97e GRDI

Lieutenant-colonel Lacombe de la Tour

97e GRDI

Fils d’un officier de cavalerie, il entre à Saint-Cyr et se retrouve sous-lieutenant au 4e Chasseurs en août 1914 et termine la guerre comme capitaine dans un bataillon de Chasseurs à pied, officier de la Légion d’Honneur. Une partie de sa campagne est relaté dans « La Vosgienne, 1917-1918, une Compagnie Franche dans la Grande Guerre, Souvenirs du Lieutenant-Colonel Bon de La Tour », Présentation Jean-Claude Fombaron et Yann Prouillet, Collection « Temps de Guerre », Société Philomatique Vosgienne, Raon-l’Étape, 2000.
La guerre terminée, il sert un moment en Syrie puis en France où il dispute des courses hippiques (il en remportera plus de 100).
Nommé commandant, il rejoint le 1er étranger au Maroc puis le 3e Spahis à Rabbat.
Il demande à servir comme commandant d’un groupe de la Légion Etrangère et s’embarque pour la France le 23 avril 1940. Il prend la tête du 97e G.R.D.I formé à partir d’éléments du 1er R.E.C. il s’illustre dès le 19 mai et reçoit du général Frère la croix de guerre avec palme. Chargé de protéger le repli de la 7e DINA, il disparaît dans le secteur du bois de Noroy le 9 juin.

 

 

Oujda le 12.1.41

Madame,

Je ne vous ai pas encore écrit car pendant de longues semaines nous avons vécu dans l’espérance. Sans pouvoir affirmer ce qu’était devenu le Colonel de La Tour les renseignements reçus nous permettaient d’espérer que nous retrouverions notre chef. J’ai appris qu’il était tombé au bois de Noroy, où nous nous étions séparés dans des circonstances angoissantes, pa le légionnaire qui le dernier l’a vu et qui, fait prisonnier, a réussi à s’échapper et nous a rejoint au Maroc il y a quelques semaines. Je n’ai pas osé employer les cartes officielles pour vous annoncer cette triste nouvelle et vous dire la profonde tristesse ressentie par tous ceux qui ont servi sous ses ordres.
Depuis le 7 juin le GR combattait en arrière garde de la Division. Le 8 au soir nous nous portons d’Etelfay sur Lamécourt avec la mission d’y arrêter l’ennemi. Le 9 à l’aube nous arrivons au village de Noroy et apprenons que Lamécourt est déjà occupé par les chars ennemis. Le Colonel établit le GR sur une crête dominante, à la lisière d’un bois. Pendant toute la matinée je reste en liaison intime avec votre mari. Vers 10 heures nous voyons des forces motorisées allemandes se concentrer et nous sentons notre situation devenir critique. Un ordre ne nous étant pas parvenu, le Colonel malgré nos moyens de résistance extrêmement faibles refuse de se replier sur Pont Sainte Maxence, P.C. de la 7e DINA et point de rendez-vous. De notre observatoire nous assistons au ravitaillement en essence et munitions d’environ cent-cinquante chars et camions allemands. Devant un tel déploiement de forces nous nous réunissons et votre mari décide de tenir sur place suivant les ordres reçus. Nous sommes encore réunis, une préparation d’artillerie nous précise les intentions de l’ennemi et les évènements se précipitent. Mais le colonel toujours très calme profite d’un léger répit pour aller déjeuner. Un quart d’heure plus tard nous sommes attaqués par des chas appuyés par de l’infanterie. Je fais prévenir le Colonel de la situation, il arrive et observe. Notre échelon de contact trop faible pour contenir cette masse se replie sur nous tandis qu’une fusillade derrière nous nous annonce que l’encerclement est entamé.
Voyant que toute résistance est désormais inutile le Colonel de la tour nous donne rendez-vous à Pont Sainte Maxence, objectif qui ne peut être atteint qu’individuellement et dans la nuit.
Le légionnaire Toro, qui est près de votre mari, reste à ses côtés dans le bois. Il m’a dit qu’une balle perdue déchire sa culotte, sans toutefois le blesser. A deux reprises le Colonel se repose, puis vers 15 heures, l’ennemi semblant moins actif, il décide de tenter de gagner un autre petit bois situé à une centaine de mètres. Ils sortent en terrain découvert, et tombent sur une patrouille allemande qui ouvre le feu. Toro riposte tandis que le Colonel tente de gagner un couvert immédiat.

Une stèle a été érigée à la mémoire du lieutenant-colonel de La Tour et de ses légionnaires à côté du monument aux morts de Noroy le 10 juin 2000

Sources :

- La légion Etrangère N°23, janvier-février 1941
- Bulletin Mensuel de la Légion Etrangère N°31, juillet-août 1949
- Archives familiales de Monsieur Gilles de La Tour

 

© Marc Pilot – Picardie 1939 – 1945 -juillet 2012