Salut à tous, voici un témoignage de 2 lettres sur le 20 mai 1940 à Abbeville :
Témoignage du lundi 20 mai 1940 à Abbeville, Lieutenant-colonel F. du 100e RI Abbeville subit un terrible bombardement aérien. Plusieurs bombes tombèrent dans le quartier de la place Courbet et de la rue du pont aux brouettes. Un incendie s'est allumé à côté de chez Dingeon, rue de l'hôtel de ville, et le vent aidant, gagne vers la place Courbet. Tout le pâté de maisons va probablement y passer. Sur la place de la poste, plusieurs bombes sont tombés également (J'étais à ce moment dans le quartier de la popote(?) et me suis réfugié dans la cave de la popote. Il n'est rien tombé dans ce coin là. La façade de la maison du docteur Taquet? est complètement éventrée. Chez nous, toutes les fenêtres ont été soufflées malgré les volets fermés ; les vitres pulvérisées, la lampe sur la commode cassée. Je n'ai d'ailleurs pas eu le temps de faire un inventaire détaillé. Madame C... a, je crois, reçu un petit éclat dans la jambe et est partie à l'hôtel Dieu. Beaucoup de gens ont été surpris car nous étions en alerte depuis plusieurs heures et les Fritzs sont arrivés sans crier gare et sans qu'on les entende, probablement en vol plané. Je t'écris des caves de la Banque de France où nous sommes abrités avec les hommes car l'alerte continue. Il est probable que nous évacuerons avant ce soir, pour nous replier vers l'intérieur. La cantine est prête depuis hier matin, ce matin je terminerais tes bagages à toi, mais quand et comment partiront-ils ? pour moi, tu peux avoir confiance en la Providence et en mon ange gardien qui monte bonne garde.
Jeudi 23 mai Le bombardement de la ville a continué toute la journée par vagues successives. Nous sommes partis à pied vers 18h. L'incendie faisait rage dans toute la ville car il faisait un vent violent. Après notre départ, de nouvelles vagues d'avions ont continué le bombardement avec un acharnement incompréhensible. Il ne doit presque plus rien rester de cette pauvre ville historique. Nous avons marché toute la nuit (...)
A bientôt,
_________________ Nicolas BERNARD
[email protected]
|