Bonjour à tous
Les bombardements de la Pentecôte 1944 à AmiensLe week-end de Pentecôte, des 27 et 28 mai 1944, restera dans l’esprit des Amiénois comme l’une des périodes les plus noires de la seconde guerre mondiale. Amiens est littéralement écrasée par les bombes des Alliés.
A dix jours du débarquement des troupes alliées, l’activité aérienne atteint un niveau inégalable au-dessus du nord de la France. Les bombardiers de la Royal Air Force et de l’U.A.A.F. détruisent systématiquement et méthodiquement toutes les voies de communications dans une bande allant d’Anvers à Nantes.
Rien ne doit laisser présager l’endroit exact où le débarquement doit se dérouler. Si la Normandie est durement touchée, les régions situées au nord de la Seine le sont aussi. Tous les ponts, viaducs et gares sont visés. Le but est bien de gêner voire de paralyser les mouvements de troupes allemandes le Jour-J.
Les Alliés ont bien prévenu les populations civiles d’évacuer les zones à risque mais comment et vers où aller quand un grand quart nord-ouest de la France est menacé.
Au cours de ces journées tragiques de la Pentecôte, trois grands raids aériens vont avoir pour cible la gare du nord d’Amiens dont le premier en début d’après-midi le 27 mai. Au total, 466 avions dont 292 bombardiers A20 « Boston IV » et B26 « Marauder » appartenant à la 9e Air Force des États-Unis vont la pilonner avec obstination. Les nombreuses vagues qui se succèdent vont larguer leur chargement de bombes de 500 livres.
Le bilan est lourd : dix bombardiers seront abattus par la DCA, un onzième sera détruit lors d’une collision avec un chasseur allié, cent quarante-six seront endommagés dont 17 gravement et dix-neuf aviateurs seront tués.
Mais le manque de précision des bombardiers américains dont la tactique consiste à lâcher leur chargement de bombes au signal de leur leader va avoir des conséquences douloureuses.
Ce sont bien les dégâts que nous appellerions aujourd’hui « collatéraux » qui emportent la palme de l’atrocité : entre 200 et 300 victimes civiles (204 répertoriées) et plus de 140 blessés (plus probablement autour de 250, dont certains mourront dans les jours qui suivront). Saura-t-on jamais un jour leur nombre exact ?
Les bombardements allemands de mai 1940 avaient détruit le centre ville, ceux de mai 1944 vont anéantir des centaines de maisons dans les quartiers Henriville, la vallée, le faubourg de Noyon, La Neuville, Saint-Acheul, etc.
«
Les bombardements de la Pentecôte sont demeurés dans l’esprit des Amiénois comme les plus terribles de tous. En raison des trois raids successifs qui surprirent les sauveteurs, en raison du symbole de la Pentecôte aussi. Les témoins se souviennent des aubes blanches, accrochées sur les pans de murs des maisons effondrées. » (Courrier Picard du 25 mai 1994)
La libération du territoire était à ce prix, mais le prix à payer fut cher, très cher pour les Amiénois.
Cordialement
Éric Abadie
P.S. : Pour approfondir le sujet, lire le livre de Jean-Pierre Ducellier, La guerre aérienne dans le nord de la France, 27 & 28 mai 1944, les bombardements de la Pentecôte, F. Paillart éditeur, Abbeville, 1999.
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L'article "Il y a 68 ans, les bombes tuaient..." paru dans l'édition du Courrier Picard du dimanche 27 mai 2012
voir aussi :
Les 60 ans des bombardements d'Amienshttp://fresques.ina.fr/picardie/fiche-m ... miens.html