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(source : courrier Picard : Photos :
Le responsable du chantier, jeudi, sur le tracé du futur canal à grand gabarit : « Il y a eu frénésie de vandalisme ».)
Des vestiges gallo-romains et mérovingiens ont été ravagés par des intrus munis de détecteurs de métaux, dans la nuit de lundi à mardi. Ils auraient pris de nombreuses monnaies.
« C'est un coup à l'estomac ». Responsable de l'actuel chantier de fouilles préventives à la sortie de Noyon, route de Montdidier, Jean-David Desforges n'en revient toujours pas.
La centaine de trous creusés à la pelle suffit à dépeindre les faits : dans la nuit de lundi à mardi, des individus, munis de détecteurs manuels de métaux, ont vandalisé les cinq hectares où sont mis à jour, depuis le 19 janvier, des vestiges des époques gallo-romaine et mérovingienne, sur le tracé du futur canal Seine-Nord Europe, là où se trouvera l'écluse de la ville.
À l'aune des découvertes effectuées auparavant par huit techniciens de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP), les malfaiteurs ont dû emporter des monnaies remontant du IVe au Ier siècles, mais aussi des fragments d'outils, clous de charpentes, et même... les éclats d'obus et cerclages en cuivre de munitions de la Première Guerre mondiale.
« Un véritable raid »
« Nous avons estimé que ces personnes devaient être entre trois et cinq, d'après les nombreux dégâts. C'est un véritable raid, se désole Jean-David Desforges. Elles ont en fait profité de nos propres tranchées, aménagées à un mètre de profondeur, pour accéder directement aux vestiges ». Le préjudice, qui a poussé l'INRAP à déposer plainte auprès de la gendarmerie de Noyon, ne s'arrête pas au vol d'objets : les coups de pelle ont laissé des dégâts irréversibles sur les restes de bâtiments, d'activités artisanales gallo-romaines et de sépultures mérovingiennes.
« Il y a notamment des creux de quelques dizaines de centimètres présentant l'intérêt d'indiquer la présence, jadis, de poteaux. Certains de ces vestiges ont été détruits, ajoute le responsable d'opération. Nous ne pourrons plus les interpréter. Tout cela montre une frénésie de vandalisme ».
Les recherches sur ce chantier doivent prendre fin la semaine prochaine. Elles se situent à quelques centaines de mètres d'un autre site, au lieu-dit Maigremont, où le service d'archéologie municipal avait trouvé les restes d'un aqueduc construit entre le Ier et le IIIe siècle, en 2007.
La richesse du sol noyonnais fait redouter à l'INRAP la venue d'« archéologues » clandestins équipés de « poêles à frire », malgré l'interdiction de la prospection, sur le territoire de l'Oise, depuis 1996 : « De telles "visites" de chantiers arrivent très fréquemment, constate Jean-David Desforges. Le marché de la numismatique peut éveiller l'intérêt des pilleurs ».
Article de STÉPHANE LE BARBER