AIRAINES
Visite préfectorale à Airaines le 23 octobre 1940
Mercredi dernier (23 octobre 1940), vers 12 heures 30, M. PELLETIER, le nouveau préfet de la Somme, arrivait à Airaines, accompagné de M. le docteur MANS, inspecteur du Service départemental d'hygiène. Ils furent accueillis par M. Edmond CAVILLON, ancien sénateur, conseiller général de la Somme, qui les attendait en compagnie de M. CATUHE, maire, dont l'état de santé est en bonne voie de rétablissement. Sans perdre de temps, ils se rendirent à Dreuil-Hamel, qu'ils visitèrent puis, après un coup d'œil général des ruines d'Airaines, ils se réservèrent pour l'après-midi une intéressante inspection des principaux monuments et établissements, ayant souffert au cours de ces derniers mois. A 14 h. 30, exactement, M. PELLETIER, faisait son entrée dans la salle d'honneur improvisée chez M. CAVILLON. Tout le Conseil municipal, les vingt-deux présidents des Sociétés du pays, groupées en Fédération, tous les fonctionnaires étaient présents. MM. GARCON (Garçon) agent voyer et LEMAIRE architecte, avaient été spécialement invités, le problème de la reconstruction devant faire l'objet des conversation. Après la présentation des personnalités par M. CAVILLON, M. le préfet prit place ; se tenaient à ses côtés le conseiller général et le maire d'Airaines. Ce dernier, en termes émouvants rappela la dernière visite préfectorale, alors que la ville, pavoisée, accueillait tous ses invités aux accents joyeux des fanfares. "Aujourd'hui, hélas ! poursuit-il, j'ai l'honneur de vous souhaiter la bienvenue, M. le Préfet, dans un cadre tout autre, dans cette mairie provisoire installée pourtant confortablement dans l'immeuble que notre conseiller général et concitoyen M. Edmond CAVILLON, a mis si généreusement à notre disposition, ce dont je le remercie bien vivement." M. CATUHE évoqua avec émotion les événements du 20 mai et l'exode général de la population. Il félicita et remercia à nouveau tous ceux qui accomplirent des actes de dévouement ; en particulier les religieuses de l'Hospice restées seules avec une trentaine de blessés qu'elles soignèrent avec l'aide de Mlle DESSIRIER *, infirmière-major du dispensaire. Mlle DELACHANAL fut également félicitée pour la courageuse initiative qu'elle prit en ouvrant la boulangerie "Le Meilleur Pain". M. Ernest FRÉVILLE fut félicité pour avoir pris la direction de la ville et avoir assuré le ravitaillement de la cité et des pays environnants. Ce fut lui qui assura et organisa l'évacuation des infirmes et des vieillards. Dès la rentrée, un groupe d'hommes de bonne volonté forma un Comité pour les travaux de déblaiement. Le maire les remercia de leur dévouement et particulièrement M. André LÉVIS, de tout l'intérêt qu'il porte à son pays. Dans un autre ordre d'idée, le maire insista sur la question du charbon et sur divers problèmes d'importance primordiale. Il se préoccupa également du travail. "Votre visite d'aujourd'hui, ajouta-t-il nous prouve que cette situation ne vous a pas échappé et que nous pouvons compter sur votre aide efficace en même temps que vous nous guiderez de vos conseils éclairés. Il rappela l'intervention de M. le Préfet relativement au rapatriement des vieillards de l'Hospice. En terminant, compléta M. CATUHE, Airaines renaîtra dans le travail et la Paix, en même temps que se relèvera notre France pansée de ses blessures." M. PELLETIER adressa tout d'abord ses compliments aux autorités groupées autour de leur conseiller général et de leur maire. Au nom du Gouvernement, il remercia les personnes qui apportèrent leur courageux concours à l'occasion des événements de mai dernier puis celles qui, dès leur rentrée, réorganisèrent l'activité de la cité. M. le Préfet répondit, avec son extrême amabilité, aux questions demandant des solutions urgentes. Les difficultés, qui ne manquent pas, seront surmontées dans l'intérêt général. M. CAVILLON traita ensuite différents sujets qui intéressèrent au plus haut degré ses auditeurs. Il examina la question des travaux urgents et de première nécessité. Il s'étendit sur le problème du ravitaillement qui préoccupe tant la population. Déjà, il se fait tard et il faut visiter les établissements et les monuments d'Airaines. On se rend tout d'abord à la gendarmerie provisoire, - au château Lévis - puis vers les ruines de l'ancienne. M. CAVILLON en parfait cicérone, nous conduit vers l'église où des travaux d'urgence s'imposent, puis vient le tour du dispensaire qui rayonne sur 90 communes. La dernière visite est pour l'hospice où nous espérons bientôt revoir tous nos infirmes et vieillards, sous l'égide de celles qui firent si bien leur devoir. M. CAVILLON est une fois de plus intervenu en faveur de ceux qui veulent rentrer au pays natal. M. le Préfet nous quitte vers 16 heures, promettant de revoir Airaines, où il a reçu un accueil de toute cordialité.
Le Progrès de la Somme, numéro 22195, 29 - 30 octobre 1940 259PER292 Archives de la Somme
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Secrétaire d'état à la Famille et à la Santé Par Arrêté du 27 mars 1941, la Médaille d'honneur des épidémies est décernée aux personnes dont les noms suivent : Médaille de bronze [...] * Mlle DESSIRIER (Anne-Marie), infirmière assistante sociale au dispensaire d'Airaines (Somme). (J.O. du 1er avril 1941 page 1411)
Cordialement Eric Abadie
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