l’avion d’HITLER, entouré d’une escadrille de chasseurs, se pose sur l’aérodrome de Margny-lès-Compiègne.
15 heures 30, le général von KEITEL, le maréchal GOERING, Rudolf HESS, l'amiral RAEDER, Joachim von RIBBENTROP et Adolf HITIER sont à Compiègne. La délégation française, conduite par le général HUTZIGER, entre en pourparlers avec eux, en forêt.
18 heures, GOERING, HESS, von RIBBENTROP et HITIER se retirent, et les deux délégations se transportent à la clairière de Rethondes. KEITEL déclare : "Cet endroit a été choisi pour effacer, par un acte de justice réparateur, le plus profond déshonneur de tous les temps."
Samedi 22, discours prononcé à la radio de Londres où le général De GAULLE accuse de trahison les chefs militaires français qui collaborent aux plans de l'ennemi.
18 heures 30, la France capitule, signe les conditions de l’armistice avec l’Allemagne à Rethondes, par le général HUNTZIGER, dans le wagon même où l'Allemagne avait capitulé le 11 novembre 1918.
Pierre BOURDAN (de son vrai nom Pierre MAILLAUD) dénonce l'attitude de PETAIN ce qui entraîne des réprimandes de la part du gouvernement britannique qui ne veut pas brusquer le Maréchal. Michel DE ST DENIS, sous le nom de Jacques DUCHESNE, réunit une équipe parmi laquelle on compte : Jean MARIN, Pierre BOURDAN, Jean OBERLE, Jacques BOREL (de son vrai nom Jacques COTENCE), Maurice VAN MOPPES et Pierre LEFEVRE ceci dans le but d'organiser un programme radiodiffusé sur la B.B.C.
Appel du 22 juin 1940, dans les territoires français d'outre-mer, les chefs tergiversent à l'annonce de la signature de l'armistice par le maréchal PÉTAIN. Le Général DE GAULLE leur a adressé à chacun un appel pressant par télégramme. Il a demandé au Général NOGUÈS de prendre la tête de la résistance française dans l'Empire : « Le gouvernement français, après avoir demandé l'armistice, connaît maintenant les conditions dictées par l'ennemi.
Il résulte de ces conditions que les forces françaises de terre, de mer et de l'air seraient entièrement démobilisées, que nos armes seraient livrées, que le territoire français serait occupé et que le Gouvernement français tomberait sous la dépendance de l'Allemagne et de l'Italie.
On peut donc dire que cet armistice serait, non seulement une capitulation, mais encore un asservissement.
Or, beaucoup de Français n'acceptent pas la capitulation ni la servitude, pour des raisons qui s'appellent l'honneur, le bons sens, l'intérêt supérieur de la Patrie.
Je dis l'honneur ! Car la France s'est engagée à ne déposer les armes que d'accord avec les Alliés. Tant que ses Alliés continuent la guerre, son gouvernement n'a pas le droit de se rendre à l'ennemi. Le Gouvernement polonais, le Gouvernement norvégien, le Gouvernement belge, le Gouvernement hollandais, le Gouvernement luxembourgeois, quoique chassés de leur territoire, ont compris ainsi leur devoir.
Je dis le bon sens ! Car il est absurde de considérer la lutte comme perdue. Oui, nous avons subi une grande défaite. Un système militaire mauvais, les fautes commises dans la conduite des opérations, l'esprit d'abandon du Gouvernement pendant ces derniers combats, nous ont fait perdre la bataille de France. Mais il nous reste un vaste Empire, une flotte intacte, beaucoup d'or. Il nous reste des alliés, dont les ressources sont immenses et qui dominent les mers. Il nous reste les gigantesques possibilités de l'industrie américaine. Les mêmes conditions de la guerre qui nous ont fait battre par 5 000 avions et 6 000 chars peuvent donner, demain, la victoire par 20 000 chars et 20 000 avions.
Je dis l'intérêt supérieur de la Patrie ! Car cette guerre n'est pas une guerre franco-allemande qu'une bataille puisse décider. Cette guerre est une guerre mondiale. Nul ne peut prévoir si les peuples qui sont neutres aujourd'hui le resteront demain, ni si les alliés de l'Allemagne resteront toujours ses alliés. Si les forces de la liberté triomphaient finalement de celles de la servitude, quel serait le destin d'une France qui se serait soumise à l'ennemi ?
L'honneur, le bon sens, l'intérêt de la Patrie, commande à tous les Français libres de continuer le combat, là où ils seront et comme ils pourront.
Il est, par conséquent, nécessaire de grouper partout où cela se peut une force française aussi grande que possible. Tout ce qui peut être réuni, en fait d'éléments militaires français et de capacités françaises de production d'armement, doit être organisé partout où il y en a.
Moi, Général de Gaulle, j'entreprends ici, en Angleterre, cette tâche nationale.
J'invite tous les militaires français des armées de terre, de mer et de l'air, j'invite les ingénieurs et les ouvriers français spécialistes de l'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui pourraient y parvenir, à se réunir a moi.
J'invite les chefs et les soldats, les marins, les aviateurs des forces françaises de terre, de mer, de l'air, où qu'ils se trouvent actuellement, à se mettre en rapport avec moi.
J'invite tous les Français qui veulent rester libres à m'écouter et à me suivre.
Vive la France libre dans l'honneur et dans l'indépendance ! »
Dimanche 23, le petit groupe de réfugié de Gury fait un arrêt à Mortemer.
Discours du Maréchal PETAIN, Ce discours radiodiffusé, prononcé par le Maréchal PETAIN le 23 juin 1940, est la première manifestation officielle de l'anglophobie qui sera de règle dans toute l'histoire de l'État français. En répondant à Winston CHURCHILL, le Maréchal PETAIN rend publiques les tensions qui existaient déjà entre les deux gouvernements avant la défaite. Quelques jours plus tard, Mers-el-Kébir ne fera qu'envenimer les choses... : « Français,
Le gouvernement et le peuple français ont entendu hier, avec une stupeur attristée, les paroles de monsieur Churchill.
Nous comprenons l'angoisse qui les dicte. Monsieur Churchill redoute pour son pays les maux qui accablent le nôtre depuis un mois.
Il n'est pourtant pas de circonstances où les Français puissent souffrir, sans protester, les leçons d'un ministre étranger. Monsieur Churchill est juge des intérêts de son pays : il ne l'est pas des intérêts du nôtre. Il l'est encore moins de l'honneur français.
Notre drapeau reste sans tache. Notre armée s'est bravement et loyalement battue. Inférieure en armes et en nombre, elle a dû demander que cesse le combat. Elle l'a fait, je l'affirme, dans l'indépendance et dans la dignité.
Nul ne parviendra à diviser les Français au moment où leur pays souffre.
La France n'a ménagé ni son sang ni ses efforts. Elle a conscience d'avoir mérité le respect du monde. Et c'est d'elle, d'abord, qu'elle attend le salut. Il faut que monsieur Churchill le sache. Notre foi en nous-mêmes n'a pas fléchi : nous subissons une épreuve dure. Nous en avons surmonté d'autres. Nous savons que la patrie demeure intacte tant que subsiste l'amour de ses enfants pour elle. Cet amour n'a jamais eu plus de ferveur.
La terre de France n'est pas moins riche de promesse que de gloire.
Il arrive qu'un paysan de chez nous voit son champ dévasté par la grêle. Il ne désespère pas de la moisson prochaine. Il creuse avec la même foi le même sillon pour le grain futur.
Monsieur Churchill croit-il que les Français refusent à la France entière l'amour et la foi qu'ils accordent à la plus petite parcelle de leurs champs ?
Ils regardent bien en face leur présent et leur avenir.
Pour le présent, ils sont certains de montrer plus de grandeur en avouant leur défaite qu'en lui opposant des propos vains et des projets illusoires.
Pour l'avenir, ils savent que leur destin est dans leur courage et leur persévérance. »
Lundi 24, le dernier pilote français est tué : le sous-lieutenant RAPHENNE.
L’armistice est signé avec l’Italie.
La colonne de réfugiée retrouve Gury. L'affreux cauchemar est terminé, un autre moins éprouvant mais qu'il faut affronter, recommence, c'est la rançon de l'honneur des fonctions de Maire.
Nos maisons !... elles ont été pillé, visitées, remuées de fond en comble, déblayées, souillées, comme elles peuvent l'être après les passages successifs de fuyards, de militaires en retraite et d'ennemis que combattent les arrières gardes Françaises qui contenaient la retraite au péril de leur vie, comme le témoigne les tombes de nos soldats que nous trouvons dans le village et la plaine avoisinante.
Un tank le « Du Guesclin » a été abandonné face à l'église (à cheval sur l’accotement, mais une grande partie sur la chaussée), des munitions éparses, témoins de l'âpreté de la lutte et de la bataille qui s'est livrée après notre départ.
Chacun dans son domaine, déblaye, nettoie, répare et emménage, repose une partie des toitures dans l'éventualité de la pluie qui n'a heureusement pas encore causé de dégâts.
Il ne faut pas oublier aussi la consternation de la petite Thérèse BRUNEL, qui découvre avec ses parents la tête tranchée de sa petite chèvre qu'elle n'a pu hélas prendre lors de cette seconde évacuation.
Des troupeaux de bovins "étrangers" errent un peu partout ils ont saccagé les jardins et les récoltes ensemencées. Nous les regroupons dans les pâturages en nous aidant mutuellement. Nous séparons celles qui nous appartiennent et sauvegardons les lactations des laitières qui nous aiderons a nous alimenter en attendant la réorganisation de la vie normale et l'alimentation des enfants.
Des pommes de terre, des haricots et quelques légumes sont épargnés dans le jardin du Maire dont la clôture a résistée.
Les basses-cours et clapiers sont vides, le pillage a passé par là. Les communes avoisinantes de Gury et ici même les petites réserves sont épuisées, plus d'épicerie, plus de boucheries, plus de charcuterie.
Les menus sont souvent agrémentés de pommes de terre et carottes glanées çà et là.
Conscient de ce délabrement des familles qui sont rentrées de l'évacuation et n'ont pas poursuivi le lamentable exode vers l'intérieur du pays, aidé des quelques amis qui ont suivi le Maire dans l'allée et retour, ils décident dans un demi-secret à l'insu de l'occupant de s’offrir soit un pot au feu et pourquoi pas un beefsteak.
Des bovins sans maître, ni propriétaire rodent encore sur le territoire semant un peu de perturbation parmi nos troupeaux en partie récupérés.
Parmi ces indésirables nous repérons un taureau en bon état qui ne parait pas trop sauvage. La petite équipe de gurichons l'achemine avec précaution vers la ferme de René BRUNEL ou nous l'enfermons dans une étable.
L'ennemi pas encore très organisé ne présente pas trop de risques de contrôle.
Le Maire contact monsieur FOUCARD de Lassigny, ancien garçon boucher et le décidons à venir abattre l'animal et le dépecer. La bête solidement entravée et maintenu est abattue de façon impeccable au merlin et saignée et dépouillée prestement.
Parmi tous les réintégrés, malgré le demi-secret observés, le téléphone arabe fonctionne et le défilé des ménagères de Gury, Plessier-de-Roye et Lassigny obligent monsieur FOUCARD a multiplier les rations pour satisfaire tout ce monde.
La distribution fut gratuite, sauf le secret exigé, la récompense du Maire fut se regard reconnaissant de toutes ces ménagères qui lui connaissaient qui l'estimait.
Ce fut l'intermède agréable en attendant la réorganisation du commerce local.
Contrairement à l'affreux marché noir des années qui suivirent, ce fut le marché blanc et propre de l'amitié.
La présence du taureau n'a jamais été revendiquée. Le problème de conscience du Maire s'en est trouvé soulagé.
Une Kommandantur s'est installée à la Mairie de Lassigny, Pierre PILLOT s'y rend pour prendre contact avec le responsable désigné : Monsieur DUBOIS, chef cantonnier.
Avec messieurs DUBOIS, VASSEUR, de Lassigny et Pierre PILLOT, organisent la reprise de la fabrication d'une sorte de galette de farine, dont ils ont trouvé une petite réserve à la boulangerie, cela calmera un peu l'appétit des quelques réintégrés, en attendant mieux.
C'est le Maire ou un représentant désigné qui va assurer et subir les directives et fera exécuter les ordres des occupants
Cela est fini de notre liberté, à l'entrée de sa ferme le Maire dois fixer la pancarte qui est distribuée avec l'inscription : « BOURGMESTER » a côté d'un chiffon blanc et d'un petit drapeau tricolore.
Le drapeau n'aura qu'une présence éphémère, un motocycliste allemand s'arrête les jours suivant prend cela pour une provocation de la part du Maire, l'interpelle durement en allemand, arrache le drapeau et le piétine en injuriant et en brandissant sa mitraillette. Quelle jouissance se serait été pour le Maire à cet instant d’avoir aussi la mitraillette et risquer pour un des deux la croix de bois.
Pierre PILLOT n'est plus qu'un prisonnier et un exécutant indifférent de l'exigence des vainqueurs. Sa réplique s'est bornée à un petit haussement d'épaule accompagné d'un regard dédaigneux.
Un feibweibel transmet au Maire les ordres de Lassigny. Il doit réunir chaque matin les hommes disponibles et réparer les toitures soufflées par les bombes, c'est un travail utile et les camarades de Pierre PILLOT ne l'ont pas laissé exécuter cette corvée humiliante car chacun s'est employé au mieux à l'accomplir.
La toiture de notre église est endommagée, la kommandantur sur l’intention du Maire de Gury, autorise le village a aller prendre livraison de tuiles de ce calibre à l’abbaye de Chiry-Ourscamp. Pierre PILLOT s’y rend avec son attelage suivant l’itinéraire qu’elle lui impose, car les ponts de l’Oise sont en partie détruit, et dois pour y accéder faire un détour par Pontoise-les-Noyon.
Jules ALAVOINE, maçon à Gury (celui-ci n’avait pas évacué et s’est caché dans le bois de Caponne pendant les combats et le passage des Allemands dans le village) se chargera de réparer la toiture qui sauvegardera l’intérieur et ce qu’il contient. Une partie de la salle de classe n’a plus de parquet, le Maire décide de faire réparer avec une coulée de ciment.
Il est constaté que certains matériels de secours contre l'incendie et des effets d'habillement on pour certains disparus d'autre détruits par faits de guerre : Motopompe GUINARD avec ses accessoires (disparue), pour les autres objets, disparus ou détruits : 250 mètres de tuyaux de refoulement 70 m/m - 10 accords symétriques - 1 lance - 1 division 70 m/m 2 sorties 45 m/m - Tuyaux de 45 m/m, 50 mètres - 2 raccords symétriques - 22 seaux - 1 hache - 1 torche - 1 tenue de drap (officier) - 20 tenues de draps (hommes) - 15 tenues de treillis - 16 képis - 1 casque officier - 20 casques hommes - 15 ceintures - 15 paires de guêtres - 2 clairons - 1 drapeau tricolore de 1m x 1m.
Mardi 25, fin de « LA BATAILLE DE FRANCE ».
La sonnerie du cessez-le-feu résonne à 0 h 35, soit six semaines après le début de l'invasion. Dans l'esprit de beaucoup, l'armistice doit être suivi d'un traité de paix en bonne et due forme. Celui-ci ne se concrétisera jamais, laissant la France dans un état de sujétion jusqu'à la fin de la guerre mondiale.
Marceau LHELLEZ est fait prisonnier à Auray (Morbihan).
Appel du Maréchal PÉTAIN aux Français. Discours prononcé trois jours après la signature de l’armistice avec l’Allemagne à Rethondes. PÉTAIN en informe les Français et estime avoir sauvé l’essentiel : « L’honneur est sauf. La France ne sera administrée que par des Français ». Déjà il évoque la Révolution nationale « Un ordre nouveau commence : « FRANÇAIS !
Je m'adresse aujourd'hui à vous, Français de la Métropole et Français d'outre-mer, pour vous expliquer les motifs des deux armistices conclus, le premier avec l'Allemagne il trois jours, le second avec l'Italie.
Ce qu'il faut d'abord souligner, c'est l'illusion profonde que la France et ses alliés se sont faite sur la véritable force militaire et sur l'efficacité de l'arme économique : liberté des mers, blocus, ressources dont ils pouvaient disposer. Pas plus aujourd'hui qu'hier on ne gagne une guerre uniquement avec de l'or et des matières premières. La victoire dépend des effectifs, du matériel et des conditions de leur emploi. Les événements ont prouvé que l'Allemagne possédait, en mai 1940, dans ce, domaine, une écrasante supériorité à laquelle nous ne pouvions plus opposer, quand la bataille s'est engagée, que des mots d'encouragement et d'espoir.
La bataille des Flandres s'est terminée par la capitulation de l'armée belge en, rase campagne et l'encerclement des divisions 'anglaises et françaises. .'Ces dernières se sont battues bravement. Elles formaient l'élite de notre armée ; malgré leur valeur, elles n'ont pu sauver une partie de leurs effectifs qu'en abandonnant leur matériel.
Une deuxième bataille s'est livrée sur l'Aisne et sur la Somme Pour tenir cette lignée soixante divisions françaises, sans fortifications, presque sans chars, ont lutté contre 150 divisions d'infanterie et Il divisions cuirassées allemandes. L'ennemi, en quelques jours, a rompu notre dispositif, divisé nos troupes en quatre tronçons et envahi la majeure partie du sol français.
La guerre était déjà gagnée virtuellement par l'Allemagne lorsque l'Italie est entrée en campagne, créant contre la France un nouveau front en face duquel notre armée des Alpes a résisté.
L'exode des réfugiés a pris, dès lors, des proportions inouïes. Dix millions (le Français, rejoignant un million et demi de Belges, se sont précipités vers l'arrière de notre front, dans des conditions de désordre et de misères indescriptibles.
A partir du 15 juin, l'ennemi, franchissant la Loire, se répandait a son tour sur le reste de la France.
Devant une telle épreuve, la résistance armée devait cesser. Le Gouvernement était acculé à l'une de ces deux décisions : soit demeurer sur place, soit prendre la mer. Il en a délibéré et s'est résolu à rester en France, pour maintenir l'unité de notre peuple et le représenter en face de l'adversaire. Il a estimé qu'en de telles circonstances, soit devoir était d'obtenir un armistice acceptable, en faisant appel chez l'adversaire au sens de l'honneur et de la raison.
L'armistice est conclu, le combat a pris fin. En ce jour de deuil national, ma pensée va à tous les morts, à tous ceux que la guerre a meurtris dans leurs chairs et dans leurs affections. Leur sacrifice a maintenu haut et pur le drapeau de la France. Qu'ils demeurent dans nos mémoires et dans nos cœurs 1
Les conditions auxquelles nous avons dû souscrire sont sévères.
Une grande partie de notre territoire va être temporairement occupée. Dans tout le nord et dans l'ouest de notre pays, depuis le lac de Genève jusqu'à Tours, puis le long de la côte, de Tours -aux Pyrénées, l'Allemagne tiendra garnison. Nos armées devront être démobilisées. Notre, matériel remis à l'adversaire, nos fortifications rasées, notre flotte désarmée dans nos ports. En Méditerranée, des bases navales seront démilitarisées. Du moins l'honneur est-il sauf. Nul ne fera usage de nos avions et de notre flotte. Nous gardons les unités terrestres et navales nécessaires au maintien de l'ordre dans la métropole et dans nos colonies. Le gouvernement reste libre,' la. France ne sera administrée que par des Français.,
Vous étiez prêts à continuer la lutte, je le savais. La guerre était perdue dans la métropole ; fallait-il la prolonger dans nos colonies ?
Je ne serais pas digne (le rester à votre tête si j'avais accepté de répandre le sang français pour prolonger le rêve de quelques Français mal instruits des conditions de la lutte. Je n'ai pas voulu placer hors du sol de France ni ma Personne, ni mon espoir. Je n'ai pas été moins soucieux de nos colonies que (le la métropole. L'armistice sauvegarde les liens qui l'unissent à elle. La Franc a le droit de compter sur leur loyauté.
C'est vers l'avenir que, désormais, nous devons tourner nos efforts. Un ordre nouveau commence. Vous serez bientôt rendus à vos foyers. Certains auront à le reconstruire.
Vous avez souffert.
Vous souffrirez encore. Beaucoup d'entre vous ne retrouveront pas leur métier ou leur maison. Votre vie sera dure. Ce n'est pas moi qui vous bernerai par des paroles trompeuses. Je hais les mensonges qui vous ont fait tant de mal. La terre, elle, ne ment pas. Elle demeure votre recours. Elle est la patrie elle-même. Un champ qui tombe en friche, c'est Une portion de France qui meurt. Une jachère de nouveau emblavée, c'est une portion de France qui renaît. N'espérez pas trop de l'Etat qui ne peut donner que ce qu'il reçoit. Comptez pour le présent sur vous-mêmes et, pour l'avenir, -sur les enfants que vous aurez élevés dans le sentiment du devoir.
Nous avons à restaurer la France. Montrez-la au monde qui l'observe, à l'adversaire qui l'occupe, dans tout son calme, tout son labeur et toute sa dignité. Notre défaite est venue de nos relâchements. L'esprit de jouissance détruit ce que l'esprit de sacrifice a édifié. C'est à un redressement intellectuel et moral que, d'abord, je vous convie. Français, vous l'accomplirez et vous verrez, je le jure, une France neuve surgir de votre ferveur. »
Jeudi 27, le Général DE GAULLE prend le titre de « Chef des Français Libres ».
Samedi 29, le Gouvernement s'installe à Vichy, en zone non occupée par l'armée allemande. C'est Pierre LAVAL qui, résidant à Chateldon, à une trentaine de kilomètres de la cité thermale, a insisté pour que le gouvernement s'établisse à Vichy.

Fin pour juin 1940 ...

Vous souhaitant à tous une bonne lecture ... A suivre juillet 1940.

Cordialement

Camille


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 Sujet du message : Re: GURY ... 1939-1945 ...
MessagePublié : mar. avr. 22, 2014 20:50 pm 
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Inscription : mar. déc. 04, 2007 10:15 am
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Bonsoir à tous,

... Poursuivons ... Nous sommes en juillet 1940.

Juillet
Fin juin et avant le samedi 20 juillet que le Maire prend la responsabilité en l’absence de toute autre administrative française, de déblayer les décombres de la ferme de Gabriel FREIN et de son épouse Marthe VANDEVYVERE. Il veut s’assurer que ses suppositions sur les circonstances de leur décès soient exactes.
Une fois dégagée et retrouvé les corps dans la position ou la voûte de la cave défoncée par la bombe les avaient écrasés eux et leurs 4 petits qui les accompagnaient. La pauvre maman abritait encore dans ses bras son bébé dernier né qu’elle avait essayé sans doute de protéger de son corps. Plusieurs des présents à cet affreux spectacle n’ont pu retenir les larmes devant une telle vision (entre autre Marcel ROBERT, beau-frère et oncle de la défunte famille).
Mis en bière assez rapidement, les corps ont été transportés au cimetière ou les ont accompagnés les amis du village et une partie de leur famille Marcel ROBERT et ses enfants, que le Maire avait fait prévenir et qui ont regagné leur domicile à Plessier-de-Roye après avoir suivi le convoi de Gury lors de l’évacuation (Marcel ROBERT, est fils de Paul ROBERT, donc frère de Fernand et Alfred). Pierre PILLOT a pu à cette occasion leur remettre des documents qui se trouvaient près des corps dans la cave.
Samedi 06, les entreprises POMPES GUINARD au Maire : « Une circulaire ministérielle a précisé, au début de l’année, les conditions dans lesquelles les municipalités doivent désormais organiser leur défense contre l’incendie.
1 soit dans le cadre communal,
2 soit dans le cadre intercommunal,
3 soit dans le cadre départemental.
Cette importante question aura certainement retenu votre attention et, probablement, vous avez déjà examiné si vos moyens de défense étaient suffisants.
Si vous envisagez de les renforcer, nous nous tenons à votre entière disposition pour vous fournir tous renseignements d’ordre technique ou administratif que vous pourriez désirer.
Notre longue expérience de la question, les 5.000 engins que nous avons en service, l’importance de nos services techniques d’incendie comptant une vingtaine d’ingénieurs spécialisés, nous permettent de vous affirmer qu’une étude approfondie sera faite de votre situation locale.
Nous vous guiderons pour vous permettre de trouver les meilleures solutions et de réaliser votre défense dans les meilleures conditions.
Bien entendu, tous ces renseignements et essais éventuels sur place, sont faits gratuitement et sans aucun engagement de votre part. Il vous suffira de nous convoquer et notre Ingénieur Monsieur CORBAZ, très souvent de passage dans votre région, vous rendra visite afin de prendre contact avec nous … »
Mercredi 10, insistant sur la responsabilité des institutions et des chefs de la Troisième République, Pierre LAVAL fait voter par le Parlement les pleins pouvoirs (Constituant, Législatif, Exécutif et Judiciaire) au maréchal PETAIN, qui devient chef de l'État.
Jeudi 11, Albert LEBRUN démissionne de la présidence de la République (Albert LEBRUN, en 1940, avec Paul REYNAUD, il est partisan du départ pour l'Afrique du Nord et est opposé à l'armistice. Il est cependant conduit, devant le courant majoritaire, à appeler le Maréchal PÉTAIN à la présidence du Conseil et le met en garde, en vain, contre l'influence néfaste de Pierre LAVAL. Il refuse de démissionner, obligeant ainsi PÉTAIN à le contourner par le vote des pleins pouvoirs, le 10 juillet 1940, qui l'écarte du pouvoir.).
Discours du maréchal PETAIN, Dans ce discours radiodiffusé prononcé ce jour, le Maréchal PETAIN annonce que la veille, 10 juillet, l'Assemblée nationale lui a voté les pleins pouvoirs. Il brosse ensuite à grands traits le programme qu'il entend appliquer. Même si l'expression n'existe pas encore, c'est tout l'esprit de la Révolution nationale qu'il expose ici : redressement de la France par le travail, encadrement de la jeunesse, sauvegarde des "disciplines familiales", etc.
Bien entendu, le nouveau chef de l'État ne pouvait passer sous silence le drame de Mers-el-Kébir, survenu une semaine plus tôt. Il le fait avec des phrases sobres mais sèches et révélatrices d'une indignation à peine contenue : « Français, L’Assemblée Nationale m'a investi de pouvoirs étendus. J'ai à vous dire comment je les exercerai.
Le Gouvernement doit faire face à une des situations les plus difficiles que la France ait connues : il lui faut rétablir les communications du pays, rendre chacun à son foyer, à son travail, assurer le ravitaillement.
Il lui faut négocier et conclure la paix.
En ces derniers jours, une épreuve nouvelle a été infligée à la France : l'Angleterre, rompant une longue alliance, a attaqué à l'improviste et a détruit des navires français immobilisés dans nos ports et partiellement désarmés. Rien ne laissait prévoir une telle agression. Rien ne la justifiait.
Le gouvernement anglais a-t-il cru que nous accepterions de livrer à l'Allemagne et à l'Italie notre flotte de guerre ? S'il l'a cru, il s'est trompé ; mais il s'est trompé aussi quand il a pensé que, cédant à la menace, nous manquerions aux engagements pris à l'égard de nos adversaires : ordre a été donné à la marine française de se défendre et, malgré l'inégalité du combat, elle l'a exécuté avec résolution et vaillance.
La France vaincue dans des combats héroïques, abandonnée hier, attaquée aujourd'hui par l'Angleterre, à qui elle avait consenti de si nombreux et durs sacrifices, demeure seule en face de son destin. Elle trouvera une raison nouvelle de tremper son courage en conservant tout sa foi dans son avenir.
Pour accomplir la tâche immense qui nous incombe, j'ai besoin votre confiance. Vos représentants me l'ont donnée en votre nom. Ils ont voulu, comme vous et comme moi-même, que l'impuissance de l'État cesse de paralyser la nation.
J'ai constitué un nouveau gouvernement.
Douze ministres se répartiront l'administration du pays. Ils seront assistés par des secrétaires généraux qui dirigeront les principaux servi de l'État.
Des gouverneurs seront placés à la tête des grandes provinces françaises. Ainsi, l'administration sera à la fois concentrée et décentralisée.
Les fonctionnaires ne seront plus entravés dans leur action par des règlements trop étroits et par des contrôles trop nombreux. Ils seront plus libres ; ils agiront plus vite. Mais ils seront responsables de leurs fautes.
Afin de régler plus aisément certaines questions dont la réalisation présente un caractère d'urgence, le Gouvernement se propose de siéger dans les territoires occupés.
Nous avons demandé, à cet effet, au Gouvernement allemand, de libérer Versailles et le quartier des Ministères à Paris.
Notre programme est de rendre à la France les forces qu'elle a perdue.
Elle ne les retrouvera qu'en suivant les règles simples qui ont de tout temps assuré la vie, la santé et la prospérité des nations.
Nous ferons une France organisée, où la discipline des subordonnés réponde à l'autorité des chefs, dans la justice pour tous.
Dans tous les ordres, nous nous attacherons à créer des élites, à leur conférer le commandement, sans autre considération que celle de leurs capacités et de leurs mérites.
Le travail des Français est la ressource suprême de la patrie. Il sacré. Le capitalisme international et le socialisme international qui l'ont exploité et dégradé font également partie de l'avant-guerre. Ils ont été d'autant plus funestes que, s'opposant l'un à l'autre, en apparence, ils se ménageaient l'un et l'autre en secret. Nous ne souffrirons plus leur ténébreuse alliance. Nous supprimerons les dissensions dans la cité. Nous ne les admettrons pas à l'intérieur des usines et des fermes.
Pour notre société dévoyée, l'argent, trop souvent serviteur et instrument du mensonge, était un moyen de domination.
Nous ne renonçons ni au moteur puissant qu'est le profit, ni aux réserves que l'épargne accumule.
Mais la faveur ne distribuera plus de prébendes. Le gain restera la récompense du labeur et du risque. Dans la France refaite, l'argent ne sera. que le salaire de l'effort.
Votre travail sera défendu. Votre famille aura le respect et la protection de la nation.
La France rajeunie veut que l'enfant remplisse vos cœurs de l'espoir qui vivifie et non plus de la crainte qui dessèche. Elle vous rendra, pour son éducation et son avenir, la confiance que vous aviez perdue.
Les familles françaises restent les dépositaires d'un long passé d'honneur. Elles ont le devoir de maintenir à travers les générations les antiques vertus qui font les peuples forts.
Les disciplines familiales seront sauvegardées.
Mais, nous le savons, la jeunesse moderne a besoin de vivre avec la jeunesse; de prendre sa force au grand air, dans une fraternité salubre qui la prépare au combat de la vie. Nous y veillerons.
Ces vieilles traditions qu'il faut maintenir, ces jeunes ardeurs qui communieront dans un zèle nouveau, forment le fond de notre race.
Tous les Français, fiers de la France, la France fière de chaque Français, tel est l'ordre que nous voulons instaurer. Nous y consacrerons nos forces. Consacrez-y les vôtres.
La patrie peut assurer, embellir et justifier nos vies fragiles et chétives.
Donnons-nous à la France ! elle a toujours porté son peuple à la grandeur. »
Vendredi 12, le Maire établi un état des besoins de chevaux pour les travaux de moisson.
Samedi 13, discours du général DE GAULLE prononcé à la radio de Londres. « Ce soir, veille du 14 juillet, il n'est pas une pensée française qui ne soit pour la France seule. Le slogan d'une France pécheresse, justement punie de ses fautes et qui court à l'expiation, voilà qui convient tout à fait à nos vainqueurs du moment. Voilà qui répond trop bien aux remords et aux intérêts de ceux qui ont capitulé. Pour l'instant, il s'agit de faire tout le possible, activement ou passivement, pour que l'ennemi soit battu. Qu'il le soit et nous renaîtrons, qu'il ne le soit pas et chaque jour il nous brisera, nous pillera, nous étouffera davantage. Prétendre que la France puisse être et demeurer la France sous la botte d'Hitler et le sabot de Mussolini, c'est de la sénilité ou de la trahison. Et c'est encore de la sénilité ou bien de la trahison que de prétendre que la guerre est une entreprise désespérée. Ceux qui le disent à la France, à supposer qu'ils le disent de bonne foi, prouvent qu'ils n'ont rien compris au monde tel qu'il est. Le monde ne se limite pas au champ de bataille sur lequel l'incompréhension de nos chefs nous livra sans moyens à la force mécanique allemande. Le monde comprend une Europe où nos alliés anglais qui, déjà, tiennent les mers et commencent à dominer le ciel, se renforcent chaque jour. Le monde comprend une Afrique, une Asie, une Amérique pleine d'immenses possibilités. Oui, l'ennemi a réussi à réduire plusieurs de ses voisins immédiats. Mais chaque pas en avant le met devant une tâche plus dure. La France même partagée, même pillée, même livrée, n'a pas à jouer perdant ».
Dimanche 14, reçu pour réquisition d’un bœuf à Pierre GUIZIOU.
Michel DE ST DENIS, sous le nom de Jacques DUCHESNE, réunit une équipe parmi laquelle on compte : Jean MARIN, Pierre BOURDAN, Jean OBERLE, Jacques BOREL (de son vrai nom Jacques COTENCE), Maurice VAN MOPPES et Pierre LEFEVRE ceci dans le but d'organiser un programme radiodiffusé sur la B.B.C. Tout ce petit monde fait ses premiers pas le 14 juillet à 20h30. Cette émission prendra bientôt le nom de "Les Français parlent aux Français". Au début de chaque émission, Jacques DUCHESNE lançait cette phrase "Aujourd'hui, (xème) jour de la résistance du peuple français à l'oppression" qui se transforma en "Aujourd'hui (xème) jour de la lutte du peuple français pour sa libération". Ce même 14 juillet, l'émission "Liberté, Egalité, Fraternité", qui deviendra "Honneur et Patrie", débute également. C'est Maurice SCHUMANN qui fut nommé porte-parole du général DE GAULLE et qui s'exprimait 5 minutes à 20h25. En décembre 1940, l'on attribue une nouvelle tranche horaire : à 12h00.
Lundi 15, état des animaux existant dans la commune :
28 chevaux aux habitants – 7 juments aux habitants – 2 poulains aux habitants – 4 chevaux abandonnés chez les habitants – 181 vaches et génisses aux habitants – 1 vache/génisse abandonnée chez les habitants – 4 bœufs abandonnés et parqués – 3 taureaux aux habitants – 2 moutons aux habitants – 5 chèvres aux habitants – 13 cochons aux habitants.
Samedi 26, Nestor CUGNIERE est affecté à la 9ème Compagnie.
Mardi 30, la Préfecture à la Mairie de Gury : « En vue de l’établissement d’un programme de travaux susceptibles d’employer la main-d’œuvre actuellement disponible, j’ai l’honneur de vous prier de vouloir bien me fournir d’urgence toutes précisions utiles sur les points suivants :…. »
Fernand BLONDEL et sa famille étant rentré d’évacuation (il était à Brive, en Corrèze), il est autorisé à continuer ses fonctions aux Ponts et Chaussées et à la Mairie, ce qui soulage énormément le Maire.
Après le mardi 30, … l’institutrice fit 38 km à pied pour rejoindre son poste. L’Ecole et la Mairie étant endommagées c’est les premiers jours sous le préau qu’eut lieu une classe champêtre en attendant la couverture dont la charpente squelettique de la Mairie - Ecole complètement découverte par la déflagration des bombes chez Maurice LHELLEZ. L’institutrice avait 5 enfants. Elle ne put les faire réintégrer faute de logis et aussi faute de literie tout ayant été littéralement pillé dans sa demeure. Elle dut loger chez l’habitant.
Une liste des chevaux existant dans la commune n’était pas parvenue assez tôt à la Feld kommandatur de Compiègne. Le Maire étant absent, l’Adjoint ne sachant rien, elle dut se mettre à la recherche de son maire sous la menace des officiers allemands venus de Compiègne qui voulaient les renseignements sur-le-champ. Celui-ci en tournée fut retrouvé bien heureusement à Mareuil-la-Motte, et la liste ayant pu être reconstituée. Ils ramenèrent l’institutrice à Gury.

Bonne lecture à tous ...

A suivre août 1940 ...

Cordialement

Camille


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 Sujet du message : Re: GURY ... 1939-1945 ...
MessagePublié : ven. avr. 25, 2014 21:28 pm 
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Inscription : mar. déc. 04, 2007 10:15 am
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Bonsoir à tous,

Nous poursuivons ...

Août
Les réquisitions, bovins et chevaux réapparaissent. Le Maire exonère autant qu’il peut de ces obligations, les femmes dont les maris prisonniers en zone non occupées ont déjà tant de difficultés dans leurs petites exploitations, Abel DEVILLERS, la famille LHELLEZ aident le Maire à trouver dans leurs fermes le moyen de répondre à ces demandes.
Pour l’avoine nécessaire aux chevaux, le village peut à peine répondre à la demande. Les Allemands se méfient et soupçonne le village d’en détourner. C’est ainsi que la Feldgendarmerie de Beauvais arrive chez Pierre PILLOT et lui signifie un contrôle des greniers ou il les précède (contrôle du grenier de Maurice LHELLEZ), revolver dans le dos. Heureusement pour lui, ils n’ont rien décelé d’anormal et il s’en tire encore sain et sauf de ce mauvais pas (Pourquoi à Gury et le Maire ?… mystère jamais éclairci).
Lundi 05, la Mairie établie :
1° liste des immeubles publics partiellement détruits dont la restauration s’impose d’urgence :
Mairie Ecole, toiture entièrement à réfectionner, vitres à remplacer, portes et fenêtres à réparer et receler, chambranles et cloisons intérieures ébranlées, plâtres et tapisseries en partie à refaire.
Dépendances et bâtiments de pompes, révision des dégâts partiels sur les toitures, portes et fenêtres à remplacer, vitres brisées.
Puits communale et refuge, toiture à réparer
Eglise, toiture à refaire entièrement 2/3 environ de tuiles manquantes, intérieure à réparer (plâtres et peinture) – Vitraux détruits.
Salle de fête, vitres brisées, portes et fenêtres ébranlées.
2° liste des immeubles privés endommagés et dont la réfection ne peut être effectuée avec les moyens locaux :
LHELLEZ Maurice, ferme et débit-épicerie – 3 chambres et cuisine détruites partiellement.
GORON-ODEMPS – un coté de la ferme complètement détruit.
Vve ODEMPS-PILLOT – toitures à refaire, intérieur très détérioré, cloisons détruites, portes et fenêtres arrachées.
ROBERT Paul – maison d’habitation détruite avec écurie et étable à vaches, le reste hangar et dépendances découvertes.
LEBŒUF-HAUET – habitation partie détruite, grange détruite, étable et écurie en parties détruites et découvertes.
DEVILLERS-LOIRE – habitation intérieure ébranlée, portes et fenêtres en partie arrachées, plâtres à refaire, dépendances, toitures à réfectionner.
BAUDHUIN Léandre « Albert » – (ferme 1) habitation partie ébranlée, portes et fenêtres en partie arrachées, plâtres à refaire. Dépendances, toitures à refaire.
- (ferme 2) Toitures à refaire, quelques portes arrachées.
3° liste des immeubles facilement réparables :
DEJOUY, Vve CUGNIERE-LASANTE, BRUNEL, Vve CUGNIERE-CENSIER, LHELLEZ Léon, SALIGOT, ROBERT Gaétan, HULOT, PILLOT Henri, GUIZIOU Pierre, GOVAERT, BOUCAUX Léon, BOUCAUX Louis, DELNEF Théodore, DUTRIAUX, PILLOT Pierre, GREGOIRE Julien, DUCAMP Honoré, VALETTE, BELLARD, TANTONT Léger et LOIRE Raymond.
4° liste des immeubles complètement détruits :
FREIN Gabriel
5° liste des immeubles non endommagés :
ALAVOINE, GORNOUVEL, ROMAIN, BELLARD, ASHBOURNE, ALEPEE (2 immeubles) et VIGNOLLE.
Mardi 06, le Maire répond au courrier du Préfet du 30 juillet courant, sur les dégâts subi par suite des évènements de guerre (voir liste établie le 05 courant).
Jeudi 08, Nestor CUGNIERE, est démobilisé, et se retire à Beynac (Haute-Vienne).
Vendredi 09, bombardement de Compiègne.
Samedi 10, le Sous-Préfet de Compiègne le transmet à Gury une copie du courrier de l’Ambassade de France - (l’Ambassade de France Délégué Général du Gouvernement Français dans les territoires occupés aux Préfets, qui transmettent aux communes ayant été détruites daté du 30 juillet 1940) : « Lorsqu’une agglomération, quelque soit le chiffre de sa population, a été totalement ou partiellement détruite par suite de faits de guerre, …, la Municipalité est tenue de faire établir, dans le délai de trois, le plan général d’alignement et de nivellement des parties à reconstruire, …Tant que le plan d’alignement et de nivellement n’est pas approuvé, aucune construction, sauf d’abris provisoires, ne peut être effectuée sans autorisation du Préfet, donnée après avis de la Commission instituée à l’article 4 ci-après… »
Mardi 13, discours du Maréchal PETAIN, ce discours radiodiffusé a été prononcé par le Maréchal PETAIN ce jour. Il reprend les idées qui, pour l'essentiel, seront celles que l'État Français martèlera dans les mois et les années à venir : redressement moral et remise en ordre du pays, exaltation des valeurs et du travail de la France rurale, défiance à l'égard de la république, reprise en main de la jeunesse, etc. Il donne également de précieuses indications sur les urgences de l'instant : retour des populations déplacées, démobilisation des militaires et gestion des ressources. L'évocation de l'aide internationale (suisse et américaine notamment) donne la mesure du dénuement du pays, contraint à faire appel à la solidarité d'autres nations après la défaite. Enfin, ce discours annonce la création de l'une des organisations les plus importantes de la France de Vichy : les Chantiers de Jeunesse : « Français,
De faux amis qui sont souvent de vrais ennemis ont entrepris de vous persuader que le gouvernement de Vichy, comme ils disent, ne pense pas à vous, ne fait rien pour vous, ne se soucie ni des besoins communs à l'ensemble de la population française, ni de ceux qui concernent nos compatriotes les plus éprouvés.
Il me sera aisé de réfuter cette affirmation mensongère par des faits.
Je laisse de côté, pour le moment, les mesures très nombreuses que nous avons prises ou qui sont déjà envisagées pour rouvrir à la France meurtrie les portes de l'avenir : épuration de nos administrations, parmi lesquelles se sont glissés trop de Français de fraîche date ; répression de l'alcoolisme, qui était en train de détruire notre race ; encouragement à la famille, cellule essentielle de la société et de la patrie ; réforme de l'instruction publique, en vue de la ramener à sa fonction éducatrice et à son rôle national.
Il s'agit là de mesures à longue portée dont les bienfaits ne deviendront sensibles qu'avec le temps.
Mais notre souci de réalisation à échéance lointaine ne nous fait pas négliger les problèmes qui nous prennent, en quelque sorte, à la gorge et qui appellent des solutions de toute urgence : ceux que posent en particulier le ravitaillement du pays, le rapatriement des réfugiés, le sort de nos prisonniers, l'emploi des démobilisés, l'organisation de la jeunesse.
Ces problèmes, j'en sais la gravité. Je puis mesurer jour après jour, par les rapports qui me sont faits, par les lettres, par les visites que je reçois, l'immensité des souffrances infligées au peuple français et dont il n'est pas un foyer, en France occupée, comme en France libre, qui ne porte sa lourde part.
Ces souffrances, je les ressens profondément et je veux que tous les Français sachent bien que leur adoucissement est l'objet constant de mes pensées.
Je veux qu'ils sachent aussi que je comprends leur impatience, leur exaspération même devant l'insuffisance trop fréquente des remèdes apportés à leurs maux.
Mais que ces Français veuillent bien réfléchir avec moi, honnêtement, calmement, avec l'esprit de justice qui est si vivant en eux, aux difficultés sans précédent de notre tâche.
Parmi les épreuves qui pèsent sur nous, les unes ont un caractère de fatalité, ce sont celles qui proviennent de la guerre et de la défaite ; il ne dépend pas de nous d'en atténuer la rigueur.
D'autres ont leur source dans les mêmes causes qui ont conduit le pays au désastre, dans la démoralisation et la désorganisation qui, comme une gangrène, avaient envahi le corps de l'État en y introduisant la paresse et l'incompétence, parfois même le sabotage systématique aux fins de désordre social ou de révolution internationale.
Ces causes n'ont pas disparu avec le changement des institutions. Elles ne disparaîtront qu'avec le changement des hommes.
J'ai pu constater en mainte circonstance, avec une peine réelle, que les intentions du gouvernement étaient travesties et dénaturées par une propagande perfide et que des mesures mûrement réfléchies étaient empêchées de porter leurs fruits par l'inertie, l'incapacité ou la trahison d'un trop grand nombre d'agents d'exécution.
Ces défaillances, ces trahisons seront recherchées et sanctionnées.
La responsabilité des fonctionnaires ne sera plus un vain mot.
La révolution par en haut, comme on l'a appelée, descendra de proche en proche jusqu'aux assises mêmes de l'État et de la nation.
La France nouvelle réclame des serviteurs animés d'un esprit nouveau, elle les aura.
La première tâche du gouvernement est de procurer à tous, dans les mois qui vont venir, une alimentation suffisante. Or, l'arrêt du travail, les destructions résultant de la guerre, la paralysie des communications, l’exode d'une grande partie des populations agricoles avaient fait surgir, sur divers points du territoire, le spectre, qu'on croyait à jamais banni, de la hideuse famine. C'est pourquoi des mesures de rationnement ont dû être prises, afin que tous, pauvres et riches, aient leur juste part des ressources de 1a nation.
Nous avons voulu, en outre, préparer le retour le plus rapide possible de notre vie rurale à son rythme habituel. Et c'est ainsi que nous avons accordé de larges avances pour les réfections de bâtiments endommagés, un crédit de deux milliards aux agriculteurs dont le cheptel avait été totalement ou partiellement détruit, les distributions de semence en vue de cultures de complément.
Le repeuplement de certaines régions, la multiplication des exploitations familiales, la réalisation d'un équipement rural digne de notre peuple, achèveront de relever les ruines que, dès longtemps avant la guerre, une opiniâtre et détestable politique avait accumulées sur notre sol.
Une tâche non moins urgente, c'était d'assurer la mise en route et le rapatriement de quatre millions de Français et de Belges, la rentrée de nos compatriotes dans leurs foyers, leur logement et leur ravitaillement jusqu'à ce qu'ils eussent retrouvé leurs conditions normales d'existence ; enfin, la réadaptation progressive au point de vue économique, social et moral des réfugiés qui ne pouvaient regagner leurs domiciles ou qui n'avaient pas retrouvé leur emploi.
Les dispositions prises ont déjà donné des résultats importants : entre le 1er et le 10 août, un demi-million de réfugiés et de démobilisés ont été rapatriés, sur les points les plus divers du territoire. Dans le même temps, plus de 50.000 voitures ont rejoint la zone occupée. Nous n'épargnerons aucun effort pour accélérer la cadence du mouvement.
Nous avons établi, d'autre part, avec le Secours National et avec la Croix-Rouge Française, et en liaison avec le comité américain d'aide aux réfugiés, un vaste plan d'assistance et de réinstallation.
Ces mesures de redressement seraient incomplètes si elles n'étaient accompagnées de l'élan spirituel qui galvanise les âmes.
Je manquerais à mon devoir si je ne saisissais pas cette occasion pour adresser mes remerciements émus à la générosité américaine. Grâce à elle, en quelques semaines, plus de mille wagons de denrées diverses et de vêtements ont été distribués aux populations réfugiées de la zone libre, tandis qu'un nombre considérable d'autres wagons allaient à la population nécessiteuse de Paris. Aide infiniment précieuse en elle-même, plus précieuse encore par le témoignage qu'elle nous apporte de la fidélité et des sentiments américains pour notre pays.
Je veux remercier également nos amis suisses qui nous ont adressé dix wagons de denrées destinées, les unes aux réfugiés, les autres à nos prisonniers, dont le sort nous est une préoccupation poignante. Nous nous efforçons d'en adoucir la rigueur, soit par des négociations avec les autorités allemandes, soit par l'envoi de colis individuels, distribués par les soins de nos Croix-Rouges, désormais réunies en un seul organisme et animées d'un élan nouveau.
Les aspects multiples et complexes du problème de la démobilisation ont également retenu notre sollicitude.
En règle générale, nous avons démobilisé, d'abord, les plus anciennes des classes, mais en tenant compte, dans une juste mesure, du nombre d'enfants, de la profession et des facilités de retour au foyer.
De nombreux démobilisés en zone libre avaient leur résidence habituelle en zone occupée. Nous nous sommes attachés à leur faciliter le retour à leur domicile et nous avons doté chacun d'eux d'un équipement civil complet.
Une prime est accordée à tous les démobilisés pour les aider à franchir le passage de l'état militaire à la vie civile. Nous avons enfin créé des centres d'accueil où les démobilisés sans moyens d'existence sont hébergés et nourris en attendant de retrouver du travail.
Parmi les victimes des circonstances de la guerre, la jeunesse est plus particulièrement l'objet de notre souci. Adolescents séparés de vos familles, jeunes démobilisés incertains du lendemain, je m'associe à vos tristesses et à vos inquiétudes ; vous êtes l'espoir de la France nouvelle. C'est sur vous que repose son avenir. Ayez confiance, nous vous aiderons.
Pour les jeunes soldats de la dernière classe qui n'a pas pris part à la guerre, des chantiers de travail ont été ouverts. Ces chantiers s'attaqueront à des tâches d'intérêt. national, trop longtemps négligées : aménagement des forêts, des camps, des stades, construction de maisons de la jeunesse dans les villages. Par ces travaux s'amorcera comme il convient le rajeunissement de notre pays.
Tous les mouvements de jeunesse existants seront maintenus : leur originalité sera respectée, leur action sera encouragée, étendue et complétée par des initiatives nouvelles. A tous je demanderai les mêmes efforts, ceux qui feront de la jeunesse française une jeunesse forte, saine de corps et d'esprit, préparée aux tâches qui élèveront leur âme de Français et de Françaises.
Je ne veux pas terminer cette allocution sans adresser un message spécial aux Parisiens et à l'ensemble de la France occupée.
Paris, cœur et cerveau de la nation, creuset où s'élaborèrent de tout temps les destinées de la patrie, demeure pour les Français le siège naturel de l'autorité gouvernementale.
Dès l'entrée en vigueur de l'armistice, mon gouvernement s'est efforcé d'obtenir du gouvernement allemand la possibilité de rentrer à Paris et à Versailles.
Or, le 7 août, le gouvernement allemand m'a fait connaître que, tout en maintenant son acceptation de principe déjà inscrite dans la convention d'armistice, il ne pouvait, pour des raisons d'ordre technique et tant que certaines conditions matérielles ne seraient pas réalisées, autoriser ce transfert.
Il faut donc attendre encore, mais je crois pouvoir vous assurer qu'il ne s'agit plus que d'un délai. J'ajoute que si vous souhaitez mon retour, je le souhaite aussi ardemment que vous.
Mais, pour nous tous, la patience est peut-être aujourd'hui la forme la plus nécessaire du courage.
C'est sur cette exhortation à la patience que je conclurai, mes chers amis.
Pendant les trois quarts de siècle qui ont précédé la guerre, le régime politique auquel étaient soumis les Français avait pour principal ressort la culture du mécontentement.
La règle du jeu consistait à aviver tous les motifs d'irritation, légitimes ou illégitimes, jusqu'à faire croire, à notre peuple, qui était alors un des plus heureux de la terre, qu'il en était le plus déshérité.
Chaque parti n'hésitait pas à promettre d'ailleurs, qu'il suffisait que la France lui confiât les leviers de commande, pour que l'enfer auquel les Français étaient voués fît place au plus merveilleux paradis.
Aujourd'hui que la France est en proie au malheur véritable, il n'y a plus de place pour les mensonges et les chimères. Il faut que les Français s'attachent à supporter l'inévitable, fermement et patiemment.
Le rôle du gouvernement est de les y aider par une action constante, uniquement inspirée de la passion du bien public:
Nous nous engageons simplement à travailler de notre mieux, honnêtement, courageusement, de toutes les forces de notre esprit et de notre cœur, pour remplir la haute et difficile mission qui nous est dévolue. Faisons notre devoir les uns et les autres, en toute conscience ; le salut de la France, que mettraient en danger, nos discordes, sera la récompense de notre union. »

A suivre ...


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 Sujet du message : Re: GURY ... 1939-1945 ...
MessagePublié : ven. avr. 25, 2014 21:31 pm 
Hors-ligne

Inscription : mar. déc. 04, 2007 10:15 am
Messages : 111
Suite d'août 1940 ...

Jeudi 15, discours du Maréchal PETAIN : « PARMI les tâches qui s’imposent au Gouvernement, il n’en est pas de plus importante que la réforme de l’éducation nationale.
Il y avait à la base de notre système éducatif une illusion profonde : c’était de croire qu’il suffit d’instruire les esprits pour former les cœurs et pour tremper les caractères.
Il n’y a rien de plus faux et de plus dangereux que cette idée.
Le cœur humain ne va pas naturellement à la bonté ; la volonté humaine ne va pas naturellement à la fermeté, à la constance, au courage. Ils ont besoin, pour y atteindre et pour s’y fixer, d’une vigoureuse et opiniâtre discipline.
Vous le savez bien, parents qui me lisez : un enfant bien élevé ne s’obtient pas sans un usage vigilant, à la fois inflexible et tendre, de l’autorité familiale.
La discipline de l’école doit épauler la discipline de la famille.
Ainsi, et ainsi seulement, se forment les hommes et les peuples les plus forts.
Une autre grave erreur de notre enseignement public, c’est qu’il était une école d’individualisme. Je veux dire qu’il considérait l’individu comme la seule réalité authentique et en quelque sorte absolue.
La vérité, c’est que l’individu n’existe que par la famille, la société, la patrie dont il reçoit, avec la vie, tous les moyens de vivre.
Il est aisé de le constater d’ailleurs. Les époques où l’individualisme a fait loi sont celles qui comptent le moins d’individualités véritables. Nous venons d’en faire la cruelle expérience.
C’était une grande pitié de voir, jusqu’à la veille de la guerre, nos journaux et nos revues tout pleins d’éloges de l’individualisme français, qui est exactement ce dont nous avons failli mourir.
L’individualisme n’a rien de commun avec le respect de la personne humaine sous les apparences duquel il a essayé parfois de se camoufler.
L’École française de demain enseignera avec le respect de la personne humaine, la famille, la société, la patrie. Elle ne prétendra plus à la neutralité. La vie n’est pas neutre ; elle consiste à prendre parti hardiment. Il n’y a pas de neutralité possible entre le vrai et le faux, entre le bien et le mal, entre la santé et la maladie, entre l’ordre et le désordre, entre la France et l’anti-France.
L’École française sera nationale avant tout, parce que les Français n’ont pas de plus haut intérêt commun que celui de la France. Toute maison divisée contre elle-même périra, dit l’Évangile. Nous entendons rebâtir la Maison France sur le roc inébranlable de l’unité française.
Dans cette France rénovée, toute la riche diversité des vocations françaises trouvera sa place et les conditions de son épanouissement.
Nous maintiendrons, nous élargirons s’il se peut, une tradition de haute culture qui fait corps avec l’idée même de notre patrie. La langue française a une universalité attachée à son génie. Ce n’est pas sans raison que nous nous sommes plu à donner au suprême couronnement de nos études le beau nom d’Humanités.
Sœur cadette des Humanités, mais non moins riche de réalisations et de promesses, la Science libre et désintéressée occupera une place éminente dans la France nouvelle. Fidèles à notre pensée décentralisatrice, nous décongestionnerons l’Université de Paris pour faire de nos Universités provinciales autant de puissants foyers de recherche, dont certains pourront être spécialisés. Et nous n’hésiterons pas à y appeler comme animateurs, aux côtés de la hiérarchie universitaire, les chercheurs originaux qui auront fait leurs preuves dans telle ou telle branche de la découverte.
Nous favoriserons, entre nos savants et nos industriels, une coopération féconde et, sans abaisser le niveau de notre enseignement supérieur, nous nous efforcerons d’orienter dans un sens plus réaliste, la formation de nos ingénieurs, de nos médecins, de nos magistrats, de nos professeurs eux-mêmes.
Nous nous attacherons à détruire le funeste prestige d’une pseudo-culture purement livresque, conseillère de paresse et génératrice d’inutilités.
Le travail est le partage de l’homme sur la terre, il lui est imposé par une nécessité inéluctable ; mais tout l’effort des civilisations antiques avait tendu à affranchir de cette nécessité une race de maîtres, et à la transférer à une race d’esclaves. Il était réservé au Christianisme d’instaurer le respect du travail et des travailleurs. Puisque les moins croyants d’entre nous se plaisent aujourd’hui à se réclamer de la civilisation chrétienne, qu’ils nous aident à rétablir dans notre peuple le sens, l’amour, l’honneur du travail.
C’est dans cet esprit que nous réorganiserons l’école primaire.
Elle continuera comme par le passé, cela va sans dire, à enseigner le français, les éléments des mathématiques, de l’histoire, de la géographie, mais selon des programmes simplifiés, dépouillés du caractère encyclopédique et théorique qui les détournait de leur objet véritable.
Par contre, une place beaucoup plus large y sera faite aux travaux manuels dont la valeur éducative est trop souvent méconnue.
Il faudra que les maîtres de notre enseignement primaire se pénètrent de cette idée, et sachent en pénétrer leurs élèves, qu’il n’est pas moins noble et pas moins profitable, même pour l’esprit, de manier l’outil que de tenir la plume, et de connaître à fond un métier, que d’avoir sur toutes choses des clartés superficielles.
De cette idée bien comprise et sérieusement appliquée, découleront d’importantes et bienfaisantes conséquences.
Désormais, les meilleurs éléments de chaque classe ne seront plus prélevés, déracinés, orientés vers ce qu’on a appelé le nomadisme administratif.
Les élites ne seront plus appelées et comme aspirées automatiquement par les villes.
Chaque profession, chaque métier aura son élite, et nous encouragerons de tout notre pouvoir la formation de ces élites sur les plans local et régional.
Les perspectives de la situation présente comportent un arrêt, sinon même un recul dans la voie de l’industrialisation à outrance où la France s’efforçait de rivaliser avec d’autres nations mieux partagées qu’elle, quant à l’abondance de la population ou la richesse des matières premières.
Nous serons ainsi amenés, d’une part, à restaurer la tradition de l’artisanat, où triompha pendant tant de siècles la qualité française ; d’autre part, à réenraciner, autant que faire se pourra, l’homme français dans la terre de France, où il puisa toujours, en même temps que sa substance et celle de ses concitoyens des villes, les solides vertus qui ont fait la force et la durée de la Patrie.
Nous ne devons jamais perdre de vue que le but de l’éducation est de faire, de tous les Français, des hommes ayant le goût du travail et l’amour de l’effort.
Leur idéal ne doit plus être la sécurité d’un fonctionnarisme irresponsable, mais l’initiative du chef, la passion de l’œuvre et de sa qualité.
Restituer dans toute leur plénitude ces vertus d’homme, c’est l’immense problème qui se pose à nous. La formation d’une jeunesse sportive répond à une partie de ce problème. Les projets actuels du ministre de la Jeunesse visent à rendre à la race française, santé, courage, discipline. Mais le sport pratiqué exclusivement ou avec excès, pourrait conduire à un certain appauvrissement humain. La restauration de l’esprit artisanal fournira à l’action bienfaisante du sport un contrepoids et un complément nécessaires.
L’artisan, s’attaquant à la matière, en fait une œuvre ; la création d’une œuvre artisanale demande un effort physique, de l’intelligence et du cœur ; elle exige de l’homme, l’esprit de décision et le sens de la responsabilité. Elle aboutit à la naissance du chef-d’œuvre par où l’artisan se hausse à la dignité d’artiste. Mais si haut qu’il monte, l’artisan ne se détache jamais ni des traditions de son métier, ni de celles de son terroir.
Nous l’aiderons à en recueillir les influences vivifiantes, notamment en donnant à l’enseignement de la géographie et de l’histoire un tour concret, un caractère local et régional qui ajoutera les clartés de la connaissance à l’amour du pays.
L’école primaire ainsi conçue, avec son complément artisanal, substituera à l’idéal encyclopédique de l’homme abstrait, conçu par des citadins et pour des citadins, l’idéal beaucoup plus large, beaucoup plus humain de l’homme appuyé sur un sol et sur un métier déterminés.
Elle donnera aux paysans un sentiment nouveau de leur dignité. Nous y aiderons d’abord en leur attribuant la place qui leur revient dans la communauté national, et ensuite, en dotant le moindre village des installations modernes d’eau, d’électricité, d’hygiène, qui ont été jusqu’ici le privilège des villes, et qui permettront aux paysans d’adoucir et d’embellir leurs rudes conditions de vie. Car la vie rurale n’est pas une idylle, et le métier de paysan est un dur métier qui exige toujours de l’endurance, souvent du courage, parfois de l’héroïsme. Mais de cela le paysan de France s’accommodera, pourvu qu’il sente cette fois qu’on lui rend justice. Le paysan de France a été assez longtemps à la peine, qu’il soit aujourd’hui à l’honneur.
Mes chers amis, on vous a parlé souvent, depuis quelques années, de l’École Unique.
L’École Unique, c’était un mensonge parmi beaucoup d’autres ; c’était, sous couleur d’unité, une école de division, de lutte sociale, de destruction nationale.
Nous, qui avons horreur du mensonge, qui voulons en toute circonstance vous dire la vérité, nous entreprenons de faire pour vous, pour la France, la véritable École Unique ; celle qui, quels qu’en soient les maîtres, quels qu’en soient les programmes, sera animée d’un esprit unique ; celle qui mettra tous les Français à leur place, au service de la France ; celle qui, leur accordant toutes les libertés compatibles avec l’autorité nécessaire, leur concédant toutes les égalités compatibles avec une hiérarchie indispensable, les mêlant tous dans un grand élan chaleureux de la fraternité nationale, fera de tous les Français les servants d’une même foi, les chevaliers d’un même idéal, symbolisé dans ce mot unique : France. » (Extrait de la Revue des Deux Mondes)
Mardi 20, journée chaude et claire.
Jeudi 22, « ...L'obligation de faire la queue pendant de longues heures exaspère la population... On pourrait encourager la création de magasins municipaux en nombre suffisant ... Nombreuses sont les personnes qui commencent à se constituer des stocks ... » (Rapport mensuel du Sous-préfet au Préfet de l'Oise).
Dans la nuit du vendredi 23 au samedi 24, la Luftwaffe bombarde accidentellement Londres.
Dans la nuit du dimanche 25 au lundi 26, 81 bombardiers lourds anglais frappent Berlin, au cœur du Reich, en représailles du bombardement de Londres l'avant veille.

A suivre septembre 1940.

Bonne lecture à chacun d'entre vous.

Cordialement

Camille


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 Sujet du message : Re: GURY ... 1939-1945 ...
MessagePublié : mar. avr. 29, 2014 8:10 am 
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Inscription : mar. déc. 04, 2007 10:15 am
Messages : 111
Bonjour à tous,

Septembre 1940 ...

Septembre
Dimanche 01, reparaît le journal de l’Oise "La Liaison".
Jeudi 05, ministère de Philippe PETAIN et de Pierre LAVAL.
Vendredi 06, ce discours prononcé par le Maréchal PETAIN a été radiodiffusé sur "Paris-Mondial" pour sa première émission. Court et concis, il tente de prendre les devants sur les initiatives gaullistes en direction de l'Empire, lesquelles ne sont encore que verbales, mais qui deviendront militaires, quelques jours plus tard avec l'expédition de Dakar : « Français,
Pour la première fois depuis l'Armistice, la voix de la France est entendue de son empire.
J'ai voulu que le premier message adressé aux populations d'outre-mer, à leurs gouverneurs, à leurs colons, aux citoyens, sujets et protégés français, fût le message du Chef de l'État.
Ce message est un message de vérité et de confiance.
La France a perdu la guerre. Les trois cinquièmes de son territoire sont occupés. Elle s'apprête à connaître un hiver pénible. Elle doit faire face aux tâches les plus rudes.
Mais son unité - une unité forgée par mille ans d'efforts et de sacrifices - doit rester intacte.
Elle ne peut pas être mise en cause. Aucune tentative, de quelque côté qu'elle vienne, de quelque idéal qu'elle se pare, ne saurait prévaloir contre elle.
Le premier devoir est aujourd'hui d'obéir.
Le second est d'aider le gouvernement dans sa tâche, de l'aider sans arrière-pensée, sans réticence. A la voix de la Patrie, l'Empire, ce plus beau fleuron de la couronne française, saura répondre : Présent ! »
Lundi 09, la commune demande à PIGNIER-QUILLE pour la réparation des vitres brisées.
Déclaration individuelle des cultivateurs de Gury, de récolte de céréales.
Mardi 10, le Stab de la Kreiskommandantur 638 installe sa Kommandantur à Compiègne, au 36, de la rue des Domeliers .
Mercredi 11, déclaration des propriétaires forestiers :
Paul ROBERT, Léon BOUCAUX, Louis BOUCAUX, DUPUIS-LOIRE, Charles CUGNIERE, Gaston VIGNOLLE, Léon LHELLEZ, Gaétan ROBERT, Paul DEJOUY, René BRUNEL, Maurice LHELLEZ, Henri MAUPIN et Pierre GUIZIOU.
Jeudi 12, suite des déclarations des propriétaires forestiers :
ALEPEE-BRUNEL, CUGNIERE-CENSIER, Nestor CUGNIERE, René LHELLEZ et Gaston VIGNOLLE (ce dernier a refait sa déclaration).
Vendredi 13, fin des déclarations des propriétaires forestiers :
BAUDHUIN-FROISSART, ODEMPS-PILLOT, Raymond LOIRE et ALEPEE-BRUNEL (cette dernière, il lui manquait une déclaration)
Dimanche 15, discours du maréchal PETAIN : « Je viens aujourd’hui vous parler « politique ».
Peut-être certains d’entre vous vont-ils s’écrier : Enfin ! Tandis que d’autres diront : Déjà !
Ils se méprendront les uns et les autres.
La politique dont je veux vous entretenir n’est pas cette lutte stérile de partis et de factions, ce fiévreux déchaînement d’ambitions personnelles ou de passions idéologiques, cette excitation permanente à la division et à la haine où un historien voyait la plus dangereuse épidémie qui puisse s’abattre sur un peuple.
La politique, la vraie politique, est à la fois une science et un art.
Son objet est de rendre les peuples prospères, les civilisations florissantes, les patries durables ; elle est l’art de gouverner les hommes conformément à leur intérêt le plus général et le plus élevé.
Elle ne s’adresse pas aux sentiments bas tels que l’envie, la cupidité, la vengeance, mais à la passion du bien public, à la générosité.
Elle ne se propose pas d’exploiter le peuple, mais de le servir ; elle ne s’efforce pas de le flatter ou de le séduire, mais d’éveiller sa conscience et de provoquer sa réflexion ; et si elle lui parle de ses droits, elle n’oublie pas de lui rappeler ses devoirs.
Un État fort est l’organe indispensable d’un bon gouvernement, parce que pour remplir dignement sa mission, un État doit être libre, et que seules les mains libres sont fortes pour le bien.
C’est cet État fort, ramené à ses attributions véritables, que nous voulons instituer sur les décombres de l’État énorme et débile qui s’est effondré sous le poids de ses faiblesses et de ses fautes, beaucoup plus que sous les coups de l’ennemi.
Déjà il a donné la mesure de sa force, de sa liberté, de son souci du bien public en accomplissant, en quelques semaines, des tâches auxquelles les Gouvernements de la IIIe République n’avaient même pas osé s’attaquer.
Il a fallu pour cela, bouleverser des habitudes, gêner des commodités, léser des intérêts. Nous l’avons fait sans plaisir, mais sans hésitation et sans crainte, dans le sentiment de notre devoir, et dans la conviction que le peuple français saurait se rendre maître de ses irritations et de ses impatiences, et nous juger avec sa raison, sur les résultats de notre action.
Le nouvel État français n’étant inféodé à aucun intérêt ou groupement d’intérêt particuliers, a la liberté, la force et, j’ajoute, la volonté de jouer son rôle d’arbitre, et d’assurer, par un exercice impartial et rigoureux de la justice, le triomphe du bien général dans le respect des droits individuels qui importe si fort au maintien de la cohésion nationale.
Il n’y avait rien de plus illogique, de plus incohérent, de plus contradictoire que le régime économique auquel nous avons dû, pendant cinquante ans et plus, une agitation chronique, jalonnée de conflits violents où la grève et le lock-out se disputaient à qui accumulerait le plus de ruines.
La liberté était perpétuellement invoquée par les puissants à qui elle conférait un intolérable surcroît de puissance ; et la loi, lorsqu’elle intervenait en faveur des faibles, le faisait si maladroitement qu’elle tournait, en fin de compte, à leur préjudice.
C’est une pitoyable histoire que celle des lois dites « sociales » de cette époque. Elles n’ont pas relevé la condition ouvrière, elles n’ont pas abaissé la féodalité capitaliste, elles ont plus qu’à demi ruiné l’économie nationale.
A quoi faut-il attribuer un échec aussi complet ? Non pas tant à l’incapacité ou à la méchanceté des hommes qu’à la faiblesse de l’État, à l’insuffisance de l’appareil gouvernemental.
Plus favorisés que nos prédécesseurs, nous pouvons aborder les problèmes sociaux dans un esprit plus libre et avec des moyens d’action plus efficace.
Commençons par le commencement, par la famille, la jeunesse.
Le droit des familles est en effet antérieur et supérieur à celui de l’État comme à celui des individus. La famille est la cellule essentielle ; elle est l’assise même de l’édifice social ; c’est sur elle qu’il faut bâtir ; si elle fléchit, tout est perdu ; tant qu’elle tient, tout peut être sauvé. C’est donc à elle que nous devons nos premiers soins ; nous y avons pourvu en lui assurant une Direction qui a ses prolongements naturels, d’une part du côté de l’hygiène, d’autre part du côté de la jeunesse. Dans l’ordre nouveau que nous instituons, la famille sera honorée, protégée, aidée ; l’instruction de la jeunesse et son éducation marcheront de pair ; partout où elle grandira, au foyer, à l’école, aux champs, à l’atelier, sa santé et sa vigueur seront l’objet de la sollicitude la plus attentive ; et nous n’épargnerons aucun effort pour préparer à la Patrie, les hommes et les femmes de travail et de devoir dont elle a besoin.
Lorsque nos jeunes gens, lorsque nos jeunes filles entreront dans la vie, nous ne les abuserons pas de grands mots et d’espérances illusoires ; nous leur apprendrons à ouvrir les yeux tout grands sur la réalité.
Nous leur dirons qu’il est beau d’être libre, mais que la « liberté » réelle ne peut s’exercer qu’à l’abri d’une autorité tutélaire, qu’ils doivent respecter, à laquelle ils doivent obéir ; nous ne nous contenterons pas pour eux de la liberté de mourir de faim, même si cette liberté leur donne le droit de déposer un bulletin de vote tous les quatre ans dans une urne ; nous leur reconnaîtrons le droit au travail, non pas toutefois à n’importe quel travail, car dans ce domaine leur liberté de choix trouvera sa limite dans les possibilités de la situation économique et dans les exigences de l’intérêt national.
Nous leur dirons ensuite que l’ « Égalité » est une belle chose, sur certains plans et dans certaines limites ; mais que, si les hommes sont égaux devant la mort, s’il appartient à une société civilisée de les rendre égaux devant la loi et de leur accorder, devant la vie, des chances égales, ces diverses sortes d’égalités doivent s’encadrer dans une hiérarchie rationnelle, fondée sur la diversité des fonctions et des mérites, et ordonnée, elle aussi, au bien commun.
Nous leur dirons enfin que la « Fraternité » est un idéal magnifique, mais qu’à l’époque douloureuse que nous traversons, il ne saurait y avoir de fraternité véritable qu’à l’intérieur de ces groupes naturels que sont la famille, la cité, la patrie.
Nous leur dirons que s’il est normal que les hommes se groupent selon les affinités de leur métier, de leur niveau social, de leur genre de vie, et s’il est légitime que ces groupements divers essaient de faire valoir, les uns par rapport aux autres, leurs intérêts et leurs droits, la lutte des classes considérée comme le grand moteur du progrès universel est une conception absurde, qui conduit les peuples à la désagrégation et à la mort, soit par la guerre civile, soit par la guerre étrangère.
Nous leur dirons que si la concurrence est la loi de la vie et si les intérêts des patrons et des ouvriers peuvent être parfois opposés, l’intérêt général de la profession, qui leur est commun, doit dominer l’opposition de leurs intérêts particuliers, et qu’il est lui-même englobé dans l’intérêt plus général encore de la production nationale. D’où une triple nécessité :
nécessité d’organiser la profession sur une base corporative où tous les éléments d’une entreprise puissent se rencontrer, s’affronter ou se composer ;
nécessité d’avoir, au sein de la profession organisée, un représentant de l’État chargé d’arbitrer souverainement les oppositions qui s’avéreraient autrement irréductibles ;
nécessité d’avoir, en dehors et au-dessus des corporations ou communautés d’entreprises, un organisme d’État chargé d’orienter la production nationale selon les capacités du marché intérieur et les possibilités des marchés extérieurs, évitant ainsi des déperditions de forces et de richesses.
Conçue suivant ces principes, la nouvelle organisation sociale ne sera pas « Libéralisme » puisqu’elle n’hésitera pas à combattre la violence qui se cache sous certaines libertés apparentes, et à chercher dans certaines contraintes légales un indispensable instrument de libération.
Elle ne sera pas « Communisme » puisqu’elle respectera, dans une large mesure, la liberté individuelle et qu’elle conservera le puissant moteur de profit individuel.
Elle ne sera pas « Capitalisme » puisqu’elle mettra fin au règne de l’économie et à son immorale autonomie, et qu’elle subordonnera le facteur argent, et même le facteur travail, au facteur humain.
Une de grandes nouveautés du christianisme a été d’apprendre à l’homme à accepter librement la nécessité du travail, et à conférer au travail le plus humble une valeur spirituelle. Nous aspirons de toute notre âme à restaurer cette valeur-là, qui repose en définitive sur le sentiment du devoir et le respect de la personne humaine.
Je voudrais souligner, en terminant, que cette conception de la vis sociale est purement et profondément française. Libéralisme, capitalisme, collectivisme sont en France des produits étrangers, importés, que la France rendue à elle-même rejette tout naturellement.
Elle comprend aujourd’hui qu’elle s’était égarée en essayant de transplanter chez elle des institutions et des méthodes qui n’étaient point faites pour son sol et pour son climat. Et quant il lui arrivera d’examiner les principes qui ont assuré la victoire de ses adversaires, elle aura la surprise d’y reconnaître un peu partout son propre bien, sa plus pure et sa plus authentique tradition.
L’idée d’une économie concrète, définie par des volontés humaines et soumise au jugement de la conscience morale, c’est l’idée même qui dominait son régime social traditionnel.
L’idée nationale-socialiste de la primauté du travail et de sa réalité essentielle par rapport à la fiction des signes monétaires, nous avons d’autant moins de peine à l’accepter qu’elle fait partie de notre héritage classique. C’est ainsi que nous la trouvons telle quelle chez le plus français de nos écrivain, chez le plus national de nos poètes, le bon La Fontaine. Rappelez-vous la fable que vous avez tous apprise à l’école, « Le Laboureur et ses enfants » :
« Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
« Que vous ont laissé vos parents,
Un trésor est caché dedans. »
Et les enfants de retourner le champ de fond en comble et de n’y pas découvrir le moindre trésor, mais d’en obtenir une récolte miraculeuse, sur quoi le poète conclut :
« Travaillez, prenez de la peine,
« C’est le fonds qui manque le moins. »
Je pourrais poursuivre cette démonstration ; elle nous mènerait par toutes les voies à de vérités qui furent nôtres, que nous avions oubliées, que nous pouvons reprendre sans les emprunter à personne, et sans méconnaître d’ailleurs le mérite de ceux qui ont su en tirer un meilleur parti que nous. Et nous verrions ainsi comment, sans nous renoncer en aucune manière, mais au contraire en nous retrouvant nous-mêmes, nous pourrions articuler notre pensée et notre action à celle qui présideront demain à la réorganisation du monde. » Extraits de la Revue des Deux Mondes.
Lundi 16, le Préfet transmet aux Maires la liste des architectes et ingénieurs agrées (38), pour constater les dommages subis par les immeubles du fait des hostilités, est prévue par la loi du 5 août 1940.
Vendredi 20, « ...Le ravitaillement reste très difficile ... des incidents devant les trop rares magasins ... » (Rapport mensuel du Sous-préfet au Préfet de l'Oise).
Le Percepteur de Lassigny au Maire de Gury : « J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien me faire parvenir un mandat du montant des cotisations pour l'adhesion du personnel communal au fonds national de compensation. »
Lundi 23, le Préfet signale aux Maires du problème de ravitaillement en charbon sera réduit au strict nécessaire pour les particuliers (50 kg par foyer)
Jeudi 26, PIGNIER-QUILLE répond au courrier du 09 courant de la Mairie : « ….. J’ai le regret de vous informer que malgré de nombreuses démarches je n’ai pu obtenir de pouvoir acheter des verres à vitres auprès de différents fabricants….. »
Vendredi 27, Tokyo (Japon), rejoint l'axe Rome (Italie) - Berlin (Allemagne).
Lundi 30, vers 17 heures, Alfred ROBERT, cantonnier de la subdivision de Lassigny, en poussant une brouette chargée d’amas de terre pose son pied à faux dans un angle de caniveaux et ressent aussitôt une douleur vive, sur le chemin départemental n°78, lui causant une entorse tibio-tarsienne du pied droit, ecchymose noirâtre, bord externe du pied tuméfaction de la molléole externe. Soigné à son domicile.

PETAIN adopte la francisque en déclarant : "C'est le symbole du sacrifice, c'est le symbole du courage."
La première lettre d’auditeur, reçue à l’automne 1940, suscite une vive émotion dans l’équipe de Radio Londres, qui a enfin la preuve d’être écoutée. Elle va alors développer une stratégie pour fomenter un grand mouvement de résistance civile en France.

Bonne lecture à tous ...

A suivre avec octobre 1940.

Camille


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