Bonsoir à tous,
Aujourd'hui février ... & mars 1942.
Février Mercredi 04, ce message est lu par M. le Maréchal PETAIN à la première séance du Conseil National de la Légion, à la Légion Française des Combattants : « LÉGIONNAIRES C'est aujourd'hui votre première assemblée de l'année. Je salue les membres de votre directoire et de vos comités, vos chefs régionaux, vos chefs départementaux et cette cohorte imposante et neuve de votre conseil national, où s'unissent les anciens combattants de la grande guerre, ceux de la dernière, et ces jeunes volontaires de la Révolution Nationale, ralliés à votre idéal, agrégés à votre mouvement. Jamais la Légion n'a donné le spectacle d'une aussi large élite, d'une aussi profonde unité parmi les familles spirituelles de la France. Jamais l'occasion ne s'est mieux offerte à moi de vous dire, en présence des représentants du Gouvernement, ce que j'attends de vous, pour le bien du Pays. A mon appel, vous vous êtes levés, en septembre 1940, pour offrir au redressement de la France la caution et l'appui des générations du Feu. D'une Nation divisée par ses querelles, dissociée par sa défaite, vous représentiez l'élément le plus sain, le plus sûr, le mieux trempé par l'épreuve. Vous avez, dans votre ardent désir de servir, multiplié les efforts de recrutement, d'organisation, de propagande. Vous lavez fait avec enthousiasme, avec abnégation. Vous n'avez épargné ni votre temps, ni votre peine pour transformer la physionomie morale de ce pays, pour y faire admettre la primauté de l'esprit de sacrifice fur l'esprit de jouissance, de la fécondité de la famille sur la stérilité des foyers, de l'apostolat social sur l'égoïsme bourgeois. Aussi bien le bilan de votre action est-il, dans ce domaine, largement positif. Entr'aide aux familles des anciens combattants, vos camarades des deux guerres, assistance aux prisonniers, aux réfugiés, aux chômeurs, participation effective aux œuvres de la Croix-Rouge et du Secours National, on peut dire que sur le terrain de l'action morale et de l'action sociale vous avez pleinement réussi. Mais la prodigieuse croissance de votre mouvement et l'inexpérience naturelle de vos premiers cadres devaient, sur d'autres terrains, vous exposer à subir certaines incompréhensions, parfois même certaines hostilités. C'est ainsi que les hommes que vous étiez se - sont heurtés à d'autres hommes, moins dégagés que vous de l'esprit du passé, moins imprégnés des nécessités de l'intérêt général, soucieux cependant de l'avenir de la France et que la rigidité de vos attitudes, la hâte de vos déterminations, l'ampleur de vos exigences n'ont pas manqué de troubler et d'inquiéter. La France est un vieux pays politique, où l'esprit critique, fils de l'individualisme, a multiplié jadis les clans et les partis. Les Français s'inclinent en général devant les nécessités d'une révolution, mais ils restent volontiers attachés à leurs privilèges. Ils n'acceptent que rarement de changer de maîtres et exigent de leurs nouveaux chefs, à défaut d'une autorité ou d'une valeur personnelle évidentes, beaucoup d'adresse, de souplesse, de force de persuasion. Si j'ajoute qu'en dehors de ces traits permanents du tempérament français se manifestait à l'égard de la Légion l'indifférence ou l'hostilité voilée d'une administration dont tous les cadres n'ont point désarmé et dont les réactions vous ont souvent découragés, vous ne vous étonnerez pas qu'une certaine confusion se soit introduite dans l'esprit publie au sujet de votre véritable rôle et que cette confusion ait porté préjudice aux intérêts essentiels de la concorde française. Comme gardien responsable de l'union des Français, j'ai le devoir de mettre un terme à cette confusion. Ainsi suis-je amené à définir ce que doit être votre action civique. L'action civique est, par définition, celle du citoyen. Le citoyen n'est plus, aujourd'hui, cet être abstrait qu'avaient inventé certains philosophes d'autrefois et dont les droits s'inscrivaient en une préface, à la fois naïve et présomptueuse, aux diverses constitutions. Le citoyen français de 1942 a beaucoup plus de devoirs que de droits. Il ne possède même de droits véritables que dans la mesure nécessaire à l'accomplissement de ses devoirs essentiels. Ces devoirs sont ceux que lui impose la triple communauté familiale, professionnelle et nationale, auxquels le légionnaire ne peut se soustraire, s'il veut se classer parmi les bons citoyens. Légionnaires, vous devez donc, par l'exemple de votre fidélité totale et de votre discipline absolue, garantir l'unité de la Nation et son obéissance au Chef, pendant les années d'épreuves qui nous attendent. Vous devez, bannissant de vos réunions, toute discussion partisane, me donner l'assurance qu'en toutes circonstances je saurai trouver auprès de vous l'appui le plus complet. Ce n'est qu'à cette condition que la Légion deviendra le soutien véritable du Gouvernement et le guide qui tracera à l'ensemble de la Nation la meilleure voie pour atteindre la Révolution Nationale. Là Légion ne peut être un État dans l'État. Mais elle - doit apparaître, dans un ordre nouveau qui s'élabore, comme une institution qui s'affirme, par l'appui qu'elle prête au régime, par l'indispensable complément d'action qu'elle assure au Gouvernement. Elle doit, dans un esprit de large tolérance, susciter des hommes de qualité, des hommes désintéressés, surtout parmi ces jeunes, ces ouvriers, que l'aile de la guerre a moins frôlés que d'autres, mais qui se sentent le même désir de servir. Que les nouveaux venus parmi vous s'inspirent de la confiance et de la foi dont ont fait preuve leurs aînés, qu'ils rivalisent du même souci de construire, dans le cadre d'un État plus fort, une France plus pure. Pour vous permettre d'atteindre ces buts, il vous faut à la fois fortifier votre doctrine et améliorer vos liaisons avec les pouvoirs publics. Votre doctrine est celle que par mes messages j'ai donnée au peuple français. Elle a déjà pénétré profondément au-dedans de vous-mêmes, transformé vos façons de penser et d'agir. Mes mandataires et vos chefs, au cours de vos réunions qu'ils ont présidées en mon nom, vous en ont déjà commenté les lignes essentielles. Ils viennent aujourd'hui d'en établir une synthèse précise, vivante, susceptible de s'enrichir et de se traduire, sur tous les plans, en directives claires, en consignes appropriées. Imprégnez-vous de ces consignes. Que vos groupements territoriaux, vos sections d'entreprises, vos instituts, vos cercles d'études, en facilitent la diffusion au sein de la masse légionnaire, pour l'amener à se transformer en une véritable élite légionnaire. Mais, à côté des règles générales de la doctrine, il est des thèmes plus particuliers de propagande ou d'action, dont il faudra que vous assuriez, le moment venu, l'authentique et fidèle transmission. Ce problème pose celui de vos liaisons avec le Gouvernement. Vous avez vécu, jusqu'ici, trop en marge des pouvoirs publics. Je tiens à vous associer davantage à leur action, à la fois pour vous manifester ma confiance et vous épargner des erreurs d'orientation. Votre directeur général disposera dorénavant d'une audience plus large dans les conseils. Chacun des Secrétaires d'État désignera, parmi les fonctionnaires de son département, un homme de confiance chargé de se tenir en étroit contact avec votre directoire. Les légionnaires d'élite seront appelés en plus grand nombre dans les conseils consultatifs de l'État et dans divers organes administratifs où paraîtra nécessaire une représentation des intérêts généraux du Pays. A l'échelon régional, départemental et communal, des instructions ministérielles détermineront la part qu'il conviendra d'attribuer, dans la délibération comme dans l'action, aux représentants qualifiés de la Légion. Ainsi se trouvera confirmée et développée la collaboration confiante, qui s'est déjà manifestée en maints endroits, notamment en de nombreuses préfectures, entre les chefs de la Légion et les représentants responsables du pouvoir central. Légionnaires, je crois avoir suffisamment précisé ce que doit être votre rôle. Serviteurs passionnés du bien publie, dans l'obéissance aveugle au Chef ou à son représentant, interprètes fidèles de sa pensée, propagandistes ardents de la Révolution Nationale, vous assumerez, à partir d'aujourd'hui, des responsabilités plus étendues. Vous bénéficierez, en revanche,, dans des limites précises, d'égards particuliers. Ainsi se trouveront conciliées les possibilités d'organisation du grand mouvement que j'ai fondé, et dont je conserve la présidence, avec les exigences permanentes d'un État dont l'autorité ne peut souffrir aucune délégation. Vous n'êtes pas le Pouvoir, mais vous devez en constituer la garde vigilante et permanente. Votre action doit s'inspirer des réalités du présent et des nécessités de l'avenir français. Elle doit permettre, dans le respect de la personne humaine, la restauration des énergies françaises. Elle doit permettre à, notre Pays de remplir, le moment venu, sa tâche civilisatrice, dans une Europe réconciliée. Méditez ces paroles. Découvrez-y de nouvelles raisons d'agir. Pour moi, je n'ai cessé de vous garder ma confiance. Je suis sûr que vous continuerez à la mériter. » Jeudi 19, discours du Maréchal PETAIN aux Préfets : « MESSIEURS LES PRÉFETS A cérémonie qui vient de se dérouler est une éclatante manifestation d'union nationale affirmée par le sentiment unanime de votre assemblée. Votre serment vous lie à la personne du Chef de l'État et à la réalisation de notre redressement. Je remercie Monsieur le Ministre de l'Intérieur de m'avoir fait connaître, par la voix du gouverneur général de l'Algérie, les sentiments des trois préfets absents, à l'égard du Gouvernement et de ma personne. J'adresse mon plus affectueux salut aux résidents généraux du Maroc et de Tunisie, qui sont ici présents, ainsi qu'à tous les gouverneurs de nos colonies lointaines. Il m'est infiniment agréable d'avoir la certitude que la Métropole et l'Empire sont entièrement derrière nous et nous apportent leur fidélité, leur confiance et leur ardeur à 44 servir ". De notre redressement, j'entends que vous soyez les principaux artisans. Votre autorité ne sera plus entravée par des compromissions ou des sollicitations qui visaient trop souvent à tourner les lois ou à y apporter des accommodements. Rappelez-vous que l'autorité a pour base l'estime et la confiance des administrés. L'action de présence est un moyen décisif de gagner cette estime et cette confiance. J'ai eu l'occasion d'en faire l'expérience dans plusieurs circonstances difficiles. A mon exemple, prenez des contacts intimes avec vos populations des campagnes et des cités. Vous comprendrez ainsi leurs aspirations et leurs possibilités. La paysannerie française a assuré la pérennité du Pays à travers les vicissitudes de l'Histoire. Ses traditions ont permis à la France, dans le passé, de surmonter les plus dures épreuves, et de retrouver dans l'immuable force des campagnes le courage de vivre et les raisons d'espérer. Mais la paysannerie est à la fois garante et dépendante de l'équilibre social du Pays, et les paysans ne pourraient échapper seuls aux malheurs qui frapperaient la Patrie si leurs frères des villes succombaient dans les difficultés du présent. Notre grand devoir à tous est de produire plus et de partager mieux. La leçon d'aujourd'hui est l'intime solidarité des membres d'un peuple qui ne peuvent que vivre unis ou périr ensemble. En France surtout, les campagnes sont unies aux villes par trop de liens familiaux et sociaux, les générations urbaines sont trop proches encore des générations rurales, pour ne pas conserver entre elles d'étroites affinités. Tous, paysans et citadins, comprennent qu'il est nécessaire d'établir un plan concerté de production agricole et d'orientation des échanges. Pour augmenter la production nous tracerons aux paysans certaines règles, nous leur demanderons d'accepter certaines sujétions. Ils devront obéir avec toute leur conscience aux règles tracées. Il y va de leur intérêt même; il s'agit de leur responsabilité vis-à-vis de la communauté nationale. La corporation agricole, lien naturel entre la paysannerie et les administrations, constitue ainsi un véritable service publie chargé de nourrir le Pays et de sauver la race française. En enfreignant cette discipline, chaque membre de la corporation s'exclurait lui-même de l'unité nationale. En s'y soumettant, il hâte le retour des jours meilleurs et il s'associe au plus grand bienfait que puisse connaître une nation : la paix sociale. De tous les fléaux qui menacent un peuple, le plus grand est la lutte entre classes et la haine entre frères. J'ai dit que la solidarité des campagnes et des villes devait assurer la subsistance des citadins. Je veux dire aussi ce que doit être l'union entre les ouvriers et les patrons, entre ceux qui détiennent la force et ceux qui détiennent l'autorité. Nous n'avons pas su, dans le passé, éviter ces conflits qui ne laissent que des ruines et ces revanches qui ne laissent que des rancunes. La Charte du Travail ne doit susciter ni la méfiance des patrons qui craignent parfois que leur autorité soit contestée, ni l'hostilité des ouvriers qui redoutent que leur voix ne soit pas entendue. Elle est faite pour aider employeurs et employés à établir un ordre stable et fécond sur leurs devoirs réciproques. Dans ses principes, elle respecte aussi bien la hiérarchie des mérites et des services que la représentation des intérêts populaires. Dans son application elle sera, comme toutes les institutions humaines, ce que les hommes la feront. Mes idées sur ces projets sont bien connues. J'ai confiance qu'elles seront comprises et appliquées. Ma confiance s'appuie sur l'accueil qu'ont reçu mes communications de Saint-Étienne, de Commentry, de Montluçon, d'Aubusson. Peut-être y a-t-il encore des égoïsmes en embuscade sur les chemins de la Révolution Nationale. La première condition de la paix sociale est l'union des cœurs. Au milieu des dangers qui, menacent les peuples, dans la tourmente qui envahit le monde, les pays qui éviteront la guerre civile garderont seuls la force d'atteindre des temps plus heureux. La propagande qui se développe selon mes instructions générales et qui, localement, doit être orientée par vous, est l'objet de maintes critiques. Il faut reconnaître qu'il est très difficile de donner satisfaction à l'opinion publique sur des thèmes qui ne peuvent s'appliquer à tous les lieux et à toutes les situations. Les populations ne sont satisfaites que si elles sont informées des événements auxquels elles portent un intérêt immédiat. Or la propagande n'a pas seulement pour but de faire plaisir à ses auditeurs, elle a surtout pour objet de faire accepter les idées utiles à la Révolution Nationale. Les idées exprimées dans mes messages forment une réserve dans laquelle on trouvera les éléments d'une bonne propagande en faveur de notre redressement. Les thèmes principaux sont : - unir tous les Français par le travail; - abolir tout ce qui peut les diviser luttes partisanes et opposition des classes; - écarter résolument la prééminence des intérêts particuliers sur les intérêts généraux; - lutter contre l'accaparement sous ses formes diverses : accaparement des consciences, accaparement des biens par les privilégiés. Pour assurer le succès de cette propagande, je voudrais pouvoir généraliser la méthode en usage dans la zone non occupée avoir auprès de vous des délégués officiels à la propagande chargés de divulguer cette doctrine et des propagandistes légionnaires qui, selon les traditions de la Légion, doivent travailler en plein accord avec le Gouvernement et ses représentants qualifiés. Alors, vous nous ramènerez les masses encore hésitantes. Vous vous attacherez davantage certains fonctionnaires qui attendent la leçon des faits pour se, libérer de l'emprise du passé. Vous aiderez et stimulerez des maires qui sont pleins de bonne volonté, mais qui, dans le labyrinthe des lois et décrets, comptent sur vous pour leur faciliter leur tâche. Une haute compréhension de votre rôle, les exemples que vous donnerez personnellement par la dignité de votre vie, la discipline dont vous ferez preuve vis-à-vis du Gouvernement feront de vous des administrateurs modèles et les animateurs dont ont besoin la France souffrante et son Empire. Votre ministre vous l'a déclaré : il veut que vous soyez de véritables chefs spirituels. Il n'est pas de meilleure façon de résumer ce que nous attendons de vous. C'est l'âme de la France qui est surtout à revaloriser car elle s'est trouvée, ces vingt dernières années, inférieure à son passé. Nous lui rendrons sa qualité. Elle redeviendra courageuse dans la souffrance réalisatrice dans la lutte pour; le relèvement national, compréhensive des nécessités de l'heure et de l'organisation d'un monde nouveau, généreuse et sans haine dans les rapprochements que nous imposeront les lendemains d'une époque tragiquement troublée. Et ainsi, messieurs les préfets, en vous conformant à ces conseils, vous aurez travaillé pour la grandeur de la France et pour la civilisation. » Déclaration que la population à fait : « ….. Je soussigné ROBERT Alfred demeurant à Gury (Oise) certifie ne bénéficier à aucun titre de abattage d’animaux en vue de la consommation familiale Je déclare être prêt à me soumettre à toutes mesures de contrôle exigées par la loi. Déclaration faite sans la foi du serment. A Gury le 19 février 1942….. » Mercredi 25, courrier d’une compagnie française d’assurance « La Flandre » demandant un extrait de naissance de Jean TERME, natif de Gury, pour la Caisse Nationale des retraites.
Mars Dimanche 01, état des livraisons de blé pour Gury : 48 ha 12 de surface considérée ensemencée, 378 Quintaux livraison effectuée avant le 1er mars 1942, 80 quintaux livraison effectuée depuis le 1er mars et restant à livrer. René BRUNEL, Paul ROBERT et Albert DELNEF ont une récolte insuffisante pour la semence. 17 cultivateurs : BOUCAUX Léon, BRUNEL René, DEJOUY Paul, DEVILLERS Abel, GOVAERT Cyrille, GUIZIOU Pierre, HULOT Hippolyte, LEBŒUF Marcel, LHELLEZ Léon, LHELLEZ Maurice, LHELLEZ René, LOIRE Georges, PILLOT Pierre, ROBERT Paul, DELNEF Albert, CUGNIERE-CENSIER, FOURNIER Clément. Mardi 03, à 8 heures, déclaration de naissance de C. PILLOT, né hier, le 02 à 22 heures, rue du Bailly (aujourd’hui : rue de Bailly), fils de Pierre PILLOT, cultivateur, 42 ans, et de Raymonde LOIRE, sans profession, 33 ans. Le déclarant est le père de l’enfant. Déclaration faite à Maurice LHELLEZ, Adjoint au Maire, le Maire étant empêché, étant donné qu’il témoigne de la naissance de son fils. Jeudi 05, ce message a été lu par M. le Maréchal PETAIN, au début de la séance d'ouverture de la Commission, au Conseil National - Commission d'Étude des Questions de Jeunesse : « MESSIEURS Je vous ai réunis en cette session du Conseil National afin de provoquer vos réflexions et vos avis sur les problèmes, essentiels pour l'avenir de la Révolution Nationale et de la France elle-même, que pose la formation de notre jeunesse. La guerre nous a révélé l'existence dune jeunesse aussi courageuse sans doute que ses devancières, mais, réserve faite d'une élite trop restreinte, mal préparée dans son ensemble aux labeurs et aux devoirs qui allaient lui incomber. Dans l'ardente volonté de relèvement, que nous avons puisée au coeur même de la défaite, c'est à la jeunesse que nous avons réservé nos premiers soins. Nous nous sommes penchés sur elle avec une sollicitude d'autant plus attentive que nous ne pouvions, en bonne justice, lui demander compte d'insuffisances dont nous nous sentions, a des degrés divers, tous responsables, soit par ce que nous avions fait, soit par ce que nous avions omis de faire. Nous avons couru au plus pressé; nous avons par la réforme de l'enseigne 'ment', par l'institution d'un Secrétariat Général à la jeunesse, ainsi que d'un Commissariat à l'Éducation Générale et aux Sports, reconnu la complexité de notre tâche éducative et proclamé qu'elle ne devait pas s'appliquer seulement à l'esprit, mais au corps et au caractère; nous avons encouragé les mouvements de jeunesse existants, nous en avons suscité de nouveaux; nous avons soutenu matériellement et moralement la famille, nous nous sommes astreints à préserver nos jeunes gens de ces causes de dégradation de leurs énergies, l'alcoolisme, les livres ou les spectacles immoraux, les excitations malsaines; nous avons éveillé en eux le goût de l'effort, le sentiment de l'honneur du travail, l'amour de la grandeur, l'esprit d'héroïsme et de sacrifice. Nous avons multiplié les expériences, le moment est venu d'en dégager la leçon. Nous avons, sous la pression des circonstances, hâtivement édifié des abris provisoires. Il est temps d'élaborer le plan d'un vaste, solide et durable édifice, répondant aux aspirations légitimes et aux besoins éprouvés des temps nouveaux. Ce plan constructif, je l'attends du concours de vos compétences et de vos dévouements. Permettez-moi, en guise d'introduction à vos travaux, de formuler quelques-unes des directives dont il me semble qu'ils devront s'inspirer. D'abord, vous aurez à définir la place de la jeunesse dans la Nation, à situer les problèmes de jeunesse dans l'ensemble des problèmes nationaux. Vous estimerez avec moi, je pense, que la jeunesse ne saurait constituer une sorte d'État dans l'État et que les problèmes de jeunesse, s'ils présentent certains caractères qui obligent à les confier à des organismes spécialisés, ne sauraient, en aucune façon, être isolés de l'ensemble des problèmes nationaux, qu'ils doivent au contraire y être incorporés. Faute de quoi nous risquerions de réintroduire dans l'État, sous une forme nouvelle, ce même principe de division que nous avons voulu bannir. L'unité nationale ne doit pas seulement être une unité dans l'espace, mais une unité dans la durée; elle implique continuité, compréhension réciproque, harmonie entre les générations successives. Vous aurez ensuite à répondre à la question si souvent posée : « A qui appartient la jeunesse ? » La jeunesse n'est la propriété de personne, et personne n'a vis-à-vis d'elle d'autre droit que celui de faire son devoir, c'est-à-dire de travailler à la mettre en mesure de s'appartenir un jour à elle-même et de remplir dignement son rôle dans la cité. Il suit de là, en ce qui concerne les rapports de la jeunesse et de l'État, que notre jeunesse doit être nationale, comme notre État lui même, mais qu'il ne saurait être question de créer une jeunesse d'État. La vérité, c'est, que l'État, comme tout groupement national, a des devoirs envers la jeunesse. Vous aurez à préciser la nature et l'étendue de ces devoirs. Le gros de l'œuvre éducative revient de droit aux communautés naturelles où tout enfant se trouve progressivement engagé : famille, communautés spirituelles et professionnelles. L'État, organe de l'intérêt général, ne saurait en aucune façon les suppléer dans cette tâche dont la complexité le dépasse, mais il a le droit et le devoir de contrôler la façon dont elles s'en acquittent, de les rectifier quand elles s'égarent, de les soutenir quand elles faiblissent, de les encourager lorsque leur action est droite, saine et féconde. Vous aurez à examiner si, dans la France d'aujourd'hui, les communautés naturelles accomplissent comme il convient leur besogne éducatrice, dans quelle mesure il appartient à l'État de parer à leurs carences ou à leurs déviations éventuelles, par quels moyens, par quelles méthodes il peut, le cas échéant, intensifier leur vitalité, le sentiment de leurs responsabilités, la conscience de leur mission à l'égard de la jeunesse. Il est un domaine où l'État exerce normalement sur la jeunesse une influence plus directe : c'est celui de l'école. Et tout de suite, une question se présentera à vos esprits ; l'école et l'université qui la prolonge ont-elles, en dehors de leurs programmes d'enseignement, une doctrine d'éducation de la jeunesse? Si, comme je le crains, elles n'en n'ont pas une, mais plusieurs, n'est-il pas nécessaire d'en dégager clairement les formules, de les confronter, de les éprouver à la lumière de l'expérience historique que nous sommes en train de vivre, de les enrichir des récentes acquisitions des "sciences de l'homme ", de les fondre enfin dans une synthèse propre a assurer l'épanouissement, dans l'action, de toutes les forces de la vie? Cette idée de synthèse doit présider constamment à vos méditations. C'est l'esprit d'analyse, d'éparpillement, de dissociation, qui par ses abus nous a conduits où nous sommes. Nous entrons désormais dans une époque de synthèse réfléchie, je dirai même systématique : synthèse de l'intelligence, des sentiments, de la volonté, pour la formation de l'homme concret et complet; intégration de l'individu dans le milieu social, dans la région, dans la Nation; collaboration des communautés naturelles entre elles et avec l'école, avec l'université, pour la formation morale et spirituelle, professionnelle et civique de la jeunesse française; synthèse partout et toujours. Mais le même esprit doit vivifier toutes les organisations. C'est la condition de la force de la collectivité; c'est aussi celle de l'équilibre, de la santé, du bonheur des individus. Mais la synthèse la plus rigoureuse n'exclut pas; elle implique, au contraire, une juste autonomie des parties qui la composent. Vous aurez à opérer la conciliation de ces principes dans divers domaines, et notamment dans celui des mouvements de jeunesse. Les mouvements de jeunesse sont nés, entre les deux guerres, d'un besoin réel et profondément ressenti, auquel ils ont efficacement, quoique insuffisamment satisfait. Leur diversité doit être maintenue, car elle correspond à la variété effective des familles spirituelles de la France. Toutefois, aucun d'eux n'a le droit de se cantonner dans un abstentionnisme civique ou politique qui avait sans doute ses motifs légitimes sous le régime antérieur, mais qui les a complètement perdus aujourd'hui. La nouvelle éducation nationale n'ouvre plus sur la rue mais sur la vie. Le mot politique a changé de sens, ou, pour mieux dire, il a repris son sens véritable. Le développement normal, total, d'un jeune Français comporte son engagement sans réticence et sans réserve au service de la Cité et de la Patrie. Il peut et il doit donc y avoir, entre tous les mouvements de jeunesse présents et à venir, si marqués que puissent être, sur le plan spirituel notamment, leurs originalités respectives, un élément commun d'ordre civique et patriotique, qu'il appartient à l'État de définir. Pas plus que nous ne voulons d'une jeunesse d'État, nous ne voulons d'une jeunesse unique. Mais nous voulons, dans les limites que je viens de préciser', une jeunesse unie. Est-il possible, est-il désirable d'aller plus loin et, dépassant le terrain de la doctrine, d'engager la jeunesse, ou une partie de la jeunesse, dans l'action civique et politique? Cette importante et délicate question est actuellement à l'étude, un programme est en voie d'élaboration, des expériences diverses sont ou seront tentées avec prudence et discernement. Si elles sont couronnées de succès, nous pourrons envisager la création d'un service civique de la jeunesse, à la faveur duquel une, élite de futurs citoyens s'initiera au fonctionnement des grandes œuvres économiques et sociales d'intérêt national, et trouvera en elles une école féconde de générosité. Pourrons-nous aller plus loin encore, et, si un examen attentif nous révélait chez certains jeunes une vocation politique déterminée, les grouper en cohortes, et les mobiliser au service de la Révolution Nationale? Vous me donnerez, messieurs, votre sentiment sur ce sujet. D'autres problèmes vont, sans doute, s'imposer à vos délibérations. Si riches de réalisations et de promesses que soient les mouvements de jeunesse actuellement existants, ils n'encadrent qu'un septième environ de la jeunesse française. Comment en étendre le bienfait à la totalité de notre jeunesse? Est-il possible d'assurer l'éducation des jeunesses paysannes et des jeunesses ouvrières dans le cadre de leurs organisations professionnelles, sous l'inspiration générale et le contrôle de l'État? Comment compléter, dans le cadre corporatif, la formation de la jeunesse étudiante? Comment concevoir et réaliser, pour la jeunesse féminine, un effort parallèle à celui que nous poursuivons pour la jeunesse masculine ? Comment articuler les disciplines d'éducation générale qui sont une des grandes nouveautés de notre réforme de l'Enseignement, avec les disciplines intellectuelles consacrées par la tradition? Quel jugement faut-il porter sur nos écoles de cadres? Quelles modifications ou transformations convient-il d'y apporter? Quelle doit être la participation de l'université à la formation des cadres de la jeunesse ? Comment enfin, par quel organisme agrandi et diversifié, l'État peut-il remplir vis-à-vis des jeunes et des mouvements de jeunesse ses devoirs d'animateur, de contrôleur et de fédérateur ? Autant de questions à peine entrevues. Mais la grandeur et la difficulté de l'entreprise ne font qu'ajouter à nos raisons de nous mettre courageusement à l'ouvrage, puisque le salut et l'avenir de la France dépendent pour une très grande part de la solution que nous saurons apporter au problème de la jeunesse, puisque c'est dans la jeunesse que nous avons mis tous nos espoirs, et qu'elle sera, dans une large mesure, ce que nous le ferons. Au travail donc, messieurs, pour la jeunesse de France, pour la France de demain, pour la France de toujours. » Dépôt de fiche pour demande d'achat de chaussures pour Gilbert et Roland BELLARD, Henriette DEBEAUPUIS-CHOUART, Réjane BELLARD-DEBEAUPUIS, Alfrédine LHELLEZ-CUGNIERE, Léon et Geneviève LHELLEZ, Jeanne LHELLEZ-CRAMPON, Cyrille et son fils L. GOVAERT. Samedi 07, dépôt de fiche pour demande d'achat de vêtements pour Gaétan, Paul et Fernand ROBERT, Paul BELLARD, monsieur A. BOUCAUX, Eugénie CUGNIERE et monsieur J. BONNIN. Samedi 14, Maurice TOP, à Chevincourt, transmet au Maire de Gury la liste des personnes n’ayant pas fourni la quantité d’œufs imposée, à savoir : BRUNEL René : 12 (imposée) – 0 (livrée) DEVILLERS Abel : 22 (imposée) – 15 (livrée) GOVAERT Cyrille : 20 (imposée) – 6 (livrée) BOUCAUX Léon : 11 (imposée) – 6 (livrée) VIGNOLLE Gaston : 4 (imposée) – 0 (livrée) Mardi 17, dépôt de fiche pour demande d'achat de chaussures pour Fernand BLONDEL, Abel et sa fille J. DEVILLERS, Mariette DEVILLERS-LOIRE, Berthe BOUCAUX-GOVAERT, Paulette LEULIEUX. Samedi 21, passage de Maurice TOP, de Chevincourt, pour le ramassage des 300 œufs réquisitionnés. Lundi 23, la population a renouvelé sa déclaration sur l’abatage d’animaux comme celle du 29 février courant. Mardi 24, premier jour d'émission pour la station de radio américaine international Voice of America. Mercredi 25, appel du maréchal PETAIN aux paysans de France : « PAYSANS, MES AMIS Le ravitaillement en pain est menacé. Pour faire face aux besoins de la population, plus de trois millions de quintaux de blé par mois sont nécessaires et les premières céréales n'apparaîtront que dans quatre mois et demi. Afin de faciliter leur répartition, il est indispensable que le Gouvernement connaisse exactement les quantités panifiables dont il pourra disposer. C'est pourquoi il a décidé que tous les blés devront être livrés battus avant le 21 avril. Vous aurez à cœur d'obtempérer à cette décision dans la plus stricte discipline. Il s'agit d'une mesure -de salut publié. Si tous les producteurs se permettaient de garder ou de gaspiller ne fût-ce qu'un sac de blé, cette mauvaise action, qui équivaudrait à un vol caractérisé, aurait pour conséquence' de priver de pain pendant un mois tous les Français. Cette privation atteindrait les gens des campagnes comme les gens des villes. Toute dissimulation, toute dilapidation de blé constituerait donc un crime impardonnable. Les syndics locaux et régionaux de la corporation paysanne, ainsi que la Légion, interviendront, s'il y a lieu, auprès des exploitants pour rappeler chacun au sentiment de son devoir. Je souhaite qu'il n'y ait point de déserteurs parmi vous et que les autorités n'aient pas à constater de défaillance. Je connais toutes vos difficultés. Vous manquez d'engrais, de carburant, de chevaux, de moyens de traction. Vous manquez de main-d’œuvre et vous attendez dans l'anxiété le retour des prisonniers. 1 . Certes, vous êtes à plaindre, mais vous n’êtes pas les seuls et je suis, croyez-le, mieux placé que qui que ce soit pour apprécier l'urgence de nos besoins, pour rappeler à chacun le devoir d'entr'aide et de solidarité que lui imposent les circonstances. Je n'oublie pas que c'est grâce à vous que la soudure a pu être réalisée l'an dernier, Je vous demande le même effort. Répondez à mon appel. Aidez-moi cette fois encore assuré à tous les Français le pain quotidien. » Vendredi 27, un convoi de 1 100 juifs quitte Compiègne pour Auschwitz. Samedi 28, passage de Maurice TOP, de Chevincourt, pour le ramassage des 300 œufs réquisitionnés.
Bonne lecture à tous ... et la prochaine avril 1942.
Cordialement
Camille
|