6e GAM (Groupe d’Autos-Mitrailleuses)

On doit déjà à Erik Barbanson « Verberie juin 1940 » en collaboration avec Bruno Roux (Edition mairie de Verberie juin 1990) et « Picardie juin 1940 : les chars de la 7e Armée dans la tourmente » avec Régis Potié dans Histoire de Guerre numéro 15 de mai 2001.
Dans sa dernière publication « L’épopée du 6e GRDI » Batailles et Blindés HS n°3 (encore disponible auprès de l’éditeur ici) il aborde l’origine de cette unité avec le 6ème GAM qui stationnait à Compiègne jusqu’à l’entrée en guerre. Pour notre plus grand plaisir Erik Barbanson met à notre disposition une présentation du 6e GAM dans sa ville de garnison et nous l’en remercions vivement.

Le 6e GAM à Compiègne

 

La génèse

Au début des années trente, la cavalerie française compte quelques unités motorisées dont 12 escadrons d’automitrailleuses de cavalerie (EAMC) basés en métropole. Ces escadrons ont été créés en 1922 par transformation des groupements d’automitrailleuses, autocanons de la guerre 14-18.
Le quartier Othenin de Compiègne, du nom du célèbre major mort en 1814 durant la défense héroïque de la ville face aux prussiens, est occupé par le 22e escadron d’automitrailleuses de cavalerie qui dépend alors du 6e Régiment de Spahis Algériens ce qui vaut aux hommes de porter la tenue kaki-moutarde des troupes coloniales et la Chéchia.
Ce 22e escadron d’automitrailleuses de cavalerie sert à la relève d’unités en Syrie où il a d’abord lui-même servit. Il est alors uniquement équipé d’automitrailleuses White. Issu de la 1re Guerre Mondiale, cet engin est alors le seul disponible en grand nombre. Le manque de crédits n’a pas encore permis à la Cavalerie l’étude puis la mise en fabrication de véhicules plus modernes. Le quartier Othenin est installé dans les anciennes écuries du château de Compiègne et se trouve en contre bas de ce dernier, près du quartier Bourcier (devenu aujourd’hui l’école d’état-major), où est installé le 6e Régiment de Spahis Algériens.
Dans le milieu des années trente, Compiègne est une ville de garnison importante avec une unité d’aérostiers, le
1er bataillon du 67e RI, le 6e Régiments de Spahis Algériens et bien entendu le futur 6e GAM. M. Rousseau se souvient que lorsqu’il avait quartier libre et qu’il se promenait en ville, il était difficile de faire un pas sans saluer un gradé !
Durant cette période, l’escadron peint sur ces véhicules un insigne inspiré de l’histoire de la région et choisit une devise. L’insigne se compose d’un chevalier armé d’une lance et chargeant au galop. Ce dernier se veut la copie de la statue équestre, visible dans la cours d’honneur du château de Pierrefonds et dont l’escadron se veut le digne successeur. Dans cette continuité, une partie de la devise des chevaliers de Pierrefonds est reprise par l’escadron : « Preux demeurons », la devise complète étant : « Chimères chevauchions, Foudres lancions, Preux demeurons ».

 

 

Le 3e GAM

En 1933, le 22e escadron d’automitrailleuses de cavalerie devient le 3e escadron d’AMD du 3e GAM (Groupe d’Auto Mitrailleuses) de Paris, mais reste au quartier Othenin. Ce GAM a la particularité d’être dissocié sur plusieurs sites, dont le principal est l’école militaire à Paris. Détail amusant, les hommes du 3e escadron conservent les uniformes de couleur kaki-moutarde du 22e escadron alors que leurs homologues sont en bleu horizon.
Le matériel subit une première modification avec l’arrivée de quelques automitrailleuses Panhard 165/175 TOE (territoire d’opération extérieur), conçues pour les colonies d’où la présence de réservoirs d’eau potable pour l’équipage.
Le 1er janvier 1935, le 3e escadron du 3e GAM est toujours cantonné à Compiègne. A cette époque l’escadron est commandé par le capitaine Bodelot et se compose de deux pelotons de trois automitrailleuses Panhard 165/175 TOE et de deux pelotons de trois automitrailleuses White, soit un total de douze engins. Avec, le 2e bataillon de dragons portés, le 3e GAM entre alors dans la composition de la 3e Division de Cavalerie.
Début 1935, l’ensemble des fractions du 3e GAM peignent sur leurs véhicules « le Chevalier de Pierrefonds », issu du 22e escadron d’automitrailleuses de cavalerie et ceci jusqu’à la transformation du 3e escadron en 6e GAM.

 

 

 

La création du 6e GAM

Le 1er octobre 1935, le 6e GAM est crée en fusionnant le 3e escadron du 3e GAM avec le 3e escadron du 5e GAM de Lyon qui était auparavant stationné à Cortez en Corse. Le chef d’escadrons Montjean prend le commandement de ce nouveau Groupe d’Auto Mitrailleuses. Par la suite, il sera remplacé par le commandant Gruss.
Lors de sa création le 6e GAM reprend les traditions du 22e escadron d‘automitrailleuses et se dote d’un insigne métallique, objet alors très en vogue dans l’armée française. Cet insigne a pour but de fédérer les hommes de l’unité autour d’une devise et d’une tradition. L’insigne se compose d’un octogone irrégulier sur lequel se détache en relief un chevalier armé d’une lance et chargeant au galop. Ce dernier rappelle les chevaliers de Pierrefonds dont le GAM se veut le digne successeur et dont il reprend une partie de la devise gravée sous le cheval : « Preux demeurons ». De chaque côté du chevalier se trouve le sigle 6e GAM. A l’arrière de cet insigne se trouve marquer le nom du fabricant : Arthus Bertrand Paris Déposé.
Le 6e GAM se compose alors de deux escadrons. Le 1er escadron (ancien 3e escadron du 3e GAM), sous les ordres du capitaine Bodelot, comprend tous les engins blindés tandis que le 2e escadron (ancien 3e escadron du 5e GAM), sous les ordres du capitaine Renault, comprend les motocyclistes, les mitrailleuses et les canons.
Le 1er escadron avec ses automitrailleuses et les services, dont les services administratifs, occupent le quartier Othenin. Le 2e escadron se trouve au quartier Bourcier avec l’état-major et occupe le premier étage du bâtiment longeant l’Oise, le rez-de-chaussée étant réservé aux écuries du 6e Régiment de Spahis Algériens.
Le 2e escadron du capitaine Renault, comprend : Trois pelotons de motocyclistes sous les ordres des lieutenants Goyon de Camy-Gozon, Thiriat et du sous-lieutenant Roquefeuil et un peloton d’engins sous les ordres de l’adjudant Paumé et du Mdl-chef Nourry, ce dernier peloton comprenant 2 canons antichars de 25, 2 mitrailleuses Hotchkiss et un mortier de 60.
Le peloton de commandement de l’escadron comprend le sous-lieutenant Grégoire Sainte-Marie, l’adjudant Costa, le Mdl-chef Giraud, chef comptable, le Mdl Pernoud, fourrier, le Mdl-chef Fritz, responsable de l‘atelier de dépannage de l’escadron.

 

 

 

Fin 1937, début 1938, le matériel évolue

Durant les années 1937 et 1938, le matériel blindé évolue tout comme les motos René Gillet type G qui sont progressivement remplacées par des René Gillet de 750 cm3 puis par Gnôme et Rhône type XA.
Les premières AMR Schneider P 16 arrivent courant 1937. Elles sont directement récupérées auprès du 18e Dragons et du 4e Cuirassiers de Reims, à fur et à mesure de leur transformation sur chars Somua et Hotchkiss. Quelques rares P16 proviennent du 3e GAM. Un total de 14 AMR P 16 est affecté au GAM, à ce chiffre il convient de rajouter deux AMR 33.
1937 voient aussi l’arrivée des dix premières AMD Panhard 178, afin de remplacer les White dont il ne restera, la veille de la mobilisation que deux ou trois châssis sans tourelle affectés à l’école de conduite. Jusqu’à la mobilisation, la dotation théorique de 16 AMD sera réalisée en maintenant deux pelotons de Panhard TOE.
D’autres matériels sont affectés au 6e GAM, comme le prototype de la AMD Panhard 165/175, immatriculé 14012, utilisé sans tourelle pour les manifestations officielles et ceci jusqu’à la mobilisation, le chef de corps se tenant alors debout par l’orifice laissé libre par la tourelle, avec son officier adjoint et un porte drapeau.
Nous trouvons aussi deux AMR P28 Citroën récemment réformées et affectées à l’école de conduite.


 

1938 – L’encadrement du 6e GAM

En 1938, le 6e GAM est sous les ordres du chef d’escadrons Gruss. Il forme avec le 7e GAM de Saint Omer et le 7e Chasseurs d’Evreux qui est à moitié motorisé, le 3e Groupement de Cavalerie que commande le futur général Chanoine et dont l’état-major se trouve à Compiègne. Le commandant d’armes de Compiègne était alors le général du Cor du Prat de Dauraimont.
A cette époque le capitaine de Tarragon remplace le capitaine Bodelot à la tête du 1er escadron. Parmi les officiers du 1er escadron, il faut signaler la présence du lieutenant Kaminski qui était déjà présent aux côtés du capitaine Bodelot à l’époque du 3e escadron du 3e GAM.
La composition du 6e GAM a peu évolué depuis sa création. Il se compose toujours d’un état-major avec le commandant Gruss, officier adjoint le capitaine Bleny d’Avricourt et les officiers Pruvost, Raynaud, trésorier, Major et Farrault au service de santé, d’un EHR avec le capitaine Christophe, d’un escadron à six pelotons d’automitrailleuses avec le capitaine de Tarragon, Kaminski, Dargnies, Dattez, Loffroy, Mirabaud, Biaggi, Noethiger et d’un escadron mixte avec le capitaine Renault, composé de trois pelotons de motocyclistes, d’un peloton de mitrailleuses et d’un groupe de canons de 25, avec Roquefeuil, Thiriat, Marchant, Fontaine-Descambres, Millat, Paumé et Costa.
Fin 1938, Fontaine-Descambres cédera sa place à Costa et de Salaberry remplacera Costa. De même, Delrue, Grégoire Sainte-Marie ou du Passage rejoindront le 6e GAM.
L’effectif global est d’environ une vingtaine d’officiers, 45 sous-officiers, 50 brigadiers-chefs et brigadiers et 200 cavaliers, soit un total d’environ 315 hommes.

 

 

 

Le quotidien des hommes aux quartiers Othenin et Bourcier

L’activité des hommes lorsqu’ils se trouvent aux quartiers Othenin ou Bourcier est quasiment similaire à celle que vivent les militaires d’aujourd’hui.
Tout d’abord nous avons le réveil qui se faisait d’abord au clairon avant que l’unité ne soit équipée d’un klaxon électrique. Le réveil au clairon est conservé en manœuvre.
Après une rapide toilette effectuée dans une salle équipée d’une quarantaine de robinets alimentant de lavabos sans glace ce qui faisait que chaque homme avait un petit miroir, les hommes remontent en chambrée pour boire le « jus » que certains appellent jus de chique ou de chaussette tant son goût était désagréable, accompagné d’un morceau de pain et de chocolat noir.
Les dortoirs se composent de grandes salles partagées en deux chambrées dans le sens de la longueur. Chaque chambrée comprend une vingtaine de lits, ainsi qu’une table massive en bois avec un banc de chaque côté. Au-dessus de chaque lit, le paquetage est rangé sur une simple planche. Les vêtements sont soigneusement pliés, les uns sur les autres. Les lits « au carré » sont recouverts d’une couverture marron, tandis que les draps sont en lin, très résistant mais d’une couleur peu engageante. Chaque chambrée est sous la responsabilité d’un brigadier-chef ou brigadier.
Les sous-officiers sont logés par deux dans une chambre équipée d’un placard pour deux, d’étagères, et d’une table avec deux tiroirs et deux chaises.
Après le petit déjeuner a lieu le premier appel de la journée.
La journée est marquée par différents activités : la garde du cantonnement, les traditionnelles corvées, avec le nettoyage du cantonnement et des latrines, l’instruction militaires avec les cours théoriques, dont le maniement du mousqueton, les transmissions, les cours pratiques avec le tir, les écoles de conduite sur automitrailleuse ou side-car et les écoles des élèves brigadiers mais aussi l’entretien du matériel et des véhicules. Pour finir, l’éducation sportive tient une grande place dans la formation des soldats.
Pour le tir au canon, le 6e GAM n’a pas de champ de tir assez grand sur Compiègne, mais un dispositif de fortune a été créé. Il consiste à fixer un fusil le long du canon, aussi bien pour les AMR que pour les canons antichars de 25 mm, afin de jumeler les deux armes. Ainsi il est possible de manœuvrer les canons seulement au lieu de tirer au canon, on tire au fusil sur une cible (maquette d’un char) de quelques centimètres carrés, située à 100 mètre de distance et qui se déplace sur un circuit à une vitesse constante et lente. Les tirs réels se déroulent habituellement dans les camps d’instruction de Mourmelon et de Sissonne.
Au quartier, la tenue usuellement portée est le bourgeron et le treillis en toile bleue ainsi que des sabots.
Deux repas seront donnés dans la journée ainsi que plusieurs appels. Le réfectoire se trouve au quartier Othenin et pour y aller, chaque homme emporte son quart, sa fourchette, une cuillère et un couteau. Avant d’entrée au réfectoire, les hommes exécutent la traditionnelle corvée de patates. Les menu sont simples, voici en exemple un menu type de 1936 : bouillon avec des morceaux de pain, viande bouillie, pommes de terre à la vapeur avec des choux, compote de pommes, le tout accompagné d’un morceau de pain et arrosé par un quart de vin, d’eau.
A partir de 1938, les menus s’améliorent avec des plats plus élaborés tel que du boudin, de l’andouillette ou du gratin. De même une machine à éplucher les pommes de terre permet d’alléger la corvée de patate. De même, les sabots disparaissent des quartiers pour des chaussures montantes avec semelle caoutchouc (achat personnel permis et encouragé par le commandant Gruss afin de donner une allure plus moderne à ses hommes !)

 

 

 

Les manœuvres, les prises d’Armes et les défilés militaires

Les manœuvres sont toujours des moments forts pour un régiment. Elles permettent de mettre en pratique les enseignements théoriques qui ont été reçus à la caserne.
Dans le secteur de Compiègne cela se passe au champ de manœuvre situé derrière Royalieu et au champ de tir situé dans l’allée des Beaux Monts face au château.
Les manœuvres s’effectuent aussi dans les camps militaires prévus à cet effet et dans les villages et la campagne situés dans le secteur de la caserne. Dans ce dernier cas, le contact avec la population locale a un double intérêt ; il permet de renforcer les valeurs patriotiques mais aussi de rassurer sur la puissance de notre armée dans une période où la montée du nazisme inquiète beaucoup ! Souvent un dépôt de gerbe a lieu au monument aux morts de la commune ébergeant la troupe.
La vie militaire Compiègnoise est rythmée par ses deux régiments phares, le 6e GAM, bien entendu mais aussi par le 6e Spahis Algériens. Ce régiment, haut en couleur, forme avec le 4e Spahis Marocains, cantonné à Senlis, la 1re Brigade de Spahis. N’oublions que les interactions entre ces deux régiments sont fortes car le 6e GAM est issus du 22e EAMC qui dépendait du 6e Spahis Algériens, au début des années trente !
Le 6e GAM et le 6e Spahis Algériens vont ainsi avoir le privilège de participer aux mêmes manifestations militaires au sein de la ville de Compiègne.
De part sa position géographique, à quelques kilomètres de la clairière de l’Armistice avec son célèbre wagon où fut signé la fin de la première guerre mondiale et à environ 80 kilomètres de Paris, le 6e GAM est régulièrement sollicité le 11 novembre.

 

 

 

Les courses et concours militaires

Ces concours ont pour buts d’encourager le sport moto dans l’armée afin de promouvoir sa motorisation. Au sein du 6e GAM, le lieutenant Thiriat est connu pour ses exploits sportifs à moto. Autour de lui il forme une équipe soudée et performante qui s’illustre à de nombreuses reprises lors de concours, en particulier à celui de Spa en Belgique. Il y a aussi de nombreux autres concours militaire comme la coupe de l’armistice, le concours interarmes en forêt de Fontainebleau, regroupant près de 400 participants.
Des exercices moins complexes permettent à la troupe de s’entraîner au maniement difficile des side-cars. Lorsque la guerre éclatera ces engins seront progressivement remplacés, par tous les belligérants, par des voitures comme la jeep, beaucoup plus facile à conduire et permettant d’emporter un armement varié et une plus grande quantité de matériel. Les sides et motos seront alors relégués à de simples missions de liaison.

 

 

Le tour de France Moto de 1938

Ce dernier se déroule entre le 30 avril et le 15 mai 1938, avec 99 participants : 81 militaires et 18 civils. Les militaires sont répartis en équipe de trois soit un total de 27 équipes réparties en 10 équipes de la cavalerie, quatre du train, cinq du génie, deux de l’artillerie, trois de l’infanterie (char de combat) et trois de la Garde républicaine.
La course comprend treize étapes sur un parcours de 5020 kilomètres. Après avoir étaient rassemblés au quartier Gramont de Saint Germain-en Laye, casernement du 8e Cuirassiers, le départ des candidats à lieu de Paris. Le tour ne passe ensuite par Dieppe, Lille, Nancy, Lyon, Avignon, Le Ventoux, Nice, Marseille, Béziers, Pau, Bordeaux, Saumur, Brest, Cherbourg, Chartres pour terminer par une dernière étape à l’autodrome de Montlhéry.
L’équipe du 3e Groupement de cavalerie comprend les side-cars suivants :
N° 28 : Lieutenant Thiriat – 6e GAM, N° 29 : Mdl-chef Fritz – 6e GAM et N°30 : Mdl-chef Eugène – 7e Chasseurs
A la fin de ce tour de France, l’équipe du 3e Groupement de Cavalerie finit troisième sur dix dans le classement de la cavalerie, derrière les 1er et 4e RD ex aequo.

 

 

Le concours de Spa

Le moment le plus fort vécu par l’équipe du lieutenant Thiriat est, sans nul doute, l’important concours international de Spa en Belgique qui se déroula, les 15, 16, et 18 juillet 1938, avec plusieurs équipes belges, une allemande et deux italiennes. Pour ce concours, les sides Gnôme & Rhône du 6e GAM ont une particularité que n’ont pas les fabrications de série, la roue du panier est motrice.
Cette confrontation pacifique de plusieurs armées européennes présageait les futurs affrontements de la seconde guerre mondiale mais cela est une autre histoire !

 

L’équipe du lieutenant Thiriat se compose de la façon suivante :
- 1er side-car Gnôme et Rhône XA : Lieutenant Thiriat et conducteur Ferlampin
- Moto solo Gnôme et Rhône D 5 de 500 cm3 : Conducteur Flandre
- 2e side-car Gnôme et Rhône XA : Conducteur Landois et passagers Gauchet et Théâtre
- 3e side-car Gnôme et Rhône XA : Conducteur Bisiau et passagers Poitiers et Toso
- 4e side-car Gnôme et Rhône XA : Conducteur Dhénin et passagers Couteaux et Lebée
- 5e side-car Gnôme et Rhône XA : Conducteur Barnachon et passagers Guérin et Vilain
- Une équipe de mécaniciens sous les ordres de l’adjudant Dehouck avec entre autre le Mdl-chef Fritz avec son camion Latil, ou encore le Mdl Gauchet (dépanneur).

 

La compétition se déroule sur trois jours avec les épreuves suivantes :
- 1ère journée : épreuve routière de 500 kilomètres, sur un circuit non connu à l’avance avec navigation à la carte.
- 2e journée : épreuve tout terrain en forêt sur 23 kilomètres.
- 3e journée : figures libres. L’une des figures libres consistait à remettre la roue du panier tout en roulant à trois sur le side-car comme nous l’a montré les photos précédentes.

 

L’équipe française représentée par le 6e GAM finit troisième et première des équipes étrangères à l’issu des trois jours de compétitions. Les Belges s’octroient les deux premières places sur leurs Gillet Herstall, ce qui fera dire à l’équipe française et cela sans doute par chauvinisme, que les vainqueurs avaient sans doute été aidés sur le parcours de la première journée !

 

 

 

1938, rappel des réservistes

En 1938, l’affaire des Sudètes provoque une grave crise en Europe. Un début de mobilisation a lieu en France et de nombreux réservistes sont rappelés sous les drapeaux. Ainsi, le 6e GAM reçoit son contingent de réservistes. Les armes sont nettoyées et les engins sont préparés pour intervenir rapidement. Finalement la guerre est évitée de justesse grâce aux accords de Munich signés dans la nuit du 29 au 30 septembre 1938, mais à quel prix ! La Tchécoslovaquie a été cédée aux désirs d’expansions d’Hitler. Cela sera-t-il suffisant pour garantir une paix durable en Europe, nous savons déjà que non ! Cependant les réservistes regagnent leur foyer plein d’espoirs pour l’avenir.

 

 

 

1939, la guerre approche de nouveau

Ce début d’année commence à la fin du mois de janvier par une prise d’armes sur la place du château de Compiègne. Puis au mois de février des manœuvres ont lieu au camp de Sissonne.
Mai est marqué par le traditionnel défilé de la fête Jeanne d’Arc qui fut capturée à Compiègne en 1430.
Le 1er juin, le lieutenant Kaminski prend le commandement du tout nouveau 3e escadron du 6e GAM qui se compose de 11 AMR Schneider P 16, réparties en trois pelotons (3 autres P 16 existent au régiment). Le 6e GAM commence à avoir sa forme définitive avec un escadron d’AMD et un escadron d’AMR. L’opinion de cet officier sur les Schneider P 16 est assez sévère. Pour lui, ce semi-chenillé est un matériel ancien et archi-usé, peu blindé, mal armé et inadapté aux missions modernes de son unité. L’escadron possède aussi deux AMR Citroën P 28, utilisées pour l’école de conduite avant qu’elles ne soient versées, le 9 juin, au 2e escadron pour former à la conduite le personnel du peloton de 25 blindé, sans doute les AMR ZT 3 récemment perçues par le 6e GAM.
Le 5 juin, un exercice de franchissement de l’Oise par portières et pont de bateaux a lieu dans la région de Chantilly.
Du 6 juin au 5 juillet un important séjour au camp de Sissonne a lieu pour de nombreux éléments du 6e GAM. Ainsi au 3e escadron, le sous-lieutenant Dargnies part avec 5 AMR (37035, 37050, 37077, 37083 et 37128).
Ce 14 juillet 1939, les P 16 du 3e escadron sont mises à l’honneur pour le traditionnel défilé. En tête, la voiture radio 37078, réservée au lieutenant Kaminski qui précède trois pelotons d’AMR. Dans le premier peloton l’AMR 37087 est chargée de présenter l’étendard de l’escadron. Les hommes portent à cette occasion la nouvelle tenue en drap kaki ainsi que le nouveau casque des troupes motorisées et la veste en cuir. Départ à 8h30 rue Vivenel, avec en tête AMR 37078 suivie des 2e, 1er et 3e pelotons.
Le 22 juillet, a lieu une instruction sur le terrain de manœuvre pour les nouveaux engagés, avec enseignement théorique du fusil Mas 36, école de conduite et pratique du tir avec le 6e Spahis Algériens tandis que le 27 juillet, désignation des hommes pour le concours de tirs : mitrailleuse, canon de 37 (avec 8 cibles et 100 obus, pour 8 personnes), fusil et pistolet.
Début août, une importante manœuvre a lieu dans le secteur de Beauvais, jusqu’au 7 août, avec le 6e GAM, le 6e Spahis Algériens et la compagnie moto du 51e RI. La traversée de Beauvais se fait avec les hommes au garde à vous, les tenues rectifiées et vérifiées avant.
Lors de ces manœuvres, les officiers emmènent leurs bagages chargés dans un camion, les sous-officiers sont autorisés à prendre une petite valise elle aussi chargée dans le camion. Pour les hommes, paquetage traditionnel, avec la tenue N° 3 : pantalon de toile, veste en cuir ou veste N°3, casque et équipements, un sac pour 2 hommes, manteau N°3, une paire de chaussures. Dans chaque voiture, chaque homme emporte un couvre-pied, un treillis et un bourgeron.
Le 9 août, le général Prioux, inspecteur de la cavalerie et futur commandant du corps de cavalerie en 1940, inspecte le 6e GAM. A cette occasion, une AMR équipée pour le tir antiaérien lui fut présentée. Le support destiné à recevoir la mitrailleuse Reibel a été réalisé par le Mdl Livolsi, responsable de l’atelier du 1er escadron. Il sera ensuite généralisé sur toutes les AMD et AMR. Cette initiative mérite d’être signalée car les moyens antiaériens du régiment se limite alors aux quelques mitrailleuses Hotchkiss.
A la veille de la guerre, la matériel blindé du GAM se compose de 10 AMD Panhard 178, six AMD Panhard 165/175, 14 AMR P 16, deux AMR 33, deux AMR P28 Citroën, deux AMR ZT 3, deux ou trois châssis White et le prototype de la Panhard TOE, immatriculé 14012.
Peu avant la mobilisation, seules les AMD Panhard 178 et les AMR P 16 partent avec l’échelon A, du GAM, afin de former le 6e GRDI.

 

 

© Erik Barbanson – Picardie 1939 – 1945 – 2007 / novembre 2012