Patrick PALLIER a écrit :
Bonjour,
j'ai commencé a étudier le dossier de mon gd-père au SHD et je commence à comprendre comment une carrière de pilote si prometteuse, s'est terminé par des emplois "sédentaires" après la 2ème guerre mondiale.
Dommage ! car il représentait l'exemple même de promotion sociale par: "sortie du rang" et était de surcroît originaire d'un colonie française.
J'exposerai bientôt les détails de son parcours.
Engagé comme cavalier de 2°classe en 1915, les appréciations annuelles connues et portées sur Gabriel PALLIER de 1921 à 1938 sont extrêmement élogieuses, que ce soit comme pilote (instructeur de pilotage de l'école de Pau dès 1917 et à l'Ecole pratique d'aviation d'Avord de 1927 à 1931 qui: "vit partir le capitaine Pallier avec regret") ou comme commandant d'escadrille: en 1932 "excellent pilote, sachant payer d'exemple" et en 1933: "Obtient d'excellent résultats notamment au point de vue technique (matériel et installations parfaitement entretenus" (4è escadrille d'Indochine). Le seul bémol que j'ai relevé: "Son amour propre le rend parfois un peu susceptible, mais il ne cesse jamais de faire preuve d'un excellent esprit militaire et reste toujours très discipliné".
Mais l'année 1939 marqua le tournant et la fin de sa carrière de pilote de chasse. Commandant de groupe au GC I/1 il fut ainsi noté par son commandant d'escadre: "Excellent pilote de chasse de jour, a commencé son entrainement de nuit, bon observateur. Connait bien le matériel qu'il emploie. Commande convenablement un groupe de chasse. Serait mieux à sa place dans une école de pilotage. Officier très sérieux, apportant une grande conscience dans l'exécution de son métier. Bien qu'ayant un esprit très militaire, semble ne pas se rendre compte qu'il donne le plus fâcheux exemple à ses subordonnés en s'obstinant à habiter Paris. Travaille avec méthode mais un peu lentement."
Ce même commandant d'escadre (étant également commandant de la base) ne pouvait qu'entériner ses propres appréciations ainsi: "Officier supérieur travailleur et sérieux, mais ayant la mentalité d'un fonctionnaire et non celle d'un officier. Serait à orienter vers les écoles de pilotage."
Et enfin, l'appréciation du général Armand Pinsard, commandant du 21è groupement d'aviation: "Officier sérieux et travailleur, d'un esprit militaire et consciencieux, qui a le commandement d'un groupe de chasse depuis janvier 1938. Le commandant Pallier s'est acquitté convenablement de ce commandement mais sans grande assurance ni suffisante énergie. D'une mentalité un peu particulière, semble devoir mieux être à sa place dans une école de pilotage ou un service. Huit mois de présence aux armées. le 11 avril 1940 -signé: Pinsard-".
Cette "préconisation" fut suivie d'effet le jour même et mon grand-père fut affecté à l'école de pilotage de Versailles.
Il fut remplacé à la tête du groupe, 15 jours par le commandant Amouroux, lui-même remplacé par intérim le 23 avril par le capitaine Roques, puis par le commandant Soviche.
A l'E.P.de Versailles, il se serait opposé à ce qu'une majeure partie de ces instructeurs se portent volontaires pour combattre au front.
Il déclare avoir évacué son groupe sur la base de Toulouse-Francazal en juin 1940 en vue de gagner avec celui-ci l'AFN. Il n'aurait pu obtenir du commandant de base de l'époque, le transport des avions (distance franchissable insuffisante) par bateaux et ce dernier aurait fait procéder à l'immobilisation des appareils par démontage des magnétos et vidange des moteurs. Je n'ai pas trouvé à ce-jour des traces de ce mouvement de groupe. Le seul mouvement qui m'ait été communiqué de l'E.P.de Versailles, aurait été réalisé à cette époque sur Royan.
Placé commandant par intérim du parc aérien de Toulouse-Francazal le commandant Gabriel Pallier n'a pas voulu collaborer avec l'occupant et a préféré demander sa mise en congé du personnel naviguant. Le 15 mars 1941 il a été rayé des cadres de l'armée de l'air.
Un adhésion tardive et modeste à partir de juin 1943 aux FFI de Paris (participation à la libération de Paris) aurait suffit à lui refuser une reprise rétro-active de carrière et de ne le reprendre dans les cadres actifs, qu'à titre sédentaire et non plus comme pilote.
Il termina donc sa carrière comme Lieutenant-colonel, commandant le 3è bureau de la 2ème région aérienne à Paris, puis comme commandant du bataillon de l'air n°01/104 Le Bourget-Dugny en 1951.